Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Les cérémonies d’ordination donnent toujours l’occasion de méditer davantage sur la grandeur de l’Église et de son sacerdoce. Et l’on ne peut s’empêcher de ressentir, au cours de ces cérémonies, la présence de Notre Seigneur Jésus-Christ d’une manière toute particulière et de son Esprit Saint.
En effet, mes chers amis, dans quelques instants, par ce sacrement de l’ordre institué par Notre Seigneur Jésus-Christ, vous allez recevoir des grâces particulières. Des grâces qui vous préparent à monter à l’autel ; qui vous préparent à offrir le Sacrifice de Notre Seigneur.
Car c’est bien cela le sacerdoce. C’est bien cela que nous enseignent tous les Pères de l’Église, que nous enseigne toute l’Église et particulièrement le concile de Trente, nous enseignent que le sacerdoce est orienté vers le sacrifice. Et c’est parce que Notre Seigneur a voulu nous confier, déposer dans nos mains, son propre Sacrifice, qu’il a aussi institué le sacerdoce. C’est donc à cela que vous êtes destinés. Ces ordinations qui vont vous être données, dans quelques instants, ne feront que vous faire progresser vers ce sacerdoce auquel vous aspirez.
Et la signification de ces ordinations, doit-être pour vous un programme. Un programme de vie, un programme de vie spirituelle, un programme de vie apostolique. L’Église dans sa sagesse, l’Église dans son amour maternel pour ses prêtres en particulier, ses futurs prêtres, exprime cela d’une manière admirable.
Vous avez lu, sans doute, avec dévotion, ces textes que l’Église met sur les lèvres de l’évêque pour vous conférer les ordinations. Vous les avez lus au cours de ces journées ; vous les avez médités.
Et vous savez donc que par les ordres de Portier et de Lecteur, qu’un certain nombre d’entre vous vont recevoir, vous aurez à vénérer, à aimer la Maison de Dieu. À l’aimer parce que c’est elle qui abrite Celui que nous adorons ; Celui que nous aimons ; Celui qui est notre Créateur, notre Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même, présent dans ces églises, dans ces chapelles.
Vous aurez donc comme Portier la grâce de préparer ceux qui viennent dans ces églises, dans ces chapelles. Vous refoulerez, vous rejetterez ceux qui sont indignes ; ceux qui sont indignes de s’approcher de Notre Seigneur, soit qu’ils n’aient pas reçu le baptême, soit qu’ils soient pécheurs publics.
Et l’on peut se demander, si ce n’est pas précisément à cause de cela que cet ordre a été momentanément supprimé. Il semble qu’aujourd’hui, on ait peur de parler de pécheurs publics ; que l’on ait peur de parler de ceux qui ne sont pas chrétiens ; de ceux qui n’ont pas reçu le baptême, le vrai baptême, le baptême catholique.
Et pourtant Dieu l’a voulu ainsi. Non pas pour les éloigner définitivement, mais pour que nous ayons dans notre cœur, le désir de les convertir ; le désir de leur faire prendre conscience de cet éloignement dans lequel ils se trouvent, vis-à-vis de Notre Seigneur.
Bien plus, c’est par apostolat, c’est par charité pour eux, que nous devons leur faire comprendre, qu’étant éloignés de Notre Seigneur Jésus-Christ, ils ne peuvent le recevoir ; ils ne peuvent pas communier. Et ainsi, prenant conscience de leur état, qu’ils demandent à recevoir le baptême ; qu’ils demandent à faire pénitence, à recevoir le sacrement de pénitence, à changer d’attitude vis-à-vis de Notre Seigneur, à obéir aux lois de Notre Seigneur, pour s’approcher à nouveau de Notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est dans ce sens-là que l’Église a toujours compris cette distinction entre les pécheurs publics et ceux qui sont fidèles à Dieu, entre ceux qui ne sont pas chrétiens et ceux qui sont chrétiens.
Ce n’est pas par mépris pour ceux qui n’ont pas la grâce de Notre Seigneur ; mais c’est pour leur faire prendre conscience, que s’ils veulent être sauvés, ils doivent recevoir en eux et être sanctifiés par la grâce de Notre Seigneur.
C’est d’ailleurs pourquoi vous recevrez également l’ordre de Lecteur, qui est précisément celui par lequel vous aurez la grâce d’enseigner, d’être en définitive de vrais catéchistes et en quelque sorte, les catéchistes officiels de l’Église ; pour préparer les âmes à recevoir Notre Seigneur Jésus-Christ.
De même ceux qui vont recevoir les ordres d’Exorciste et d’Acolyte, ont en quelque sorte une fonction semblable. Ils auront par la grâce reçue par le sacrement, le pouvoir de chasser les démons.
