Dominicain, Docteur Commun l’Eglise, aussi appelé le Docteur Angélique (1225–1274). Le plus grand théologien de l’Eglise, auteur de la Somme Théologique.
Fête le 7 mars.
Saint Thomas d’Aquin est le plus grand théologien de l’Eglise, la gloire incomparable de l’Ordre des Frères Prêcheurs et de son siècle ; on ne compte plus les documents officiels dans lesquels les Souverains Pontifes ont loué la doctrine et recommandé l’étude des œuvres de ce philosophe et théologien de génie.
Un enfant d’esprit vif et réfléchi.
Il naquit à Rocca-Secca, dans le royaume de Naples, au début de 1225 ou à la fin de 1224 ; il était le cousin de l’empereur Frédéric II.
Le comte Landolphe, son père, vivait militairement au château fort de Rocca-Secca (roche aride), dominant à pic la petite ville d’Aquino, véritable nid d’aigle, qui fait face à l’abbaye du Mont-Cassin. La comtesse Théodora d’Aquin, femme d’une admirable pureté de vie, remit Thomas, tout innocent aux mains des Bénédictins du célèbre monastère ; l’enfant avait alors cinq ans.
Dans un âge si tendre, il étonnait déjà ses maîtres par sa réflexion et la vivacité de son esprit. Souvent, il adressait aux moines cette interrogation : « Qu’est-ce que Dieu ? » Une telle question sera la passion de toute sa vie. A huit ans, elle dénote déjà son tour d’esprit. Remarquons-le bien. Il ne dira pas : Qui est Dieu ? comme tout enfant de son âge aurait dit à sa place, mais bien : « Qu’est-ce que Dieu ? » Tout l’intellectualisme de saint Thomas d’Aquin est déjà là.
Il montra donc une extraordinaire ardeur à connaître Dieu. Il se retirait même souvent de la compagnie des jeunes nobles pour étudier le manuscrit où se trouvaient les rudiments de la science. Dès lors, il était peu empressé aux conversations mondaines, mais plutôt méditatif et taciturne, distrait même. Il gardera toute sa vie d’ailleurs cette attitude absorbée et comme indifférente aux objets extérieurs. On le verra, par exemple, silencieux et tout préoccupé à la table du roi saint Louis, qui l’aimait beaucoup. Entraîné par la force d’un raisonnement théologique qu’il poursuivait intérieurement, il interrompit soudain la conversation engagée autour de lui et il frappa sur la table, comme sur sa chaire de professeur, en s’écriant : « Voilà qui est décisif contre l’hérésie des manichéens ! »
A l’âge de dix ans, il fut inscrit à un cours de belles-lettres et de dialectique à Naples ; il prit quelque connaissance de la langue grecque et étudia la physique, la métaphysique et la morale. Les matières les plus ardues ne furent qu’un jeu pour cet enfant. Dans les exercices pratiques qui étaient imposés aux étudiants, il se faisait remarquer par la clarté, la profondeur et ce don de la formule nette et adéquate qui lui est si personnelle. Il n’avançait pas moins en sainteté.
L’attrait de son âme pour une vie religieuse de contemplation et d’action, telle que la menaient les Dominicains de Naples, le conduisit dans leur maison. C’était vers le mois d’août 1243.
Rudes épreuves de sa vocation et glorieux triomphe.
Thomas avait dix-huit ans quand il donna aux élèves de l’Université napolitaine l’étrange spectacle d’un fils de famille, héritier d’un grand nom, allant ensevelir sous le froc d’un Ordre mendiant un avenir qui s’annonçait brillant. Mais la consternation fut plus profonde encore à Rocca-Secca.
Pour détourner le jeune homme de sa vocation, le démon se servit d’un moyen qui l’a souvent rendu victorieux : la tendresse ennemie d’une mère. La comtesse Théodora se mit en route pour Naples, voulant dire un tendre adieu à son cher transfuge, mais avec la pensée secrète de le faire changer de résolution ; car le dépit lui avait fait oublier ses pieuses dispositions d’autrefois. De pareilles contradictions se voient tous les jours. Mais les Frères Prêcheurs, devançant ces desseins, firent secrètement partir le jeune religieux pour Rome, où Théodora le poursuivit vainement, car, avant d’avoir revu sa mère, Thomas avait pris la route de France.
