Fondateur de la Congrégation de Jésus et de Marie (Eudistes) (1601–1680).
Fête le 19 août.
Ce prêtre au cœur ardent et zélé fut, en plein xviie siècle, suscité par Dieu pour établir et promouvoir le culte liturgique des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, pour former les clercs dans les Grands Séminaires, pour renouveler l’esprit chrétien dans le peuple par la prédication des missions. Il a fondé six Séminaires, prêché plus de cent missions dans quatorze diocèses de France, laissé de nombreux ouvrages ascétiques et mystiques. Il se survit dans les deux Instituts, celui des Eudistes et celui des Sœurs de Notre-Dame de Charité, dont il est le Père et le législateur. Sa vie est bien connue grâce au Mémorial écrit par lui-même.
Naissance. – Education. – Vocation ecclésiastique.
Jean Eudes naquit le 14 novembre 1601, dans l’un des modestes hameaux du petit village de Ri, à une douzaine de kilomètres d’Argentan, au diocèse de Séez. Son père, Isaac Eudes, avait dû, seul survivant de sa famille victime de la peste, renoncer au sacerdoce : agriculteur et médecin de campagne, il récitait chaque jour son bréviaire comme le curé et était d’une piété peu commune, ainsi d’ailleurs que sa femme, Marthe Corbin. Jean fut leur premier-né, après trois ans de mariage, et l’aîné de sept enfants dont un, François Eudes, seigneur de Mézeray (1610–1683), devait être un historien connu. La naissance de Jean fut la réponse du ciel au vœu fait par ses parents d’aller en pèlerinage à la chapelle de Notre-Dame de Recouvrance, sise à quelque six lieues de Ri, dans la paroisse des Tourailles. Dès les premiers jours de sa vie, ce « fruit d’oraison plutôt que de nature » fut offert en reconnaissance à Marie dans son sanctuaire. L’enfant reçut de Dieu les plus beaux dons : un esprit vif, un cœur affectueux, une volonté droite et énergique, surtout la crainte de Dieu et le goût de la piété. Il fit sa première Communion le jour de la Pentecôte, en 1613, la renouvellant ensuite chaque mois. Dans sa quatorzième année, il fit le vœu de virginité perpétuelle. Béni dans sa vertu, il le fut également dans son intelligence qui s’ouvrait toute grande aux leçons de ses maîtres, les Pères Jésuites de Caen, et il remporta au collège royal du Mont, en humanités, rhétorique et philosophie, les plus brillants succès, pendant les cinq ou six ans qu’il y resta.
Dans les dangers de la ville, Dieu protégea la pureté de sa foi et de ses mœurs, fît croître sa piété. Aux environs de 1618, Jean fut reçu dans la Congrégation de Notre-Dame, dans laquelle Jésus lui fit de très grandes grâces par l’entremise de sa Mère. Fervent congréganiste de la Sainte Vierge, il fut le modèle de ses condisciples, qui, dans leur admiration, l’appelaient le « dévot Eudes ». Il la prit alors, non seulement pour sa Reine et sa Mère, mais pour son Epouse ; et, dans la confiance que la Sainte Vierge agréait son choix, il passa une bague au doigt d’une de ses statues : quelque temps après, il écrivait le contrat de cette sainte alliance qu’il signait de son sang.
Ayant reçu de son directeur le conseil, qui pour lui était un ordre, d’entrer dans l’état ecclésiastique, il déclara sa résolution à ses parents, dès son retour à Ri. Mais ceux-ci, oublieux de la promesse qu’ils avaient faite autrefois à Notre-Dame de Recouvrance, rêvaient pour leur fils d’un mariage fort avantageux : ils durent céder devant son énergique résistance. Jean reçut, en septembre 1620, à Séez, la tonsure et les ordres mineurs. Il retourna à Caen étudier la théologie et les autres sciences ecclésiastiques. Là, voyant la difficulté de se sanctifier au milieu du monde, le jeune clerc, après avoir consulté son confesseur et vaincu héroïquement l’opposition des siens, sollicita et obtint son admission dans la Société de l’Oratoire de Jésus (1623), fondée en 1611 par un saint prêtre, Pierre de Bérulle.
Séjour à l’Oratoire.
