Mes chers amis,
Un bon nombre d’entre vous, vont recevoir une participation plus ou moins grande, plus ou moins importante, au sacrement de l’ordre.
Ce sacrement institué par Notre Seigneur, est sans doute le plus sublime, le plus grand, le plus mystérieux, je dirai le plus divin, que Notre Seigneur ait institué. Et je suis persuadé qu’aujourd’hui, vous en êtes convaincus, par la préparation que vous avez eue, par la méditation que vous avez faite des textes de l’ordination, par les prières que vous avez adressées à Dieu tous les jours, dans cette chapelle, vous comprenez mieux la grandeur de ce sacrement. Et je suis persuadé aussi que vous vous en approchez avec joie sans doute, mais aussi un peu avec crainte et tremblement. Comme Moïse montant au Sinaï craignait de s’approcher de la présence de Dieu, vous aussi vous montez au Sinaï, vous aussi vous gravissez cette montagne vers laquelle et auprès de laquelle vous trouverez Dieu, vous trouverez Notre Seigneur Jésus-Christ :
Emitte lucem tuam, et veritatem tuam : ipsa me deduxerunt, et adduxerunt in montem sanctum tuum, et in tabernacula tua : « Donnez-moi votre lumière, ô mon Dieu, donnez-moi votre vérité, afin que je monte à cet autel et que je gravisse les pentes de cette montagne où je pourrai entrer dans vos tabernacles ».
Approcher de Notre Seigneur Jésus-Christ, de Celui que les anges révèrent dans le Ciel, que les anges adorent, que la très Sainte Vierge elle-même, que saint Joseph et tous les saints du Ciel adorent tous les jours dans l’éternité.
Oui, vous vous en approchez un peu plus cette fois-ci, les uns par l’ordre de Portier. Le Portier doit veiller sur les lieux saints. Il doit éviter que ceux qui sont indignes ne pénètrent dans le sanctuaire. Il doit sonner la cloche pour appeler les fidèles à célébrer les saints mystères. Il doit sonner les cloches pour chasser les démons. C’est une attribution qui est donnée tout spécialement aux cloches lors de la bénédiction, de la consécration qui est donnée aux cloches, c’est de chasser les démons. Le Portier aura soin des lieux sacrés, de l’autel. C’est là une grande responsabilité pour lui.
Et puis le Lecteur, lui aussi, aura à approfondir particulièrement la connaissance de l’Écriture sainte, car il aura désormais à expliquer l’Écriture sainte, à faire le catéchisme ; à apprendre la sainte Doctrine, la doctrine de l’Église aux fidèles, à ceux qui ont besoin de s’éclairer sur leur foi, et ce afin d’augmenter la foi des fidèles.
Et puis l’Exorciste aura pour but particulier de chasser les démons et par conséquent il aura aussi comme consigne particulière de chasser d’abord le démon qui pourrait être en lui ou autour de lui, qu’il s’efforce de pratiquer la vertu, car le démon est subtil, le démon est habile. Et ne chassera pas facilement les démons celui qui plus ou moins pactise avec lui. Il devra donc faire des efforts pour acquérir la vertu, de telle manière que les démons le craignent et s’éloignent de lui et qu’il puisse ainsi l’éloigner des âmes de ceux qui en sont possédés.
Et puis l’Acolyte aura déjà, lui, ce grand privilège d’approcher davantage de l’autel, de pouvoir servir ceux qui sont dans les ordres majeurs, afin de préparer ce qui est nécessaire à la célébration des saints Mystères.
Et puis, les ordres majeurs, eux, sont une participation déjà plus grande au sacrement de l’ordre, car il est bien dit dans le concile de Trente, que le sacrement de l’ordre se compose d’ordres mineurs et d’ordres majeurs et que celui qui nierait ces choses-là serait anathème. Il y a donc aussi les ordres majeurs.
L’ordre majeur du Sous-Diaconat qui nous rappelle particulièrement la vertu de pureté, la vertu de chasteté que doit pratiquer celui qui s’approche de l’autel. Et combien avons-nous besoin de nous rappeler ces choses en notre temps, où il semble que n’importe qui pourrait s’approcher de l’autel et célébrer les saints mystères et prononcer les paroles de la Consécration. Alors qu’il est absolument certain que toute la tradition de l’Église – je dirai toute la doctrine même de l’Église – nous enseigne que plus l’on s’approche de Dieu et plus nous avons à pratiquer la chasteté et la virginité.
