Marthe, Lazare et Marie-Magdeleine étaient nés de l’opulent Théophile et d’Eucharis[1]. Lazare, un peu plus jeune que Notre-Seigneur, selon des traditions, mourut une première fois à l’âge de trente ans, plusieurs jours avant la Passion.
St Jean est le seul Evangéliste qui révèle l’existence de Lazare, parce qu’il écrivit son Evangile, selon les saints Jérôme et Augustin, sous l’empereur Nerva (96–98), juste après le martyre de Lazare à Marseille sous Domitien (81–96) ; or, selon la coutume des Evangélistes, les disciples du Christ ne sont pas nommés, à la différence des douze Apôtres et des saintes femmes, pour ne pas les flatter de leur vivant.
Ainsi, les autres Evangiles rapportent que Jésus et ses apôtres furent reçus dans différentes propriétés de la fratrie de Lazare, sans le nommer, tant en Galilée qu’à Béthanie près de Jérusalem. En effet, dans l’Evangile selon saint Jean, Jésus dit à ses disciples, deux jours après l’annonce, par quelque messager, de la maladie de Lazare : « Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le tirer de son sommeil ». Lazare était à Béthanie, tandis que Jésus avait quitté Jérusalem, où les juifs voulaient le tuer, pour séjourner à l’autre Béthanie[2], de l’autre côté du Jourdain. La maladie puis la mort de Lazare furent l’occasion pour Notre Sauveur de retourner vers Jérusalem afin de s’y livrer aux juifs. Ainsi, Jésus ajouta : « Retournons en Judée ». Les disciples comprirent la parole de Jésus, « Lazare dort », au premier degré, « alors Jésus leur dit clairement : Lazare est mort ». Ils allèrent donc de Béthanie à Béthanie, de Transjordanie en Judée. A l’approche du bourg, accueilli par Marie-Madeleine et les Juifs qui pleuraient avec elle, « Jésus frémit en son esprit, et se troubla[3] lui-même… Et Jésus pleura. Et les Juifs dirent : Voyez comme il l’aimait ! Mais quelques-uns d’entre eux dirent : Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux d’un aveugle-né[4], faire que celui-ci ne mourût point ? Jésus donc frémissant de nouveau en lui-même, vint au sépulcre » de Lazare. « Jésus dit : Ôtez la pierre. Marthe lui dit : Seigneur, il sent déjà mauvais, car il est de quatre jours ». Après avoir prié le Père, Jésus « cria d’une voix forte : Lazare, sors ! Et aussitôt sortit celui qui avait été mort, lié aux pieds et aux mains de bandelettes, et le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : Déliez-le… »
Six jours avant la pâque rituelle, saint Lazare se trouve invité avec Notre-Seigneur chez Simon le Lépreux. « Une grande multitude de Juifs y vinrent, non à cause de Jésus seulement, mais pour voir Lazare… Les princes des prêtres songèrent donc à faire mourir Lazare lui-même, parce que beaucoup d’entre les Juifs se retiraient d’eux à cause de lui, et croyaient en Jésus. »
Le lendemain, la foule qui était avec Jésus lorsqu’il ressuscita Lazare, accueillit avec des rameaux de palmiers Jésus entrant dans Jérusalem.
Jésus conseilla-t-il à Lazare de se cacher, tandis que se profilait sa propre passion ? Toujours est-il que saint Lazare fut l’un des cent-vingt disciples qui reçurent le Saint-Esprit à la Pentecôte.
Saint Lazare fut sacré évêque de Béthanie, puis, devant fuir la persécution[5], gagna l’île de Chypre où il fut mal reçu par les juifs. De retour à Jérusalem, il est expulsé avec ses sœurs et arrive aux Saintes-Maries-de-la-Mer[6].
St Lazare devint évêque de Marseille où d’abord sainte Marie-Madeleine convertit le gouverneur, lequel fit renverser des temples et des idoles. Puis, comme à Rome[7], les premiers chrétiens phocéens y furent persécutés ; c’est pourquoi ils se creusèrent deux catacombes, dont une sous l’actuelle Abbaye St-Victor.
Sommé, sous Domitien, de sacrifier aux idoles, Lazare confesse au contraire la foi au Dieu unique, et fut pour cela flagellé et traîné jusqu’à une prison. Jésus lui apparaît et redit cette parole de la parabole du festin : « Mon ami, montez plus haut. » Trois jours après, le 31 août 95, Lazare, refusant de sacrifier à Mars, est tué.
Environ mille ans après, son corps sera emporté par des Bourguignons à Autun, le sauvant peut-être des incursions maghrébines. Il guérira spécialement des lépreux[8].
Le diocèse de Fréjus-Toulon, agglomérat résultant notamment de démembrements de l’ancien diocèse de Marseille, conserve au 17 décembre le culte à saint Lazare comme à un « grand-père » spirituel. C’est ainsi que l’église de Méounes est sous son patronage.
Abbé L. Serres-Ponthieu
- Au rapport de saint Antonin ; Théophile, d’origine syrienne, Eucharis, juive d’origine princière.[↩]
- Ou Bethabara, là où Jean-Baptiste avait baptisé.[↩]
- Jésus-Christ, en tant qu’homme, avait des passions dont il contrôlait parfaitement le trouble, n’ayant rien hérité du péché originel, à la différence de nous autres que les passions affectent plus ou moins irrésistiblement.[↩]
- St Sidoine, dont les reliques sont en la basilique Ste-Madeleine de St-Maximin.[↩]
- Actes des Apôtres, c.VIII.[↩]
- Lire l’Etoile de la Mer de juillet 2013.[↩]
- St Alexandre, jeune chrétien de Brescia fuyant la persécution de l’empereur Claude (41–54), visita saint Lazare à Marseille.[↩]
- D’où le nom des lazarets.[↩]