Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Au cours de cette nuit, fête passée dans la prière et dans l’adoration du Saint Sacrement, vous avez prié pour demander au Bon Dieu, d’une manière particulière, qu’il fasse descendre ses bénédictions et ses grâces spéciales, pour les semaines qui vont venir, qui seront importantes pour la Fraternité et pour l’Église.
Quelles décisions seront prises après la visite du cardinal (Gagnon), nous ne le savons pas encore. Mais c’est précisément pour que ces décisions soient profitables à l’Église, soient profitables au salut des âmes, que nous avons prié d’une manière toute particulière au cours de cette nuit et nous pouvons faire confiance à Notre-Dame de Fatima qui, certainement, est auprès de nous. Elle nous aidera à prendre les décisions qu’il faudra pour la gloire du Bon Dieu, pour la rénovation de l’Église et pour la salut de nos âmes.
Mais cette nuit de prière se situait aussi à l’aurore de la nouvelle année liturgique. Nous entrons en effet aujourd’hui dans une nouvelle année, année liturgique, c’est-à-dire année au cours de laquelle nous méditons, nous contemplons et nous profitons des grâces de la vie de Notre Seigneur JésusChrist.
Il est difficile d’apprécier ce don extraordinaire que le Bon Dieu nous a fait par Notre Seigneur Jésus-Christ, par son divin Fils, si nous ne jetons pas d’abord un regard, sur ce qui l’a provoqué. Pourquoi l’Incarnation ? Parce qu’il fallait la Rédemption. L’Incarnation n’a pas d’autre sens, ni d’autre but ‑au moins historiquement, telle que Dieu l’a voulue dans ses desseins insondables – que la Rédemption : Racheter nos âmes. Et pourquoi racheter nos âmes ? Était-il besoin de ce rachat ? Oui, ce rachat était nécessaire, si le Bon Dieu voulait sauver nos âmes, parce que le péché était entré dans le monde, par nos premiers parents.
Et ce péché avait pour conséquence, de communiquer à tous les descendants d’Adam et d’Ève, une nature désordonnée, une nature en état de péché. Le péché de la nature : peccatum naturæ. C’est un fait dont nous devons bien prendre conscience. Car c’est ce qui détermine dans la volonté éternelle de Dieu, l’Incarnation de son divin Fils, qui va changer complètement notre vie ; qui va faire de notre vie, une vie chrétienne, une vie dans le Christ-Jésus et par le Christ-Jésus, pour le Christ-Jésus. C’est donc un changement complet des horizons de notre vie, de notre vie quotidienne.
Oui, le péché est entré dans le monde ; il y est entré avec toutes ses conséquences. Quand on songe, mes bien chers frères, qu’un seul péché, celui d’Adam et d’Ève, ait pu produire les conséquences incalculables, inimaginables, que nous lègue toute l’Histoire de l’humanité, conséquences désastreuses.
Est-ce que ces conséquences sont le résultat d’une punition de Dieu ? Est-ce que Dieu a voulu – en quelque sorte – se venger pour cette désobéissance de nos premiers parents et dire : Eh bien, puisque vous avez désobéi, votre postérité sera déshéritée. Non, non ! Dieu ne s’est pas vengé sur nous. Ce qui nous est arrivé est la conséquence logique du péché.
Nos premiers parents se sont détournés de Dieu. Ils étaient faits, créés, pour aimer Dieu et Le servir. Ils n’ont pas voulu Le servir. Ils se sont servi de leur liberté pour désobéir à Dieu. Et cette désobéissance a eu pour conséquence évidemment de les séparer du Bon Dieu. Ils se sont séparés eux-mêmes de Dieu. Ce n’est pas Dieu qui l’a voulu. Par le fait même, ils perdaient – par leur propre faute – l’amitié de Dieu. Ils sont devenus désagréables à Dieu. Ils ont perdu la grâce que le Bon Dieu leur avait donnée : la grâce sanctifiante, la grâce de la charité, de l’union à Dieu.
Comment pouvaient-ils ensuite nous la communiquer puisqu’ils ne l’avaient plus. Ils auraient dû nous communiquer cette grâce. Ils auraient dû nous communiquer tous ces dons qu’ils avaient eus de la part du Bon Dieu. Comment pouvaient-ils le faire encore puisqu’ils les avaient perdus ? Et ils ne pouvaient plus les retrouver par eux-mêmes ; c’était impossible. Et c’est pourquoi toute la descendance d’Adam et Ève, se trouve au moment de sa naissance, privée de l’amour du Bon Dieu, privée de l’amour du Bon Dieu, privée de la grâce qui devrait l’unir au Bon Dieu.