La comtesse ne se tint pas pour battue ; où l’aveugle tendresse avait échoué, la violence réussirait peut-être. Elle écrivit à ses deux autres fils, Landulphe et Raynald, brillants capitaines de l’armée de Frédéric II, les conjurant de saisir leur frère au passage des Alpes et de le lui ramener de force. On mit, en effet, la main sur lui, au moment où il se reposait au bord d’un ruisseau, non loin d’Acquapendente.
A partir du mois de septembre 1243, Thomas devint donc à Rocca-Secca le captif de Théodora, mais non le prisonnier de toutes les séductions de tendresse qu’une mère peut inventer. Dans son étroite cellule, il devint tout à fait homme d’étude et d’oraison. Il avait pu se procurer quelques manuscrits : la Bible et plusieurs livres de théologie. Il lut et apprit entièrement les Saintes Ecritures, de telle façon qu’en sortant de prison, il en avait à peu près élucidé tous les passages difficiles et obscurs. Il apprit aussi de mémoire le texte du cours de théologie de Pierre Lombard, mort évêque de Paris en 1160 et glorieusement surnommé « le Maître des Sentences ». Il étudia enfin le traité d’Aristote sur les Sophismes.
En vain Théodora fit livrer à Thomas un assaut plus tenace encore par ses deux sœurs. Il prit à son tour l’offensive, et réfuta si bien leurs objections affectueuses qu’il les convertit. L’une d’entre elles, Marozia, à la suite de ce triomphe, devait prendre plus tard le voile des Bénédictines.
Il restait aux deux frères du jeune Saint d’user d’une arme plus perfide. Ces deux fratricides, on peut les nommer ainsi, de leur propre initiative tentèrent d’essayer d’une ruse infâme, celle dont usaient en dernier ressort les Domitien ou les Néron. Persuadés qu’ils auraient tout gagné s’ils venaient à faire succomber sa vertu, ils lui envoyèrent une créature effrontée, dont les paroles empoisonnées jetteraient le trouble dans son cœur. C’était alors l’hiver. Thomas, sans hésiter, saisit dans l’âtre un tison enflammé, s’élance et met en fuite la vile courtisane. Puis, fier de sa victoire comme un chevalier avec son épée, il trace avec l’extrémité du tison, sur la muraille, un large et glorieux signe de croix.
Puis il demande à Dieu le don d’une virginité perpétuelle supérieure à toutes les attaques. Un sommeil extatique s’empare de lui ; et cette même nuit il voit apparaître deux anges qui ceignent ses reins d’un cordon de chasteté. C’est en mémoire de ce fait que les Dominicains ont le privilège de conférer le « cordon de Saint-Thomas », précieuse sauvegarde de la chasteté, surtout chez les jeunes gens.
Finalement, après une année de captivité, le comte et la comtesse d’Aquin ayant fermé les yeux sur son évasion, Thomas descendit pendant la nuit par une fenêtre du donjon. Des chevaux tout sellés étaient prêts au pied de la tour, et le jeune homme, rendu à sa famille spirituelle, prit en toute hâte le chemin de Naples.
Il avait alors un peu plus de dix-neuf ans.
Saint Thomas et saint Albert le Grand.
Après ce rude noviciat, Thomas fut envoyé à Cologne pour suivre des cours qu’il devait fréquenter en 1244 et 1245. Saint Albert le Grand, le futur évêque de Ratisbonne, y fut son professeur.
Les écoliers rhénans furent vivement frappés de la haute taille du nouveau venu et de son obstination à se tenir recueilli et silencieux. Ils crurent y voir la marque d’un esprit lourd et tardif, et ils l’appelaient en riant : le bœuf muet de Sicile. Maître Albert « lisait », c’est-à-dire commentait alors le livre difficile de saint Denis sur les Noms divins. Un des étudiants eut compassion de la peine que le « bœuf muet » devait sans doute trouver à comprendre une leçon si relevée, et il lui offrit des répétitions. Mais le complaisant répétiteur s’étant tout à fait égaré dans sa matière, Thomas dut venir à son secours et il répéta la leçon du maître avec une surprenante clarté, voire avec des additions nombreuses, de sorte que son compagnon, frappé d’une admiration soudaine, le conjura d’intervertir les rôles. Thomas y consentit, en faisant promettre le secret. La condition, on le pense bien, ne fut pas observée. Une autre fois, le distrait Thomas perdit, devant la porte de sa cellule, la rédaction d’un problème très difficile qui lui avait été imposée. Elle fut portée à maître Albert, qui, convaincu d’avoir parmi ses auditeurs un homme de génie, le désigna le lendemain pour soutenir une thèse des plus ardues. Il lui proposa quatre difficultés très embarrassantes. Mais l’admirable soutenant les résolut d’une manière extrêmement brillante, avec la plus parfaite modestie, et Albert ne put s’empêcher de conclure : « Nous l’appelons un bœuf muet, mais son enseignement deviendra un tel mugissement qu’il retentira dans le monde entier. »
Saint Thomas docteur.
