Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Il me semble encore entendre des échos de ce que nous avons entendu au cours de cette Semaine sainte, en particulier :
Jérusalem, Jérusalem, convertere ad Dominum Deum tuum.
Est-ce que ces paroles adressées par Notre Seigneur à la ville sainte, à Jérusalem, ne nous concernent pas ? Est-ce que ce n’est pas un appel personnel que le Bon Dieu nous fait : Convertissez-vous au Seigneur votre Dieu. Et nous avons vu tout au cours de cette semaine, les douleurs, les souffrances de Notre Seigneur. Nous l’avons entendu dire :
Anima mea tristis est usque ad mortem (Mt 26,39) : « Mon âme est triste jusqu’à la mort ». Et puis nous avons entendu en quelque sorte les clous s’enfoncer dans ses mains, dans ses pieds ; nous avons vu le soldat percer son Cœur et (entendu) tous ses gémissements : « Père, je remets mon âme entre vos mains ».
Et puis voici que maintenant ce sont des chants de louange, de gloire, de joie, de réjouissance. Quel grand mystère que Notre Seigneur Jésus-Christ ! Mystère qui nous dépasse, mystère vraiment divin et en même temps, mystère qui nous concerne tous. Chacun, individuellement, nous sommes profondément concernés par ce mystère de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Alors essayons de pénétrer un peu ce mystère de l’amour, de la charité de Dieu pour nous. Nous aurions peut-être trop tendance, au cours de cette Semaine sainte, de considérer surtout les aspects extérieurs de ces événements : la Sainte Cène, la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, sa mise au tombeau, sa Résurrection et bientôt son Ascension.
Mais au-delà de son Corps visible qui frappe nos yeux et notre imagination, il y a cette Créature divine tout entière unie à la divinité qui est son Âme. L’Âme de Jésus. N’aurions-nous pas trop tendance à oublier que Jésus avait une âme humaine et que c’est surtout par son Âme que Jésus nous a rachetés. Son Corps était l’instrument qui servait à son Âme, pour accomplir la Rédemption. Mais son Âme aussi était l’instrument de Dieu pour accomplir cette Rédemption, instrument privilégié, instrument extraordinaire : une âme comme la nôtre. Il a bien dit : Anima mea tristis est usque ad mortem : Mon âme – mon âme – est triste jusqu’à la mort. Mon Dieu, je remets mon âme entre vos mains. Jésus avait donc une âme humaine.
Imaginons ce que pouvait être cette âme unie à la divinité. Cette âme qui n’était pas une personne ; qui était unie à la Personne divine elle-même. Si nous admirons les merveilles que le Bon Dieu a faites dans l’âme de la très Sainte Vierge Marie – et certes nous avons bien des raisons d’admirer cette âme remplie de l’Esprit Saint – elle est pleine de grâces, nous le disons lorsque nous récitons le Rosaire : pleine de grâces. Mais l’âme de Marie, à côté de l’âme de Notre Seigneur, n’est qu’une ombre.
Cette âme que Dieu s’est choisie, pour la faire la sienne.
C’est Son âme. Son âme humaine. Il l’a faite comme l’instrument privilégié, instrument extraordinaire. Car cette âme avait une intelligence ; cette âme avait une volonté, une mémoire, une imagination, comme les nôtres.
Et alors, Il a donné des dons extraordinaires à cette âme. Cette âme, dès l’instant de son existence dans le sein de la Vierge Marie, possédait la vision béatifique ; avait une science infinie, unie à Dieu Lui-même par cette grâce particulière que nous appelons cette grâce d’union, union à Dieu. L’âme ne subsistait que par Dieu. Il n’y avait pas d’autre personne intermédiaire entre Dieu et cette âme. Non cette âme était bien l’âme de Dieu, l’âme humaine de Dieu. Mystère ! Grand mystère c’est vrai. Et cependant tous les actes, toutes les pensées, toutes les aspirations de cette âme, étaient divines, étaient attribuées à Dieu Lui-même. Dieu se les attribuait à Lui-même. C’était vraiment son instrument privilégié.
