Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
L’Église, aujourd’hui, dans cette fête émouvante de la Purification, représente la rencontre de Notre Seigneur avec le Temple de Jérusalem. La rencontre de Notre Seigneur avec le vieillard Siméon par la suggestion de la lumière.
L’Église veut que nous méditions, d’une manière toute particulière, sur Notre Seigneur Lumière du monde. Lumière des Gentils.
Et ce n’est pas seulement dans la fête de la Purification que l’Église nous suggère cette image et cette réalité qu’est Notre Seigneur, mais c’est tout au cours de notre vie chrétienne et tout au cours de la liturgie.
Déjà à notre baptême, l’Église nous a remis dans nos mains, par l’intermédiaire de nos parrains et marraines qui nous représentaient, nous a remis un cierge allumé, un cierge lumineux, symbole du Saint-Esprit qui venait d’habiter dans nos âmes et qui devait commencer cette vie chrétienne que nous devions poursuivre tout au cours de nos années.
L’Église demande à tous ceux qui se préparent à des cérémonies religieuses importantes – et en particulier celle de l’ordination, aux personnes qui veulent se consacrer à Dieu – de porter également un cierge allumé dans leur main, afin de manifester par là le désir qu’elles ont d’être animées de la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ et de sa charité.
L’Église dans toute la liturgie, emploie le cierge et en particulier le grand jour du Samedi saint : Lumen Christi. Elle signe d’ailleurs ce cierge particulièrement béni, afin qu’il demeure avec nous pendant les semaines qui suivent, jusqu’au moment de l’Ascension, afin qu’il demeure comme la lumière de nos âmes, elle le bénit du signe de la Croix. Sur ce cierge se trouvent les cinq grains d’encens qui sont disposés en forme de croix.
C’est que vraiment Notre Seigneur Jésus-Christ est la lumière de nos âmes et pour vous particulièrement, mes chers amis qui allez dans quelques instants, revêtir l’habit qui signifiera votre appartenance à Notre Seigneur Jésus-Christ. Méditez spécialement sur la conjonction de cette fête avec votre prise de soutane.
Si Notre Seigneur a dit Lui-même – et c’est l’Évangile de saint Jean qui nous le rapporte — : Ego sum lux mundi (Jn 8,12) : « Je suis la lumière du monde », Qui sequitur me, non ambulat in tenebris, sed habebit lumen vitæ (op. cit.) : « Celui qui me suit, ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ».
Et Notre Seigneur a voulu, non seulement affirmer qu’il était, lui, la lumière du monde, mais il le
dit pour nous aussi et particulièrement pour ses disciples et évidemment particulièrement pour ses prêtre et ses futurs prêtres : Vos estis lux mundi : « Vous êtes la lumière du monde ». Et l’on ne cache pas la lumière sous le boisseau, on la met sur un chandelier, afin qu’elle luise et qu’elle éclaire tous ceux qui l’entourent.
Faites en sorte d’être la lumière du monde par vos œuvres et non pas seulement par vos paroles, non pas seulement par vos prédications, mais par votre exemple, afin que les hommes voyant les bonnes œuvres que vous accomplissez, chantent la gloire de Dieu et du Père céleste. Voilà ce que dit Notre Seigneur.
Si Lui est la vraie Lumière du monde, vous devez être, vous aussi, la lumière du monde, à l’image de Notre Seigneur Jésus-Christ, en participant à la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et quelle est cette Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde ? Évidemment c’est le Verbe de Dieu ; mais c’est la Vérité. Il est la Vérité.
Et en quoi consiste la Vérité que vous aurez à prêcher, en quoi consiste l’Évangile que vous aurez à manifester par vos actions, à manifester par votre attitude, par votre tenue, par votre vêtement ? C’est l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ et c’est Jésus-Christ crucifié.
La croix de Notre Seigneur est aussi une lumière : Refulget Christi mysterium, refulget Crucis. Nous le chantons le Vendredi saint. Oui, le mystère de la Croix est une splendeur qui rayonne à travers le monde. Nous ne pouvons pas séparer Notre Seigneur Jésus-Christ de sa Croix. Ce serait falsifier le témoignage que nous avons à donner au monde, que de séparer Notre Seigneur Jésus-Christ de sa Croix. Comme le dit saint Paul : « Je prêche Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié ».
Et alors, aujourd’hui, vous allez manifester d’une manière particulière, abandonnant l’habit du monde, abandonnant l’habit du siècle, revêtant l’habit de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous allez le manifester au monde.
Et vous serez à la suite de Notre Seigneur Jésus-Christ ; vous porterez sa Croix si vous voulez vraiment être d’autres Christs, il vous faut porter la Croix avec Lui. Il l’a dit : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il porte sa croix et qu’il me suive. »
Alors vous suivrez Notre Seigneur Jésus-Christ avec votre croix, avec vos épreuves, avec vos difficultés, car, représentant Notre Seigneur Jésus-Christ, vous aurez les mêmes réactions du monde contre Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il n’est pas possible que nous ne partagions pas le mépris que le monde a pour nous, parce qu’il méprise Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et dans la mesure où vous montrerez Notre Seigneur Jésus-Christ en vous, dans cette mesure-là aussi, vous serez haïs. Le monde m’a haï a dit Notre Seigneur et vous serez haïs aussi à ma suite. Ce n’est pas possible autrement.
Ne nous imaginons pas que parce que nous représentons Notre Seigneur Jésus-Christ, personne ne nous haïra, que nous n’aurons que de l’amitié et du respect qui nous entourera. Sans doute, ceux qui ont la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ se réjouiront de vous voir, se réjouiront d’accueillir votre exemple, d’accueillir vos paroles et ils en loueront le Seigneur.
