Moine bénédictin, Père et Docteur de l’Église (673–735)
Fête le 27 mai.
Il n’y avait pas encore un siècle que saint Augustin de Cantorbéry, envoyé par saint Grégoire le Grand, était venu de Rome jeter sur la terre de la Grande-Bretagne la semence de la parole évangélique, et déjà une abondante moisson de Saints avait mûri. De cette phalange se détache une ligure qui résume toute cette époque d’efflorescence chrétienne, c’est Bède le Vénérable, le premier parmi les rejetons des races barbares qui ait conquis une place dans les rangs des Docteurs de l’Eglise.
Il naquit en 673, dans un obscur village voisin de Jarrow, dans le comté de Durham.
Orphelin, il fut, dès l’âge de sept ans, présenté par ses proches au saint et savant abbé Benoît Biscop qui venait de fonder (en 674) l’abbaye bénédictine de Saint-Pierre à Wearmouth, et il prit place parmi les jeunes enfants que la piété de cette époque offrait aux abbayes, afin d’y recevoir l’instruction première qui leur permettrait plus tard de suivre dans le siècle ou dans le cloître leur véritable vocation.
Son instruction.
Bède, dont le nom anglo-saxon signifie « prière », à peine entré au monastère de Wearmouth parut un modèle pour tous ses compagnons d’âge.
En 682, la ruche monastique, trop pleine pour suffire aux nouveaux arrivants, envoya l’abbé Géolfrid avec un groupe de religieux fonder l’abbaye de Saint-Paul, à Jarrow. Bède était de ce nombre.
Dans la contrée marécageuse qu’ils devaient transformer par leurs travaux, ces moines eurent le sort de presque tous les premiers colons. La peste en enleva dix-huit : il ne resta pour l’office canonial que l’abbé Céolfrid et le jeune Bède. Le cœur plein de tristesse, Céolfrid continua avec lui la psalmodie sacrée, mais sans le chant dés antiennes. Il en fut ainsi pendant toute une semaine.
Après ces huit jours, Céolfrid et l’enfant se remirent, non sans grande fatigue, à chanter l’office intégralement ; ils continuèrent de la sorte, aidés par les fidèles du voisinage, jusqu’à ce que d’autres religieux fussent venus repeupler le cloître désert.
Les règles du chant grégorien avaient été apportées en Angleterre par un disciple de saint Grégoire, Jean, chantre de Saint-Pierre du Vatican, légat apostolique. A la prière de Benoît Biscop, le légat vint à Jarrow où il développa dans un cours public l’ordre de la liturgie, telle qu’elle se pratiquait à Rome, les rites prescrits pour les cérémonies, les règles du chant et de la psalmodie.
Sous la direction de cet illustre maître, le jeune élève se passionna pour les mélodies grégoriennes, pour les magnificences de la liturgie sacrée. Sa vive intelligence était d’ailleurs ouverte à toutes les études sérieuses. Il apprit l’Ecriture Sainte aux leçons d’un moine, Thumbert, dont il écrivit plus tard le nom avec une reconnaissance filiale dans son Histoire des Anglais. Le grec, la poésie, les sciences exactes lui furent aussi enseignés.
Mais la pensée de Dieu présidait à tous les travaux du pieux étudiant, et lui-même nous a rapporté la prière qu’il faisait après l’étude, et par laquelle il termine l’énumération de ses œuvres.
Ô bon Jésus, qui avez daigné m’abreuver des ondes suaves de la science, accordez-moi surtout d’atteindre jusqu’à vous, qui êtes la source de toute sagesse, et de ne perdre jamais de vue votre divine présence.
Son ordination.
A dix-neuf ans, Bède avait parcouru le cycle entier de la science sacrée et profane : la piété s’était accrue dans son âme en proportion du savoir. Par une glorieuse exception il fut ordonné diacre en 691, par l’évêque d’Exham, saint Jean de Beverley, sous la juridiction duquel l’abbaye de Jarrow était placée. A trente ans, en 702, il reçut du même pontife l’ordination sacerdotale, et à partir de ce jour jusqu’à sa mort, ce fut lui qui chaque matin chanta au chœur la messe conventuelle.
Le maître.
