Sermon de Mgr Lefebvre – Messe de requiem du 30e jour de M. Guy Genoux – 27 juin 1987

Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,

Nous sai­sis­sons à nou­veau cette occa­sion de la Sainte Messe célé­brée pour le repos de l’âme de ce cher M. Genoux, d’exprimer nos bien sin­cères et res­pec­tueuses condo­léances à Madame Genoux et à sa famille. Et je pense qu’il est bien juste, mes chers amis, que nous fas­sions ces prières et que nous adres­sions ces sup­pli­ca­tions au Bon Dieu en ce Saint Sacrifice de la messe si effi­cace pour la rédemp­tion des âmes, pour deman­der à Dieu, d’exercer sa misé­ri­corde sur l’âme du cher M. Genoux.

Nous le lui devons. Nous le lui devons à plu­sieurs titres. Nous devons ces prières, ces sup­pli­ca­tions, parce que M. Genoux a été l’un de ceux qui ont per­mis la réa­li­sa­tion de cette œuvre d’Écône ici dans le Valais. Nous ne devons pas l’oublier. Il fai­sait par­tie de ces amis valai­sans qui se sont réunis pour pré­ser­ver ce lieu qui avait été pen­dant des siècles un lieu de prières et d’édification pour le Valais. Ils se sont réunis pour le main­te­nir dans son ori­gine et dans sa tra­di­tion et ils ont bien vou­lu nous rece­voir, nous accueillir ici. Et en toutes occa­sions le cher M. Genoux a bien vou­lu nous mani­fes­ter son sou­tien, son ami­tié. Il l’a encore fait tout récem­ment. Si je ne me trompe, c’était au cours du mois de décembre der­nier. Il est venu ici, pour confir­mer sa géné­ro­si­té et le désir qu’il avait de voir l’œuvre d’Écône s’implanter défi­ni­ti­ve­ment dans ces lieux. Déjà sur son visage se lisait les traces de la mala­die dont il souf­frait, mais il a sup­por­té toutes ses souf­frances avec une grande éner­gie, avec cette éner­gie qui le carac­té­ri­sait et avec une foi pro­fonde. Nous l’admirions alors dans son atti­tude et nous avons un autre motif aus­si, d’adresser ces prières à Dieu en recon­nais­sance de ce qu’il a fait et de l’exemple qu’il a don­né dans le Valais, dans les fonc­tions impor­tantes qu’il a eues dans sa petite patrie du Valais. M. Genoux a tou­jours mon­tré l’exemple d’un homme pro­fon­dé­ment catho­lique, pro­fon­dé­ment chré­tien, agis­sant tou­jours en rai­son de sa foi et en même temps d’une éner­gie incom­pa­rable et d’une acti­vi­té extra­or­di­naire pour le bien de son pays. Alors c’est aus­si l’occasion pour nous de mani­fes­ter notre recon­nais­sance pour cet exemple qu’il a don­né. Exemple qui mani­feste la tra­di­tion des Valaisans de demeu­rer catho­liques et d’agir selon les prin­cipes de leur foi. Et alors nous espé­rons que le Bon Dieu l’a accueilli dans son Paradis et nous le prions à notre tour. Nous nous tour­nons vers lui main­te­nant, lui qui nous consi­dère, qui nous voit sous le regard du Bon Dieu, sous l’œil de Dieu, nous le prions éga­le­ment d’intercéder pour nous, d’intercéder auprès de Jésus et Marie, pour qu’ils bénissent les siens d’abord : sa famille, ses enfants, et tous ceux qu’il aimait dans son vil­lage, dans sa contrée, tous ses amis valai­sans. Nous deman­dons qu’il inter­cède auprès du Bon Dieu, que Dieu répande ses béné­dic­tions sur les siens.

Nous deman­dons éga­le­ment qu’il inter­cède pour nous, pour sa grande famille. Car je pense que c’est un peu comme cela qu’il nous consi­dé­rait. Écône était un peu comme l’extension de sa famille et il avait pour nous cer­tai­ne­ment une grande ami­tié, une grande affec­tion. Alors nous espé­rons aus­si qu’il inter­cé­de­ra pour nous, pour que nous demeu­rions tou­jours fidèles, fidèles à l’Église, fidèles à notre foi, à la foi catholique.

Et puis, nous lui deman­de­rons aus­si d’intercéder pour sa petite patrie du Valais. Que l’exemple qu’il a don­né dans l’accomplissement de ses fonc­tions, eh bien soit sui­vi. Et je pense que ce n’est pas sans inquié­tude que ceux qui l’ont connu, qui l’ont aimé, qui l’ont sui­vi, ce n’est pas sans inquié­tude que – hélas on est obli­gé de consta­ter – dans ce Valais qui fut vrai­ment pré­ser­vé par les grâces du Bon Dieu, qui fut une cité catho­lique modèle, avec des voca­tions en très grand nombre, eh bien nous sou­hai­tons que ce temps revienne et que ce cher M. Genoux puisse être un de nos inter­ces­seurs pour que sa patrie du Valais rede­vienne cette patrie modèle qu’elle était autre­fois et que les influences néfastes du monde moderne qui pénètrent par­tout aujourd’hui, ces influences qui détruisent la famille, qui détruisent la Société, qui la paga­nisent en quelque sorte, eh bien que ces influences dis­pa­raissent et que le Valais retrouve ce qui d’ailleurs a été l’objet – je dirai – une attrac­tion presque mon­diale on pour­rait dire pour le Valais, parce que l’on y trou­vait cette atmo­sphère d’honnêteté, de bonne hos­pi­ta­li­té, de foi, de res­pect, d’amour de la famille, d’attachement à la terre, d’attachement à la mon­tagne, à la belle nature que le Bon Dieu a don­née aux Valaisans.

Alors, que toutes ces valeurs chré­tiennes soient pré­ser­vées. Nous le deman­dons à ce cher ami que fut pour nous M. Genoux. Et nous espé­rons qu’il nous enten­dra d’ici et que l’exemple de la vie chré­tienne, de sa foi, sera aus­si un encou­ra­ge­ment pour nous à le suivre et à œuvrer pour que le règne de Notre Seigneur revienne, pour que le règne de Notre Seigneur se déve­loppe par­ti­cu­liè­re­ment dans nos cœurs, dans nos familles et dans notre cité, avec le secours et la pro­tec­tion de la très Sainte Vierge Marie.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.