Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
En cette solennité de la fête de l’Épiphanie, mes paroles s’adressent plus directement à nos chers séminaristes.
Comme les Mages, mes bien chers amis, vous venez de loin et ne pouvez-vous pas dire comme eux :
Vidimus stellam ejus in Oriente, et venimus cum muneribus adorare Dominum (Mt 2,2).
« Nous avons vu une étoile dans l’Orient, et nous sommes venus lui porter nos hommages et nos présents, l’adorer ».
En effet, n’est-ce pas cela que vous venez faire ici, dans ce séminaire ? C’est l’oraison de l’Épiphanie qui vous indique d’une manière admirable, ce que signifie cette étoile.
De même que l’étoile, dit l’oraison, a guidé les Mages vers Notre Seigneur, de même la foi doit nous amener à contempler les choses éternelles. Et en effet, cette foi catholique, cette foi profonde que vous avez reçue dans vos familles, que vous avez développée dans votre jeunesse, que par la grâce du Bon Dieu vous avez gardée et maintenue fermement, cette foi vous a amenés ici à Écône, pour contempler les choses éternelles.
Sans doute quand l’oraison indique ces choses, cela signifie plutôt le Ciel où nous contemplerons définitivement Notre Seigneur Jésus-Christ dans sa gloire. Mais déjà ici, par l’approfondissement de votre foi, par l’étude des mystères de Notre Seigneur Jésus-Christ, votre foi se transforme en contemplation de la grandeur, de la divinité, de la souveraineté de Notre Seigneur Jésus-Christ.
D’ailleurs, les présents que les Mages offrent à Notre Seigneur et qui signifient aussi vos hommages, vos présents, nos présents, signifient précisément ces grands mystères de Notre Seigneur Jésus-Christ.
L’or signifie la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ ; l’encens qu’il est le Prêtre, le Souverain Prêtre. Et la myrrhe signifie sa sépulture, c’est-à-dire sa mort par laquelle Il nous a sauvés et signifie donc qu’il est notre Sauveur.
Et c’est précisément ce que nous enseigne notre théologie. Que Notre Seigneur est Roi, Prêtre et Sauveur. Voilà les présents que les Mages ont offerts à Celui qui est vraiment notre Sauveur, notre Prêtre, notre Roi.
Puissiez-vous au cours de vos études, approfondir ce grand mystère, ce mystère de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous l’avons vu ces derniers jours en contemplant la Crèche. Nous voyons tout le monde en quelque sorte réuni autour de Notre Seigneur.
Jésus le Roi du monde, le Créateur du Ciel et de la terre, le Sauveur est venu parmi nous et toute la Création semble attirée vers Lui. Tout se réunit autour de Notre Seigneur – et c’est bien juste – car Il est le maître de toutes choses.
Et alors, vous avez ce grand privilège d’avoir été choisis : Ego elegi vos, dit Notre Seigneur. Vous avez été choisis pour mieux connaître et pour approfondir le mystère du Christ, le mystère de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et ce Dieu que venaient adorer les bergers, les anges, les Mages et tous ceux qui entouraient Notre Seigneur, à plus forte raison la très Sainte Vierge Marie, saint Joseph, tous ceux qui ont adoré Notre Seigneur, l’ont vu et, certes si nous avions pu être présents aussi à la naissance de Notre Seigneur, nous espérions aussi pouvoir être choisis pour aller vers Notre Seigneur et lui porter nos hommages.
Eh bien Notre Seigneur Jésus-Christ est le même que cet Enfant-Dieu qu’ont adoré les bergers et les Mages, ce même Jésus est parmi nous. Il est dans la Sainte Eucharistie. C’est le même.
Et peut-être il nous arrive de nous accoutumer à cette Présence de Notre Seigneur parmi nous. Assuetæ vilescunt, dit l’adage latin : Les choses auxquelles on s’est accoutumé finissent par ne plus avoir de valeur.
Eh oui, parce que nous sommes habitués à avoir Notre Seigneur parmi nous, toute la journée, toute la nuit, toute notre vie, alors nous n’y pensons plus. Nous oublions que Celui qui est au milieu de nous est vraiment notre Sauveur, notre Roi, le Grand-Prêtre.
Dieu ne change pas. Jésus ne peut pas changer. Éternellement Il aura ces privilèges. Et par conséquent quand Il est parmi nous. Il garde ses privilèges.
Alors que ce soit là une résolution pour nous tous, de ne jamais nous habituer à la présence de Notre Seigneur Jésus-Christ parmi nous. En ce sens que nous ne devons pas minimiser cette Présence. Et que nous ayons les sentiments, qu’avaient précisément les bergers et les Mages lorsqu’ils sont partis voir Notre Seigneur.
Sans doute les bergers ne l’auront vu qu’une fois. Peut-être les Rois Mages ne l’auront vu qu’une fois aussi et alors cette présence, cette rencontre avec Notre Seigneur, les aura transformés.
De même que l’Enfant-Jésus, venant avec la Vierge Marie, sanctifier saint Jean Baptiste dans le sein de sa cousine Élisabeth, la rencontre des bergers et des Mages avec Notre Seigneur, les a sanctifiés, les a convertis, les a rendus heureux pour toute leur vie. Ils ont médité sur cette rencontre avec Notre Seigneur, tout au long de leur vie. Eh bien, nous, nous n’avons pas seulement la joie d’une seule rencontre avec Notre Seigneur, mais nous pouvons Le rencontrer quand nous voulons. Il est à notre disposition et nous Le recevons tous les matins dans notre cœur, dans notre âme.
