Sermon de Mgr Lefebvre – Pentecôte – Confirmations – 10 juin 1984

Mes bien chers frères,
Mes bien chers enfants,

Le jour de la Pentecôte est un jour bien choi­si pour rece­voir le sacre­ment de confir­ma­tion. En effet, c’est au jour de la Pentecôte que les apôtres ont été confir­més par l’Esprit Saint, par l’effusion abon­dante de tous les dons du Saint-​Esprit dans leur âme.

Et aujourd’hui, vous aus­si, qui allez rece­voir le sacre­ment de confir­ma­tion, vous allez rece­voir l’effusion en abon­dance du Saint-​Esprit qui va vous don­ner tous ses dons. Vous enten­drez tout à l’heure, dans quelques ins­tants, l’évêque en éten­dant ses mains sur vous, appe­ler dans sa prière, tous les dons du Saint-​Esprit pour qu’il des­cende dans vos âmes. Et vous répon­drez, avec toute l’assemblée : « amen », amen ! C’est-à-dire : qu’il en soit ain­si. Oui, que le Bon Dieu me donne tous ces dons du Saint-​Esprit dont j’ai besoin pour être bon chré­tien et bonne chré­tienne, pour gar­der en moi la grâce que j’ai reçue au jour de mon baptême.

Vous savez bien que l’on ne reçoit le sacre­ment de confir­ma­tion qu’une seule fois dans sa vie. C’est donc un grand jour que le jour où l’on reçoit le sacre­ment de confir­ma­tion. Vous vous sou­vien­drez que vous avez reçu cette grâce du sacre­ment de confir­ma­tion le jour de la Pentecôte 1984, dans la cha­pelle d’Écône.

Vous vien­drez, dans quelques ins­tants, après cette prière que l’évêque aura dite sur vous, vous vien­drez auprès de l’évêque accom­pa­gné de vos par­rain et mar­raine qui pose­ront leur main droite sur l’épaule droite de celui qui est confir­mé, de leur filleul et l’évêque va mettre sa main sur votre tête, signer votre front du signe de la Croix avec le Saint-​Chrême en disant les paroles :

Signa te signa cru­cis et confir­ma te Chrismate salu­tis : « Je vous marque du signe de la Croix et je vous confirme du Chrême du salut » et il fera trois fois le signe de la Croix : In nomine Patris et Filii et Spritus Sancti.

Et vous répon­drez aus­si : « amen », à la fin de cette for­mule, pour que vous disiez aus­si : oui, qu’il en soit ain­si. Car c’est à ce moment-​là que vous allez rece­voir la grâce de la confir­ma­tion, au moment où l’évêque va mettre sa main sur votre tête, signer votre front du signe de la Croix avec le Saint Chrême et pro­non­cer les paroles du sacre­ment de confirmation.

Et vous pou­vez être aus­si sûrs qu’on peut l’être que vous allez rece­voir cette grâce du sacre­ment de confir­ma­tion, étant don­né que la manière et le rite, la parole et les gestes que je vais faire, ce sont ceux que l’Église fait depuis les ori­gines de l’Église.

Vos parents, vos grands-​parents, moi-​même j’ai reçu le sacre­ment de confir­ma­tion comme je vais vous le don­ner aujourd’hui, sans rien chan­ger, rien, abso­lu­ment rien. Parce que pré­ci­sé­ment nous esti­mons très impor­tant de gar­der la tra­di­tion pour que soit don­née véri­ta­ble­ment la grâce du sacre­ment de confirmation.

C’est de l’huile d’olives, consa­crée le Jeudi Saint, mélan­gée de baume, avec laquelle je ferai l’onction sur votre front. Et c’est cela la cou­tume, cou­tume immé­mo­riale de l’Église que ce soit de l’huile d’olives, à tel point que les théo­lo­giens doutent de la vali­di­té du sacre­ment qui serait don­né avec une huile de soja ou une huile d’arachides, ou une huile végé­tale quelconque.

Tout cela a de l’importance. Ce n’est pas pour rien que l’Église a main­te­nu ces traditions.

Et quels sont les effets du sacre­ment de confir­ma­tion dans vos âmes ? Eh bien, c’est d’abord de confir­mer la grâce de votre bap­tême. Vous avez reçu le jour de votre bap­tême, vous avez reçu aus­si le Saint-​Esprit bien sûr. Nous rece­vons le Saint-​Esprit au jour du bap­tême, puisque le prêtre qui donne le sacre­ment de bap­tême dit :

« Sors de cette âme, esprit immonde et laisse la place au Saint-Esprit ».

Donc le prêtre donne l’ordre au démon de sor­tir de l’âme de l’enfant qui est sou­mis au péché ori­gi­nel et il dit ; « Laisse la place au Saint-​Esprit ». Et le démon part. Et c’est le Saint-​Esprit qui prend pos­ses­sion de notre âme au moment du bap­tême. Par consé­quent, nous avons bien reçu le Saint-​Esprit. Mais nous avons reçu le Saint-​Esprit pour naître à la vie spirituelle.

Et main­te­nant, dans la crois­sance de votre âme, vous avez besoin de plus de force, d’une abon­dance plus grande du Saint-​Esprit. Comme l’on a besoin de plus de nour­ri­ture lorsque l’on gran­dit. Eh bien de même, vous avez besoin de cette nour­ri­ture spi­ri­tuelle d’une manière plus abon­dante, parce que vous gran­dis­sez dans la vie spi­ri­tuelle. Et vous allez vous trou­ver affron­tés à des dif­fi­cul­tés. Il ne faut pas vous faire d’illusion. La vie chré­tienne c’est un com­bat. Et c’est pour­quoi on appelle les confir­més, les sol­dats du Christ. On devient sol­dat du Christ.