D’élève il passa maître, et bientôt six cents disciples de la double communauté de Jarrow et de Wearmouth, sans compter ceux qui accouraient en foule de différents points de l’Angleterre près de l’illustre docteur, assistaient chaque jour à ses leçons.
Ma vie s’est écoulée tout entière, disait-il plus tard, dans l’enceinte de ce monastère. En dehors de la méditation des Saintes Ecritures, des observances de la discipline régulière, du chant de la messe quotidienne au chœur, je n’ai rien connu de plus doux que d’apprendre sans cesse, d’étudier et d’écrire.
Pour avoir une idée de ce que fut son enseignement, il suffirait d’énumérer les traités composés par lui sur toutes les branches de l’instruction, depuis les règles de l’orthographe jusqu’aux notions les plus élevées de la littérature et de la science. Il se faisait tout à tous, distribuant à la fois le lait de la doctrine aux enfants et le pain substantiel de la science aux intelligences plus élevées.
Bède fut le véritable « pédagogue » non seulement de l’Angleterre qui entendit sa voix, mais de la Germanie qui en reçut l’écho par saint Boniface, et de la France elle-même, où Alcuin (735–804) vulgarisa son enseignement à l’Ecole palatine de Charlemagne.
Œuvres littéraires et scientifiques.
Trois ans avant sa mort, Bède dressa une liste de ses ouvrages ; ils sont au nombre de quarante-cinq et on y voit mentionnés deux recueils de poésies, un livre d’hymnes et un livre d’épigrammes. Ces œuvres poétiques sont presque entièrement perdues.
Ses ouvrages scientifiques et littéraires comprennent un traité d’orthographe, un autre de poétique, un petit livre de rhétorique qui abonde d’exemples cités de la Bible et révèle les beautés littéraires des psaumes, un traité, De la nature des choses, qui est un précis des connaissances de l’époque sur l’astronomie, la cosmographie, la géographie ; on y remarque que Bède déclare déjà que la terre est ronde. Tous ces ouvrages sont comme des manuels à l’usage de ses élèves.
Il faut y ajouter les travaux chronologiques qui sont d’une très grande valeur.
Le Docteur.
A peine âgé de trente ans, ce docteur, « plus facile à admirer qu’à louer dignement », comme le dit son historien, avait achevé son encyclopédie littéraire et scientifique. Il entreprit alors un gigantesque travail d’exégèse patristique où il résuma tout ce que les Pères les plus accrédités d’Orient et d’Occident avaient écrit sur les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Un parfum de poésie et de simplicité s’exhale de tous ses écrits spirituels. Sa doctrine est celle de saint Augustin, celle de l’Eglise : il avait une prédilection pour le grand docteur d’Hippone.
Ses homélies, dont il ne reste que quarante-neuf, et qui étaient destinées aux religieux de Jarrow, se répandirent dans tous les autres cloîtres bénédictins et notamment au Mont-Cassin. La liturgie en a pris une vingtaine d’extraits pour les offices du Bréviaire romain.
Huit siècles avant la Réforme, en répondant aux erreurs de son temps, il fournissait contre elle des arguments.
On voit qu’il pensait comme l’Eglise romaine sur tous les points controversés entre les catholiques et les protestants, tels que la prière pour les morts, l’invocation des saints, la vénération des reliques et des images, etc. Il attribue même des miracles à ces pratiques. Il montre que les images ne sont point proscrites par le Décalogue, et que Dieu défendit seulement les idoles, puisqu’il ordonna d’élever le serpent d’airain, etc.
Dans une de ses homélies, il traite tout particulièrement de la prière pour les morts.
L’historien.
En 731, il achevait la grande œuvre qui lui vaut encore aujourd’hui l’admiration et la reconnaissance du monde savant, et qui est la grande mine exploitée par une foule d’historiens et d’hagiographes du moyen âge, Histoire ecclésiastique de la Nation des Anglais. Ce livre immortel, qui fait de lui le « père de l’histoire anglaise », couronna sa prodigieuse carrière. Bède fut pour la Grande-Bretagne ce que saint Grégoire de Tours avait été pour les Francs, l’annaliste national.