Mais, est-ce que les démons existent ? Est-ce que ce ne serait pas pour cela, qu’aujourd’hui on aurait aussi supprimé cet ordre d’Exorciste ? Parce que l’on ne veut plus parler du démon. On a peur de penser à l’existence du démon. Et pourtant peut-être jamais plus qu’aujourd’hui, le démon s’est trouvé prendre possession des âmes. Jamais le démon n’a triomphé comme aujourd’hui ; jamais il ne s’est répandu dans le monde comme aujourd’hui.
Par conséquent, cet ordre que vous allez recevoir, va vous être bien nécessaire pour dire avec une grande efficacité, tous les exorcismes que vous aurez à réciter et à lire.
Quand vous baptiserez, vous ferez des exorcismes ; quand vous ferez de l’eau bénite, vous ferez des exorcismes et en général, dans toutes les bénédictions il y a d’abord un exorcisme et ensuite la bénédiction de l’objet que l’on veut bénir.
Pourquoi ? Parce que depuis le péché originel, le démon est le Prince de ce monde. Et il tient en quelque sorte, sous sa domination, tous les éléments de ce monde. C’est pourquoi l’Église emploie fréquemment les prières des exorcismes et non pas seulement pour des personnes qui, éventuellement, seraient possédées du démon.
Nous croyons vraiment que le démon est dans ce monde et le nom lui-même que Jésus a donné à Satan, Prince de ce monde, n’est pas une pure imagination, mais une grande réalité, une triste réalité.
Vous aurez donc bien besoin d’avoir la grâce de l’exorcistat et je dirai, pour vous-même, afin de vous éloigner de tout ce qui peut, d’une manière ou d’une autre, vous mettre sous l’influence du démon. Le prêtre a besoin d’être tout entier à Dieu.
Et cette grâce vous prépare aussi à l’acolytat. L’acolytat qui n’est pas autre chose que la lumière de Dieu, la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ. L’Acolyte porte en effet le cierge et, la lumière qu’il porte, doit s’étendre autour de lui.
Et comme le démon n’est pas autre chose que les ténèbres de ce monde, la lumière que vous portez, chasse les ténèbres, fait fuir les ténèbres. Par conséquent, vous aurez vraiment besoin de ces deux ordres pour manifester la lumière de l’Évangile, pour manifester la lumière de vos vertus ; les vertus que vous devez pratiquer, de l’exemple que vous devrez donner désormais, à tous ceux qui vous rencontreront.
Et c’est pourquoi vous devez vous attacher toujours davantage à Notre Seigneur Jésus-Christ. À mesure que vous franchissez les étapes, à mesure que vous montez les degrés qui vous rapprochent du sacerdoce, vous devez sentir dans vos âmes, cet attachement à Notre Seigneur Jésus-Christ et, par le fait même, ce détachement du monde, cet éloignement de toutes les influences du démon en vous, autour de vous. Et vous devez aimer toujours davantage la Maison de Dieu. La maison qui est la vôtre, la maison du prêtre, c’est l’église ; la maison du prêtre, c’est la chapelle ; la maison du prêtre c’est ce qu’il doit aimer avant tout, c’est son autel. Domine, dilexi décorera domus tuæ. C’est ce que récite le prêtre, c’est le psaume qui est récité chaque fois qu’il se lave les mains, il récite ce psaume.
Domine, dilexi décorera domus tuæ : « Ô Seigneur, j’ai aimé la splendeur de votre maison » ; j’ai aimé votre gloire.
Mais pour cela, nous devons faire en sorte que ces lieux, soient des lieux que les fidèles puissent aimer ; que les fidèles puissent vénérer. Afin que quand ils entrent dans la Maison de Dieu, ils aient le sentiment de la splendeur de Dieu, de la beauté de Dieu, de la grandeur de Dieu.
Aimons donc la Maison de Dieu ; aimons à l’orner ; aimons à la rendre digne de Celui qui l’habite.
Demandons particulièrement à la très Sainte Vierge Marie qui, elle, entourait son divin Fils de tant d’amour, de tant de dilection, qui s’est évertuée tout au cours de sa vie à rendre à Notre Seigneur Jésus-Christ, à son divin Fils, tous les honneurs auxquels il avait droit. Dans son humilité, dans sa discrétion, la très Sainte Vierge a tout fait pour que Notre Seigneur passe sa vie ici-bas, non pas dans le mépris, mais dans l’honneur, dans l’amour, dans la charité dont elle l’entourait.
Eh bien, demandons à la très Sainte Vierge Marie d’avoir ces sentiments auprès de Notre Seigneur, afin que nous aussi, prêtres, nous puissions servir Notre Seigneur et Lui rendre le culte auquel il a droit.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.