Pourquoi ? Parce que le sol­dat est un com­bat­tant et que par le sacre­ment de confir­ma­tion, on devient ferme dans sa foi, fort dans sa foi, pour lut­ter contre toutes les influences mau­vaises. Et Dieu sait s’il y en a aujourd’hui des influences mau­vaises dans le monde, pour nous atti­rer dans le péché. Alors par la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion, vous serez des sol­dats du Christ.

Et puis enfin, vous serez aus­si des mis­sion­naires. On n’est pas seule­ment sol­dat, on est aus­si mis­sion­naire par le sacre­ment de confir­ma­tion. Nous n’avons pas le droit de dire : Moi, pour­vu que je sois bon chré­tien et que j’aille au Ciel, si les autres n’y vont pas, ça m’est égal. On n’a pas le droit de dire cela. On doit aimer son pro­chain et le pre­mier amour du pro­chain, c’est de sou­hai­ter qu’il aille au Ciel, que son âme soit sau­vée pour l’éternité.

Alors le sacre­ment de confir­ma­tion donne cet esprit mis­sion­naire, donne ce désir de se sacri­fier pour les autres. Notre Seigneur s’est sacri­fié Lui ; Il a don­né tout son Sang pour notre salut et Il n’avait pas besoin pour­tant de se sau­ver Lui-​même, étant Dieu. Il n’avait pas besoin du salut. Mais Il a don­né tout son Sang pour nous. Alors nous, nous ne ferions pas comme Notre Seigneur ? Il faut qu’aussi nous accep­tions de souf­frir, de faire péni­tence, voyez-vous.

Quelle est la patronne des mis­sion­naires ? Peut-​être vous ne le savez pas : une patronne spé­ciale des mis­sion­naires. C’est sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Pourquoi sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ? Une petite reli­gieuse, jeune, qui est morte à vingt-​quatre ans et qui était enfer­mée dans son car­mel depuis l’âge de quinze ans, puisqu’elle y est entrée à l’âge de quinze ans. Qu’est-ce qu’elle a été comme mis­sion­naire ? Elle n’a rien fait comme mis­sion­naire. Si cela avait été encore une per­sonne qui aurait tra­ver­sé les océans et puis aurait prê­ché l’Évangile par­tout dans le monde entier, on com­pren­drait qu’on l’aurait nom­mée Patronne des mis­sions. Mais sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus enfer­mée dans son couvent !

Eh bien si, l’Église l’a nom­mée Patronne des mis­sions, parce qu’elle a conver­ti des âmes par mil­liers, par cen­taines de mil­liers, en étant dans son couvent. Elle s’est sacri­fiée et elle a prié. Eh bien, vous, vous pou­vez faire cela aus­si. Tout le monde peut être mis­sion­naire de cette manière-​là. Personne ne peut dire qu’il ne peut pas se sacri­fier et prier pour le salut des âmes.

Et de même que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a conver­ti des mil­liers, des cen­taines de mil­liers d’âmes, nous aus­si nous pou­vons peut-​être, par la grâce du Bon Dieu, conver­tir beau­coup d’âmes et nous le sau­rons au Ciel, quand nous irons au Ciel.

Alors, soyons mis­sion­naire, ayons cet esprit mis­sion­naire de dési­rer sau­ver les âmes. Il y a tel­le­ment d’âmes qui se perdent. Vous savez que les petits enfants de Fatima – qui ont vu la Sainte Vierge à Fatima – disaient que la très Sainte Vierge leur avait fait voir l’enfer et ils disaient : « Les âmes tombent en enfer, comme les feuilles au moment de l’automne ».

C’est affreux cela ! Le nombre des âmes qui tombent en enfer comme les feuilles déta­chées des arbres, qui tombent en automne. C’est affreux.

Alors nous devons pen­ser à toutes les âmes qui se perdent et nous sacri­fier, accep­ter les sacri­fices, les épreuves que le Bon Dieu nous envoie pour sau­ver les âmes. Voilà ce que va vous don­ner le sacre­ment de confirmation.

Priez la très Sainte Vierge Marie ; deman­dez à votre bonne Mère du Ciel tous les jours, qu’elle vous accorde la grâce de demeu­rer fermes dans votre foi, de demeu­rer des sol­dats du Christ et demeu­rer des missionnaires.

J’espère que chaque confir­mand a un cha­pe­let et que ce cha­pe­let il le récite sou­vent, tous les jours. Récitez le cha­pe­let pour être pro­té­gés par la très Sainte Vierge Marie, notre bonne Mère du Ciel. C’est par elle que nous viennent toutes les grâces et par consé­quent la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion que vous allez rece­voir, vous allez le rece­voir aus­si par la très Sainte Vierge, par l’intermédiaire de la très Sainte Vierge.

Alors il faut remer­cier la très Sainte Vierge, remer­cier vos bons parents qui vous ont conduits ici aujourd’hui ; remer­cier vos prêtres qui se sont occu­pés de vous et tous les sémi­na­ristes qui sont ici, tout le monde main­te­nant va prier pour vous, pour que vous rece­viez en abon­dance les grâces du sacre­ment de confirmation.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.