Mes bien chers frères,
Mes bien chers amis
La Providence a des délicatesses, puisqu’elle a voulu que cette nouvelle rentrée du séminaire coïncide avec l’anniversaire de mon sacre épiscopal, qui a eu lieu le 18 septembre 1947 dans ma ville natale. Et c’est ainsi que sur la demande d’amis, nous avons voulu fêter d’une manière particulière cet anniversaire.
Et ce matin, nous lisons dans le bréviaire, les leçons de Tobie. Et il était dit que le jeune Tobie, alors qu’il se trouvait entouré de juifs, d’hommes de sa race, qui adoraient les veaux d’or établis par le roi d’Israël lui-même, lui, au contraire, fidèlement se rendait au Temple et offrait les sacrifices prévus par la Loi, tels que Dieu l’avait demandé Lui-même. Il était donc fidèle à la loi de Dieu.
Eh bien, nous espérons que nous aussi, nous sommes fidèle, fidèle à Dieu, fidèle à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et Tobie fut ensuite emmené en captivité à Ninive et là, dit l’Écriture, alors que tous ses compatriotes se soumettaient au culte païen qui les entourait, lui, également, garda la Vérité.
Retinuit omnem veritatem : « Il a retenu toute la Vérité ». Et je crois que c’est une leçon qui nous est donnée par la Sainte Écriture et nous espérons que nous aussi, nous sommes fidèle comme Tobie l’a été. Fidèle dans sa jeunesse, fidèle plus tard dans la captivité. Et n’est-il pas vrai qu’aujourd’hui nous sommes d’une certaine manière, dans une captivité qui nous entoure de partout ; une captivité qui se manifeste partout ; captivité qui nous est imposée par ceux qui se soumettent à l’esprit mauvais dans le monde et à l’intérieur de l’Église ? Ceux qui jugulent la Vérité, qui la tiennent en esclavage au lieu de la manifester, au lieu de la montrer. Nous sommes dans un monde esclave, esclave du démon, esclave de toutes les erreurs de ce monde.
Mais, nous voulons garder la Vérité ; nous voulons continuer à manifester la Vérité.
Et quelle est donc cette Vérité ? L’avons-nous en monopole ? Sommes-nous à ce point présomptueux que nous pouvons dire : nous avons la Vérité, les autres n’ont pas la Vérité ?
Cette Vérité ne nous appartient pas ; elle n’est pas à nous ; elle ne vient pas de nous ; elle n’a pas été inventée par nous. Cette Vérité elle nous est transmise ; elle nous est donnée ; elle est écrite ; elle est vivante dans l’Église ; elle est vivante dans toute l’Histoire de l’Église. Cette Vérité elle est connue ; elle est dans nos livres ; elle est dans nos catéchismes ; elle est dans tous les actes des conciles ; elle est dans les actes des Souverains Pontifes ; elle est dans notre Credo, dans notre Décalogue. Elle est dans les dons que le Bon Dieu nous a faits du Saint Sacrifice de la messe et des sacrements. Ce n’est pas nous qui les avons inventés. Nous ne faisons que persévérer dans la Vérité.
Car la Vérité a un caractère éternel. La Vérité que nous professons, c’est Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ qui est Dieu. Et Dieu ne change pas. Le Bon Dieu demeure dans l’immutabilité. Et c’est saint Paul qui nous le dit : Il n’y a même pas une ombre de vicissitude en Lui, une ombre de changement en Dieu. Dieu est immuable, semper idem, « toujours le même ». Il est certes lui, la source de tout ce qui change, de tout ce qui se meut dans l’univers, mais il est immuable. Et par le fait même que nous professons Dieu comme Vérité, nous entrons, en quelque sorte, par la Vérité dans l’éternité.
Nous n’avons pas le droit de changer cette Vérité. Elle ne peut pas changer. Elle ne changera jamais. Les hommes sont mis sur terre pour recevoir un peu de cette lumière de l’éternité, qui descend sur eux. Ils deviennent, en quelque sorte, éternels eux aussi, immortels, dans la mesure où ils s’attachent à la Vérité de Dieu.
Dans la mesure où ils s’attachent aux choses qui changent, aux choses mouvantes, ils ne sont plus avec Dieu. Et c’est ce dont nous sentons le besoin. Tous les hommes sentent ce besoin, ils ont en eux une âme immortelle qui est maintenant dans l’éternité. Âme qui sera heureuse ou malheureuse, mais cette âme existe et elle ne mourra plus. C’est fini.