Il n’avait entrepris cet ouvrage que sur les instances du pieux et savant roi des Northumbriens, Céolwulf, à qui s’était joint Albin, premier abbé anglo-saxon du monastère de Saint-Augustin à Cantorbéry.
L’humble auteur dédia son ouvrage au prince en ces termes : « Au très glorieux roi Céolwuff, Bède, serviteur et prêtre du Christ. »
Il écrivait aussi à Albin avec une humilité charmante :
Révérendissime Père, vous que je puis appeler mon bien-aimé dans le Seigneur, souvenez-vous, je vous en supplie, de ma fragilité, vous et tous les serviteurs du Christ qui vivent avec vous. Faites prier pour moi tous ceux à qui vous communiquerez ce modeste opuscule.
Cette Histoire ecclésiastique, qui se partage en cinq livres, commence par une vie de saint Cuthbert, évêque de Lindisfarne. mort en 687, dans laquelle abondent des détails curieux faisant connaître les mœurs de cette époque. Puis, partant des premières relations des Bretons et des Romains, le récit se déroule jusqu’à l’année 731, enchâssant les affaires de l’Eglise, les affaires civiles, les traditions religieuses et tous les autres événements dans une seule narration. La biographie des cinq premiers abbés de Wearmouth et de Jarrow, que Bède a tous connus, termine l’ouvrage.
Bède a encore écrit une Vie de saint Félix de Nole, une Vie et Passion de saint Anastase, aujourd’hui perdue, et un célèbre Martyrologe qui, à côté des noms des Saints, contient 114 notices historiques.
Dans son Martyrologe, ses sommaires historiques et ses biographies de Saints, dit Montalembert, il ajoutait la démonstration du gouvernement de Dieu par les faits et les hommes, à l’exposition théorique des enseignements de la foi.
Il prouve aussi que la conversion de l’Angleterre est l’œuvre exclusive des Papes et que l’Eglise seule possède le secret de la véritable civilisation.
Sa correspondance et son cœur.
Les seize lettres qui nous restent de la Correspondance de Bède nous révèlent son cœur. Cette âme qui se trahit à travers ses écrits est une âme sainte. Les sentiments affectueux et les tendresses de l’intimité s’unissent tout naturellement chez lui à cette soif de la science, à cet amour impérieux de l’étude, à cette ardeur du travail, à la pratique des vertus et à ce noble souci des choses divines et célestes qui font de lui le type accompli du moine.
On cite, spécialement, une lettre qu’il écrivit en 734, peu de temps avant sa mort, à son disciple Egbert nouvellement élu évêque d’York. C’est une sorte de traité du gouvernement spirituel et temporel de la Northumbrie. Cette lettre, qui est comme le testament spirituel du grand Docteur, jette une vive lumière sur l’état de l’Eglise anglo-saxonne.
Bède commence par exhorter son élève à méditer et étudier l’Ecriture Sainte pour y trouver les consolations dont parle saint Paul. Puis il lui rappelle les devoirs d’un évêque :
Souvenez-vous que la partie la plus essentielle de votre devoir est de mettre partout des prêtres éclairés et vertueux, de vous appliquer avec un zèle infatigable à nourrir vous-même votre troupeau ; de faire en sorte que le vice disparaisse ; de travailler à la conversion des pécheurs ; d’avoir soin que tous les diocésains sachent l’Oraison dominicale et le Symbole des apôtres et qu’ils soient parfaitement instruits des différents articles de la religion.
Il insiste ensuite sur la communion fréquente des fidèles. :
Elle est en usage, dit-il, dans toute l’Eglise du Christ, en Italie, dans les Gaules, en Afrique, en Orient. Chez nous cet acte de religion, le plus important de tous, le plus nécessaire à la sanctification des âmes, est presque inconnu des laïques. Beaucoup de fidèles se contentent de communier deux ou trois fois par an, quand ils pourraient, avec un peu de préparation, s’approcher des célestes mystères au moins tous les dimanches et toutes les fêtes d’apôtres et de martyrs.
Parmi ses autres lettres, l’une est un opuscule scientifique sur les équinoxes ; une autre traite de la célébration de Pâques ; sept, adressées à son ami saint Acca, exposent des questions exégétiques ; dans une autre, il remercie l’abbé de Cantorbéry, Albin, de son appui dans la composition de l’Histoire ecclésiastique.
