L’islam tout simplement [1] , par Mgr Brunin [2]
Nous proposons aux lecteurs de La Porte Latine une courte étude sur ce livre écrit par Mgr Brunin. On y voit que parmi des choses vraies d’innombrables erreurs sont affirmées avec applomb. Ce successeur des apôtres enchaîne avec une facilité diabolique les approximations et même ce qu’il est convenu d’appeler simplement des hérésies. Est-il seulement conscient de cette apostasie, qui n’est même plus silencieuse, ou « l’esprit du Concile » a‑t-il tellement bien « fonctionné » que Mgr Brunin écrit comme il pense en croyant sincèrement que ce qu’il dit est encore catholique ?
SOUCI PASTORAL DE L’EVEQUE
« Nous n’abordons pas l’islam comme une étude sociologique ou géopolitique, même si ces dimensions de la réflexion ne sont pas absentes. Ce livre est réédité dans un souci pastoral, il vise à offrir à ceux et à celles qui le souhaitent un petit guide pour découvrir l’islam « tout simplement »… C’est bien comme pasteur que je veux offrir cette réflexion sur l’islam dans le contexte actuel. » (p6‑7)
« Ces questions issues de la rencontre avec l’islam sont des chemins d’approfondissement de la foi chrétienne. » (p 165)
Dans le chapitre 17, l’évêque relève les « questions issues de la rencontre ». Autant de questions intéressantes en effet, dont on pourrait espérer une réponse pastorale de l’évêque. Il n’en est rien. Les réponses déçoivent, voire scandalisent.
Avons-nous le même Dieu ? (p165-167) Pas vraiment, « puisque chacun nomme Dieu à partir de sa tradition… Nier cette relativité, en affirmant que nous croyons au même Dieu, laisserait supposer qu’on ait fait le tour du Mystère de Dieu, que nous le connaissons parfaitement et que nous pouvons ainsi évaluer, à partir de sa propre appréhension, nos propres discours sur Dieu. Ce serait survaloriser nos capacités humaines à connaître Dieu. Les chrétiens qui partagent leur foi avec des musulmans découvrent vite que Allah et le Dieu de Jésus-Christ, ce n’est pas tout à fait la même chose. »
« Par ailleurs, pour les chrétiens, il y a une certitude que c’est le même Esprit qui travaille leur foi et celle des musulmans. »
Et pourtant, le même Esprit peut-il chez l’un dévoiler le mystère de la Sainte Trinité, tandis que chez l’autre il menace de châtiments ceux qui y croient ? Mgr Brunin ne mentionne pas la négation du mystère de la Sainte Trinité dans le Coran, par exemple dans cette Sourate (5,72) :
« Ce sont certes des mécréants ceux qui disent : ‘En vérité, Allah, c’est le Messie, fils de Marie’, alors que le Messie a dit : ‘O enfants d’Israël, adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur.’ Quiconque associe à Allah (d’autres divinités), Allah lui interdit le Paradis, et son refuge sera le Feu. »
Deux religions du Livre ? (p167-168) Il n’est pas juste de mettre « sur le même niveau le Coran et le Nouveau Testament ». En effet, les textes « que les chrétiens appellent Parole de Dieu, ne le sont qu’en référence à Celui qui est, par toute sa vie, la Parole de Dieu. Si les premières communautés chrétiennes se sont mises à écrire, c’est pour sauver de l’oubli l’expérience que les disciples ont vécue avec Jésus de Nazareth. L’expérience des communautés du 1er siècle est portée par les textes du Nouveau Testament, ils médiatisent aujourd’hui le rapport au Christ, Parole de Dieu. … Là où les musulmans parlent du Coran comme Parole révélée de Dieu, les chrétiens parlent de leurs Ecritures comme inspirées de Dieu. La Parole de Dieu étant le Christ lui-même. »
Le Coran, une autre Parole de Dieu ? (p168-169) Christianisme et islam étant inconciliables, il en découle deux attitudes « extrêmes » (l’une, exclusive, n’accordant aucun crédit au Coran ; l’autre, relativiste qui voit dans l’islam, la religion des arabes). L’évêque estime ces attitudes « irrecevables toutes les deux ». Mais, ne prétendant pas « clore le débat mais simplement l’éclairer, peut-être le relancer », il fait trois « remarques » :
- L’alliance que Dieu a faite dès l’origine avec l’humanité s’est « diversifiée et particularisée au cours de l’histoire (alliance noachique, abrahamique, mosaïque, davidique, chrétienne…). Les musulmans font partie de cette unique histoire, avec leur particularité. »
- « Certains théologiens chrétiens voient dans le Coran un rappel de leur propre Révélation… Cela ne veut pas dire que le Coran soit la Parole de Dieu. Seul le Christ l’est de façon définitive et totale. »
- « Il faut dire aussi qu’il n’y a pas de Parole de Dieu à l’état pur sinon le Christ. Aucune tradition – pas même chrétienne – ne peut prétendre épuiser le Mystère de Dieu et les possibilités de communication de Sa Parole. Il ne peut y avoir de concordance parfaite entre tout ce que nous reconnaissons comme expression de la Parole de Dieu. » (cf. les divergences au sein même des évangiles).