Entré le 25 mars 1624 à la maison de la rue Saint-Honoré, à Paris, où était établie l’institution ou noviciat, Jean Eudes s’y forma, sous la direction du P. de Bérulle, à la vie d’oraison et d’union à Jésus-Christ, qui caractérisait la Congrégation nouvelle, et, par elle, à toutes les vertus sacerdotales et religieuses. Après une année des plus ferventes, où jeunes et anciens le regardaient comme leur modèle, il se rendit à la résidence d’Aubervilliers, située presque aux portes de Paris, et s’y prépara, sous les yeux de Notre-Dame des Vertus, aux ordres sacrés et à la prêtrise, initié par le célèbre P. Charles de Condren, au culte du Verbe incarné. Prêtre le 20 décembre 1625, il célébra sa première messe la nuit de Noël, dans l’église de la rue Saint-Honoré, et à l’autel de la Sainte Vierge. L’année suivante la maladie lui imposa un repos relatif.
En 1627, il venait d’être admis définitivement dans l’Oratoire et se préparait, à la maison de Paris, à la prédication, lorsqu’une lettre de son père le sollicite de se dévouer aux pestiférés, dans les contrées voisines d’Argentan. Il part avec la permission de son supérieur, et, assisté d’un bon curé qui consent à le loger, il parcourt les villages infectés, soignant, confessant les malades et leur donnant la communion. Deux mois, septembre et octobre, se passent dans ce ministère de charité héroïque. Par une sorte de miracle, les deux prêtres échappèrent à la contagion. Le fléau ayant cessé, le P. Eudes, sur l’ordre de ses supérieurs, se renferma dans la maison de l’Oratoire de Caen, pour se préparer aux missions. Cette préparation dura quatre ans, interrompue en 1631 par les soins dévoués qu’il donna aux pestiférés de cette ville et par une nouvelle maladie grave, qui le conduisit aux portes du tombeau.
En 1632, il donna, avec ses confrères, six missions dans le diocèse de Coutances ; il y prêcha, il y confessa avec tant d’onction victorieuse et pénétrante, que ses premiers essais passèrent pour des coups de maître : il atteignait d’un bond à la perfection du missionnaire. Aussi, après deux nouvelles années de retraite et d’études, le P. de Condren l’établit-il chef des missions de l’Oratoire dans la Normandie. Les évêques de Bayeux, de Saint-Malo, de Lisieux, l’employèrent successivement dans leurs diocèses de 1635 à 1641, et sa parole, qui entraînait les foules, obtint les résultats les plus consolants. A l’Avent de 1638, il commença dans l’église Saint-Etienne de Caen une mission dont les fruits furent plus grands qu’on ne saurait le dire. L’Avent de 1639 et le Carême de 1640, à Saint-Pierre, eurent plus de succès encore. Un jour même que le P. Eudes avait profondément remué son auditoire par une vivante et effroyable peinture des châtiments divins, il l’invita, dans l’élan de son zèle, à tomber à genoux et à crier avec lui à haute voix ; « Miséricorde, mon Dieu, miséricorde ! » Tous aussitôt de s’agenouiller d’un même mouvement et de répéter plusieurs fois ces paroles avec tant de componction que de toutes parts éclatèrent les sanglots. La mission de Rouen, en 1642, ne lui réserva pas de moindres triomphes. A sa parole, on vit souvent l’auditoire fondre en larmes ; les confessionnaux, trois mois durant, furent assiégés ; les conversions furent innombrables : une multitude de mauvais livres et de tableaux de prix, mais déshonnêtes, furent brûlés publiquement devant le missionnaire. Les missions prêchées ensuite à Saint-Malo et à Saint-Lô convertirent beaucoup de huguenots.
Fondation de la Congrégation de Jésus et Marie.
Une des plus grandes peines du P. Eudes, c’était de voir que les heureux résultats obtenus par lui et ses collaborateurs dans les missions ne duraient pas, faute de pasteurs pieux et instruits pour les maintenir. Sans doute, les entretiens qu’il y faisait aux ecclésiastiques et les exercices qui les accompagnaient, produisaient un grand bien, mais ne suffisaient pas pour guérir le mal.