Mais ceux qui ont refusé Notre Seigneur Jésus-Christ ; ceux qui le refusent, vous attaqueront comme Notre Seigneur Jésus-Christ a été attaqué ; comme Notre Seigneur Jésus-Christ a été méprisé ; comme Notre Seigneur Jésus-Christ a été crucifié.
Voilà la vérité, voilà celle que vous aurez à montrer, à manifester au monde. Et aujourd’hui, plus que jamais, mes chers amis, vous le savez, vous venez de ce monde, vous y avez vécu, vous avez peut-être fréquenté des universités, des collèges, dans lesquels vous avez vu ce monde.
Et ce monde a besoin de la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et cette lumière, c’est la lumière de sa Croix.
Mais le monde refuse le sacrifice ; le monde refuse le renoncement ; le monde refuse l’abnégation. On ne veut pas se séparer de ses jouissances, de ces jouissances déréglées qui nous viennent des suites du péché originel.
Mais non seulement vous aurez à prêcher la vérité par votre exemple et par vos paroles, mais vous aurez à prêcher l’amour. Car si la lumière luit, elle réchauffe aussi. Et la chaleur de la flamme qui luit, c’est la charité. Il faut que vous soyez remplis de la charité de Dieu, de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et la Croix est l’acte de charité le plus beau, le plus grand, le plus sublime, qui ait jamais eu lieu ici sur la terre. Aucun acte de charité n’a jamais ressemblé d’aussi loin que possible à celui que Notre Seigneur a accompli sur sa Croix. Car c’est un acte infini de charité qu’il a fait sur sa Croix.
Il a aimé Dieu. Il a chanté la gloire de son Père, la gloire de la Trinité, par son immolation. Et a‑t-il pu accomplir un acte plus grand d’amour du prochain que celui de répandre tout son Sang pour nous racheter. Ce n’est pas possible.
Alors, nous ne pouvons pas, nous, prédicateurs de la Croix, ne pas prêcher la charité. Ne pas être charitable. Dieu est charité : Deus caritas est, dit saint Jean. Par conséquent, nous devons prêcher la charité.
La charité, elle se manifeste sans doute à ceux qui comme nous, ont reçu la grâce du baptême. D’abord, comme le dit saint Paul : nous devons d’abord pratiquer la charité vis-à-vis de nos frères dans la foi. Vis-à-vis de ceux qui, comme nous, portent la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ en eux. Mais nous devons aussi la manifester vis-à-vis des pécheurs ; vis-à-vis de ceux qui sont dans l’erreur ; vis-à-vis de ceux qui sont dans l’hérésie ; vis-à-vis de ceux qui sont dans le schisme ; vis-à-vis de ceux qui abandonnent Notre Seigneur Jésus-Christ ; vis-à-vis des pécheurs ; vis-à-vis de ces personnes qui vivent dans l’erreur. C’est la miséricorde.
La Croix est une œuvre particulièrement éclatante de miséricorde. Car si Notre Seigneur Jésus-Christ ne s’était pas penché sur notre misère et si, nous voyant pécheurs, il nous avait rejetés parce qu’il haïssait le péché, nous aurions tous été condamnés ; personne d’entre nous n’aurait pu être sauvé, exceptée la très Sainte Vierge Marie.
Et par conséquent, nous n’avons pas le droit, nous non plus, de ne pas être miséricordieux, de ne pas nous pencher sur les misères de ce monde ; de ne pas rencontrer les pécheurs. Non pas pour être attirés par leurs péchés ; non pas pour les confirmer dans leurs péchés ; non pas pour être faibles devant l’erreur et le désordre du péché, mais pour les guérir ; pour les attirer à la santé, à la santé spirituelle, comme le médecin se penche sur le malade, pour lui faire recouvrer la santé.
Voilà ce que vous serez. Et vous devez l’être dès maintenant, mes chers amis. N’attendez pas d’être prêtres pour cela. Parce que revêtant la soutane, vis-à-vis de ceux qui vous rencontreront maintenant dans le monde, ils penseront que vraiment si vous êtes séminariste, vous avez un cœur de prêtre, une intelligence de prêtre. Et déjà, ils viendront vers vous pour demander la lumière, pour demander un peu de charité, un peu de miséricorde et vous devrez la leur manifester. Et vous devrez déjà vous sentir prêtre avant de l’être, afin de recevoir la grâce du sacerdoce, avec plus d’abondance et plus de fruit.
Alors nous allons prier tous ensemble au cours de cette cérémonie, pour demander que le Saint-Esprit descende vraiment dans vos âmes. Et que vous revêtiez vraiment Notre Seigneur Jésus-Christ.
Induat me Dominus novum hominem, qui secundum Deum creatus (…) « Ô Seigneur, revêtez-moi du nouvel homme qui est créé selon Dieu »
(…) in sanctitate et justifia veritatis.
« dans la sainteté et la justice véritables », dans la sainteté de la Vérité.
Voilà ce que l’évêque vous dira tout à l’heure et je suis persuadé que bien préparés comme vous l’avez été et bien disposés comme vous l’êtes, vous recevrez toutes ces grâces dont vous avez besoin.
Nous le demanderons particulièrement à la très Sainte Vierge Marie, puisque c’est aujourd’hui la fête de la Purification. C’est en cette belle fête que vous recevez l’habit ecclésiastique. Et demandez-lui, que chaque fois que vous le revêtez, vous prononciez ces paroles que l’évêque a prononcées lorsqu’il vous a revêtu, afin que vous soyez vraiment la lumière du monde.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.