Mes bien chers frères,
Réunis aujourd’hui autour de la dépouille mortelle du cher Christophe Lovey, nous nous tournons vers sa famille et nous lui offrons nos respectueuses et affectueuses condoléances.
Et nous prierons Dieu, au cours de cette cérémonie, pour que l’âme de ce jeune Christophe soit reçue comme nous le dirons à la fin de cette cérémonie : In Paradisum deducant te angeli : Que Dieu vous conduise et que ses saints Anges vous conduisent vers Dieu, dans le Paradis.
À cette occasion, mes bien chers frères, je ne peux m’empêcher de remercier également la famille de Maître Lovey de l’exemple profondément chrétien, profondément catholique qu’elle nous a donné au cours de l’épreuve qu’elle vient de subir. Et je rapprocherai de cet exemple, l’exemple également d’autres familles que nous avons eu l’occasion de secourir dans des épreuves un peu similaires.
Je pense à l’enterrement que nous avons eu il y a peu de temps de Madame Maret, tous ceux qui ont connu cette famille, ont admiré les grâces et les bénédictions qui ont été répandues dans cette famille, dans les épreuves douloureuses.
Et puis, nous sommes en famille. Nous pouvons bien citer également la famille de Madame Sermier, éprouvée aussi d’une manière bien cruelle et bien douloureuse. Et je ne puis pas m’empêcher de me reporter aussi aux épreuves subies par les familles Alphonse et Marcel Pedroni.
Et nous avons été obligé d’admirer avec quelle sérénité, avec quelle profondeur de foi, ces familles ont supporté leurs épreuves.
Je pense que c’est une leçon pour nous. Et il nous est bon de réfléchir un peu sur les causes de cette force, force chrétienne, appuyée sur une foi profonde. C’est un exemple que nous devons suivre et dont nous avons particulièrement besoin aujourd’hui. Sans doute la première cause en est à Dieu. Il faut remercier Dieu des grâces qu’il accorde aux familles chrétiennes. Et nous rappeler que le sacrement de mariage donne une grâce sacramentelle spéciale pour soutenir les familles dans leur foi. Cette grâce sacramentelle n’est pas une illusion, n’est pas un mythe. C’est une réalité. Et nous en voyons là les effets, les conséquences. Grâces particulières aussi, qui sont données, à cause de la fidélité dans la foi de ces familles. Et comment se maintiennent-elles dans cette fidélité ? Par la prière et par la pratique sacramentelle. On ne peut pas recevoir des grâces spéciales et extraordinaires comme celles-là, si l’on ne se maintient pas dans l’esprit de prière. Il faut prier. Dieu accorde à ceux qui prient ; prier et aussi pratiquer les sacrements.
Or c’est ce qui caractérise ces familles. Familles qui reçoivent régulièrement et fréquemment les sacrements. Alors, au moment où l’orage gronde, au moment où l’épreuve survient, où la tempête arrive, ces familles tiennent bon. Elles sont unies à Dieu ; elles aiment Dieu ; elles servent Dieu et par conséquent à la manière dont Job aussi a reçu toutes ses épreuves, il a dit : « Mon Dieu vous m’avez tout donné, vous m’avez tout enlevé, que votre saint nom soit béni ». Ce sont les mêmes sentiments qui se trouvent dans ces âmes privilégiées.
Mais elles le sont, encore une fois, parce qu’elles ont maintenu cette foi. Et puisque je parle des familles valaisannes, il me semble bon de suggérer et de rappeler à vos cœurs et à vos esprits ces souvenirs que vous avez tous, plus ou moins tous, de vos parents, de vos grands-parents.
Que de souvenirs ont été ainsi racontés à l’occasion de rencontres. Souvenirs de la montagne, souvenirs de ces villages de montagne où toutes les maisons se trouvaient entourées d’églises, où l’église était tout. Où Dieu était tout en définitive, dans ces familles. Familles qui vivaient dans la simplicité, peut-être même dans la pauvreté, mais dans la foi, dans une foi profonde. On faisait des marches des journées entières pour aller dans des sanctuaires, pour aller prier la Sainte Vierge. On n’hésitait pas à souffrir un peu du froid, pour servir le Bon Dieu. Les familles étaient nombreuses, il y avait beaucoup de vocations, vocations de prêtres, de religieux, de religieuses, de missionnaires, magnifiques fruits de cette foi profonde qui animait vos familles. Tous, vous avez des exemples en mémoire.
Alors je pense que dans des occasions comme celle-ci, il est bon de ranimer cette flamme de la foi dans les familles, qui risque de se perdre aujourd’hui, vous le savez mieux que moi. Vous qui pouvez comparer précisément ce qu’étaient vos parents et vos grands-parents et la situation d’aujourd’hui dans vos propres villages, dans vos propres villes. Vous pouvez faire la comparaison.
Et d’ailleurs, hélas, si les vocations étaient un signe de la vitalité de la foi catholique autrefois, où en sont maintenant les vocations, dans cet admirable pays du Valais .
Alors profitons de cette circonstance pour ranimer notre foi, prendre des résolutions de maintenir nos principes religieux et de pratiquer notre foi. Encore une fois, on ne peut pas subir les épreuve chrétiennement, si l’on n’est pas préparé à les subir. Car elles surviennent subitement, sans que le Bon Dieu nos avertisse. C’est là que l’on peut voir quelle est la profondeur de sa foi.
Eh bien demandons aujourd’hui au Bon Dieu de répandre ses grâces sur vos familles à l’exemple de ces familles qui demeurent encore chrétiennes et qui sont un exemple et un modèle pour toutes les familles chrétiennes du Valais.
Et demandons surtout à la Vierge Marie – nous allons pendant ces semaines de la Passion – nous trouver au pied de la Croix, avec la très Sainte Vierge Marie. Elle est restée debout, ferme, sereine, auprès du martyre de son Fils. Elle aussi a subi des épreuves terribles, un véritable martyre. Elle l’a subi debout, consciente de la vocation que le Bon Dieu lui avait donnée. Elle ne s’est pas répandue en larmes et en contorsions, comme le font les païens. Non, elle s’est unie au Sacrifice de son divin Fils.
Demandons à la très Sainte Vierge Marie d’être notre Reine, d’être notre modèle et notre exemple en ces circonstances et prions pour l’âme de ce cher Christophe Lovey, afin que le Bon Dieu l’accueille dans son Paradis.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.