Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Voici arrivée cette fête de saint Michel en laquelle nos chers confrères qui ont passé cette année de noviciat en vue de devenir frères, vont prononcer leurs vœux de religion.
La Fraternité s’en réjouit et elle rend grâces à Dieu et rend grâces à ceux qui vont prononcer dans quelques instants leur profession religieuse, pour le soutien spirituel et l’exemple de la vie religieuse qu’ils apportent à la Fraternité. Il manquerait quelque chose d’essentiel à la Fraternité si nous n’avions pas nos chers frères.
Mes bien chers frères, nous aurions voulu que vous soyez dix fois plus nombreux, mais nous espérons que la qualité remplace le nombre et que le Bon Dieu vous donnera des grâces particulières pour être parmi nous l’exemple de la vie religieuse. Et vous l’avez déjà heureusement manifesté au cours de cette année, vous avez édifié vos confrères les séminaristes par votre esprit de piété, par votre esprit de régularité, par votre esprit de service. Eh bien je souhaite vivement que vous continuiez d’une manière encore plus parfaite à être cet exemple après votre profession religieuse.
Soyez donc, avant tout, mes bien chers frères, des hommes de prière, manifestant ainsi votre amour du Bon Dieu, votre attachement à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Hommes de prière en accomplissant les exercices de piété qui font partie de votre règle et aussi par un esprit d’oraison, un esprit d’union à Dieu, un esprit de contemplation, que toute votre vie soit embaumée en quelque sorte par cet esprit de prière, par ce désir de demeurer intimement, profondément, dans le plus profond de vos âmes, unis à Dieu, unis à Notre Seigneur.
Sans la vie de prière, la vie religieuse ne peut pas se comprendre.
Soyez aussi des hommes de devoir. Si vous manifestez votre amour de Dieu particulièrement dans la prière, vous manifesterez particulièrement votre amour du prochain, par votre esprit de devoir. Aimez à remplir votre devoir particulièrement sous le regard du Bon Dieu, selon les prescriptions de vos supérieurs. Et c’est ainsi que vous accomplirez votre amour du prochain, que vous le manifesterez. C’est ainsi aussi que vous accomplirez votre tâche missionnaire. Car nous devons tous être missionnaires. Nous ne pouvons pas être chrétiens, ni catholiques, sans être essentiellement missionnaires.
Et quelle que soit votre charge, quelle que soit votre fonction, ou votre occupation, le seul fait de remplir ponctuellement votre devoir sera déjà à la fois un exemple pour ceux qui vous entourent, pour ceux qui vous fréquentent, mais aussi, si ce devoir est accompli dans l’esprit de sacrifice, dans l’esprit d’union à Notre Seigneur, il attirera des grâces sur la maison dans laquelle vous vous trouverez, sur votre prochain, et aussi sur tous ceux qui viennent fréquenter soit le prieuré, soit le séminaire, soit les maisons dans lesquelles vous vous trouvez afin de les attirer au Bon Dieu, car c’est cela la charité. La charité fraternelle est avant tout pour attirer les âmes à Dieu. Soyez donc hommes de prière, hommes de devoir.
Et c’est précisément pour être des hommes de prière et pour être des hommes de devoir que vous allez prononcer dans quelques instants ces vœux de religion, qui au premier abord pourraient sembler un peu négatifs : obéissance, pauvreté, chasteté. Pourquoi ?
Mais précisément pour vous unir à Dieu. Pour recevoir d’une manière plus abondante, plus parfaite l’Esprit Saint, pour être remplis de cet esprit d’amour qui vous fera accomplir vos prières, qui vous fera accomplir votre devoir d’état dans cette charité. Vous voulez par vos vœux vous éloigner de tous les obstacles à une vie d’amour, à une vie qui est remplie de l’Esprit Saint.
On pourrait d’ailleurs substituer d’une certaine manière à ces vœux d’autres expressions.
Le vœu de pauvreté peut dans une certaine mesure, signifier aussi la docilité. La pauvreté qui est le renoncement en quelque sorte aux choses de ce monde, au jugement de ce monde, donne la sagesse, la sagesse dans votre esprit, la sagesse dans la prudence. Et dans votre esprit, cette docilité à la vérité, laissant vos esprits libres, pauvres de telle manière, détachés de toute idée personnelle, de toute idée préconçue, pour être remplis de la Vérité du Bon Dieu, pour être remplis de la foi que l’Église nous enseigne. C’est une manière d’être pauvre, profondément, intimement et de recevoir ainsi la grâce du Bon Dieu par son enseignement, par cette docilité de l’esprit.
