La Fraternité saint-Pie X : seulement dans la critique ?
« Le jour où vous ne trouverez plus rien à critiquer, il semble que vous n’aurez plus de raison d’exister. Peut-être pourriez-vous vous chercher une autre raison d’être ? ».
Voilà un reproche que l’on peut entendre sur la Fraternité Saint-Pie X. Il s’agit là d’une réflexion facile, mais qui pourtant ne correspond aucunement à la réalité.
Si tel évêque diocésain français publie, par exemple, un communiqué par an à propos d’un évènement qui le touche particulièrement, et que seul ce communiqué me permet d’en entendre parler (parce que je suis éloigné géographiquement de ce diocèse, que je ne connais pas spécialement), serait-il juste de dire : « Cet évêque et ce diocèse ont pour seule activité annuelle la publication d’un communiqué. Ils feraient bien de se trouver d’autres activités pour occuper leur temps ! ». En réalité, l’évêque et les prêtres de ce diocèse remplissent chaque jour leur mission propre auprès de leurs fidèles, et le communiqué annuel ne représente qu’une très faible partie de leur activité.
La Fraternité Saint-Pie X est constituée de 650 prêtres, de 130 frères (religieux), de 80 oblates (religieuses), et elle est assistée par les 200 religieuses de la congrégation féminine associée, les « Sœurs de la Fraternité Saint-Pie X ». Tous ceux-là missionnent chaque jour auprès de centaines de milliers de fidèles à travers le monde, à partir des 180 maisons de la Fraternité, en exerçant cet apostolat dans soixante pays du monde.
On peut dire que 99 % du temps des membres de la Fraternité Saint-Pie X est consacré aux œuvres de l’apostolat sacerdotal, comme prêcher et enseigner la foi (sermons, catéchismes), célébrer la liturgie et les sacrements, visiter les malades et les pauvres, aider les familles dans l’éducation de leurs enfants à travers un réseau d’écoles catholiques, et surtout (mission première de la congrégation) susciter les vocations et les former dans des séminaires (la Fraternité Saint-Pie X y accueille actuellement 200 séminaristes).
Que, lorsque la nécessité s’en présente, la Fraternité Saint-Pie X confesse publiquement la foi catholique à propos d’un texte ou d’un évènement qui met cette foi en cause, comme y obligent le saint baptême et la confirmation, cela constitue certes une activité de la Fraternité Saint-Pie X, mais certainement pas son essence exclusive.
L’existence de la Fraternité Saint- Pie X n’est pas liée à la critique
A ce propos, dans le numéro 74 de la Lettre à nos Frères prêtres (juin 2017) qui présentait succinctement la Fraternité Saint-Pie X, il était dit explicitement : « Il faut noter dès l’abord que les Statuts de la Fraternité Saint-Pie X ne font pas spécialement référence à une crise doctrinale ou liturgique, et ne contiennent pas de critique directe des erreurs contemporaines ou des pratiques déviantes. Chaque ligne des Statuts est orientée vers la sanctification des membres et, en conséquence, vers le rayonnement de leur apostolat ».
Autrement dit, même si la crise dans l’Église cessait subitement, la Fraternité Saint-Pie X continuerait sans aucune difficulté son apostolat fondé sur ses Statuts.
Sans vouloir nous comparer à ces prestigieuses congrégations, il est évident historiquement que les Dominicains ont été fondés pour lutter contre l’hérésie cathare, comme les Jésuites pour lutter contre l’hérésie protestante : cela ne les empêche pas, des siècles plus tard et dans un tout autre contexte, de continuer leur apostolat dans l’Église, car la critique du catharisme ou du protestantisme ne constitue nullement et exclusivement leur identité.
De même, à son très modeste niveau, la Fraternité Saint-Pie X possède une identité de « société de vie apostolique » tout à fait indépendante de la crise actuelle dans l’Église.
Source : Lettre à nos frères prêtres n°82 de juin 2019