Cette vie limpide et glorieuse ne fut pas cependant sans nuage. Comme tous les hommes de vertu, il s’attira l’hostilité de quelques esprits étroits. On alla même jusqu’à le traiter d’hérétique parce que dans sa chronologie il avait combattu l’opinion, alors répandue, que le monde ne devait durer que six mille ans. Cette accusation d’hérésie fit tant de bruit qu’il en était question jusque dans les chansons grotesques des paysans.
Bède en fut fort affligé. Pour se justifier, il composa une véritable apologie adressée à un moine sous forme de lettre et dans laquelle il s’élevait contre la manie de déterminer la fin du monde. Cet écrit bientôt répandu dans toute l’Angleterre mit fin à la calomnie.
Par contre, à ses nombreux amis, Bède ne cesse de demander de prier pour lui. Cette pieuse anxiété pour assurer à son âme le secours de la prière après sa mort se retrouve à chaque instant dans ses lettrés ; elle achève d’imprimer le cachet de l’humble et vrai chrétien à ce grand savant, dont la vie fut si bien remplie.
Certains historiens ont dit qu’il était devenu aveugle à la fin de sa vie, ce qui ne l’empêchait ni d’enseigner ni de prêcher.
Derniers jours du maître.
Ses derniers moments ont été décrits jusque dans les moindres détails par un témoin oculaire, un disciple fidèle, Cuthbert, qui fut plus tard abbé de Jarrow et dont les larmes ont dû couvrir plus d’une fois le parchemin sur lequel il retraçait cette scène.
Vous désirez de moi écrit-il, que je vous dise comment Bède notre Père et notre Maître, le bien-aimé de Dieu, est sorti de ce monde. C’est une consolation pour ma douleur, en même temps qu’une peine de plus, d’avoir à vous l’écrire.
Deux semaines environ avant Pâques [17 avril 735], il fut pris d’une difficulté de respirer, mais sans éprouver une grande douleur. Il vécut ainsi jusqu’à la fête de l’Ascension [qui était le 26 mai], toujours joyeux et gai, rendant grâces à Dieu.
Tous les jours, selon sa coutume, il nous donnait ses leçons, il employait le reste de sa journée à chanter des psaumes ; et toutes les nuits, après un court sommeil, il les passait, sans fermer les yeux, dans les actions de grâces. Dès son réveil il se remettait à prier les bras en croix. II chantait tantôt les textes de saint Paul, et plusieurs autres passages de l’Ecriture, tantôt des vers qu’il avait composés en notre langue, et aussi des antiennes.
Ici le narrateur s’interrompt pour citer dix vers anglais recueillis sur les lèvres du mourant.
D’autres fois nous lisions, mais les larmes interrompaient la lecture, et nous ne lisions jamais sans pleurer. Les quarante jours de Pâques à l’Ascension s’écoulèrent ainsi. Il disait avec saint Paul : « Le Seigneur flagelle le fils qu’il va recevoir. » On lui entendait dire aussi ces paroles de saint Ambroise : « Je n’ai point vécu de manière à rougir de vivre parmi vous, et je ne crains point de mourir parce que nous avons un Dieu qui est la bonté par essence. »
Pendant ces jours, et en sus des leçons qu’il nous donnait, il entreprit deux ouvrages, une traduction de l’Evangile selon saint Jean, en notre langue, et quelques extraits d’Isidore de Séville. Car, disait-il, « je ne veux pas que mes disciples lisent des mensonges, et qu’après ma mort ils se livrent à des travaux inutiles ».
Le mardi avant l’Ascension, il se sentit une difficulté de respirer plus grande qu’à l’ordinaire. On remarqua un peu d’enflure à ses pieds. Il continua néanmoins de dicter gaiement et quelquefois il ajoutait : « Hâtez- vous, car je ne sais combien de temps je resterai avec vous, ni si mon Créateur ne m’appellera pas bientôt. »
Un autre historien ajoute que « l’enflure de ses pieds l’avertissant qu’il approchait de sa dernière heure, il voulut recevoir l’Extrême- Onction, puis le saint Viatique ».