Non seulement nous n’avons plus la grâce sanctifiante, mais le fait d’avoir perdu la grâce sanctifiante a provoqué dans notre nature même, un désordre. Et c’est pourquoi nous naissons désagréables au Bon Dieu. Oui, nous ne sommes plus agréables au Bon Dieu lorsque nous naissons. C’est un fait, encore une fois, contre lequel le Bon Dieu Lui-même ne peut rien. Le Bon Dieu ne peut pas faire que le péché ne soit pas le péché ; que la désobéissance ne soit pas la désobéissance. Il ne peut pas faire que ce que l’homme a voulu – c’est-à-dire se séparer de Lui – ce ne soit pas une séparation de Lui. Il n’y peut rien. Cette fausse liberté, ce mauvais emploi de la liberté que le Bon Dieu a donné à l’homme, est une liberté de mort.
En effet, ne pas rechercher sa fin qui est la vie et le bonheur, qui est l’épanouissement de la nature et de la surnature, c’est mourir. Ce n’est pas atteindre le but pour lequel le Bon Dieu nous a créés. C’est la mort. Et par conséquent il était normal que nous mourions après le péché. Il était normal que l’enfer suive le péché. Dieu ne peut pas faire que celui qui meurt dans un état de désobéissance et de rupture avec Lui soit ensuite dans l’éternité, un ami du Bon Dieu. Ce n’est pas la faute du Bon Dieu. La créature se détourne de l’amour du Bon Dieu et au moment même jusqu’à sa mort se détourne de l’amour du Bon Dieu, reste séparée de Lui, ne veut pas Lui obéir, que peut faire le Bon Dieu ? Il lui a donné la liberté. Mais pas la liberté pour en faire un mauvais usage. La liberté est le choix libre des moyens pour atteindre le but pour lequel nous sommes faits, pour notre fin. Pas pour nous détourner de la fin ; par pour désobéir au Bon Dieu.
Le Bon Dieu ne nous a pas donné la liberté dans un autre but que celui de mériter la récompense que nous devons avoir si nous recherchons la fin pour laquelle nous avons été créés, c’est-à-dire : connaître, aimer et servir le Bon Dieu et Le louer pendant toute l’éternité. Voilà pourquoi le Bon Dieu nous a créés.
Alors toutes les suites du péché sont donc une suite logique que le Bon Dieu ne peut pas empêcher. Il ne peut pas empêcher l’enfer. Il ne peut pas empêcher la mort ; Il ne peut pas empêcher les maladies qui sont dans tout le monde entier ; Il ne peut pas empêcher les guerres. Ce sont des fruits du péché de la désobéissance des hommes.
Alors nous apprécions mieux – devant ce détournement de nos esprits et de nos cœurs par rapport au Bon Dieu, cette merveille que le Bon Dieu a faite. Nous aurions cherché comment retrouver notre fin ? Comment retrouver l’ordre de notre nature, puisque nous naissons désordonnés. Puer natus est : un enfant nous a été donné, par la Vierge Marie : le salut de nos âmes.
Mais quel est donc cet Enfant ? Les anges le chantent aux bergers : Gloria in excelsis Deo. Cet Enfant c’est Dieu Lui-même, venu au milieu de nous pour nous rendre le salut. Et pour cela, Il va subir la mort que nous, nous devons subir. Il va vouloir la subir pour nous, mais pour nous rendre la vie. Chose invraisemblable !
Alors on comprend que saint Paul parle de la profondeur, de la grandeur, de l’immensité de la charité de Dieu, dans la fête du Sacré-Cœur, dans l’Épître aux Éphésiens.
Scire étiam supereminentem scientiæ caritatem Christi (Ep 3,19).
Oui vraiment l’amour de Dieu est insondable. Dieu fait tout ce qu’il peut faire pour nous sauver. Il veut bien mourir à notre place et nous rendre la vie par sa mort, par sa Croix, chose extraordinaire !
Et c’est cela que l’Église qui est l’épouse mystique de Notre Seigneur, nous enseigne tout au long de cette année liturgique.
Réjouissez-vous, réjouissez-vous, un Sauveur est né. Vous n’êtes plus destinés à la punition ; vous n’êtes plus destinés à être éloignés de Dieu. Dieu est venu Lui-même, pour vous rendre la vie.
Et alors, tout au long, tout au cours de l’année, nous allons chanter la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous allons remercier le Fils de Dieu venu parmi nous pour nous sauver. Et nous allons associer à sa vie, au moment de Pâques sa Résurrection, à notre baptême, à notre résurrection à nous aussi, par le baptême. Car Dieu a voulu que nous soyons donc associés à Lui ; que nous fassions partie de Lui-même ; que nous soyons de ses membres, par le baptême et par tous les sacrements qui nous donnent l’Esprit Saint, son Esprit : qu’il répande en nous son Esprit. Nous voilà transformés en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et surtout par le sacrement de l’Eucharistie, par la sainte Communion. Quelle merveille ! Qui aurait jamais pu penser que le Bon Dieu trouverait ce moyen de nous sauver, en venant Lui-même porter nos péchés et régler notre dette vis-à-vis du Bon Dieu ?