« Sur la base de ces remarques, nous pouvons dire qu’il est possible aux chrétiens de regarder le Coran comme une expression autre de la Parole de Dieu. Mais il faut ajouter aussitôt, que cette Parole doit être soumise à l’absoluité du Christ qui révèle le Visage de Dieu… C’est là un critère essentiel pour les chrétiens, dans leur approche des textes fondateurs des autres traditions religieuses, comme d’ailleurs de toute expression chrétienne sur le mystère de Dieu. »
Une conception commune de l’existence humaine ? (p 169–170) L’évêque écrit qu’il « nous faut… souligner que la tradition musulmane est étrangère à toute idée de rachat ou de rédemption de l’homme. Accueillir une telle approche peut contribuer, chez les chrétiens, à élargir leur conception théologique du Salut. En effet, on pense le Salut comme Rédemption, avec toutes les connotations de guérison, libération, sauvetage… et c’est exact au regard du péché originel qui affecte tout homme. Cependant, l’islam interroge le christianisme sur une autre dimension du Salut, perçu davantage comme accomplissement d’une humanité… La perspective chrétienne dans ce domaine, pourrait donc s’enrichir de la rencontre de la tradition islamique. Le Salut serait perçu à la fois comme libération de la liberté de l’homme afin de le rendre à lui-même, et appel à advenir pleinement en humanité. »
Par cette expression, « Advenir pleinement en humanité », il veut dire « valoriser le vivre ensemble de toute la société » (p 180)
Les musulmans croient-ils en Jésus ? (p 171) Après avoir évoqué ce qu’est Jésus pour les musulmans, il estime que « cette confrontation avec la figure islamique du Christ peut être salutaire pour la foi des chrétiens… Jésus est confessé Dieu [par le chrétien], mais il reste cependant un écart entre Jésus et Dieu qui constitue le Mystère même de la personne du Christ. Le christianisme affirme que Jésus-Christ est Dieu, mais souvent dans les faits, on renverse la proposition, et on dit : Dieu, c’est Jésus-Christ. On dénature alors le contenu de la foi chrétienne, car Jésus-Christ ne révèle la totalité du Mystère de Dieu que lorsqu’on perçoit sa relation vitale au Père et à l’Esprit. Il est chemin vers le Père, et le Dieu des chrétiens est trinitaire : Il est Père, Fils et Esprit. Par leur discours sur Jésus, insatisfaisant pour les chrétiens, les musulmans rappellent comme en creux, la Transcendance de Dieu au cœur même de la christologie. »
Un salut universel (p 172–173) « Chrétiens, nous confessons qu’il ne peut y avoir de salut qu’en Jésus-Christ seul. Tout positionnement en deçà de cette affirmation serait non chrétien. Nous confessons aussi avec autant de force, que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité… Ce serait trop faire porter à la théologie que de lui demander, de façon globale, comment l’Esprit travaille dans chacune des traditions religieuses de l’humanité… Il serait vain de rechercher a priori, si et comment l’islam est une voie de salut… Nous ne pouvons assigner l’Esprit-Saint à résidence dans des médiations, autres que l’Eglise, définies a priori… Se dévoile alors la véritable dimension du dialogue que l’Eglise, Corps du Christ et Sacrement du Salut, peut nouer avec les musulmans dans la vie desquels, nous l’attestons, l’Esprit du Christ est à l’œuvre pour leur offrir la possibilité d’être associés au mystère du Salut… Nous ne pouvons le savoir que si nous nous nous entretenons avec eux pour parler de notre vie, de nos difficultés et de nos efforts pour les surmonter. L’échange en réciprocité trouve ici sa pleine mesure. Eux seuls peuvent exprimer, du cœur de leur appartenance à l’islam, ce que nous percevons comme médiation de l’Esprit qui les associe au mystère pascal et leur offre une vie nouvelle. »
Islam et modernité (p 176–177) Large apologie de la laïcité : « Pour ce qui est de la France, l’islam pose peut-être question sur la façon dont la laïcité a été pensée et vécue. Il conteste aussi par son expression sociale, la privatisation de la foi à laquelle le christianisme s’est peut-être un peu trop vite résigné. En tout cas, ce ne serait pas une catastrophe si cela nous permettait de quitter un laïcisme étroit qui a pris la place laissée vide dans l’espace social par le religieux, mais qui a souvent fonctionné de la même manière que lui, dans l’intolérance et la rigidité. L’islam aurait rendu un grand service à la société française s’il lui permettait de repenser une laïcité ouverte qui garantirait un espace de tolérance pour les diverses expressions culturelles ou religieuses. »