Les hommes, tous ceux qui sont nés, tous ceux qui ont eu une âme, sont entrés dans l’éternité. Et c’est pourquoi ils ont besoin de la véritable éternité, de l’éternité qui est Dieu, des choses éternelles.
Nous avons besoin de cela. Nous ne pouvons pas nous en passer. Cela fait partie de notre vie et c’est ce qu’il y a de plus essentiel en nous. C’est pourquoi les hommes recherchent la Vérité, recherchent l’éternité. Ils ont un besoin essentiel en eux, d’éternité.
Et quels sont ces moyens par lesquels Notre Seigneur nous a donné l’éternité, nous communiquent l’éternité, nous fait entrer dans notre éternité, ici-bas même ?
Souvent, lorsque je traversais ces pays d’Afrique, lorsque l’on nous demandait de venir visiter les diocèses, je choisissais un thème qui m’était cher et qui d’ailleurs est très simple, que vous avez déjà entendu maintes et maintes fois, mais qui concrétisait pour ces populations simples auxquelles j’avais à parler, à prêcher la Vérité. Je leur disais : « Mais quels sont les dons que le Bon Dieu nous a donnés et qui nous font participer à la vie divine, à la vie éternelle, qui commencent à nous mettre dans l’éternité ? »
Je disais, « il y a trois dons principaux que Notre Seigneur nous a faits : le pape, la très Sainte Vierge et le Sacrifice eucharistique. Trois dons extraordinaires que Notre Seigneur nous a faits : le pape, la très Sainte Vierge et le Sacrifice eucharistique. »
Et en effet, c’est un don extraordinaire que nous a fait le Bon Dieu, de nous donner le pape, de nous donner des successeurs de Pierre ; de nous donner justement cette pérennité dans la Vérité qui nous est communiquée par les successeurs de Pierre ; qui doit être communiquée par les successeurs de Pierre.
Et il semble inconcevable qu’un successeur de Pierre puisse faillir, en quelque sorte, à la communication de la Vérité qu’il doit communiquer. Parce qu’il ne peut pas sans – je dirai presque – disparaître de la lignée des papes, ne pas communiquer ce que les papes ont toujours communiqué : le dépôt de la foi, qui ne lui appartient pas non plus. La Vérité du dépôt de la foi n’appartient pas au pape. C’est un trésor qui est mis entre ses mains lorsqu’il est élu Souverain Pontife, successeur de Pierre, évêque de Rome et donc successeur de Pierre. Il tient dans ses mains le trésor de la Vérité qui a été enseigné pendant vingt siècles et il doit le transmettre fidèlement, exactement, à tous ceux auxquels il est chargé de parler et de communiquer la Vérité de l’Évangile.
Il n’est pas libre. Et donc, dans la mesure où il arriverait par des circonstances absolument mystérieuses – que nous ne pouvons pas comprendre ; qui dépassent notre imagination ; qui dépassent notre conception – s’il arrive qu’un pape ou que celui qui est assis sur le siège de Pierre, vienne à obscurcir, en quelque sorte, la Vérité qu’il doit transmettre, à ne plus la transmettre fidèlement, ou à laisser l’obscurité de l’erreur cacher en quelque sorte la Vérité, dans ce cas, nous devons prier Dieu, prier Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, que la lumière se fasse en celui qui est chargé de la transmettre.
Mais nous ne pouvons pas changer de Vérité pour autant. Nous ne pouvons pas tomber dans l’erreur. Nous ne pouvons pas suivre l’erreur, parce que celui qui a été chargé de nous transmettre la Vérité, serait faible et laisserait l’erreur se dispenser tout autour de lui. Nous ne voulons pas que les ténèbres nous envahissent ; nous voulons demeurer dans la lumière de la Vérité.
Et nous demeurons dans la fidélité à ce qui a été enseigné pendant deux mille ans, parce qu’il est inconcevable que ce qui a été enseigné pendant deux mille ans et qui est – comme je vous l’ai déjà dit – une part d’éternité ; c’est l’éternité qui nous a été enseignée. C’est Dieu éternel ; c’est Jésus-Christ, Dieu éternel. Et tout ce qui est fixé en Jésus-Christ est fixé dans l’éternité et tout ce qui est fixé en Dieu est fixé pour l’éternité.
