Le pape facilite la procédure de nullité des mariages catholiques

Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

C’est le jour de la Fête de la Nativité de Notre Dame et à la veille du synode sur la famille que le pape François a sim­pli­fié et ordon­né mar­di la gra­tui­té des pro­cé­dures de recon­nais­sance de nul­li­té des mariages catho­liques afin de les rendre plus accessibles.

Ce sont deux motu pro­prio « Mitis Iudex Dominus Iesus » et « Mitis et mise­ri­cors Iesus » qui détaillent ces nou­velles dis­po­si­tions qui, sans conteste, sont comme le dit Marco Benelli, dans la Nuova Bussola, une manœuvre qui peut s’in­ti­tu­ler : « Synode, voi­ci le plan B pour « le divorce catho­lique » !

Selon l’a­gence V.I.S. « cette réforme répond aux attentes de la majo­ri­té des fidèles, qui prônent le consu­lere conscien­tiae à l’ex­clu­sion de l’as­pect civi­liste. La nul­li­té deman­dée pour motif de conscience porte à vivre à nou­veau les sacre­ments, à per­fec­tion un nou­veau lien qui soit cette fois stable et heureux ».

La Porte Latine

Les premières réactions de la presse philo-​bergolienne. Ci-​après un résumé fait par l’AFP

A un mois d’un synode déli­cat des évêques sur la famille, la réforme risque d’être vue d’un mau­vais oeil par cer­tains pré­lats conser­va­teurs qui craignent la pro­mo­tion d’un divorce catho­lique dégui­sé, même si elle touche seule­ment aux procédures.

Deux « motu pro­prio » (lettres du pape) – l’une pour l’Eglise romaine, l’autre pour les Eglises orien­tales rat­ta­chées à Rome – réflètent for­te­ment la volon­té de Jorge Bergoglio de dé-​bureaucratiser la jus­tice vati­cane, de don­ner un rôle cen­tral aux évêques. Et sur­tout de rejoindre « l’é­norme nombre de fidèles » qui ne peuvent pas aujourd’­hui faire des recours en annu­la­tion « en rai­son de la dis­tance phy­sique et morale » avec les « struc­tures juri­diques » de l’Eglise.

Jorge Bergoglio a déci­dé qu’une seule sen­tence suf­fi­rait pour décré­ter la nul­li­té, sup­pri­mant la double déci­sion de deux ins­tances qui était requise auparavant.

L’appel au tri­bu­nal du siège apos­to­lique romain, la Rote, res­te­ra pos­sible, mais plus exceptionnel.

Pour juger des recours en nul­li­té, l’é­vêque choi­si­ra un juge unique dans le cler­gé, et il devra assu­rer qu” »aucun laxisme ne sera permis »

Un pro­ces­sus accé­lé­ré est pré­vu dans les dio­cèses pour les cas de nul­li­té les plus fla­grants. Dans ce cas, c’est l’é­vêque du dio­cèse qui devient lui-​même juge, afin que les juge­ments res­pectent « l’u­ni­té catho­lique dans la foi et la discipline ».

- Principe de gratuité

Le pape réclame aus­si que les pro­cé­dures deviennent gra­tuites pour les requé­rants, avec l’aide des confé­rences épis­co­pales, qui se voient recom­man­der d’ac­cor­der « une rétri­bu­tion digne » du per­son­nel des tribunaux.

« Dans une matière aus­si étroi­te­ment liée au salut des âmes, l’Eglise, en se mon­trant une mère géné­reuse, mani­feste l’a­mour gra­tuit du Christ qui a sau­vé tous les hommes », affirme le pape.

François avait rele­vé depuis son élec­tion en 2013 l’i­né­ga­li­té des fidèles face aux pro­cé­dures en nul­li­té, per­çues comme réser­vées aux privilégiés.

Des célé­bri­tés comme la prin­cesse Caroline de Monaco ont obte­nu la nul­li­té. Mais la pro­cé­dure est insur­mon­table et incom­pré­hen­sible pour de nom­breux hommes et femmes, inca­pables de faire face aux pro­cé­dures, sans assis­tance et sans ressources.

Cette réforme ambi­tieuse touche aux pro­cé­dures en les démo­cra­ti­sant, mais non aux dif­fé­rents motifs qui jus­ti­fient la nul­li­té d’un mariage : une ques­tion que le synode des évêques d’oc­tobre pro­chain devrait aborder.

Le pape a réaf­fir­mé sans cesse le prin­cipe de l’in­dis­so­lu­bi­li­té du mariage.

Cette réforme reprend les recom­man­da­tions d’une com­mis­sion ins­ti­tuée l’an der­nier par François. Celui-​ci a agi « avec gra­vi­té mais grande séré­ni­té », et « mis les pauvres au centre », a sou­li­gné son pré­sident, Mgr Pio Vito Pinto, sou­li­gnant que la réforme expri­mait une orien­ta­tion fon­da­men­tale du Concile Vatican II (1962–65) qui accorde un rôle cen­tral aux évêques.

Lors du pré­cé­dent synode sur la famille en octobre der­nier au Vatican, une majo­ri­té des évêques s’é­tait pro­non­cée pour des pro­cé­dures plus faciles et brèves.

Dès l’é­té 2014, le pape, très conscient de ces pro­blèmes qu’il avait affron­tés comme arche­vêque de Buenos Aires, avait déci­dé de lan­cer cette réforme.

Reconnaître la nul­li­té d’un mariage revient à dire qu’en rai­son d’un vice au départ, le sacre­ment n’a jamais eu lieu. Cela per­met aux anciens époux de se rema­rier reli­gieu­se­ment, alors que l’Eglise refuse le divorce et consi­dère un rema­riage civil comme une infi­dé­li­té au véri­table conjoint.

La contrainte, le vice de consen­te­ment, le men­songe, la non-​consommation de l’u­nion étaient les prin­ci­paux argu­ments invo­qués pour deman­der la nul­li­té. Certains croyants entre­prennent des par­cours très longs et pénibles pour obte­nir gain de cause devant les juri­dic­tions ecclé­siales, car ils ne veulent pas divor­cer et être pri­vés de sacrements.

Le nou­veau synode d’oc­tobre pro­chain devrait évo­quer le manque de foi par­mi les nou­veaux motifs de nul­li­té. Les fian­cés passent en effet sou­vent devant un prêtre sous la pres­sion sociale, sans se rendre compte que le sacre­ment qu’ils reçoivent est un enga­ge­ment pour la vie.

Les conser­va­teurs voient dans toutes ces réformes l’é­bran­le­ment d’une ins­ti­tu­tion. Selon eux, si l’an­nu­la­tion est plus faci­le­ment accor­dée, c’est un divorce catho­lique contraire au dogme qui est intro­duit subrep­ti­ce­ment dans l’Eglise.

Sources : AFP/​VIS/​Nuova Bussola/​LPL du 8 sep­tembre 2015