Les cours de théologie terminés, on l’envoya à Paris, au couvent de Saint-Jacques, où Albert restait encore son maître. Puis il revint à Cologne en 1248, non plus comme étudiant, mais comme professeur ; il y enseigna, au titre de « lecteur biblique », pendant quatre années. C’est là qu’il composa ses traités de l’Etre et de l’Essence, des Principes de la nature, et quelques autres opuscules qui feraient, même de nos jours, le plus grand honneur à des métaphysiciens vieillis dans l’étude de la philosophie. Et il avait vingt-cinq ans ! Rappelé de nouveau à Paris, pour y prendre ses grades supérieurs de licence (1251), il revint au couvent de Saint-Jacques enseigner publiquement le texte du Maître des Sentences. Ce fut le temps où il rédigea ses doctes Commentaires sur Pierre Lombard. Il y enseigna longtemps, passa ensuite à Rome (1261), puis derechef à Paris (1269) et enfin à Naples (1272).
On peut partager ses nombreux écrits en plusieurs catégories.
Dans ses écrits polémiques, il répond aux attaques de Guillaume de Saint-Amour contre la vie religieuse, les moines et les Ordres mendiants. Il combattit l’erreur des Fraticelles avec non moins d’énergie pour établir contre eux que l’Evangile de Jésus-Christ est définitif et que l’état présent de l’Eglise est une préparation immédiate et complète à la gloire du ciel. Aux dangereuses théories à la mode, de l’averrhoïsme, d’après lesquelles tous les hommes n’ont qu’une seule et même intelligence, tout entière en chacun et à travers tous les siècles, il répondait par son opuscule : De l’unité de l’intellect contre les averrhoïstes.
Au groupe des ouvrages apologétiques, destiné à réfuter les païens, les mahométans et les schismatiques, appartiennent surtout les quatre livres de la Somme contre les Gentils, incomparable préface de la Somme de théologie ; il y démontre aux incrédules que ceux-ci n’ont pas un seul motif sérieux de se refuser à entrer dans le temple de la foi.
Parmi ses ouvrages exégétiques, il faut rappeler la fameuse Chaîne d’or, vrai joyau de science biblique et de piété, dont les innombrables chaînons, formés avec les plus beaux textes des saints Pères et des écrivains ecclésiastiques, illustrent les quatre Evangiles et les Epîtres de saint Paul. Aux écrits poétiques appartient l’Office du Saint Sacrement, chef‑d’œuvre de la poésie didactique, liturgique et mystique dont il faut dire un mot.
Urbain IV avait résolu d’étendre à l’univers entier la belle fête du Saint Sacrement, célébrée depuis quelques années dans le seul diocèse de Liège. Pour ce grand mystère, il voulait un office tout à fait excellent. Dans ce dessein il s’adressa à Thomas d’Aquin, et celui-ci, alliant au plus haut degré le génie artistique et le génie théologique, composa cet office incomparable où les figures de l’Ancienne Loi et les réalités de la Nouvelle sont enchâssées dans une forme très simple et en même temps très solennelle, pleine de piété, de force et de lumière. Car, même quand il prie, dit un contemporain, saint Thomas éclaire.
Au sujet de la composition de cet office on cite volontiers une anecdote édifiante, dont on ne peut pourtant attester la véracité absolue : le Pape aurait confié la même tâche à la fois à saint Thomas d’Aquin et à un autre docteur non moins illustre, un Franciscain, saint Bonaventure. Les deux religieux se seraient présentés à la fois devant Urbain IV, apportant leurs manuscrits, et tandis que Fr. Thomas, le premier, lisait sa composition, Fr. Bonaventure, plein d’admiration et d’humilité, déchirait la sienne.