Jamais on ne pourra changer le fait qu’il y ait la Trinité. Jamais on ne pourra changer le fait de l’œuvre rédemptrice de Notre Seigneur Jésus-Christ par la Croix et par le Sacrifice de la messe. Ce sont des choses éternelles, qui appartiennent à l’éternité, qui appartiennent à Dieu.
Comment quelqu’un ici-bas, pourrait changer ces choses-là ? Quel est le pape qui se sentirait le droit de changer ces choses-là, de les modifier ? C’est impossible.
Quand nous tenons le passé, nous tenons le présent et nous tenons l’avenir. Parce qu’il est impossible, je dirai métaphysiquement, divinement, impossible de séparer le passé du présent et de l’avenir. Impossible, ou Dieu n’est plus Dieu ; ou Dieu n’est plus éternel ; ou Dieu n’est plus immuable. Et alors, il n’y a plus rien à croire. Nous sommes dans l’erreur complètement.
C’est pourquoi, sans nous préoccuper de ce qui se passe autour de nous aujourd’hui, eh bien nous devrions fermer les yeux sur l’horreur du drame que nous vivons, fermer les yeux, répéter notre Credo ; répéter notre Décalogue ; répéter le Sermon sur la montagne qui est notre loi également ; nous attacher au Saint Sacrifice de la messe ; nous attacher aux sacrements, en attendant que la lumière se fasse à nouveau autour de nous. C’est tout.
Voilà ce que nous devons faire et non pas entrer dans des rancœurs, dans des violences, dans un esprit qui ne serait plus fidèle à Notre Seigneur ; qui ne serait pas dans la charité. Restons, demeurons dans la charité. Prions, souffrons, acceptant toutes les épreuves, tout ce qui peut nous arriver ; tout ce que le Bon Dieu, peut nous envoyer comme épreuves. Faisons comme Tobie. Tous les siens avaient abandonné ; ils adoraient les veaux d’or ; ils adoraient les dieux des païens. Il est resté fidèle.
Et pourtant en lui-même, il devait peut-être penser que tout seul, dans la fidélité, il risquait de manquer à la Vérité. Mais non ! Il savait que ce que Dieu avait enseigné à ses pères, ne pouvait changer. La Vérité de Dieu existait ; elle ne pouvait pas changer.
Eh bien, nous aussi, nous devons nous appuyer sur la Vérité qui est Dieu, qui est hier, aujourd’hui et demain : Jésus Christus heri hodie et in sæcula. Et c’est pourquoi, je dirai, nous devons garder la confiance dans la papauté ; nous devons garder la confiance dans le successeur de Pierre, en tant que successeur de Pierre, en tant qu’il est successeur de Pierre.
Mais si d’aventure, il n’était pas parfaitement fidèle à sa fonction, alors nous devons rester fidèles au successeur de Pierre et non pas à celui qui ne serait pas le successeur de Pierre ; c’est tout, puisqu’il est chargé de nous transmettre le dépôt de la foi.
Et puis, le deuxième don, c’est celui de la très Sainte Vierge Marie ; la très Sainte Vierge Marie, elle, n’a jamais changé. Imaginez que la très Sainte Vierge Marie ait pu changer sur l’idée qu’elle pouvait se faire de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, son divin Fils, sur le Sacrifice de la Croix que son divin Fils devait subir, sur l’œuvre de la Rédemption. La très Sainte Vierge a‑t-elle pu changer d’un iota, dans sa foi ? A‑t-elle pu à une époque de sa vie avoir des doutes ? A‑t-elle pu entrer dans l’erreur ? A‑t-elle pu douter de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ ? A‑t-elle pu douter de la très Sainte Trinité, elle qui avait été remplie du Saint-Esprit ? Impossible ! Inconcevable !
Elle était déjà ici-bas entrée dans son éternité la très Sainte Vierge Marie, par une foi immuable, par une foi profonde, par une foi qui ne pouvait pas changer ; qui ne pouvait pas être ébranlée en aucune manière. C’est évident ! Et cette Sainte Mère, nous devons lui demander d’avoir sa fidélité : Virgo fidelis : « Vierge fidèle ».
Demandons à la très Sainte Vierge Marie d’avoir sa fidélité. Ne nous laissons pas entraîner par les bruits qui courent, à droite, à gauche : fidélité comme la très Sainte Vierge Marie.
