Eté 2004
Quelques jeunes demandent au Prieuré Saint Jean Eudes s’il est possible d’organiser un pèlerinage au mont Saint Michel ; on y inviterait quelques amis, et ce serait un pèlerinage informel.
Le 18 septembre, une quarantaine de pèlerins accourus de notre chère Normandie et de la lointaine contrée lutécienne, se retrouvent sous les voûtes de l’église paroissiale de Genêts, qui résonnent aussitôt au son angélique des mélodies grégoriennes. La messe achevée, les dunes de sable accueillent les plastiques, papiers d’aluminium et autres cartons déballés pour un pique-nique convivial . mais bien sagement remballés avant le départ (écolo. euh ! charité oblige !). Le guide nous rejoint, et, serrés derrière un abbé qui tâchait d’élever nos esprits du sable vaseux caressant nos pieds, tandis que le porte-voix lançait au travers de la baie des chants à Notre-Dame, les pèlerins s’élançaient vers le Mont sacré.
Un photographe journaliste du conseil régional attendit patiemment notre départ pour immortaliser dans son objectif ce groupe de jeunes gens du XXI ème siècle conduit par deux soutanes et paraissant prier du fond de leur âme.
Après être passés sur des sables mouvants (ou au-dedans pour certains), nous arrivons au Mont, et, ensemble, gravissons les ruelles jusqu’à l’église paroissiale.
Là, face à l’imposante statue de st Michel, nous nous agenouillons et le prieur commence la prière suppliante des litanies à l’archange. Les nombreux touristes passent et voient. Beaucoup ne peuvent s’empêcher de s’arrêter. de s’agenouiller. de prier ! Qu’elle est aimée de Dieu la prière publique !
Le retour restera gravé en nos mémoires : Juste après la fin du 2° mystère douloureux où nous avons spécialement demandé à Dieu la grâce de souffrir dans notre corps en union à sa flagellation, le vent se fit soudainement plus fort et une fine pluie s’abattit sur nous, mélangée au sable soulevé par le vent. Nos corps harassés étaient réchauffés par la joie qui régnait en notre cour ; Dieu semblait présent au milieu de nous.
Arrivés, nous nous retrouvons tous dans une crêperie, heureux d’avoir honoré et demandé avec confiance l’aide du chef des milices célestes, heureux d’avoir eu à souffrir quelque chose pour N.S.J.C., heureux d’avoir fait du bien aux touristes en leur montrant ce qu’est un chrétien, heureux enfin d’avoir fait connaissance entre nous et dégusté de bonnes crêpes !
Un an plus tard le Prieuré récidive au vu de l’enthousiasme des jeunes.
Samedi 24 septembre 2005, midi : Alors que la messe commence et qu’un prêtre du Prieuré est déjà en train de recevoir les confessions, des visages nouveaux se joignent aux pèlerins de l’an dernier, et la nef se remplit de plus en plus. région parisienne, Bretagne, Normandie ; une majorité de 25 – 35 ans vient s’agenouiller en la belle église de Genêts pour s’unir au Sacrifice salvateur.
Quelques instants après, entre un soleil radieux et le sable fin, les pèlerins piochent dans leurs sacs à dos les calories qui vont les faire arriver de l’autre côté de la baie. Car il va bien falloir la traversée, cette baie !
Paraissant fangeuse, plate et monotone, elle semble une image de notre vie sur terre. Et pourtant on la traverse avec joie, car le regard est toujours attiré par ce mont, cette basilique, cette cité sainte, qui semblent se rapprocher : espérance ! Joie aussi de cette proximité et de ce partage d’une souffrance commune, de ces chants et de ces prières répétés d’une seule voix : charité !
Mais pour cela il faut lever les yeux de cette vase, de nos propres pieds, de nos difficultés. Les diriger vers ce but, les diriger aussi vers les autres autour de soi, et c’est alors que vient la joie.
Deux attitudes dans la marche, deux attitudes dans la vie : soupirs ou joie., se nourrissant pourtant de la même chose.
Au fait, combien sommes-nous ? Cent trente, cent quarante à l’aller ; un peu moins au retour. Le petit pèlerinage informel a plus que triplé sans l’avoir publicisé. La Providence fait ce qu’elle veut.
La montée dans le Mont, chant de l’Ave à plein cour et pleins poumons, sous l’oil médusé des touristes, nous mène en l’église paroissiale, lieu traditionnel des apparitions. Là, cent quarante pèlerins à genoux épanchent leur âme devant St Michel, se sachant écoutés.
Retour par la baie, puis une soixantaine de pèlerins se retrouve dans une crêperie normande. Occasion rêvée pour tisser des liens entre tous ces jeunes, et découvrir ainsi la profondeur de ce qui nous unit.
Retour, puis coups de téléphone sur coups de téléphone, remerciements. L’enthousiasme est grand : remercions le Seigneur et à l’an prochain !
Dossier transmis par l’abbé Guillaume Gaud