Ce qu’il fallait, c’étaient des Séminaires, où les clercs se prépareraient à la réception des saints ordres et se formeraient aux vertus et aux fonctions de leur état. Ainsi pensaient saint Vincent de Paul, M. Olier et bien d’autres : ainsi pensa le P. Eudes, et il résolut de fonder de tels établissements. Cette résolution, il eut quelque temps l’espoir de la réaliser dans l’Oratoire. Dieu ne le permit pas. Alors, sur les conseils de saints prélats, de doctes religieux et d’un grand nombre de personnes fort éclairées, encouragé par la parole d’une pieuse fille, célèbre par ses états mystiques, Marie des Vallées, Jean Eudes décida de quitter l’Oratoire et d’instituer une Congrégation nouvelle. Mandé à Paris par Richelieu, reçu avec honneur, écouté avec attention, approuvé dans ses vues, il eut la joie de recevoir, au commencement de décembre 1642, les lettres patentes du roi autorisant sa future Congrégation. De retour à Caen, il disposa tout pour son établissement.
Dans une pensée mystique, il avait choisi la date du 25 mars 1643 pour la naissance de sa Société, parce qu’il se proposait d’y continuer les travaux et les fonctions du Verbe incarné, et d’honorer particulièrement son union intime avec sa sainte Mère. Voulant que, ce jour-là, commençât, pour lui et ses compagnons, la vie toute dédiée au Fils de Dieu que le nouvel Institut devait mener sous les auspices de Marie, il effectua sa sortie de l’Oratoire dès le 24 au matin. A treize kilomètres de Caen, vers la mer, s’élève un antique sanctuaire consacré à la Sainte Vierge, sous le vocable de Notre-Dame de la Délivrande, lieu de pèlerinage célèbre et fréquenté ; il y conduisit ses collaborateurs, au nombre de cinq, dès la première heure de leur réunion, pour s’y consacrer à Jésus et à Marie, eux et leurs successeurs. Après quoi, il les installa dans leur nouvelle demeure, confiant dans la Providence et le secours de Marie.
Le P. Eudes donna à son œuvre le nom de Congrégation de Jésus et Marie, qui, dans sa pensée, équivalait à celui de Congrégation des Noms et des Cœurs de Jésus et de Marie. Ce nouvel Institut, purement séculier comme l’Oratoire, avait pour but premier et principal, la formation de prêtres pieux et zélés par le moyen des Séminaires et des retraites ecclésiastiques : après cette œuvre des œuvres venait celle des missions paroissiales. Il était placé d’une façon spéciale sous l’égide des Cœurs de Jésus et de Marie.
Le fondateur établit, de 1643 à 1670, six Séminaires : à Caen, Coutances, Lisieux, Rouen, Evreux, Rennes ; et combien de prélats le sollicitèrent de leur accorder la même faveur ! Après sa mort, ses fils en eurent à Avranches, Valognes, Dol, Senlis et Blois. Dans la fondation de ceux qu’on appela « les Eudistes » et dans l’établissement des Séminaires, l’apôtre rencontra beaucoup de difficultés, d oppositions, de contradictions, suscitées par la jalousie, le vice, l’esprit janséniste, la haine ; sa vertu héroïque, sa prière, triomphèrent de tout. Ses nouvelles œuvres ne l’empêchèrent pas d’évangéliser les villes et les campagnes. Tout en plaçant au-dessus de toute autre fonction les exercices des Séminaires, il engagea ses confrères à partager ses travaux apostoliques. On le vit donc parcourir avec eux la Normandie et une partie de la Bretagne, le Perche et le pays chartrain, l’Ile-de-France, la Brie, la Champagne, la Bourgogne et la Picardie, attirant les foules et produisant, de 1643 à 1676, dans plus de quatre-vingts missions, des conversions merveilleuses. Le P. Eudes avait le tempérament ardent et audacieux, le zèle brûlant d’amour surnaturel, les qualités et les dons qui font le vrai missionnaire. Ses contemporains saluaient en lui un maître de la chaire sacrée, gagnant les esprits et les cœurs par sa parole sainte, forte, longtemps méditée devant Dieu et venant d’un cœur débordant de charité. Courageusement, il dénonçait les vices, extirpait les coutumes scandaleuses, ne ménageait pas, même aux grands et aux riches, la vérité libératrice. Sa douceur et sa compassion au confessionnal ressemblaient à celles du divin Pasteur : après avoir foudroyé les crimes, il avait pitié du pécheur.
L’Institut de Notre-Dame de Charité du Refuge.
