Pourquoi prier la très sainte Vierge Marie ?

Vierge à l'Enfant couronnée par les anges, par Gérard David

Ô com­bien fami­lière à tout chré­tien digne de ce nom, la dévo­tion envers la très sainte Vierge Marie inter­roge celui qui fran­chit depuis peu la porte d’une église, habi­té par une soif encore confuse de Dieu. Pourquoi, demande-​t-​il, prier ain­si la sainte Vierge ?

À lui seul, le récit de l’Annonciation (Lc 1, 26–38) décrit la mis­sion pre­mière de la sainte Vierge, et donc la pre­mière rai­son de notre prière à son endroit : à Marie, il revient d’introduire Dieu dans le monde. L’ange Gabriel, mes­sa­ger divin, ne lui demande rien de moins ! Il lui annonce le plan divin de salut, com­bien Dieu veut prendre chair de sa chair, pour en sa chair expier le péché du monde. À cet ins­tant, le Ciel et la terre sont comme sus­pen­dus à l’acceptation de Marie. Et voi­ci que son oui reten­tit en termes magni­fiques : Voici la ser­vante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. Aussitôt elle devient mère de Dieu, engen­drant en quelque sorte Dieu dans le monde.

Loin de rele­ver d’un simple épi­sode ponc­tuel, sa mis­sion d’engendrement de Dieu au monde se per­pé­tue à tra­vers tous les siècles. Debout au pied de la croix, Marie voit sa mis­sion mater­nelle s’étendre à tous les hommes de bonne volon­té (cf. Lc 2, 13). Le Christ en effet, lui dési­gnant le dis­ciple qu’il aimait – et donc cha­cun d’entre nous – lui dit : Voici ton fils (Jn 19, 26). Depuis ce jour, la Très Sainte Vierge est notre mère du Ciel. Il lui revient donc, en tant que mère, de faire entrer Dieu dans notre vie, et de nous faire entrer tou­jours plus avant dans la vie de Dieu. Un enfant ne découvre-​t-​il pas le monde à tra­vers le regard de sa mère ? Voici donc le pre­mier motif, fon­da­men­tal, de notre prière à la Vierge : par son inter­ces­sion, Dieu se donne à nous, tan­dis qu’elle nous apprend à nous don­ner à Dieu.

Le second motif de notre dévo­tion mariale trouve son fon­de­ment dans les pre­mières pages de la Genèse. Par leur péché, Adam et Eve se retrou­vaient vain­cus par le démon, désor­mais éta­bli « prince de ce monde ». Adam, pour être au prin­cipe de l’humanité, avait en effet entraî­né cette der­nière dans son asser­vis­se­ment au mal dont, effa­ré, il décou­vrait la réa­li­té. C’est alors que Dieu pro­met­tait en sa misé­ri­corde que cette même huma­ni­té, loin de res­ter ain­si asser­vie au péché, serait un jour vic­to­rieuse du démon, pré­ci­sé­ment à tra­vers une femme et un homme : Je pose­rai une ini­mi­tié radi­cale entre toi et la femme, fut-​il dit au démon, entre ta des­cen­dance et sa des­cen­dance (Gn 3, 15). Et Dieu d’ajouter aus­si­tôt com­bien ce redres­se­ment d’une par­tie de l’humanité pas­se­rait par de ter­ribles com­bats : elle t’écrasera la tête, et tu la meur­tri­ras au talon (Gn 3, 15). En ces com­bats, que tous les jours nous avons à mener pour comp­ter, dans le Christ, par­mi la race de Dieu, la sainte Vierge a donc une place toute par­ti­cu­lière, en union avec son divin Fils : elle écra­se­ra la tête du démon ! Précisément parce qu’elle est notre mère, la très sainte Vierge est notre force en ce com­bat chré­tien : ne relève-​t-​il pas d’une mère de pro­té­ger son enfant contre tout dan­ger ? Aussi saint Bernard n’hésitait pas à dire, par­lant de la très sainte Vierge : « Si elle te tient par la main, tu ne tom­be­ras pas. Si elle te pro­tège, tu ne crain­dras pas. Si elle est avec toi, tu es sûr d’arriver au but ».

Puissions-​nous, en ce mois d’octobre qui les est consa­cré, déve­lop­per une dévo­tion mariale aus­si vraie qu’efficace !

Source : Lou Pescadou n° 247

FSSPX

M. l’ab­bé Patrick de la Rocque est actuel­le­ment prieur de Nice. Il a par­ti­ci­pé aux dis­cus­sions théo­lo­giques avec Rome entre 2009 et 2011.