Mais l’œuvre capitale de saint Thomas d’Aquin, c’est l’immortelle Somme théologique, exposition scientifique du christianisme ; vaste ensemble (summa) de toute la théologie divisé en trois parties : la première, appelée par l’auteur « naturelle », la deuxième « morale » et la troisième « sacramentelle ». La première est consacrée à Dieu et à ses œuvres. La deuxième a pour objet la relation essentielle de l’homme avec Dieu, sa fin dernière. La troisième expose les mystères de l’Incarnation et de la Rédemption, et la doctrine sur la Grâce ; vient ensuite un traité des Sacrements, inachevé.
La Somme théologique marque le point culminant, le plus haut sommet où aient jamais atteint la pensée humaine et la pensée chrétienne. La doctrine s’y trouve expliquée avec une clarté, une force et une méthode inégalables. Telle était l’estime des Pères du Concile de Trente (XVIème siècle) pour cette œuvre admirable qu’un exemplaire en fut déposé sur leur table à côté de la Bible.
Dans les cours que le maître professa étant régent à Paris de 1261 à 1258, la doctrine se déroule d’un mouvement égal, en divisions infinies et méthodiquement coupées où s’affirme la tranquille possession de soi. Jamais un mot plus haut, une division inachevée qui laisserait deviner que ce jour-là, peut-être, il fut insulté à la porte de son couvent par un antagoniste appartenant à l’Université ; il reste calme, de cette sérénité intérieure qui n’est pas de la terre, car on a pu dire : « Rien n’approche autant de la vision claire et béatifique du ciel que la Somme théologique. » Saint Thomas n’aborde jamais une question sans lui donner toute la lumière dont elle est susceptible, il n’attaque pas une erreur sans la détruire dans ses racines. Chose admirable, depuis le XIIIème siècle pas une erreur n’a surgi qu’il ne l’ait prévue, comme par une sorte d’esprit prophétique, et réfutée sans réplique. Le protestantisme était réfuté dans la Somme longtemps avant son apparition. C’est pourquoi Léon XIII, voulant mettre une digue aux erreurs de la pensée moderne, n’a pas trouvé d’autre moyen que la restauration de la doctrine de saint Thomas, et en a affirmé la nécessité.
Maître des études, il l’est, en effet, au degré le plus éminent. Tous ceux qui ont parlé depuis saint Thomas lui doivent ce qu’ils ont de bon, et quiconque a voulu s’écarter de lui s’est toujours égaré.
L’homme et le saint.
Au physique, Thomas d’Aquin était d’une stature très élevée, assez corpulent. Son teint bistré rappelait, dit naïvement un contemporain, la couleur du froment. Il avait la tête large, bien dessinée, le front très accentué et prolongé encore par une légère calvitie.
L’ensemble de sa personne, la noblesse de sa démarche d’où toute trace d’orgueil était absente, dénotait un équilibre parfait entre le physique et le moral. En réalité son corps était tout à fait soumis à l’esprit. N’est-ce pas, en effet, un miracle étonnant que cette vie constamment remplie par la prière, l’oraison, la prédication, les exercices multiples de l’état religieux, et néanmoins si féconde en travaux d’une profondeur et d’une érudition sans égales ? Pour intelligent que soit un homme, il ne parviendra qu’avec peine à lire et surtout à comprendre les ouvrages de saint Thomas, en aussi peu d’années que le grand Docteur en a mis à les préparer, à les composer, à les dicter.
Un tel génie n’est pas uniquement le don d’une heureuse nature. Le principe en est bien supérieur, il appartient à l’ordre surnaturel : Thomas est en toute vérité le Docteur Angélique.
Angélique, il l’était par sa pureté et nous connaissons les combats qu’il eut à soutenir. L’opinion commune est qu’il mourut dans toute la gloire de sa virginité, et il résulte des pièces déposées au procès de canonisation, que sa confession générale au moment de la mort avait été comme la confession d’en enfant de cinq ans, parce qu’il n’avait jamais commis un seul péché mortel. Son innocence virginale se communiquait, dit un témoin, même à ceux qui le considéraient, et un autre témoin déposa qu’il lui avait suffi de se recommander au Saint pour être délivré de graves tentations.