Il passa la nuit en action de grâces. Le lendemain matin, mercredi, veille de l’Ascension, il ordonna de transcrire ce qui était commencé, et nous travaillâmes jusqu’à l’heure de Tierce. Vint ensuite la procession accoutumée en ce jour, avec les reliques des Saints, et nous la suivîmes.
Mais un de nous resta près du malade et lui dit :
— Il manque encore un chapitre, maître bien-aimé, au livre que vous avez dicté ; serait-ce une trop grande fatigue que de vous faire parler davantage ?
— Non, répondit-il, prends la plume et écris promptement.
A l’heure de None, il me chargea d’aller chercher tous les prêtres du monastère ; il fit ses adieux à ses frères et les supplia de prier pour lui : ces entretiens durèrent jusqu’à l’heure des Vêpres.
Et le disciple dont j’ai parlé lui dit encore :
— Cher maître aimé, il reste un verset qui n’est point écrit.
— Ecris-le donc, répondit Bède.
Et le disciple ayant terminé en quelques instants s’écria : — Maintenant, c’est fini.
— Tu dis vrai, reprit alors le maître, c’est fini. Prends ma tête dans tes mains et tourne-moi, car j’éprouve une grande consolation à diriger mon regard vers le Lieu Saint où j’ai tant prié.
Et ainsi, couché sur le plancher de sa cellule, et tourné du côté du sanctuaire, il se mit à chanter une dernière fois : « Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit », puis il s’endormit paisiblement dans le Seigneur. Il allait achever dans les siècles des siècles la doxologie interrompue sur ses lèvres par l’ange de la mort.
Il n’avait que soixante-deux ans. C’était le mercredi soir 25 mai 735.
Comme une fête commence avec les premières Vêpres, plusieurs auteurs ont écrit que saint Bède mourut le jour de l’Ascension, ce qui a fait placer au 26 mai la date de sa mort.
Son titre de Vénérable.
Comme tous les autres saints de cette époque, Bède fut canonisé par la voix populaire, tacitement approuvée de l’Eglise, et l’Ordre de Saint-Benoît a toujours célébré sa mémoire comme celle d’un Saint et d’un Docteur.
Ce dernier titre, les évêques d’Angleterre le sollicitèrent dès 1855. La question fut reprise en 1890, sous le pontificat de Léon XIII et, grâce surtout au zèle du futur cardinal Vives y Tuto chargé de cet examen, elle aboutit heureusement. Par un décret du 13 novembre 1899, saint Bède a été déclaré Docteur, et sa fête, fixée au 27 mai, a été étendue à l’Eglise universelle.
Le titre de Vénérable par lequel il est désigné, lui était déjà donné de son vivant, à cause de ses vertus, et, comme on lisait publiquement dans l’Eglise ses sermons et ses homélies, on ne prononçait son nom qu’en l’accompagnant de ce vocable. Cette coutume persista après sa mort et elle a été pour ainsi dire consacrée par le Martyrologe romain qui lui garde ce titre.
Ses reliques.
Son corps fut enseveli d’abord dans la chapelle du monastère de Jarrow, où de nombreux pèlerins vinrent visiter son tombeau. Divers miracles confirmèrent son renom de sainteté. Des autels lui furent élevés, et ses restes furent longtemps l’objet du culte des fidèles. En 1020, ses reliques furent portées à Durham, enfermées dans un coffre de bois et déposées dans la châsse de saint Cuthbert. En 1155, Hugues, évêque de Durham, les plaça dans une châsse magnifique enrichie d’or, d’argent et de pierreries ; elles y restèrent jusqu’à la profanation générale sous Henri VIII, qui fit démolir la châsse et disperser les ossements.
A. E. A.
Sources consultées. — Mgr Battandier, Bède Docteur de l’Eglise (dans Annuaire pontifical de 1901, p. 37). — P. Godet, Bède le Vénérable (Dictionnaire de Théologie catholique). — H. Quentin, Bède le Vénérable (Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie). — Herbert Thurston, Bède (The Catholic Encyclopedia, New-York, 1913). — (V. S. B. P., n° 276.)
Source de l’article : Un Saint pour chaque jour du mois, Mai, La Bonne Presse, 1932