Au cours de ses missions, le P. Eudes avait eu la joie de ramener à Dieu plusieurs pécheresses fameuses, et, sur leur demande, il les avait réunies dans la maison d’une femme charitable, puis, en 1641, dans un local plus vaste et mieux approprié. Furieux, le démon souffla le découragement et la jalousie parmi les directrices qui, sauf une, quittèrent le Refuge. Le fondateur pria les Visitandines de Caen de lui donner quelques religieuses pour gouverner les repenties et former leurs futures directrices. Elles lui accordèrent, en 1644, trois de leurs Sœurs, dont la Mère Patin, femme d’un grand mérite. Avec son concours il posa les fondements de l’Ordre de Notre-Dame de Charité, sous la règle de saint Augustin. Aux trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, les religieuses de cet Ordre ajouteraient le vœu spécial de se consacrer à la conversion des filles et des femmes tombées ou exposées à de coupables égarements. Cet hôpital pour les âmes fut une création audacieuse, fort combattue, et éprouvée de multiples façons.
Trois autres monastères du même genre furent établis du vivant du pieux fondateur à Rennes, Hennebont et Guingamp ; quatre autres après sa mort, à Vannes, La Rochelle, Tours et Paris. Depuis la Révolution française, l’Ordre a pris une extension qu’il n’avait point connue jusque-là. Il a franchi les frontières de la France pour essaimer en plusieurs pays de l’Europe et de l’Amérique. La maison d’Angers même, érigée en généralat, sous l’inspiration de Dieu, par Marie de Sainte-Euphrasie Pelletier, en 1835, forme une branche prospère de l’Ordre, qui, sous le nom de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur d’Angers, couvre de ses établissements les cinq parties du monde.
Dévotion aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie.
La dévotion du P. Eudes aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie datait de sa jeunesse ; on en trouve des traces manifestes dans l’un de ses ouvrages, publié en 1637. Lorsqu’il institua sa Congrégation, il commença à y organiser le culte du Sacré-Cœur par certaines prières quotidiennes comme l’Ave Cor Sanctissimum, et des fêtes annuelles. Ainsi en fut-il chez les religieuses de Notre-Dame de Charité, plus spécialement vouées au Cœur de Marie, tandis que ses prêtres l’étaient au Cœur de Jésus. Ce culte ne demeura point confiné dans ses communautés : il le répandit au dehors dans ses missions, par des prédications, des prières, la publication d’opuscules, l’organisation de fêtes.
En 1648, il fit célébrer à Autun, avec l’approbation de l’évêque, la première fête publique du Très Saint Cœur de Marie, et cette fête se propage rapidement dans les diocèses et les communautés religieuses, à tel point qu’en 1672 Jean Eudes peut affirmer qu’on la solennise dans toute la France. Elle est même approuvée en 1668, avec l’office et la messe que le P. Eudes avait composés, par le cardinal de Vendôme, légat a latere, dont tous les actes furent confirmés par le Pape Clément IX ; et, en 1674 et 1675, Clément X, par six Brefs, reconnut et consacra l’existence des confréries des Cœurs de Jésus et de Marie établies dans les Séminaires. Le 29 juillet 1672, le fondateur prescrit à toutes les maisons de son Institut de célébrer le 20 octobre la fête du Sacré Cœur de Jésus, que déjà la maison de Rennes fêtait avec un admirable office de sa composition. Cette solennité passa dans les monastères et les diocèses où antérieurement avaient été adoptés la fête et l’office du Cœur de Marie. C’est en toute justice que les Pontifes romains ont appelé le P. Eudes l’auteur, le père, le docteur, l’apôtre, le promoteur et le propagateur du culte liturgique des Cœurs de Jésus et de Marie ; car, avant les révélations de Paray-le-Monial, il a travaillé de toutes manières à répandre cette dévotion si combattue par les jansénistes. Dans les paroisses où il donne une mission, il organise ordinairement des confréries sous le vocable du Cœur de Jésus et du Cœur de Marie. Mais comme dans ces confréries l’on recevait toutes sortes de personnes, pourvu qu’elles ne fussent pas de vie scandaleuse, il institua pour celles qui, tout en restant au milieu du monde, désiraient y pratiquer la perfection évangélique, une pieuse union dite Société du Cœur de la Mère admirable, dans laquelle, sous forme de bon propos, le célibat était gardé. Des filles et de pieuses veuves en formèrent toujours le principal contingent. De nos jours, cette Société est encore prospère en Bretagne et en Normandie, où elle est connue, par analogie avec les Tiers-Ordres anciens, sous les noms de Tiers-Ordre du Sacré-Cœur, de Notre-Dame de Charité et aussi des Eudistes.
