Pascal met l’incrédule devant une alternative : « Je sais qu’en sortant de ce monde, je tombe pour toujours ou bien dans le néant, ou bien dans les mains d’un Dieu irrité ». L’époque actuelle tente d’échapper à ce dilemme en contestant ce mot irrité. Il n’y aurait pas de Dieu irrité mais un Dieu tellement bon qu’il ne s’irrite de rien, pas même des crimes abominables, des blasphèmes et de l’indifférence qu’auraient les hommes pour leur destinée.
Un tel Dieu impassible ne me paraît guère distinct du néant. Si on l’imagine infiniment bon et indulgent, il lui manque un attribut indispensable : la justice. Qu’est-ce donc qu’un Dieu qui mettrait dans le même sac, les saints charitables et les pires égoïstes, criminels et sans repentir ? Un Dieu dont on se moquerait éperdument et impunément est-il vraiment tout puissant ? Certains chrétiens en viennent à dire que Dieu n’est pas tout-puissant, et à attribuer au Père des cieux, les faiblesses volontaires du Fils de Dieu fait homme ! Cette hérésie n’est absolument pas nouvelle, elle a un nom : c’est le Patripassianisme (1).
Faute de prêter la moindre attention au mystère de la Sainte Trinité, ces hérétiques se forgent l’idée d’un Dieu faible comme peut l’être un homme, humble comme doit l’être un homme, un Dieu qui encaisse n’importe quoi, le mépris à son égard aussi bien que les vols et les assassinats. Faudra-t-il réapprendre aux chrétiens et à une partie du clergé, la première ligne du Credo : je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant… ?
Abbé Philippe Sulmont
Cet article est tiré du Bulletin paroissial de Domqueur, dans la Somme (80).