La mode liturgique
Je viens de recevoir un magnifique catalogue en couleurs où l’on me propose des chasubles (autour de 500 F), des étoles, des aubes modernes. La publicité fait flèche de tout bois : on me recommande donc « un modèle très élégant », l” « aube œcuménique »,et un tissu rustique infroissable, le Taizé.
Sapristi, me disais-je, s’il suffit pour ne pas froisser les protestants d’utiliser ce tissu qui porte le nom du haut lieu le plus fréquenté des syncrétistes, ça vaut la peine d’y mettre le prix. Pourtant, est-ce qu’il suffira à un pasteur, dont l’ordination est contestable, d’endosser une aube oecuménique pour dire une bonne messe bien catholique, c’est plus que douteux.
Posée sur une chaise à côté de mon bureau, il y a une aube en dentelle prête à être montée. Mgr Gallant me l’a léguée en mourant. Elle représente un travail extraordinaire : des heures, des centaines d’heures de points faits à la main, une multitude infinie d’actes d’amour de Dieu, bien à leur place, sans faute, parfaitement orthodoxes.
C’est cette aube-là qui devrait être à la mode, à l’époque où l’on se dit dégouté des productions industrielles standardisées et attentif au travail humain personnalisé. L” « Eglise des pauvres » y trouverait l’occasion de sérieuses économies. Grâce à cette aube que j’ai reçue, je tiens 50 000 AF à la disposition du premier jeune qui voudra faire des études dans un séminaire, fut-il « sauvage ».
Abbé Philippe Sulmont
Cet article est tiré du Bulletin paroissial de Domqueur, dans la Somme (80).