Angélique, saint Thomas mérite aussi ce titre décerné par la postérité, parce qu’il reçut directement de Dieu même une immédiate communication de la science des anges. En effet, il entend plus qu’il n’argumente et a plus d’intuition que de raisonnement. Il est plus ange qu’homme. Rencontrait-il des points douteux, il allait prier devant l’autel avec beaucoup de larmes ; puis, rentré dans sa chambre, il continuait facilement ses sublimes écrits.
Est-il besoin de le dire ? La science de saint Thomas n’altérait jamais sa douceur et son affabilité. Quand il descendait des hauteurs de la contemplation, il était d’un commerce souriant et joyeux.
A une courtoisie parfaite, rappelant le descendant d’une des plus nobles races d’Italie, il joignait une habitude admirable de réserve et de dignité, ne cherchant point à se créer des relations extérieures, évitant toutes les paroles inutiles, ne se mêlant point des affaires temporelles à moins d’une extrême nécessité.
A table, la délicatesse des mets ne lui importait nullement. Il ne mangeait qu’une fois par jour et très peu, en sorte que son jeûne était perpétuel. Pendant les repas, il était souvent en contemplation et l’on pouvait lui changer sa nourriture sans qu’il s’en aperçut.
Il dormait très peu. Au lieu de reposer comme les autres après Complies, il faisait de longues prières dans l’église, et dès que la cloche allait sonner Matines, il regagnait à la hâte et adroitement sa cellule pour en redescendre avec la communauté. Quand il célébrait la sainte messe, fréquemment on pouvait le voir pleurer d’amour au moment de la Communion.
Saint Thomas cesse d’écrire. — Sa mort.
A l’âge de quarante-neuf ans, le Docteur Angélique avait terminé la tâche immense que Dieu avait confiée à son génie et à son amour. Un jour, priant avec ardeur devant un Crucifix, au couvent de Naples, il entendit ces paroles sortir de la bouche du Sauveur : « Tu as bien écrit de moi, Thomas, quelle récompense désires-tu recevoir ? » Et le Saint, pénétré d’amour, s’écria : « Point d’autre que vous-même, Seigneur · »
Il fut appelé comme théologien par le Pape Grégoire X, au Concile de Lyon (1274). C’est en s’y rendant qu’il tomba malade au couvent des Cisterciens de Fossanuova, diocèse de Terracine, dans la province romaine. En y entrant, il annonça sa mort, redisant avec le Psalmiste : « C’est ici le lieu de mon repos pour toujours… »
Les religieux l’entourèrent de soins ; Thomas paya la dette de la reconnaissance en leur expliquant, sur son lit de mort, le Cantique des cantiques. Il reçut avec une grande dévotion les derniers sacrements. Le 7 mars 1274 s’éteignait cette lumière éclatante.
La canonisation de saint Thomas ne devait pas tarder. Dès l’an 1318, des apparitions, des miracles dus à son intercession avaient décidé le Siège apostolique, alors fixé à Avignon, à commencer le procès canonique. La sentence définitive fut rendue par le Pape Jean XXII, le 18 juillet 1323, dans la cathédrale d’Avignon.
A la demande du maître général des Dominicains Elie de Raymond, le Pape Urbain V contraignit en 1368 les Cisterciens de Fossanuova de rendre le corps et la tête de saint Thomas d’Aquin à sa famille religieuse ; ces reliques furent transférées à Toulouse. Son bras droit, offert à Paris, passa ensuite au couvent des Saints-Dominique et Sixte, à Rome.
On le représente ordinairement avec un soleil sur la poitrine, symbole de la vérité qui est en lui, peut-être aussi à cause d’étoiles merveilleuses qui apparaissent plusieurs fois dans son histoire, soit de son vivant, soit après sa mort.
Saint Pie V a mis saint Thomas au rang des Docteurs de l’Eglise, avec le titre spécial de « Docteur Angélique », en 1567 ; Léon XIII, le 4 août 1880, l’a donné pour patron aux écoles catholiques, tandis que les Pontifes suivants n’ont cessé de prescrire l’étude de ce Maître des maîtres.
A. Poirson.
Sources consultées. — Chanoine Didiot, Le Docteur Angélique saint Thomas d’Aquin (Lille, 1894). — Th. Pègues, O. P., Saint Thomas d’Aquin. Sa vie par Guillaume de Tocco et les Témoins au procès de canonisation (Toulouse, 1926). — (V. S. B. P., nos 167, 158, 160 et 162.)