Mes bien chers amis,
Vous qui, surtout, dans quelques instants, allez recevoir les deux derniers ordres mineurs, je ne doute pas que vous ayez déjà médité sur les paroles du Rituel que l’Église nous demande d’employer pour conférer ces ordinations. Et au cours de cette récollection qui vous a été donnée ces jours derniers, vous avez pu à nouveau lire ces belles paroles de l’Église, ces belles oraisons qui vous donnent toute la signification des ordres que vous allez recevoir.
Aussi je n’insisterai pas particulièrement sur la grâce personnelle que vous recevrez par cette ordination. Mais vous savez que chaque ordination a un double aspect. Essentiellement chaque ordre donne dans une mesure plus ou moins grande, la grâce particulière d’approcher du Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et dans ces ordinations, en particulier surtout pour celle de l’acolytat, vous vous approchez de l’autel pour en allumer les cierges et pour apporter à l’autel ce qui sera la matière du Précieux Sang, le vin et la goutte d’eau que le prêtre va ajouter au vin, pour la consécration du Précieux Sang. C’est donc déjà une approche toute particulière de la consécration qui est le but même du Saint Sacrifice de la messe.
Vous devez donc vous préparer à recevoir cette grâce, avec un grand respect, une grande dévotion, une reconnaissance infinie à Notre Seigneur Jésus-Christ, qui vous admet à participer d’une manière plus profonde, plus intime, au Saint Sacrifice de la messe.
Je voudrais plutôt insister aussi sur la grâce qui est donnée d’une manière toute particulière par chaque ordination et par le fait que vous avez un pouvoir plus grand sur le Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Cette grâce vous confère également une grâce sur le Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ. Pas seulement sur le Corps même de Notre Seigneur Jésus-Christ et sur son âme, mais sur le Corps mystique de Notre Seigneur. C’est-à-dire sur les fidèles, sur tous ceux que vous aurez à édifier par le fait que vous avez reçu cette ordination. Et par conséquent, vous devez vous demander et vous poser cette question ; vous devez le faire et vous devez le faire au cours de votre séminaire et particulièrement le jour de votre ordination : Que demande de moi le Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ. Que demandent de moi les fidèles vers lesquels je vais être envoyé. Que demandent de moi tous ceux qui sont destinés à être membres du Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est une question qui doit – je dirai – mettre toujours en éveil votre conscience de futur prêtre et à plus forte raison de prêtre . Vous devriez, tout au long de votre séminaire vous poser cette question.
À mesure que je reçois les ordinations, je suis responsable du Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ. Mais comment faire pour animer de la vie divine ce Corps mystique, toujours davantage ? Comment faire pour attirer les âmes au Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ ?
Et là, je voudrais insister sur deux moyens particuliers pour vous préparer à cet apostolat qui sera le vôtre – où que vous soyez – il me semble que s’il y a dans la fonction sacerdotale, dans la fonction du pasteur, une chose importante, une chose capitale, c’est l’enseignement du catéchisme. L’enseignement de la doctrine chrétienne. Car, enfin, c’est bien cela que vous demandent les fidèles et que vous demandent également les catéchumènes, ceux qui désirent faire partie du Corps mystique de Notre Seigneur ; ou ceux qui voudront se convertir à la religion catholique, à la vraie religion. Ils vous demanderont la doctrine ; ils vous demanderont la foi. Et alors, vous devez vous préparer à communiquer cette foi ; à la donner cette foi, à la donner comme Notre Seigneur Jésus-Christ l’a donnée.
Et là, je voudrais attirer votre attention, sur la nécessité lorsque vous ferez cet enseignement de la foi, lorsque vous donnerez, vous communiquerez cette foi, d’affirmer la foi.
Ne cherchez pas tant à la prouver cette foi – l’apologétique est nécessaire et il est même utile d’en parler, de parler de l’apologétique, des preuves de la divinité de notre foi aux âmes qui demandent cette foi – mais il est bien plus nécessaire et bien plus efficace d’affirmer notre foi.