Et j’ajouterai, au sujet de la très Sainte Vierge Marie une chose qui m’apparaît importante pour nous, à notre époque, dans le moment où nous vivons actuellement. À tout instant, on nous dit : la Vierge a dit ceci ; la Vierge a dit cela ; la Vierge est apparue ici ; la Vierge a communiqué tel message à telle personne.
Nous ne sommes pas contre la possibilité d’une parole que la très Sainte Vierge puisse adresser à des personnes de son choix, évidemment. Mais nous sommes dans une période telle, actuellement, que nous devons nous méfier. Et la place de la très Sainte Vierge Marie, dans la théologie de l’Église, dans la foi de l’Église est, à mon avis, infiniment suffisante pour nous faire aimer la très Sainte Vierge par-dessus toutes les autres créatures, après Notre Seigneur Jésus-Christ. Et nous faire avoir une dévotion envers la très Sainte Vierge, qui est une dévotion profonde, continuelle, quotidienne.
Il n’est pas nécessaire pour nous que nous ayons constamment recours à des messages dont nous ne sommes pas absolument certains qu’ils viennent ou non de la très Sainte Vierge.
Ah je ne parle pas des apparitions qui sont reconnues par l’Église et qui sont ouvertement reconnues par l’Église, mais nous devons être très prudents en ce qui concerne les bruits que nous entendons partout aujourd’hui. C’est à tout instant que je reçois des personnes ou des communications qui me sont données de la part de la très Sainte Vierge, de la part de Notre Seigneur, de la part d’un message reçu ici, reçu là. Nous souhaitons que la très Sainte Vierge soit parmi nous tous les jours. Mais elle y est. Nous le savons. Elle est avec nous. Elle est présente à tous nos sacrifices de la messe ; elle ne peut pas se séparer de la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. Alors, notre dévotion à la très Sainte Vierge doit être profonde, parfaite, mais elle ne doit pas être dépendante de quelques messages particuliers.
Et enfin, troisième don de Notre Seigneur Jésus-Christ : le Sacrifice eucharistique. Dieu, Jésus-Christ se donne Lui-même à nous par le Sacrifice eucharistique. Que pouvait-Il faire de plus beau ? Et à quoi devons-nous être plus attachés qu’au Saint Sacrifice de la messe ?
Je l’ai dit souvent aux séminaristes : Si la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X a une spiritualité spéciale – je ne souhaite pas qu’elle ait une spiritualité spéciale —, d’une certaine manière, non pas que je critique les fondateurs d’ordres, comme saint Ignace, saint Dominique, saint Vincent de Paul et que sais-je, enfin ceux qui ont voulu donner un cachet particulier à leur société, cachet qui sans doute était voulu par la Providence au moment où ils ont vécu, eh bien je pense que s’il y a un cachet particulier à notre Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, c’est la dévotion au Saint Sacrifice de la messe.
Que nos esprits, nos cœurs, nos corps, soient captivés par le grand mystère du Saint Sacrifice de la messe.
À mesure que nous comprendrons mieux ce grand mystère du Saint Sacrifice de la messe et de l’Eucharistie, car ils sont liés : le Sacrifice et le sacrement, ce sont les deux grandes réalités du Sacrifice de la messe ; et dans la mesure où nous approfondissons ces choses, nous comprendrons mieux aussi ce qu’est le sacerdoce, la grandeur du sacerdoce. Car il est lié intimement, je dirai métaphysiquement, au Sacrifice de la messe.
Par conséquent, dans la mesure où nous approfondissons le mystère, dans cette mesure, nous approfondissons aussi la grandeur du sacerdoce. Et c’est très important aujourd’hui dans l’époque actuelle. Nous avons besoin de cela, mes chers amis. Vous avez besoin d’être pris par la spiritualité du Saint Sacrifice de la messe. Non seulement les prêtres d’ailleurs aussi, mais tous nos chers fidèles qui sont ici présents.
Nous devons avoir pour le Saint Sacrifice de la messe une dévotion plus grande que jamais et, dans la mesure où il est fait de ce Sacrifice un simple repas ; dans la mesure où les idées protestantes s’introduisent chez nous, c’est la ruine de notre sainte Religion.