Redigere omnem intellectum ad obsequium Christi, dit saint Paul : Il faut soumettre nos intelligences au service de Notre Seigneur Jésus-Christ et à l’obéissance à Notre Seigneur Jésus-Christ.
On pourrait substituer d’une certaine manière, dans une certaine mesure aussi la chasteté, au détachement. Détachement de tous les biens de ce monde, tous les biens que le monde estime, mais vous voulez vous éloigner de ce monde, pour vous attacher davantage à Notre Seigneur Jésus-Christ. Détachement de tout ce qui peut satisfaire les cœurs qui sont attachés aux choses de cette terre, aux choses terrestres, à la chair qui combat toujours contre l’esprit. Alors vous, vous êtes attachés par ce vœu de chasteté aux œuvres de l’esprit, à Dieu, aux saints Anges, aux élus du ciel et à tout ce qui peut attirer nos âmes vers le Bon Dieu.
Et puis à l’obéissance se rattacherait aussi ce terme qui pourrait éventuellement se substituer : la disponibilité. Que vous soyez disponibles. C’est l’abandon, l’abandon de vos âmes dans les mains du Bon Dieu. C’est cela en définitive l’obéissance de votre volonté à tout ce qui plaira à Dieu, de vous envoyer, de vous dire, de vous prescrire. Mettre vos âmes dans cette disponibilité habituelle qui fait que vous êtes toujours prêts à répondre oui à Dieu, à répondre votre fiat, comme la très Sainte Vierge Marie. Qu’il soit fait selon votre sainte Volonté, pour avoir ainsi vos âmes dans la paix, dans cette paix chrétienne, dans cette paix religieuse qui vous permettra de vivre d’une manière beaucoup plus profonde, beaucoup plus intime avec Notre Seigneur Jésus-Christ.
Car quel sera le soutien pour vous de cette vie spirituelle, de cette vie des vœux de religion, de cette vie de prière, de cette vie de devoir, d’accomplissement du devoir ? Ce sera Notre Seigneur JésusChrist Lui-même, Nous ne pouvons rien faire dans la vie spirituelle sans Jésus-Christ, – sans Notre Seigneur, rien de méritoire, rien de bon pour le ciel, sans Notre Seigneur Jésus-Christ.
Alors que votre vie soit vraiment une vie chrétienne, profondément chrétienne, profondément attachée à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et où Le trouverez-vous réellement au cours de vos journées, Notre Seigneur ? Vous Le trouverez particulièrement dans le Sacrifice eucharistique, dans cette Sainte Messe quotidienne. Dans cette union au Sacrifice de Notre Seigneur sur la Croix. Dans cette union, deux grandes réalités du Sacrifice de la messe : le Sacrifice et le sacrement,
Que vos âmes soient ainsi prêtes à vous sacrifier avec Notre Seigneur Jésus-Christ et qu’elles s’unissent à Notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie, C’est cela qui sera la source de votre vertu, la source de votre constance dans la vie religieuse, dans votre fidélité à tous vos engagement, C’est la Sainte Messe. C’est l’union à Notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie,
La Fraternité a pour but particulier de faire renaître ce fondement de l’Église, ce fondement de notre vie spirituelle, ce fondement de notre sainte Religion qu’est la Sainte Messe, le Saint Sacrifice de la messe. Et vous y êtes associés. Vous êtes associés à la Fraternité dans cette spiritualité, qui est la spiritualité de l’Église tout simplement, la spiritualité que Notre Seigneur nous a léguée, en nous léguant ce qu’il avait de plus beau, de plus grand, de plus sublime, son propre Sacrifice, son propre Corps, sa propre divinité, son propre Sang.
Alors vous vivrez par le Saint Sacrifice de la messe, une vraie vie religieuse. Et comme l’on ne va pas à Jésus sans passer par Marie, comme le dit si bien le bienheureux Grignion de Montfort, saint Grignion de Montfort, vous suivrez les conseils de ce saint marial qui nous apprend à aller à Jésus par Marie.
Et puis, puisque nous nous réunissons aujourd’hui autour de l’autel sous le patronage de saint Michel Archange, ayez dans vos âmes, dans vos cœurs, comme devise ce que signifie le nom de Michel, Michaël : Quis ut Deus, « Qui est comme Dieu ? »
Vous pourriez ajouter également : Qui est comme Jésus-Christ ? Qui est comme Jésus ? C’est ce que pensent tous les anges du ciel, tous les élus du ciel. C’est ce que pense en particulier bien sûr la très Sainte Vierge Marie. Demandons-leur de nous donner cette conviction, cette foi profonde en la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, afin de Lui être soumis entièrement et un jour d’aller partager sa Gloire.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.