Et ailleurs : « Le projet ne peut plus être de christianiser les structures de la société, pas plus que de les islamiser d’ailleurs. Nous nous adressons à la conscience d’hommes et de femmes pour « proposer la foi » en vue de solliciter leur liberté et de susciter leur adhésion à la foi qui est la nôtre. » (p154) « Je suis mal à l’aise avec certains amis musulmans lorsqu’il leur arrive de considérer que le christianisme a perdu l’Europe. Ce que certains analysent comme sécularisation, d’autres le perçoivent comme simple déchristianisation. Des musulmans en viennent même parfois à disqualifier le christianisme… Comme chrétiens, nous ne pouvons évidemment pas accepter l’idée que l’islam doive prendre le relais d’un christianisme ainsi disqualifié et décrédibilisé. Mais de la même manière, je suis aussi mal à l’aise face aux propos suspicieux de certains chrétiens qui laissent penser que nous sommes engagés dans une véritable croisade pour enrayer l’islamisation de la société. » (p154)
La présentation développée et bien étudiée de l’Islam donne certainement au lecteur une meilleure connaissance de l’Islam que de sa propre religion… Si le lecteur avait une telle connaissance de sa propre religion, il y aurait alors beaucoup moins d’apostasie… Mgr Brunin sait expliquer clairement la religion musulmane, mais lorsqu’il confronte christianisme et islam, il s’exprime le plus souvent dans un charabia moderniste indigeste.
On parvient à découvrir, par-ci, par-là, un appel au chrétien, jamais dans le bon sens ou alors, avec le revers de la médaille : voici quelques exemples.
- Après avoir rappelé les bienfaits du « Ramadhan » (« période de maîtrise de soi et d’exercice de la volonté… solidarité avec les pauvres… soumission à Dieu »), Mgr Brunin se prend « à rêver parfois, que la ferveur et la joie des chrétiens chantant dans l’Alleluia pascal, puisse déborder le cadre des églises pour embraser aussi tout un quartier et inviter une population à partager la joie de la Résurrection ! » ainsi que le font les musulmans à la fin du Ramadan. Mais l’évêque ne manque pas auparavant d’interpeller nos gouvernants : « On peut se demander dans quelle mesure ce jour [fin du Ramadan] ne pourrait pas devenir un jour férié. » (p60)
- Après avoir reproché au chrétien son absence de pratique religieuse, l’évêque écrit qu’il a « essayé de montrer comment, en islam, de telles pratiques pouvaient générer et nourrir une expérience croyante faite de repentir, de soumission, d’adoration et de partage. Il est vrai qu’une telle spiritualité saisit l’homme tout entier, et de façon visible, dans son corps et même dans son être social. » (p62)
Les modernistes ont en effet tellement vidé la religion de sa substance qu’ils se sentent poussés à aller chercher dans les autres religions ce qu’ils ont eux-mêmes rejeté.
- Après s’être réjoui que les musulmans n’hésitent plus à assister aux mariages et enterrements catholiques, l’auteur estime que « ce phénomène nécessitera une réflexion et une recherche pour préparer et vivre de telles liturgies. Comment garder à nos célébrations leur caractère spécifiquement chrétien, tout en tenant compte de façon claire et respectueuse de la présence d’autres croyants ? » (p 164)
OBJECTIVITE DE L’AUTEUR
Il apparaît clairement dans l’ouvrage que l’auteur ne veut pas critiquer mais simplement exposer l’islam. « Nous irons d’abord visiter la tradition musulmane. Nous le ferons avec un parti pris : comprendre cette tradition à partir d’elle-même… C’est un peu comme si nous acceptions de nous laisser guider par eux pour découvrir la « Maison de l’islam » (Dâr al-islam). » Cette approche lui paraît un « préalable nécessaire pour ceux qui vivent la rencontre au quotidien et veulent pouvoir connaître et comprendre. »
Cette neutralité est source fréquente de malaise pour le lecteur. « Cette dernière appellation [al-Dhikr] souligne que la Révélation coranique est Rappel. On insiste ainsi sur le fait qu’elle n’apporte rien de neuf quant au contenu du Message, elle fait ré-entendre ce que Moïse et Jésus ont proclamé, sans être compris ni suivis par leurs disciples. » (p26). Les titres de parties sont difficilement neutres : « La valeur inimitable du Coran » (p27), « La riposte impérialiste » (p 91), « Une situation d’humiliés » (p92)
Cette neutralité met nécessairement sur le même pied christianisme et islam.
