Mes bien chers frères,
Ne vous semblait-il pas qu’à l’occasion de cette cérémonie des funérailles de cette chère Madame Maret, nous retrouvons tout l’esprit de l’Église. Cet esprit qui veut nous enseigner que l’âme est immortelle et que par conséquent, l’âme de Madame Maret se trouve encore parmi nous : Vita mutatur, non tollitur : La vie est changée, elle n’est pas enlevée, chantons-nous dans la préface de la messe des défunts.
Et quelle belle liturgie qui nous enseigne ce qui sera pour nous la fin de cette vie terrestre. Nous avons chanté tout à l’heure : Voca me cum benedictis, dans le Dies iræ. Appelez-moi avec les bénis du Seigneur. Pourquoi ? Parce que le Dies iræ nous rappelle qu’il y a un jugement dernier, un jugement par lequel le Bon Dieu décidera définitivement de nous-mêmes. Alors, nous supplions le Seigneur de nous mettre à sa droite, de nous mettre avec les bénis du Ciel.
Et puis nous prions encore : Absolve, Domine, animas omnium fidelium defunctorum ab omni vinculo delictorum (Trait, de la messe des funérailles). Absolvez-nous Seigneur, des péchés que nous avons commis et des péchés qu’ont commis ceux qui sont allés vous rejoindre et pourquoi parce que nous croyons aussi non seulement au jugement dernier, mais nous croyons au Purgatoire. C’est ce que dit déjà Maccabée dans l’Ancien Testament (2 M 12,46). Il est bon de prier pour les morts, afin qu’ils soient absous de leurs péchés.
Eh oui, nous ne savons pas, c’est un grand mystère. L’âme de Madame Maret est-elle maintenant dans le Paradis définitivement, ou est-elle au Purgatoire ? Nous ne savons pas.
Ô certes nous espérons tous qu’elle est entrée directement dans le bonheur éternel, mais si nous pensons aussi aux prières de l’Église – et l’Église sait ce qu’est Dieu – nous peut-être hélas, nous sommes trop aveuglés par les choses de la terre et nous ne comprenons pas ce qu’est Dieu, la grandeur, la sublimité, la perfection, la splendeur de Dieu. Alors, nous ne nous imaginons pas qu’une âme telle que celle de notre chère défunte puisse avoir encore quelque chose à se faire pardonner. Mais qui sait, devant cette grandeur de Dieu, alors on trouve des ombres dans les âmes les plus simples, les plus saintes et alors il faut peut-être passer quelque temps par le Purgatoire pour faire la toilette de l’âme, pour rentrer dans la Maison du Seigneur.
Et c’est pourquoi nous prions Dieu d’accueillir l’âme de Madame Maret dans le sein de la Trinité Sainte, dans le Requiem æternam dona ei Domine : Seigneur, donnez-lui le repos éternel, qu’elle ait donc ce repos, repos de joie, repos de jouissance, repos de la vision de la paix qu’est la Cité céleste. Là-bas plus de pleurs, plus de grincements de dents, plus de douleurs, plus de séparation, c’est le bonheur éternel.
In Paradisum, nous chanterons tout à l’heure : In Paradisum deducant te angeli : Que les anges vous conduisent dans le Paradis.
Voilà notre magnifique liturgie ; voilà ce qu’est notre mère l’Église. Elle nous conduit ainsi de la terre jusqu’au Ciel. Elle nous transporte tous, pendant quelques instants auprès de cette âme qui vient de quitter la terre, pour se trouver avec elle, là où elle se trouve maintenant, dans la Cité céleste.
Alors profitons de ces occasions que le Bon Dieu nous donne, de nous rappeler ces fins dernières, afin de nous y préparer tous. Tous nous y passerons, sans aucun doute : tous.
Et puis particulièrement en cette occasion, nous sommes bien obligé et nous le faisons avec joie, de pouvoir dire quelques mots de cette âme qui vient de nous quitter.
Madame Maret était une âme exceptionnelle, exceptionnellement éprouvée. Nous la connaissons, vous connaissez tous la situation que le Bon Dieu a faite dans sa famille. Épreuves, épreuves extraordinaires, qu’elle a supportées avec une force morale qui aurait certainement été absente dans beaucoup d’entre nous. Aurions-nous pu supporter ce qu’elle a dû supporter. Et pourtant lorsque l’on interroge ses enfants qui l’ont vue, qui ont vécu ces heures douloureuses dans la famille, eh bien Madame Maret disait : « Oh, tout cela n’est rien. Ces épreuves ne sont rien. Pour moi, une seule chose compte ; c’est que mes enfants fassent la volonté du Bon Dieu ». (Monseigneur répète 🙂 C’est que mes enfants fassent la volonté du Bon Dieu. Je pense qu’elle disait en elle-même : Et que moi-même je fasse toujours la volonté du Bon Dieu.
Et c’était cela d’une certaine manière qui était en même temps son sacrifice, sa souffrance, sa croix. Oh ce n’était pas les difficultés matérielles, ce n’était pas la situation de son époux éprouvé par une maladie mystérieuse qu’elle a dû soigner comme un enfant pendant dix ans. Non, tout cela n’était rien pour elle. Elle me l’a dit à moi-même.
Elle m’a dit : « Oh, Monseigneur, cela ce n’est rien, pourvu que l’on fasse la volonté du Bon Dieu ». Quelle belle leçon ! Et c’était cela son souci. Et certes Dieu l’a récompensée. Sur les dix enfants qu’elle a eus, deux sont morts en bas âge et les huit qui sont ici présents, dont trois se sont donnés au Bon Dieu d’une manière toute particulière… Alors elle était bénie dans ses enfants. Nous sommes heureux de recueillir son exemple. Les paroles édifient, mais les exemples entraînent : Verba ædificant, exemple trahunt : Oui, les exemples nous entraînent.
Eh bien, que l’exemple de cette bonne et sainte Personne, nous entraîne nous aussi à sa suite et que nous retenions cette leçon : Faire la volonté du Bon Dieu. C’est simple. Comme une bonne mère de famille qui est préoccupée par les soucis quotidiens ; elle était certes à des moments d’une manière cruciale, mais elle acceptait tout dans son esprit de foi, dans son courage extraordinaire, dans sa prière. Elle aimait la Sainte Messe. Et quand cela avait été possible autrefois pour elle, elle assistait jusqu’à deux fois par jour à la messe, pour y trouver la force et le courage dont elle avait besoin pour continuer à s’occuper de l’éducation de ses enfants et à soigner son mari, bel exemple certainement.
Demandons à Dieu, de profiter de cet exemple ; qu’il demeure parmi nous. Et à l’occasion de cette messe nous prions spécialement pour le repos de son âme et aussi pour sa chère famille. Nous les assurons de notre sympathie en cette occasion, de nos prières ; que le Bon Dieu les bénisse, qu’il accorde aux enfants et aux petits-enfants, de suivre l’exemple de leur mère et grand mère. Et demandons à la Vierge Marie d’accueillir l’âme de Madame Maret dans le Paradis, comme nous le chanterons tout à l’heure.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.