Je n’ose pas vous citer l’exemple de ce qui s’est passé au Chili, pendant les trois jours où j’y suis passé. Et cependant, puisque cela me vient à l’idée, je vous le dis tout simplement. Mais pour vous montrer jusqu’où est allée la dégradation du Saint Sacrifice de la messe dans les personnes les plus hautes et les plus élevées dans la hiérarchie catholique.
Pendant les trois jours que nous étions à Santiago du Chili, à la télévision, est apparue sur l’écran de la télévision, une concélébration présidée par l’évêque auxiliaire de Santiago du Chili, l’entouraient, – je ne sais pas, car je n’ai pas vu moi-même la télévision, mais tout cela a été dit par tous ceux qui y ont assisté —, quinze ou vingt prêtres qui assistaient et qui concélébraient avec lui.
Pendant cette concélébration, l’évêque auxiliaire a expliqué aux fidèles, donc à tous ceux qui le voyaient à la télévision, il a expliqué que c’était un repas et que par conséquent, il ne voyait pas d’inconvénient à ce qu’on puisse fumer pendant ce repas ! Et lui-même a fumé pendant cette concélébration.
Voilà où l’on en arrive. À quelles dégradations, à quels sacrilèges peut arriver un évêque ! devant tout son peuple fidèle. C’est inouï, inconcevable ! Il faudrait faire réparation de choses comme cela pendant des années. C’est un scandale inimaginable.
Mais cela vous montre à quel degré on peut arriver, lentement, mais sûrement.
Alors nous devons être attachés au Saint Sacrifice de la messe comme à la prunelle de nos yeux, à ce qu’il y a de plus cher en nous, de plus respectable, de plus saint, de plus sacré, de plus divin. Aussi soyons attachés à ces choses. Et c’est cela ce qu’est le séminaire.
On dira tout ce que l’on voudra du séminaire, on le critiquera. On le critique à droite, on le critique à gauche ; on le critique en haut ; on le critique en bas ; on le critique de tous les côtés, le séminaire est ceci, le séminaire est cela. On a décidé ceci au séminaire, on a décidé cela.
On n’a rien décidé du tout. On n’a rien changé du tout. Le séminaire reste ce qu’il est. Il continue d’être ce qu’il a été et ce pourquoi il a été fondé. Le séminaire reste le séminaire catholique. Et si Dieu me prête vie, le séminaire ne changera pas. Je mourrai plutôt que de changer quelque chose à la doctrine catholique qui doit être enseignée au séminaire.
Nous voulons garder la foi. Nous voulons faire des prêtres catholiques. Je viens de vous l’expliquer, par les trois choses principales de l’Église catholique : le pape, la très Sainte Vierge Marie, le Saint Sacrifice de la messe. Ce sont les fondements de notre dévotion ici, à Écône.
Et quoi qu’il arrive, nous ne changerons pas, avec la grâce du Bon Dieu. Alors que l’on dise ce que l’on voudra ! Vous entendez dire à droite, à gauche, le séminaire a pris une nouvelle orientation ; le séminaire a ceci ; le séminaire a cela. C’est le diable qui dit cela ! Parce qu’il veut détruire le séminaire.
Évidemment, il ne peut pas supporter des prêtres catholiques ; il ne peut pas supporter des prêtres qui ont la foi.
Et hélas, il faut bien le dire, autour de nous et dans tous les pays, mais particulièrement en France,
il y a de telles divisions parmi ceux qui veulent garder la foi catholique que fusent alors les calomnies, les médisances, les paroles exagérées, des réflexions qui sont faites – insensées – qui ne sont pas justifiées. Ne nous occupons pas de tout cela. Laissons parler. Agissons bien selon la volonté du Bon Dieu, selon la volonté de l’Église catholique, en continuant ce que nos prédécesseurs ont fait, ce que nos ancêtres ont fait ; ce que le concile de Trente a demandé aux évêques et ce qu’ils ont fait : la formation qui a toujours été donnée aux prêtres et nous serons dans la sécurité d’être dans la Vérité. C’est tout. Pas besoin d’écouter ce qui se dit de droite et de gauche. Demeurons dans la sérénité ; demeurons dans la foi.
Et si, d’aventure nous n’enseignons pas la foi ici : alors quittez-moi ! Si je ne vous enseigne pas la Vérité catholique ici ; partez chers séminaristes ; ne restez pas ici.
Mais si j’enseigne la foi catholique, si la foi catholique est enseignée ici – vérifiez ! – vous avez toute la bibliothèque à votre disposition pour vérifier si nous donnons la foi catholique ou si nous ne la donnons pas.
