Lettre n° 2 de Mgr Lefebvre aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX de mars 1972

Chers Amis et Bienfaiteurs,

l’occasion de la pre­mière lettre, des amis nous sug­gèrent de don­ner quelques infor­ma­tions concer­nant le Séminaire et la Fraternité Saint Pie X. Nous l’avions déjà fait dans une petite notice parue pré­cé­dem­ment, mais il nous est facile de répondre à nou­veau aux ques­tions que sup­pose cette demande.

Auparavant, je tiens à remer­cier tous ceux qui ont répon­du à notre pre­mière lettre par leurs prières, par leurs dons, par le désir de faire connaître cette œuvre de for­ma­tion sacer­do­tale des­ti­née à envoyer de saints apôtres par­tout où ils seront demandés.

C’est déjà la réponse à une pre­mière ques­tion ; les jeunes gens qui entrent au Séminaire sont-​ils des­ti­nés à retour­ner dans leur dio­cèse d’origine ? Ceux qui viennent avec ce désir et avec l’accord de leur Evêque peuvent rece­voir la for­ma­tion sacer­do­tale au Séminaire inter­na­tio­nal Saint Pie X et être ain­si incar­di­nés dans leur dio­cèse ou dans celui qu’ils auront choi­si en accord avec l’Evêque du lieu. Mais, pour le moment, ceux-​ci sont une petite minorité.

Pourquoi l’existence de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X ? La Fraternité Sacerdotale est une « Pia unio », fon­dée cano­ni­que­ment dans le dio­cèse de Fribourg le 1er novembre 1970. C’est une Société de prêtres sécu­liers à l’image des socié­tés des Missions étran­gères, des­ti­nés à exer­cer des minis­tères sacer­do­taux dans toutes les régions où ils seront sol­li­ci­tés » sans limite de lieu ni de minis­tère pour­vu qu’il s’agisse d’œuvres vrai­ment sacerdotales.

Cette socié­té réa­lise à la fois l’idéal mis­sion­naire des jeunes, le désir de tra­vailler en groupes et non iso­lés, bien que le groupe puisse s’entendre de prêtres rési­dant dans un même sec­teur et se réunis­sant régu­liè­re­ment. Elle réa­lise aus­si le désir de mieux répar­tir le cler­gé, désir expri­mé par le Concile, d’où les lettres encou­ra­geantes que nous avons reçues de S. Em. le Cardinal Wright, Préfet de la S. Congrégation pour le Clergé.

La grande majo­ri­té des jeunes gens demandent expli­ci­te­ment de faire par­tie de cette Fraternité pour les motifs expri­més ci-​dessus et pour main­te­nir en eux le véri­table idéal sacer­do­tal, dans un monde de sécu­la­ri­sa­tion et de laïcisation.

Combien de membres compte la Fraternité actuel­le­ment ? 15 membres dont 4 prêtres. Les sta­tuts pré­voient nor­ma­le­ment une année de spi­ri­tua­li­té avant de pro­non­cer l’engagement, car si ce n’est pas une socié­té reli­gieuse avec vœux et novi­ciat, la socié­té s’efforce de don­ner une forte et solide for­ma­tion spirituelle.

Que feront ces jeunes prêtres ensuite ? Les besoins de la Fraternité elle-​même, vu son déve­lop­pe­ment, en occu­pe­ront un cer­tain nombre, puis, selon les indi­ca­tions pro­vi­den­tielles, les lieux, les langues à apprendre, les com­mu­nau­tés pren­dront en accord avec les Evêques des lieux les minis­tères les plus adap­tés et les plus urgents. Déjà des demandes nous par­viennent des pays de Missions. Mais nous envi­sa­geons aus­si des minis­tères en Europe et en Amérique du Nord.

Combien de mai­sons avez-​vous actuel­le­ment ? Deux ; une petite rési­dence à Fribourg pour les élèves qui ter­minent leurs études à l’Université. Cette rési­dence est aus­si le siège de la Fraternité. La deuxième est à Ecône dans le Valais et le dio­cèse de Sion. C’est le sémi­naire diri­gé par la Fraternité où se trouvent les pro­fes­seurs et les deux pre­mières années com­pre­nant en tout 36 étu­diants avec 7 pro­fes­seurs rési­dants, plus deux venant de l’extérieur ; R. P. Spicq O.p. et Mr l’Abbé Dubuis du dio­cèse de Sion. La S. Congrégation pour l’Education est régu­liè­re­ment tenue au cou­rant de la vie du Séminaire.

Etant don­né le nombre des demandes pour octobre, soixante actuel­le­ment, nous serons pro­ba­ble­ment obli­gés de fon­der une troi­sième mai­son en Italie cette fois.

La for­ma­tion qui est don­née au Séminaire est celle qui a tou­jours été don­née par l’Eglise tant au point de vue doc­tri­nal, qu’au point de vue spi­ri­tuel. Cependant nous atta­chons une impor­tance par­ti­cu­lière à cette der­nière for­ma­tion, c’est pour­quoi nous fai­sons pré­cé­der les 5 années de phi­lo­so­phie et de théo­lo­gie tho­mistes d’une année de spiritualité.

La vie litur­gique tient aus­si une place de choix dans la vie du Séminaire. Elle s’exerce selon les saintes tra­di­tions de l’Eglise et en langue latine. Le chant gré­go­rien y est en hon­neur. Le Saint Sacrifice de la Messe est le cœur du Séminaire, car c’est pour lui que se forment avant tout les aspi­rants au sacer­doce – qui savent que le prêtre est fait pour le sacri­fice de l’autel.

Nous aurons deux nou­veaux prêtres, cette année. Nous les recom­man­dons à vos prières ain­si que l’ouverture de la 3e et peut-​être d’une 4e Maison. Demandez à Dieu de nous gui­der et à sa Sainte Providence de nous venir en aide par l’intercession de Marie et de Joseph.

Tous les jours les sémi­na­ristes récitent le cha­pe­let en com­mun à toutes vos inten­tions. C’est la prière ins­tante et fer­vente qui nous sau­ve­ra, en y joi­gnant en ce temps de Carême une salu­taire péni­tence pour la conver­sion de nos âmes.

Adoramus Te Christe, quia per sanc­tam Crucem tuam rede­mis­ti mundum.

+ Marcel Lefebvre
1er mars 1972

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Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.