Imaginez alors ce que devait être cette âme : sa science, la lumière dont elle était inondée – car elle avait la vision béatifique pendant toute son existence – même pendant sa Passion. L’âme de Jésus voyait Dieu, vivait en Dieu, était rayonnante de Dieu, rayonnante de la gloire de Dieu, immensément joyeuse, dans la joie et la paix de Dieu.
Et pourtant, elle souffrait : Mon âme est triste jusqu’à la mort. Oui, vraiment grand mystère.
Alors saint Thomas nous explique que ce fut possible. L’âme peut en même temps en effet contempler Dieu, être dans la joie et la gloire de Dieu et en même temps souffrir dans la partie inférieure de son âme. Nous pouvons l’imaginer en pensant à ces âmes privilégiées qui ont eu des visions particulières, qui ont été entraînées dans le sein de Dieu pendant quelques instants, comme saint Paul qui disait : « J’ai été entraîné au troisième Ciel, avec mon corps, ou sans mon corps, je ne sais ». Et pourtant il avait son corps, il était encore en son corps, il n’a pas été séparé de son corps. Et les Âmes saintes qui ont de ces privilèges d’être entraînées pendant quelques instants dans le sein de la Trinité, plus près de Dieu, sans avoir pour autant la vision béatifique qu’avait l’âme de Notre Seigneur – bien sûr, ce n’était qu’une approximation de Dieu – eh bien, elles pouvaient en même temps souffrir, comme a souffert sainte Catherine de Sienne ; comme a souffert saint François d’Assise des stigmates, signes de l’amour de Dieu, de ce grand amour que le Bon Dieu avait pour ces âmes privilégiées. Il y avait donc en même temps une joie indicible d’être privilégié de Dieu, d’approcher davantage de la Trinité Sainte et en même temps de souffrir la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ dans leur corps par les stigmates.
Et ainsi en était-il de Notre Seigneur – à plus forte raison – et pourtant Il voyait Dieu ; Il était en Dieu bien plus que toutes ces âmes privilégiées évidemment, puisque c’est par son âme que toutes les grâces nous sont données aussi.
Donc science infinie de Dieu, sainteté dépassant la sainteté de toutes les âmes, de tous les anges réunis, puisque cette âme était unie à Dieu Lui-même. Puissance de cette âme, toute-puissance, puissance qui faisait accomplir par Jésus, les miracles. Il avait tous les charismes que l’on peut imaginer. Il pouvait arrêter le cours des événements, le cours des choses. Il avait dans ses mains la Toute-Puissance, mais n’agissait que selon la volonté infinie de Dieu puisque c’était Dieu qui agissait ; c’était Dieu qui était responsable de ses actes.
Mais cependant, nous savons – et il est de foi qu’il y avait deux volontés en Notre Seigneur Jésus-Christ – la volonté de Dieu et la volonté de son âme humaine. Mais ces volontés étaient toujours parfaitement accordées, parfaitement unies. Jésus ne pouvait rien faire qui fut contraire à la volonté de Dieu. Il était absolument impeccable, essentiellement impeccable.
Et cette âme était aussi royale, avait des pouvoirs de royauté, particulièrement de royauté spirituelle. Mais aussi de royauté temporelle par l’intermédiaire de royauté spirituelle. Royauté spirituelle sur les anges et sur toutes les âmes qui ont été créées. N’est-il pas dit en effet que Dieu illumine tout homme vivant en ce monde. Et toute grâce vient de Lui :
Plenum gratiæ, et veritatis (Jn 1,14), dit saint Jean.
De plenitudine nos omnes accepimus (Jn 1,16) : Et nous avons tous reçu de sa plénitude.
Duquel nous avons tous reçu – tous reçu – notre grâce vient de l’âme de Jésus. C’est Lui qui l’a méritée ; c’est Lui qui nous a rachetés ; c’est Lui qui a livré son Corps aux ennemis pour qu’il soit crucifié, pour accomplir la Rédemption. Et c’est Lui aussi qui reprend son Corps à la Résurrection. Il fallait que cela vienne. La souffrance de Jésus ne pouvait pas durer ; il fallait qu’enfin Il rentre dans sa gloire. Car c’est par miracle que la gloire de Jésus ne s’est pas manifestée constamment dans son Corps, étant donné que son Âme était dans la gloire, il était normal que son Corps le fut aussi et ce n’est que par un miracle, voulu par Jésus Lui-même, voulu par Dieu Lui-même pour pouvoir souffrir, pour pouvoir donner son Corps à la mort et à la souffrance pour nous racheter. Dieu a voulu ainsi. Mais normalement son Corps aurait dû être toujours glorieux. Et c’est pourquoi, il n’est pas surprenant qu’après que son Corps se fut séparé de son Âme et qu’il ait voulu Lui-même, qu’il ait déposé son Corps, son Corps qui n’a pas été atteint du tout par la corruption. Il a repris son Corps, le rendant glorieux pour l’éternité.