Notre Seigneur l’a bien montré par ceux qu’il a choisis pour être auprès de Lui ici-bas. La très Sainte Vierge, saint Joseph, l’apôtre saint Jean qui L’a accompagné jusque sur le calvaire. Notre Seigneur a choisi des âmes vierges et il est normal que lorsque l’on s’approche de Dieu, l’on soit davantage spirituel et moins charnel, parce que Dieu est esprit. Aussi le Sous-Diaconat nous rappelle cela, nous rappelle la nécessité pour le prêtre de se détacher des choses de ce monde, de se détacher de lui-même et de ne s’attacher qu’à Notre Seigneur Jésus-Christ et d’avoir un cœur pur.
Et il me semble que toute l’atmosphère même de nos cérémonies, de nos cérémonies religieuses, de la liturgie, nous apprend cette vertu de chasteté, nécessaire aussi aux personnes qui sont dans l’état du mariage, de voir le prêtre qui pratique la vertu de chasteté et la virginité. C’est un exemple qui est nécessaire aux chrétiens, pour pratiquer eux aussi cette vertu de chasteté, qu’ils doivent pratiquer aussi dans le mariage.
Le mariage est – on pourrait le définir ainsi – une école de continence et de chasteté, ce n’est pas facile dans le mariage et les fidèles ont besoin de cet exemple des prêtres qui manifestent par leur vie, par leur attitude, par leurs relations, par leur piété, qui manifestent cette virginité et cette chasteté. C’est un élément absolument indispensable dans l’Église, dans la mesure où la chasteté des prêtres disparaîtra, dans la mesure où la virginité des prêtres disparaîtra, diminuera aussi la vertu de chasteté dans les ménages, dans les foyers chrétiens. C’est évident. Nous le voyons, avec évidence, actuellement.
C’est pourquoi le Sous-Diaconat qui nous rappelle cette vertu, est aussi important pour le prêtre et en même temps c’est aussi l’engagement de prêtre pour marcher vers l’autel. Il doit faire ce pas qui le détermine à s’approcher de l’autel et à s’éloigner du monde.
Les Diacres, eux, s’approchent encore davantage de l’autel. Saint Thomas nous dit que les diacres auront le pouvoir de porter le Saint-Sacrement. Il pense que ce n’est pas le propre du Diacre de toucher le Saint-Sacrement et de distribuer le Saint-Sacrement. C’est une exception. Il le dit lui-même.
C’est par délégation en quelque sorte que le Diacre pourrait éventuellement, dans des circonstances particulières, distribuer la Sainte Eucharistie, mais que ceci devrait être réservé au prêtre qui a les mains consacrées. Et que ceci est réservé particulièrement à celui qui consacre l’Eucharistie, de la distribuer aussi. Tandis que le diacre peut porter le Saint-Sacrement. Et autrefois, lorsque l’on communiait facilement sous les deux espèces, le Diacre portait le calice avec le Sang de Notre Seigneur. Le Diacre peut exposer la Sainte Eucharistie, le Diacre peut porter le ciboire rempli de l’Eucharistie, mais ce n’est pas sa fonction particulière de distribuer la Sainte Eucharistie. Elle est réservée plus particulièrement au prêtre.
Mais cependant, quelle joie pour le Diacre de pouvoir s’approcher de Notre Seigneur Jésus-Christ, de pouvoir déjà Le porter, de pouvoir déjà ainsi être en communion plus étroite avec Notre Seigneur et servir le prêtre d’une manière plus intime dans les saints mystères. Et c’est ainsi que le Saint-Esprit vous marquera, mes chers amis, donc, du caractère sacerdotal, de la participation au caractère sacerdotal.
Saint Thomas pense aussi, que le caractère est déjà dans les premières ordinations, même dans les ordres mineurs, il y a déjà une participation au caractère sacerdotal. Que le caractère sacerdotal est progressivement complété, à mesure que l’on s’avance dans les ordinations. Et qu’ainsi vous êtes marqués de ce caractère qui vous ordonne au sacerdoce.
Il est possible que certains demeurent Acolytes, comme c’est le cas de nos chers frères par exemple qui sont ordonnés Acolytes. Mais ils sont malgré tout ordonnés à l’autel et ont une fonction particulière à l’autel qui les détermine donc à servir à l’autel, à servir Notre Seigneur.
Et aujourd’hui, d’une façon particulière, nous devons demander pour vous, mes chers amis, à Notre Seigneur, de vous donner la lumière. Dans l’évangile d’aujourd’hui. Notre Seigneur dit : Ego sum lux mundi (…) lumen vitæ (Jn 8 ‚12) : « Où trouverons-nous la lumière ? » Où trouverons-nous la lumière de la vie ? Eh bien, dans le Saint Sacrifice de la messe.