Bien plus encore que cette simple rencontre qu’ont eue les Mages et les bergers, nous Le recevons dans nos âmes, dans nos cœurs. Il nous transforme en Lui. Il nous communique sa divinité. Il nous communique ce qu’il est, sa vie divine. Aurons-nous vraiment cette pensée que à force de rencontrer Jésus nous ne l’apprécions plus. Non. Il faut que notre foi aille toujours en augmentant ; que notre ferveur soit constante ; que nous renouvelions toujours cet acte de foi et cette adoration envers Notre Seigneur. Et c’est bien cela qu’aujourd’hui on voudrait nous arracher.
À travers tous ces changements qui se sont produits au cours de ces dernières années, c’est en définitive la présence de Jésus au milieu de nous, qui est attaquée. C’est cette Présence que le démon ne peut pas admettre !
Et de même que l’on ne peut pas penser aux Rois Mages sans voir l’image d’Hérode – Hérode poursuivant Notre Seigneur – la présence de Notre Seigneur est intolérable au démon, intolérable à Satan. Alors il a tout fait pour la faire disparaître. Il a bien réussi à Le crucifier sur la Croix ; mais trois jours après Il ressuscitait. Il lui échappait, comme Il a échappé à Bethléem et qu’il est parti en Égypte.
Aujourd’hui aussi, Il a échappé à ceux qui veulent faire disparaître sa Présence parmi nous ; à ceux qui ne voudraient plus L’honorer !
Figurez-vous, mes chers amis, que j’ai appris, étant à Rome, de la bouche même d’un cardinal que l’on demandait désormais à ceux qui nous ont quitté parmi nos chers amis, malheureusement, ces séminaristes italiens qui nous ont quitté, on leur demandait désormais de ne plus communier à genoux, mais de communier debout. Ne croyez-vous pas que c’est un signe. Un signe, on ne veut plus de Notre Seigneur Jésus-Christ présent dans la Sainte Eucharistie.
Et tout à l’heure, nous avons fait – en lisant l’Évangile – nous avons fait le geste qu’ont fait les Rois Mages :
(…) et procidentes adoraverunt eum (Mt 2,11) : « (…) et se prosternant ils L’adorèrent ».
Et aujourd’hui, pour quelle raison ne voudrait-on plus adorer Notre Seigneur Jésus-Christ présent dans la Sainte Eucharistie, comme Il était dans la Crèche à Bethléem ?
Ce n’est pas possible. Ce n’est pas l’Esprit Saint qui inspire ces gestes de ne plus vouloir s’agenouiller devant Notre Seigneur.
Alors, vous venez ici, persuadés que Notre Seigneur Jésus-Christ est présent dans la Sainte Eucharistie et vous L’adorez de toute votre âme, de tout votre cœur et le manifestant par des gestes extérieurs. Et vous serez ceux qui continuerez à proclamer cette Présence. Surtout lorsque vous serez prêtre et que vous ferez descendre Notre Seigneur Jésus-Christ sur le saint Autel par les paroles de la Consécration. Alors vous L’adorerez et vous apprendrez aux générations futures à adorer Notre Seigneur. Vous ne serez pas de ceux qui mépriseront la Sainte Eucharistie, qui feront croire que Notre Seigneur n’y est là que comme un symbole et non dans la réalité de son Corps, de son Âme, de sa Divinité.
Et ne vous étonnez pas alors, mes chers amis, si la persécution continue. Et il est possible qu’elle continue et peut-être prochainement. Il n’est pas impossible que nous soyons de nouveau encore persécutés d’une manière encore plus évidente et plus radicale, parce que nous continuons à adorer Notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie. Parce que nous voulons proclamer le mystère de Notre Seigneur Jésus-Christ, sa royauté, son sacerdoce, son salut. C’est pour cela que nous sommes persécutés, parce que le Saint Sacrifice de la messe représente, continue tout cela.
Alors cette persécution qui est maintenant séculaire – Satan ne peut supporter la Présence de Notre Seigneur ici-bas – il voudrait détruire la Sainte Messe, détruire la Présence réelle de Notre Seigneur dans la Sainte Eucharistie.
Alors il est normal qu’étant ce groupe de prêtres, de séminaristes, de fidèles qui croient encore en la Présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie, nous soyons persécutés et que le démon veuille nous disperser, que le démon veuille nous supprimer.
Alors si nous devons continuer à être persécutés, eh bien, nous le serons ; nous le serons comme tous ceux qui ont cru à la Sainte Eucharistie ! Persécutés, même innocents comme ces enfants qui ont été massacrés par le roi Hérode, parce que les Rois mages ont cru à la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Alors que, en cette fête de l’Épiphanie, qui ouvre de nouveau pour vous un deuxième trimestre de présence dans cette année de séminaire, eh bien vous ayez cette conviction d’approfondir dans vos âmes, cette foi en la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ et à la réalité de sa Présence réelle dans la Sainte Eucharistie.
Vous ferez comme la très Sainte Vierge Marie, elle repassait les paroles qu’elle entendait dans son cœur : Conferens in corde suo (Le 2,19).
Marie conservait toutes ces choses dans son cœur, les repassant dans son cœur.
Vous méditerez les paroles de la liturgie qui vous sont enseignées dans la philosophie et la théologie et qui ont rapport à Dieu. Toutes ont rapport à Dieu. Vous méditerez ces choses afin de consacrer d’une manière encore plus parfaite, plus profonde plus complète, votre vie à la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ, en ces temps où l’on voudrait éteindre et faire disparaître cette gloire, vous prendrez au contraire la résolution de porter bien haut le flambeau de votre foi en Notre Seigneur.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.