Dans son souci objectif, l’évêque ne manque pas de consacrer le chapitre 4 à « ceux qui s’essayent à lire le coran… » (p30) Il propose lui-même un « guide de lecture » sur le modèle de celui du père Caspar (p43)
L’objectivité de l’auteur est prise en défaut lorsqu’il traite des croisades (p122) : « Même si saint Bernard écrivit que « tuer un infidèle n’est pas un homicide mais un malicide », il y eut bien des voix qui s’élèvent pour prôner un dialogue avec les musulmans. Contentons-nous d’évoquer Pierre le Vénérable, abbé de Cluny…saint François d’Assise. » Remarquons que la citation de saint Bernard est falsifiée, et que l’intention de Pierre le Vénérable et de saint François d’Assise est détournée.
- La citation de saint Bernard est falsifiée, alors qu’elle est la seule phrase écrite en gras dans tout l’ouvrage ! Voici la vraie citation (De laude novae militiae) : « quand il [le soldat du Christ] met à mort un malfaiteur, il n’est pas un homicide, mais, si j’ose dire, un malicide. » Quelques phrases plus tard, le saint précisait : « Il ne faudrait pas tuer les païens si l’on pouvait trouver un autre moyen de les empêcher de harceler ou d’opprimer les fidèles. Mais, pour le moment, il vaut mieux que les païens soient tués, plutôt que de laisser la menace, que représentent les pécheurs, suspendus au-dessus de la tête des justes, de peur de voir les justes se laisser entraîner à commettre l’iniquité. (Ps. 124, 3)»
- L’intention de Pierre le Vénérable comme celle de saint François d’Assise est détournée. Là où eux n’envisageaient que prudence missionnaire en vue de convertir, Mgr Brunin comprend dialogue et rencontre. Il cite par ailleurs le cardinal Arinze qui rappelle la notion moderniste du dialogue et de l’évangélisation et qu’ « aucune des deux n’est un moyen au service de l’autre » (p142).
DIALOGUE ET RENCONTRE
Sur le plan historique
« Au cours des siècles, musulmans et chrétiens ont fait l’expérience de la rencontre et du dialogue. » (p 7)
Invasion de l’Espagne par les musulmans : l’auteur explique que les musulmans réorganisèrent le pays socialement, culturellement et religieusement. Il oppose ensuite ceux qui « refuseront systématiquement toute ouverture à la culture arabe »,prônant « le martyre pour proclamer la foi chrétienne dans un contexte global de refus de l’islam » aux chrétiens, plus nombreux, qui « défendront une ouverture réelle à cette culture nouvelle… Certains de ces chrétiens vont se convertir à l’islam. D’autres enfin, qu’on a appelés mozarabes, fortement arabisés, ont choisi la fidélité à leur christianisme, mais sans crispation. » (p121)
XXe siècle : « La fierté du monde musulman est à la mesure du mépris auquel il a été soumis économiquement, politiquement, militairement et culturellement… Un nouvel ordre mondial s’avère nécessaire… L’Occident, par son comportement générant l’injustice, contribue encore, pour une large part, à faire surgir l’islamisme [= mouvement prônant un islam politique] dont les musulmans sont les premières victimes… Il s’agit d’en tenir compte dans la gestion de nos rapports actuels et d’en tirer toutes les conséquences pour nous mobiliser en vue de l’édification d’un ordre mondial plus harmonieux et plus juste. » (p93)
« Les religions ont un rôle actif à jouer pour servir l’unité de la famille humaine et lui assurer une vie harmonieuse dans une rencontre et un dialogue des peuples et des civilisations. »(p150)
Sur le plan religieux
>Grâce à Vatican II, (chapitre 13, synthèse p 134), « l’Eglise s’est décrispée et ouverte aux autres croyants ». Ainsi que le manifeste l’esprit d’Assise, la mission de l’Eglise est d’être « au service de l’unité des hommes entre eux et de l’union intime avec Dieu » (p138).