Le Saint-Sacrifice, c’est le Thabor, le Saint Sacrifice de la messe c’est le Sinaï. Et nous lisions dans les leçons du bréviaire ce matin, que les Hébreux, lorsqu’ils virent Moïse descendre du Sinaï, voyaient comme des rayons sortir de sa face et sa face était tout illuminée. Et ils tremblaient et ils étaient émerveillés de voir la face de Moïse tout illuminée par la splendeur de Dieu.
Eh bien, de même les apôtres qui eurent la joie de voir Notre Seigneur transfiguré sur le Thabor, eux aussi furent transformés, transfigurés d’une certaine manière par la Lumière qui venait de Notre Seigneur.
C’est cela nos autels. Notre autel c’est le Sinaï, notre autel c’est le Thabor. Notre Seigneur s’y trouve dans toute sa gloire. Si nous pouvions le voir avec les yeux avec lesquels les anges Le voient, avec lesquels les saints Le voient, nous aussi nous aurions notre visage illuminé et rayonnant de joie, de gloire, de la gloire de Notre Seigneur.
C’est cela nos saints Autels et c’est là que nous apprendrons à trouver la lumière de Dieu, la lumière de Notre Seigneur. Cette lumière qui est une source de vie, qui est tout simplement l’émanation de la charité de Dieu, de cette vie que nous trouverons dans le saint Autel et qui doit remplir nos âmes. Nous devrions chaque fois descendre de nos autels, de ces saints Mystères, avec le cœur rempli d’une charité nouvelle pour aimer Dieu, pour chanter sa gloire et pour aimer notre prochain, pour porter l’Évangile au monde.
Oui, notre Sacrifice de la messe c’est vraiment ce que Notre Seigneur nous a donné de plus beau, de plus grand, de plus divin et que nous devons aimer de toute notre âme.
Sans doute notre Fraternité sacerdotale, lorsque l’on pose la question de savoir si elle a une spiritualité spéciale, on peut dire qu’elle n’a pas de spiritualité spéciale. Mais si cela en était une spiritualité particulière, comme peuvent avoir les ordres Dominicain, Bénédictin ou Franciscain – que sais-je – ce serait cette particularité d’essayer de pénétrer toujours davantage la grandeur, la splendeur du Saint Sacrifice de la messe. D’y trouver la source fondamentale de votre piété, la source fondamentale de votre sainteté, la source fondamentale de votre apostolat. D’y trouver tout ce dont vous avez besoin pour enseigner les fidèles, pour donner la vie aux chrétiens, pour les faire participer à Notre Seigneur.
Tout se trouve dans le Saint Sacrifice de la messe avec le fruit qui en est le plus beau : la Sainte Eucharistie, le sacrement, le fruit du Sacrifice. On a peut-être eu trop tendance à mettre l’accent sur le sacrement en laissant un peu dans l’ombre le sacrifice. Mais il ne faut pas oublier que le sacrement est le fruit du sacrifice. Si Notre Seigneur est le Pain de vie. Il l’a été sur la Croix. Et c’est par participation à sa Sainte Croix que nous recevons ce fruit qui est le parallèle de ce mauvais fruit qui empoisonna nos premiers parents.
Eh bien, le fruit que nous recevons aujourd’hui de la Croix, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie, qui nous donne la Vie, alors que le fruit de l’arbre de Bien et du Mal a donné la mort à nos premiers parents. C’est cela l’Eucharistie. Donc il ne faut jamais séparer le Sacrifice du sacrement. Et c’est dans le Sacrifice que se prépare le sacrement et que s’accomplit le sacrement.
Aimez donc, je vous en supplie, cette doctrine de l’Église. Méditez-la, afin que le Saint Sacrifice de la messe soit la joie de votre vie, la grande joie de votre vie et qu’il vous procure aussi cette paix, cette paix inaltérable, parce que fondée sur le Saint Sacrifice de la messe. Si votre foi, votre doctrine, votre spiritualité sont fondées sur le Saint Sacrifice de la messe, vous êtes dans la vérité, dans la vérité de toujours. On ne peut pas se tromper lorsque l’on est fondé sur le Saint Sacrifice de la messe.
Demandons à la très Sainte Vierge Marie, qui elle a compris cela d’une manière admirable – elle a vécu le premier, le seul, le vrai Sacrifice de la Croix, elle y était, elle était présente, elle a compati avec Notre Seigneur, elle a compris tout ce grand mystère – demandons à la très Sainte Vierge Marie de nous le faire comprendre afin d’être toujours plus unis à Dieu et d’avoir dans nos cœurs une charité toujours plus grande.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.