Dans la présentation de la recension qu’il fait des vœux du pape François dans Le Figaro Jean-Marie Guénois écrit sans prendre de précautions oratoires inutiles : « Dans un discours de mise au point, le Saint-Père a violemment critiqué l’attitude de certains de ses collaborateurs ».
Et de continuer : « Le pape François aime mettre les points sur les « i ». Et particulièrement avec la Curie romaine, son administration centrale. Il lui donne rendez-vous chaque fin décembre pour un échange de vœux. Qui n’est pas forcément cordial. Les éditions précédentes l’ont démontré. Ainsi du fameux discours sur les quinze maladies de la Curie romaine en décembre 2014, où étaient pointés « l’Alzheimer spirituel » et la « schizophrénie existentielle ». »
Cette année, dans son introduction, le Pape fait preuve d’une rare violence contre certains de ses collaborateurs, actuels ou anciens. Les voilà qualifiés de « traîtres », de « profiteurs », à la merci de « la vaine gloire » et de « petits cercles » qui agissent selon « les logiques déséquilibrées et dégénérées des complots»…
Cette attaque frontale vise aussi bien le cardinal Raymond Leo Burke ancien préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique, la juridiction suprême de l’Église catholique que le cardinal Gerhard Ludwig Mülle, ancien préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi, le plus important des ministères du Vatican. Tous deux ont la caractéristique d’avoir critiqué publiquement l’orientation du pontificat et de ne pas avoir été renouvelés dans leur mandat. Tous deux, dixit François, ont eu le tort de « s’autodéclarer, de façon erronée, martyrs du système, du « Pape non informé », de la « vieille garde »… au lieu de réciter leur »Mea culpa »» [1].
À l’issue du discours [2], les membres de l’assistance ont tous fait la file pour saluer François en personne. Ce dernier a eu un bon mot, une accolade et des sourires pour chacun sauf le cardinal Gerhard Müller, qu’il a licencié il y a quelques mois – à vrai dire de façon assez peu « délicate » – de sa charge de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et qu’il s’est contenté de saluer d’une poignée de main sombre et empressée.
À l’évidence, la miséricorde bergoglienne est à géométrie variable et le silence dans les rangs est désormais de mise dans l’Eglise conciliaire du pape jésuite argentin.
Sources : Figaro Premium – Jean-Marie Guenois /Settimo Cielo
- Note de LPL : Textuellement : « Permettez-moi de dire ici deux mots sur un autre danger, celui de ceux qui trahissent la confiance ou de ceux qui profitent de la maternité de l’Eglise, c’est-à-dire les personnes qui sont choisies soigneusement pour donner une plus grande vigueur au corps et à la réforme, mais – ne comprenant pas la hauteur de leur responsabilité – se laissent corrompre par l’ambition ou par la vaine gloire ; et lorsqu’elles sont délicatement renvoyées s’auto-déclarent faussement martyres du système, du « Pape qui n’est pas informé », de la « vieille garde »… au lieu de dire le « mea culpa ». A côté de ces personnes, il y en a ensuite d’autres qui travaillent encore à la Curie, à qui l’on donne tout le temps pour reprendre le juste chemin, dans l’espérance qu’elles trouvent dans la patience de l’Eglise une chance pour se convertir et non pour en profiter. »[↩]
- Note de LPL : Dans ce discours à la Curie romaine, donc, François pointe sur la nécessaire « communion » de ses collaborateurs – dont « l’écrasante majorité est fidèle » – ajoutant : « Ceci est très important pour dépasser les logiques déséquilibrées et dégénérées des complots et des petits cercles qui représentent, en réalité – malgré toutes leurs justifications et bonnes intentions – un cancer qui porte à l’autoréférentialité, qui s’infiltre aussi dans les organismes ecclésiastiques en tant que tels, et en particulier dans les personnes qui y travaillent. Mais quand ceci arrive, on perd la joie de l’Évangile, la joie de communiquer le Christ et d’être en communion avec Lui. On perd la générosité de notre consécration. »[↩]