« Le Mystère de Dieu communiquant Sa vie aux hommes est plus large que ce que le christianisme en dit et en donne à voir. De ce fait, nous devons tenir que l’accueil du Royaume peut prendre des formes autres que celles portées et proposées par la tradition chrétienne… L’Eglise ne peut prétendre être la seule réponse historique que les hommes apportent à l’invitation de Dieu à vivre en alliance avec lui… L’Eglise ne peut prétendre invalider, par sa présence, les autres tentativesde réponse que représentent les traditions religieuses… Cela ne signifie par pour autant que toutes les religions se valent… Cependant il existe toujours un écart irréductible entre le Mystère du Christ et la tradition chrétienne qui le porte, entre le Royaume de Dieu et l’Eglise qui est chargée de le signifier au monde. C’est précisément cet écart qui laisse place pour les autres traditions religieuses, dont l’islam, dans l’histoire universelle des relations entre Dieu et l’humanité. » (p 143–144)
« Vouloir témoigner demande aussi une réelle décrispation pour accueillir les autres dans leur différence et vivre avec eux la rencontre en sympathie et en vérité… Le témoin est habité de la liberté évangélique et connaît le prix de la gratuité. » (p 142)
« Serons-nous capables de porter un regard juste sur la communauté musulmane de France ? Ferons-nous effort pour traiter l’islam pour ce qu’il est, à savoir une religion capable d’initier et de soutenir une démarche spirituelle authentique et respectable ? » (p 109)
Le chapitre 15, ajouté dans la présente édition, nous explique comment « vivre ensemble ».
L’auteur cite le cardinal Arinze qui explique que le « dialogue suppose de chaque partenaire qu’il ait une identité claire et sereine. » (p142) Comment peut-il donc faire de la publicité pour des rencontres entre enfants musulmans et chrétiens (p163), puisque ceux-ci découvrent leur propre religion, et qu’ils ne peuvent donc avoir déjà une « identité claire » ?
De même, l’auteur, ayant expliqué que, parmi les 100 000 convertis français à l’islam (p99), la conversion à l’islam était dû pour certains à un mariage mixte, il fait la publicité des week-end qui regroupent les mariages mixtes (p 162).
DIVERS
Dans un passage alambiqué, l’évêque semble remettre en cause le fait que la Révélation se soit achevée à la mort du dernier des apôtres. (p152)
L’Evêque présente l’islamisme comme marginal (p81-86) (« radicaux » (p81) prônant un islam politique) tout en étant relativement puissant. Mais pour lui, c’est de la faute de l’Occident si cette tendance se développe.
Il met en garde contre les mouvements d’extrême-droite et les programmes nationalistes qui entraînent vite une société vers des dérives totalitaires. (p 180), appelant quant à lui à une « société humaine qui prend le visage du pluralisme consenti et de la fraternité. » (p 181)
L’auteur ne prétend pas que chrétiens et musulmans entrent en croisade contre l’athéisme et le néo-paganisme. (p 184)
« Je suis persuadé que nous aurons en France l’islam que nous méritons. » (p 185)
NOUVELLE DEFINITION DE LA RELIGION
« Sans ici développer la question, il nous suffira de suggérer, à titre d’hypothèse, une définition de la religion sous la forme d’une double proposition : la religion est l’expression d’un vouloir vivre ensemble fondamental ; la religion est un phénomène traditionnel. » (p 183)
DERNIERE PHRASE DU LIVRE
« Accepter de nous mettre en route sur la Parole de Dieu, c’était déjà l’aventure d’Abraham qu’avec les musulmans, nous reconnaissons comme notre père commun dans la foi. »
C’est par cette phrase que Mgr Brunin finit le livre. On pourrait lui objecter que Dieu mettait Abraham en route pour lui faire quitter ceux qui avaient perdu la vraie foi. Il n’allait pas à la rencontre de l’autre mais le fuyait… par ordre de Dieu…
15 ans d’apostolat dans les quartiers populaires de Roubaix
Supérieur du Séminaire interdiocésain de Lille, Arras, Cambrai en 1995
Evêque auxiliaire de Lille en 2000
Nommé évêque d’Ajaccio en mai 2004
Nommé évêque du Havre en 2011
Il a été de tout temps très engagé dans le dialogue islamo-chrétien. Cet extrait d’une interview à ‘France 3’ en 2003 campe bien l’évêque : il disait, traitant des nouvelles croyances :
« Si ces croyances ne portent pas atteintes à la dignité humaine, je les respecte. Il ne s’agit pas de partir en croisade pour faire vivre sa religion. Le but est que chacun puisse vivre sa foi en paix, qu’il s’agisse d’une personne de confession juive, musulmane ou chrétienne. S’il s’agit de sectes, en tant que représentant de l’Eglise catholique, je n’ai pas de relation officielle. Toutefois, par le dialogue, nous essayons de faire passer le message d’une foi qui libère, contrairement aux interdits prônés par certaines sectes. »