Alors, vous voyez immédiatement, combien nous devons aimer Notre Seigneur Jésus-Christ ; combien nous devons être unis à Celui qui est venu nous montrer la voie du salut et nous porter les moyens de salut. Il doit être désormais dans nos cœurs, dans nos esprits, dans nos intelligences, dans nos vies. Nous ne devons plus nous séparer de Lui et avec quelle joie nous devons nous unir à Lui, dans le sacrement de l’Eucharistie et Le remercier infiniment de nous apporter le salut.
Mais alors aussi quelle obligation grave pour nous, de ne pas désobéir à nouveau ; de faire tout ce que nous pouvons. Sans doute, nous sommes de pauvres pécheurs encore, malgré les grâces du baptême. Le Bon Dieu ne nous a pas donné une sainteté définitive. Hélas, nous pouvons encore nous séparer de Lui. Mais si nous sommes fidèles à sa grâce et que nous fassions tout notre possible pour éviter ces désobéissances, de nous servir de nouveau de notre liberté pour ne plus Lui désobéir, eh bien le Bon Dieu nous gardera dans sa grâce et nous conduira à la vie éternelle.
Voilà notre désir. Voilà ce que nous devons désirer pour nous. Prendre la résolution au début de cette année liturgique, de réfléchir sur le malheur du péché, sur le malheur de la désobéissance à Dieu et tout faire pour éviter le péché. Et pas seulement pour nous, mais alors avoir la pensée aussi de tous ceux qui s’éloignent de Notre Seigneur Jésus-Christ, de tous ceux qui Le connaissent mal ; de tous ceux qui ne Le servent pas ; de tous ceux qui sont sous l’influence du péché originel et qui s’éloignent du Bon Dieu. Nous devons prier et offrir nos sacrifices, nos souffrances pour le salut des âmes, être des missionnaires. Si nous ne sommes pas des missionnaires qui traversons les océans, soyons au moins des missionnaires par la prière, des missionnaires par le sacrifice, des missionnaires comme sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Patronne des missions qui n’est jamais sortie de son carmel pour aller en mission et qui est la grande missionnaire qui a sauvé tant d’âmes.
Alors que ce soit là notre résolution.
Car, songez aussi, à la gravité de ces péchés qui sont commis, malgré la venue de Notre Seigneur, malgré la venue de Dieu parmi nous, malgré la mort de Dieu sur la Croix et sa Résurrection, malgré tout cela, que les hommes pèchent encore !
Comment voulez-vous que le Bon Dieu n’abandonne pas ces hommes à eux-mêmes, si après tout l’amour qu’Il leur a manifesté, ils sont encore opposés à Lui et font le contraire de sa volonté. Et hélas, nous le constatons aujourd’hui peut-être plus que jamais, même dans les milieux qui sont chrétiens ; même dans les milieux qui ont été baptisés. Que de vies dans le péché, dans la désobéissance au Bon Dieu. Et ces gens insouciants se séparent de ce Dieu qui est venu sur la terre pour les sauver et ils ne tremblent pas dans leur cœur, en pensant qu’ils se dirigent vers une mort éternelle.
Alors, que ces pensées, au début de l’Avent, pensées qui nous sont d’ailleurs suggérées dans l’Évangile que vous venez d’entendre : Dieu fera disparaître ce monde. Ce monde qui a servi pour le péché doit disparaître lui aussi, même ce monde matériel : le soleil, la lune, les astres, tout va être détruit pour faire un monde nouveau, parce qu’ils ont servi eux aussi – bien sûr inconsciemment – mais ils ont servi pour le mal, pour le péché. Alors le Bon Dieu détruira ce monde pour faire un monde nouveau.
Eh bien, demandons au Bon Dieu, par l’intercession de la très Sainte Vierge Marie d’être ceux aussi qui feront partie de ce monde nouveau, de cette terre et de ces cieux nouveaux, dans lesquels résidera la sainteté.
C’est ce que dit l’Apocalypse. Que l’on compare ce qui se passe au Ciel, à ce qui se passe sur la terre. Dans le Ciel, pas une mauvaise pensée, pas un mauvais désir. Tout pour la plus grande gloire de Dieu. Tout pour aimer le Bon Dieu ; tout pour chanter les louanges du Bon Dieu. Jamais le moindre indice, la moindre trace de désobéissance vis-à-vis du Bon Dieu. C’est fini. Pour toujours, les âmes et les élus du Ciel, emploient leur liberté pour chanter la gloire du Bon Dieu et Le servir.
Alors faisons en sorte que nos familles, nos communautés, que notre chère Fraternité soient déjà un peu le Paradis et que nous nous efforcions aussi, tous, en nous aidant les uns les autres, de servir le Bon Dieu et de tout faire pour lui être unis pour la vie et pour l’éternité.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.