Si nous ne donnons pas la foi catholique ici, alors il faut nous quitter. C’est un devoir pour vous.
Mais nous ferons tout pour que la foi catholique continue d’être enseignée ici, intégralement, dans son intégrité, afin que vous puissiez vous aussi, porter cette Vérité. Cette Vérité qui est si féconde en grâces et en vie. Car il n’y a pas seulement la Vérité, la Vérité est la source de vie, source de grâces. Nous avons besoin de cette vie, les fidèles la demandent. C’est pourquoi nous avons des demandes partout pour avoir des prêtres, parce que les fidèles ont soif de la Vérité, soif de la grâce de Notre Seigneur, soif de la vie surnaturelle, soif de cette vie divine, de cette éternité vers laquelle ils se dirigent. Alors nous faisons confiance à ce que l’Église a toujours fait.
Pas confiance en Monseigneur Lefebvre. Je suis un pauvre homme comme les autres ; je n’ai pas la prétention d’être mieux que les autres, bien au contraire et je ne sais pas pourquoi le Bon Dieu m’a permis d’avoir trente ans d’épiscopat.
Je pense que, si humainement parlant, je jugeais les choses, j’aurais préféré rester au Gabon, missionnaire dans la brousse du Gabon, isolé. Je n’aurais pas eu tous ces problèmes que j’ai eus pendant mes trente ans d’épiscopat.
Le Bon Dieu l’a voulu. Et le Bon Dieu continue de nous éprouver, de nous faire porter la Croix. Eh bien, si c’est sa volonté, qu’elle soit faite. On continue de porter la Croix.
Et ce n’est pas parce que le Bon Dieu nous impose des croix, que nous devons L’abandonner. Nous ne devons pas abandonner Notre Seigneur, au contraire ! Nous devons Le suivre. Il nous a dit que nous devions Le suivre si nous portions sa Croix.
Alors, mes chers amis, soyez fidèles, soyez fidèles à Notre Seigneur ; fidèles à la très Sainte Vierge, fidèles au Pape ! au pape, au pape successeur de Pierre, quand le pape se montre vraiment successeur de Pierre ! Car, c’est cela qu’il est et c’est cela dont nous avons besoin ; Nous ne sommes pas des gens qui veulent rompre avec l’autorité de l’Église, avec le successeur de Pierre.
Mais nous ne sommes pas non plus des gens qui voulons rompre avec vingt siècles de tradition de l’Église, avec vingt siècles de successeur de Pierre.
Nous avons choisi ! nous avons choisi pour être obéissant dans la réalité à tout ce que les papes ont enseigné pendant vingt siècles et nous ne pouvons pas croire que celui qui est sur le siège de Pierre ne veut pas enseigner ces choses là ! nous ne pouvons pas l’imaginer. Et si, d’aventure il le faisait, Dieu le jugera !
Mais nous nous ne pouvons pas aller à l’erreur parce qu’il y aurait une espèce de rupture dans la chaine des successeurs de Pierre.
Nous voulons rester fidèle au successeur de Pierre qui nous transmet le dépôt de la foi. Et c’est en cela que nous sommes fidèle à l’Église catholique et que nous demeurons dans l’Église catholique et que nous ne ferons jamais schisme ! nous ne pouvons pas faire schisme, c’est impossible ! parce que, dans la mesure où nous sommes attaché précisément à ces vingt siècles de tradition de l’Église, à ces vingt siècles de foi de l’Église, nous ne pouvons pas faire schisme !
C’est cela qui nous garanti que nous avons le présent et le futur, comme je vous l’ai dit : Jésus Christus heri hodie et in sæcula, impossible de séparer le passé du présent et du futur. Nous appuyant sur le passé, nous sommes sûr du présent et du futur.
Alors ayons confiance, demandons à la très Sainte Vierge Marie de nous aider dans toutes ces circonstances, Elle qui a été forte comme une armée rangée en bataille ; elle qui a souffert le martyre. Reine des martyrs, elle a souffert le martyre à la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Eh bien, est-ce que nous, nous ne suivrons pas notre Sainte Mère ? Est-ce que nous ne serons pas avec notre Sainte Mère, prêts à souffrir avec elle aussi le martyre pour que l’œuvre de la Rédemption se continue ?
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.