Bulletin du Tiers-Ordre séculier pour les pays de langue française
Editorial du n° 44 de novembre 2016, abbé Dubroeucq
Cher frère, Chère sœur,
Si l’on veut honorer le Sacré-Cœur selon les intentions du Sauveur qui le révèle et de l’Église qui le propose, comme si l’on veut trouver en lui tous les secours, toutes les douceurs, toutes les richesses qu’il brûle de donner aux âmes, c’est dans le sacrement de l’Eucharistie qu’il le faut chercher, là qu’il le faut honorer et adorer, parce que c’est là qu’il est réellement présent et vivant ; là qu’il veut se donner réellement à chacun de nous par la manducation de la communion. En d’autres termes, le Cœur de Jésus dans l’Eucharistie est corporellement et spirituellement, l’objet concret, complet et adéquat de la dévotion envers le Sacré-Cœur. C’est, en fait, dans le Saint Sacrement que le Sauveur le montre, et c’est là qu’il devait le montrer.
Aussi est-ce dans l’Eucharistie que Notre-Seigneur apparaît le plus souvent à sainte Marguerite-Marie et qu’il révèle son Cœur, foyer de sa vie ; c’est des fautes commises contre son Sacrement qu’il montre son Cœur offensé et blessé ; c’est l’amour pour l’Eucharistie qu’il réclame pour apaiser la soif ardente dont son Cœur est embrasé. Dans le Bref de la béatification de la sainte, le pape Pie IX ratifie le fait de l’apparition de Notre-Seigneur dans le Saint-Sacrement, quand il demanda la fête de son divin Cœur :
« L’auteur et le consommateur de notre foi ne poursuit rien plus ardemment, sinon d’allumer dans les âmes la flamme de l’amour dont brûle son propre Cœur. Pour développer cet incendie, il a voulu voir instituer dans l’Église la vénération et le culte de ce divin Cœur. Et, un jour que la Bienheureuse priait avec plus de ferveur devant le très auguste sacrement de l’Eucharistie, Notre-Seigneur lui signifia qu’il aurait pour très agréable qu’on rendît un culte nouveau à son divin Cœur consumé d’amour pour les hommes [1]»
« On n’aura jamais la vraie connaissance de Jésus crucifié, écrivait le pape Pie XII, si l’on ne pénètre pas dans la mystique intimité de son Cœur. Et l’on ne pourra facilement concevoir la force de l’amour qui poussa le Christ à se faire notre nourriture spirituelle, si l’on ne pratique ce culte du Cœur eucharistique de Jésus, dont le but est précisément, selon les paroles de Notre prédécesseur d’heureuse mémoire Léon XIII, d’honorer « l’acte d’amour suprême par lequel notre Rédempteur, laissant déborder toutes les richesses de son Cœur, institua le sacrement adorable de l’Eucharistie, afin de pouvoir demeurer avec nous jusqu’à la consommation des siècles [2]». En effet, « l’Eucharistie n’est pas une petite parcelle de son Cœur ; mais il nous l’a donnée dans la charité totale de son Cœur [3]»
Le Cœur de Jésus dans l’Eucharistie est l’objet présent, actuel et immédiat de cette dévotion, parce que ce n’est que là que nous pouvons le trouver ici-bas ; nous voulons y reconnaître d’abord l’amour qui nous donne actuellement son Sacrement, parce que c’est celui qui nous touche de plus près. Mais dans ce Cœur, comme dans le centre vivant de toutes les merveilles du Verbe incarné, nous voulons adorer tout son passé de vie humaine, de vertus, de bienfaits et de souffrances ; nous voulons adorer tout son avenir, c’est-à-dire ce qui fut pour lui, pendant sa vie de voyageur, l’avenir, et ce qui le demeure encore pour nous, sa gloire céleste, son règne éternel et sa béatitude à la possession de laquelle il nous appelle.
Celui-là la considère imparfaitement, qui ne voit dans l’Eucharistie que l’amour du don présent. Ce présent fait revivre tout le passé du Christ pour sa gloire et pour notre bien ; ce présent amène jusqu’à nous sa royauté éternelle pour nous la faire connaître à l’avance, ce qui est un avant-goût du bonheur qu’elle nous réserve. L’Eucharistie est la réalisation concrète de cette grande parole de saint Paul : « Christus heri, et hodie, ipse et in saecula [4]» Là revit le Christ du passé, là vit le Christ du présent, là anticipe sa vie le Christ de l’éternité.
Pour comprendre et honorer dans la plénitude de ses amours, de ses fonctions et de ses fins miséricordieuses le très saint Cœur du Christ eucharistique, il faut le considérer dans cette plénitude de l’amour qu’il évoque, de l’amour qu’il prépare, de l’amour qu’il donne : Cœur de chair, formé du sang de Marie ; Cœur glorifié, rempli des gloires de la Résurrection ; Cœur sacramentel, anéanti sous les symboles qui lui permettent de s’immoler en victime et de se donner en nourriture.
Dans un sermon sur l’action de grâces, le R.P. Augustin-Marie du Très Saint Sacrement disait :
« Le vrai Maître de chapelle, c’est le Cœur de Jésus-Christ dans la Divine Eucharistie ; c’est de Lui qu’il faut recevoir le diapason ; c’est ce Cœur divin dont les actes d’amour battent la mesure de notre reconnaissance, dont les adorations enflammées dirigent et entraînent nos voix, nos cœurs dans les chants de louange que nous devons au Très-Haut, Per Christum Dominum nostrum. Oui, par Lui seul, les anges eux-mêmes louent la Majesté de Dieu et la glorifient [5]»
Bien chers tertiaires, à la lecture de ce bulletin, nourrissez votre dévotion au Cœur eucharistique de Jésus. N’est-ce pas ce contact avec l’Humanité sainte de Jésus qui a enflammé l’âme de la grande sainte Thérèse et l’a conduite à une si haute sainteté ? Souvenez-vous de l’importance qu’elle donne à l’action de grâces après la communion. Comme elle, et avec Notre-Dame, soignons ce moment si important de notre journée qui peut transformer notre vie et celle de notre prochain.
†Je vous bénis.
Abbé L.-P. Dubrœucq
Retraites carmélitaines
Retraites carmélitaines Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes principalement aux tertiaires du carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du carmel. Inscriptions auprès de M. l’abbé Dubroeucq au prieuré de Gastines tél : 02 41 74 12 78 Tél : au prieuré Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17 |
- 19 août 1864.[↩]
- Litt. Apost. Quibus Archisodalitas a Corde Eucharistico Jesu ad S. Joachim de Urbe erigitur, 17 février 1903 : Acta Leonis XIII (1903) 307 sqq. [↩]
- Pie XII, Enc. Haurietis aquas, 15 mai 1956 ; in P. Cattin, O.P., Sources de la vie spirituelle, t. 2, Éd. St Paul, Fribourg 1961, n°3170, p.1322–1323[↩]
- .Heb,3,8.[↩]
- R.P. Hermann Cohen, Sermon sur l’action de grâces en l’église sainte Clotilde de Paris, revue Carmel, mars 1989, n°54.[↩]