Certes nous sommes devant un grand mystère. Mais si Dieu s’est servi de cette Âme privilégiée et de ce Corps pour nous racheter comme instrument de notre Rédemption et qu’il les a privilégiés d’une manière extraordinaire ; Dieu veut se servir de nous aussi, à l’imitation de Notre Seigneur Jésus-Christ.
« Je vous ai donné l’exemple, pour que vous me suiviez », mon exemple a dit Notre Seigneur à ses apôtres. Eh bien, nous aussi, le Bon Dieu veut que nous soyons des instruments – et nous pouvons être des instruments, chacun à notre place – des instruments privilégiés de sa grâce, pour nous convertir, pour imiter sa science, sa sainteté, sa puissance, toutes ses vertus et sa Passion et sa Croix et sa Rédemption. Nous pouvons être ces instruments. Le Bon Dieu le désire. Nous sommes le prolongement, en quelque sorte, de son humanité, de son Âme et de son Corps. Nous sommes son Corps mystique. Il demande que tant que nous sommes encore sur la voie pour aller à la gloire, eh bien, que nous l’imitions aussi dans sa Passion et pour sa Rédemption C’est un appel que le Bon Dieu nous fait : Jérusalem, Jérusalem, convertere ad Dominum Deum tuum.
Oui, et cela. Il nous l’adresse à chacun d’entre nous. Convertissez-vous à votre Dieu ; transformez-vous en Lui par tous les sacrements. Je vous ai donné mon Corps ; je vous donne mon Sang ; je vous donne ma vie afin que vous me ressembliez, afin que vous continuiez ma Rédemption et qu’un jour vous entriez vous aussi dans ma gloire et dans ma Résurrection. Voilà l’appel que nous adresse Notre Seigneur.
Il faut, mes bien chers frères, que Jésus règne sur nous, qu’il règne sur nous ; qu’il règne sur notre personne. Il en a le droit ; Il nous a rachetés par son Sang. Nous lui appartenons désormais, lavés dans son Sang par le baptême, nous sommes à Jésus-Christ. Nous l’avons dit au cours de cette nuit pascale. Oui, nous croyons en Jésus-Christ ; nous croyons que nous avons été rachetés par Lui, par son Sang et nous renonçons au monde et nous nous attachons à Lui. Que toutes ces paroles ne soient pas des paroles vaines, des paroles que nous redisons par habitude, mais que ce soit une réalité ; que cela entre dans nos vies. Qu’il règne sur nous ; qu’il règne sur nos familles. Veillons à ce que la royauté spirituelle de cette Âme de Notre Seigneur soit vraiment inscrite dans nos familles, par l’accomplissement de sa loi, par sa volonté, par l’accomplissement de sa volonté et qu’il règne aussi sur nos cités.
Prions Dieu en ces temps vraiment extraordinaires que nous vivons, où il semble que l’on ne veut plus que Jésus règne dans nos cités. Nous en avons eu un exemple ces derniers temps, au mois de février, pour l’Italie. Exemple vraiment, qui nous a profondément peiné, profondément bouleversé.
L’Assemblée épiscopale d’Italie, les évêques italiens – le cardinal Casaroli – se félicitant de ce que Notre Seigneur Jésus-Christ, ne règne plus sur l’Italie, se félicitant, trouvant que désormais il était normal que l’Italie ne soit plus catholique. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? plus catholique. C’est à‑dire que la royauté spirituelle de Notre Seigneur Jésus-Christ ne s’étende plus à l’Italie. C’est une chose inconcevable. Toute l’Église, tous les papes, tous les pontifes, ont souhaité le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ et ont voulu que Notre Seigneur Jésus-Christ règne sur les personnes, sur les familles, sur les cités. C’est le but de l’Église : Que votre règne arrive sur la terre comme au Ciel. Nous le récitons dans le Pater noster. Mettons-nous une limite à ce règne ? Disons-nous : nous voulons que le règne de Notre Seigneur arrive sur nous, sur nos familles, mais pas sur nos cités ?