Opposition au jansénisme. – Ecrits ascétiques : la mort.
Tout en se plaçant parmi les modérés et les sages, parmi ceux qui, fortement attachés à la doctrine traditionnelle de l’Eglise et aux constitutions pontificales, savaient, au besoin, agir et parler, mais évitaient d’ordinaire les chocs d’opinions et les combats de paroles tant recherchés par d’autres, le P. Eudes fut un ennemi déclaré du jansénisme, et son opposition lui attira les plus cruelles persécutions. Ce serait un trop long chapitre que de les raconter.
On ne peut non plus insister sur cette foi vive, lumineuse, qui élevait son esprit au-dessus de la terre, pour lui faire regarder toutes choses en Dieu et en Jésus-Christ ; sur cette inébranlable espérance, qui, au milieu des orages, lui servait d’ancre ferme et sûre ; sur cette charité ardente qui le consumait jour et nuit pour Dieu et pour ses frères, et lui donnait le courage d’entreprendre et de mener à bonne fin, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, des travaux que l’humaine faiblesse aurait à peine osé concevoir.
Parler et agir ne suffirent pas au P. Eudes : il voulut encore, par sa plume, promouvoir l’esprit chrétien parmi les fidèles, l’esprit sacerdotal parmi les prêtres : de là de nombreux et remarquables ouvrages, selon l’expression de Léon XIII. Le contrat de l’homme avec Dieu par le saint baptême n’est pas un des moindres dans son petit volume. Vie et royaume de Jésus dans les âmes chrétiennes, Méditations sur l’humilité, Entretiens de l’âme chrétienne avec son Dieu, Mémorial de la Vie ecclésiastique, Prédicateur apostolique, Bon confesseur, Cœur admirable de la très sacrée Mère de Dieu (ouvrage achevé peu de jours avant sa mort) ; voilà les principaux, parmi ceux qui ont été imprimés.
Plus Jean Eudes approchait de la tombe, plus l’épreuve et la croix, compagnes inséparables de sa vie, devinrent lourdes et meurtrissantes. Maladies et deuils d’amis dévoués, médisances et calomnies colportées par les jansénistes ou même par des personnes consacrées à Dieu, manœuvres malhonnêtes pour le perdre à Rome et le desservir auprès du roi, libelle diffamatoire lancé dans le public, douloureuses infirmités des dernières années, rien ne lui fut épargné. En 1680 il donna sa démission de Supérieur général. Après avoir adressé aux siens ses dernières volontés et recommandations, il reçut le Viatique à genoux sur le pavé de sa chambre et mourut dans les transports d’une ardente charité, à l’âge de soixante-dix-neuf ans, le 19 août.
Son corps fut inhumé dans l’église du Séminaire de Caen. En 1810, ses restes furent portés dans l’église Notre-Dame de la Gloriette, chapelle de l’ancien collège du Mont ; une partie du corps fut confiée au monastère de Notre-Dame de la Charité à Caen.
Les procès canoniques, commencés en 1868, aboutirent à la béatification (25 avril 1909) sous Pie X, et ensuite à la canonisation par Pie XI, le 31 mai 1925. Sa fête, étendue à l’Eglise universelle en mai 1928, est fixée au 19 août. Le 18 février 1932, la statue en marbre de saint Jean Eudes, fondateur des Eudistes et des Sœurs de Notre-Dame de la Charité, a été placée à Saint-Pierre de Rome.
A. F. C.
Sources consultées. – P. Emile Georges, Eudiste, Saint Jean Eudes (Arras, 1929). – P. Charles Lebrun, Eudiste, Saint Jean Eudes et la dévotion au Sacré Cœur (Paris, 1929) ; « Le bienheureux Jean Eudes », dans Dictionnaire de théologie catholique (Paris, 1912). – Henri Joly, Le vénérable Père Eudes (Collection « Les Saints », Paris, 1907). – (V. S. B. P., nos 1258, 1259 et 1525.)