« Le pape François a‑t-il changé d’avis ? », c’est sous ce titre que le site de la Fraternité Saint-Pie X aux Etats-Unis s’interroge, le 27 mai 2015, sur un article du vaticaniste Sandro Magister : « La porte fermée du pape François », paru le 11 mai et repris sur La Porte latine.
Sandro Magister écrit : « Depuis la fin du mois d’octobre 2014 jusqu’à aujourd’hui, on ne peut plus citer une seule fois où il (le pape) ait apporté son soutien, si peu que ce soit, aux paradigmes des novateurs. C’est même tout le contraire. Il a intensifié ses interventions à propos de toutes les questions les plus sujettes à controverse qui sont liées au thème du synode, c’est-à-dire à la famille : la contraception, l’avortement, le divorce, le remariage des divorcés, le mariage des homosexuels, l’idéologie du « genre ». Et, à chaque fois, il en a parlé en tant que « fils de l’Eglise » – comme il aime à se définir – avec une fidélité inébranlable à la tradition et sans s’écarter d’un millimètre de ce qui avait été dit avant lui par Paul VI, Jean-Paul II ou Benoît XVI. (…)
« Dans le monde des médias les novateurs continuent à bénéficier d’une grande visibilité et à être applaudis, et François continue à être présenté comme l’un d’eux. Ce soutien qu’il leur apporterait continue à être considéré comme acquis, même par les plus fervents admirateurs de Bergoglio. (…) Mais la réalité est toute autre. En parfait jésuite, Bergoglio est un grand réaliste et il a déjà compris – ne serait-ce qu’en prenant connaissance de la liste des délégués qui ont été élus par les divers épiscopats nationaux – que la prochaine session du synode serait encore plus défavorable aux novateurs que la précédente.
« Il sait que les décisions finales seront prises par lui et par lui seul. Mais il sait également qu’il lui sera impossible d’imposer au monde catholique tout entier des innovations qui seraient loin d’avoir recueilli au préalable l’accord collégial des évêques. Ceux-ci ne se trouvent pas seulement dans la décadente Eglise d’Allemagne, mais aussi en Afrique, en Asie, et dans toutes ces « périphéries » du monde, bien vivantes, qui lui sont si chères. »
L’idée centrale de cet article est reprise et résumée dans l’article du 15 mai où Sandro Magister distingue : « Les deux François, celui des médias et le vrai », également disponible sur La Porte latine. A cette analyse bienveillante des discours du pape, le site des Etats-Unis oppose ses actes récents qui s’éloignent singulièrement de la doctrine des allocutions officielles, se demandant s’il n’y a pas derrière tout cela un calcul politique.
Parmi les faits qui démentent un changement d’avis de la part du pape, on peut noter la nomination du dominicain progressiste, Timothy Radcliffe, comme consulteur du Conseil pontifical « Justice et Paix », le 16 mai. Celui qui, lorsqu’il était Maître général de son ordre, avait clairement permis l’admission à la vie religieuse de personnes d’orientation homosexuelle, et qui s’était rendu célèbre par la célébration de « messes pour les homosexuels » à Londres. Sur la même question, on pourrait ajouter cette déclaration scandaleuse de Radcliffe, en 2013, rapportée par The Tablet du 20 février 2014, sur l’homosexualité : « Elle peut être sans doute généreuse, vulnérable, tendre, réciproque et non-violente. A bien des égards, je pense donc qu’elle exprime le don de soi du Christ », avait-il dit, se déclarant surpris que ses opinions aient suscité une telle agitation, et affirmant qu’elles étaient « en profonde résonance avec l’enseignement du pape François ».
Le rédacteur du site des Etats-Unis rappelle d’autres faits déplorables, comme la réception d’un transsexuel espagnol, Diego Neria Lejarraga et de sa « fiancée » par le pape, le 24 janvier dernier. Et de le souligner, « de tels actes ne peuvent qu’adresser un message contrasté sur l’état d’esprit du pape François, qui n’a pas complètement fermé la porte à un comportement étrange ou à des contradictions calculées. »
Parmi les dernières réactions que suscite le divorce entre les paroles et les actes du pape, on peut aussi relever l’indignation d’un prêtre italien sur le site La scure di Elia (la hache d’Elie) : « Un jour (10 mai), il encourage la Marche pour la vie (se limitant du reste à deux mots de circonstance noyés dans les autres salutations, à l’occasion du Regina caeli dominical), le lendemain, il reçoit au Vatican, avec des milliers d’enfants, une exterminatrice d’enfants à naître, qui n’a jamais donné le moindre signe de repentir et ne songe même pas à abjurer ses idées meurtrières, voire y persiste obstinément. » Il s’agit d’Emma Bonino, soutien actif du référendum en faveur de l’avortement en Italie, à qui a été accordée la faveur d’être au premier rang des invités lors de l’initiative vaticane dite ‘La Fabrique de la paix’ (Fabricca della Pace), le 11 mai. Au début du mois elle avait reçu un appel téléphonique du pape qui l’encourageait à « tenir bon » dans sa lutte contre un cancer, et ils avaient tous deux parlé « des migrants, de la pauvreté et de la Méditerranée ». – Il est des gestes qui en disent plus que tous les discours.
Sources : sspx /chiesa /lpl /la croix /benoitetmoi – n°316 du 05/06/15