Sur la terre comme au Ciel. S’il y a un endroit où Notre Seigneur règne souverainement, c’est bien au Ciel. Alors s’il faut que sur la terre, Notre Seigneur règne comme au Ciel, il faut aussi que Notre Seigneur règne partout. Ce doit être notre but, notre conviction, notre désir, notre volonté. Nous devons tout faire pour que Notre Seigneur règne sur nos cités.
Et nous voyons bien les conséquences déplorables de l’athéisme de nos États, dans nos cités.
Et alors ce qui s’est passé depuis quinze ans, depuis le concile Vatican II, sous prétexte de cette fausse liberté religieuse, eh bien on a laïcisé, c’est-à-dire que l’on a donné à l’athéisme, tous les États catholiques.
Et peut-être l’Italie était le dernier État qui restait encore catholique officiellement, pour lequel la religion catholique était la seule religion reconnue publiquement. Et voilà que maintenant cet État ne l’est plus et par la volonté même du Saint-Siège ! Chose incompréhensible. Nous sommes dans des temps douloureux, mes bien chers frères, douloureux. Nous devons vraiment prier ; nous devons nous sacrifier ; nous devons offrir nos vies à Notre Seigneur Jésus-Christ, pour réparer ces outrages qui lui sont faits.
Car c’est un outrage qu’on impose à l’Église : l’athéisme. Qu’un État vienne dire à l’Église : Je ne veux plus que vous vous occupiez de nous, laissez-nous, nous ne voulons plus que Notre Seigneur règne sur nous. L’Église le subit ; l’Église le tolère parce qu’elle ne peut pas faire autrement ; elle se trouve devant un cas de force majeure. Mais que l’Église le désire et se félicite de ce que Notre Seigneur Jésus-Christ ne règne plus dans la cité, alors ça, c’est le comble de l’imposture ! Jamais on n’a entendu une chose pareille dans la Sainte Église. Jamais !
Alors nous devons rester fermes sur les principes, fermes sur le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il a conquis nos âmes par sa Croix. Nous lui appartenons. Tous les hommes lui appartiennent, toute l’humanité lui appartient. C’est cela que nous devons croire et nous devons faire en sorte dans nos vies de faire régner Notre Seigneur Jésus-Christ.
Mes bien chers frères, demandons spécialement aujourd’hui à notre bonne Mère du Ciel, qu’elle règne avec son Fils. Nous avons vu il y a quelques jours seulement que la très Sainte Vierge désirait que la Russie soit consacrée à son Cœur Immaculé. Pourquoi ? Pour que son Fils règne en Russie. Pour que le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ revienne dans ce pays qui est maintenant le pays livré à Satan, l’instrument de Satan, pour détruire le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ dans toute l’humanité, dans le monde entier.
Alors la très Sainte Vierge, elle qui a écrasé la tête du Serpent – elle qui lutte contre Satan – sait que c’est là qu’il faut porter la bénédiction de Dieu.
Et c’est pourquoi elle a demandé que la Russie soit consacrée à son Cœur Immaculé. Elle veut être Reine de la Russie, pour y faire régner son Fils. Et il semble que l’on n’arrive pas à faire dire cette parole : Nous consacrons au Cœur Immaculé de Marie, la Russie, le pays de Russie, afin que les grâces de la très Sainte Vierge Marie convertissent ce pays et en fassent au contraire un pays de mission, un pays qui soit missionnaire au lieu d’être l’instrument de Satan.
Vraiment, nous vivons une période surprenante, étonnante. Le Bon Dieu permet que Satan étende son règne d’une manière incroyable.
Alors nous, nous devons lutter contre Satan, avec la très Sainte Vierge Marie, avec le secours de la très Sainte Vierge Marie pour que règne Notre Seigneur Jésus-Christ, son divin Fils.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.