Car cette foi nous vient de l’autorité de Notre Seigneur, de l’autorité de Dieu. Et par conséquent, ceux qui veulent et qui ont le désir de se soumettre à l’autorité de Dieu par le fait même qu’ils viennent demander cette doctrine, par le fait même qu’ils viennent s’adresser à vous, qu’ils viennent s’adresser à l’Église pour demander la foi, ils ont déjà cette conviction par conséquent, que la foi que vous devez leur donner, elle vient de Dieu et si donc ils se soumettent déjà à l’autorité de Dieu, ils ne demandent plus qu’une chose : Dites-nous, apprenez-nous ce que Dieu a dit, ce que Notre Seigneur a dit, ce qu’il a révélé. Voilà ce que nous venons chercher auprès de vous.
Alors il faudra affirmer ; affirmer les vérités de la foi. Ils attendent cela ; les fidèles attendent cela. Parce que dans cette affirmation, c’est toute l’autorité de Dieu, l’autorité de Notre Seigneur qui passe à travers vous, pour enseigner cette foi. Et vous avez raison d’affirmer cette foi. Ce n’est pas gratuit. Ce n’est pas votre autorité que vous mettez en jeu, c’est l’autorité de Dieu, l’autorité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Par conséquent vous avez le droit et le devoir d’affirmer cette foi et de dire : Vous devez croire. Vous devez croire les vérités du Credo ; vous devez croire les vérités qui vous sont enseignées dans le catéchisme que nous vous enseignons.
Ainsi vous donnerez véritablement le lait de la doctrine à ceux qui en ont besoin. Ainsi vous nourrirez véritablement les âmes, les cœurs, les esprits qui ont soif, qui ont faim de cette doctrine ; qui ont besoin de cette doctrine pour vivre. Il faudra dans votre cœur de prêtre et dans votre esprit missionnaire, il faudra rechercher tous les moyens possibles qui peuvent faire en sorte que ces enfants, que ces personnes que vous enseignez dans votre catéchisme, soient imprégnés de ces vérités de la foi. Vous les aurez peut-être pour un an, vous les aurez peut-être pour deux ans, et après, et après…
Combien de ceux que vous aurez enseignés dans vos catéchismes vont peut-être, non pas abandonner l’Église, mais ne pratiqueront plus, oublieront pratiquement ce que vous leur aurez enseigné. Mais s’ils ont été imprégnés, ne serait-ce que pendant deux ans, de cette doctrine que vous leur aurez enseignée par tous les moyens possibles afin que vraiment, ils vivent de cette foi, ils vivent de cette conscience que Notre Seigneur Jésus-Christ les a sauvés, les a rachetées, qu’ils vivent dans ce milieu céleste, dans lequel nous devons vivre, milieu qui nous fait vivre avec la très Sainte Trinité, avec Notre Seigneur Jésus-Christ, avec la très Sainte Vierge Marie, avec les anges, avec les âmes du Purgatoire, qui nous fait croire à l’enfer et au démon.
Tout cela, s’ils ont été vraiment convaincus de ces choses-là pendant deux ans, trois ans, ils ne l’oublieront plus. Et un jour viendra, où, s’ils ont abandonné pendant quelque temps la pratique chrétienne et la fréquentation de l’Église, et la compagnie des prêtres, un jour viendra où le Bon Dieu leur donnera une grâce particulière qui les fera revenir et peut-être à l’heure de leur mort penseront-ils à ces catéchismes que vous leur aurez faits. Et ainsi avec la grâce de Dieu, ils pourront peut-être être sauvés.
Il faut donc vous préparer à ces catéchismes. Et au fond ; c’est ce que vous faites ici. Toute cette théologie, c’est le catéchisme que vous étudiez.
Mais ne demeurez pas seulement dans la spéculation. Vivez votre théologie, vivez ce catéchisme que vous apprenez aujourd’hui. Et faites en sorte que déjà maintenant, vous appreniez à le donner aux autres.
N’hésitez pas à rechercher dans la vie des saints, ceux qui ont été particulièrement des pasteurs et qui ont enseigné le catéchisme. Ce n’est pas facile d’enseigner avec fruit et efficacité le catéchisme aux enfants. C’est un art difficile, un art qui ne s’improvise pas. Et par conséquent au cours de votre séminaire déjà, vous devez avoir cette passion, ce désir d’être prêt lorsque l’on vous dira : allez faire le catéchisme à tant d’enfants, ou à tel groupe d’enfants, dans tel endroit, que vous soyez prêt, prêt à leur donner cette doctrine.
Deuxième moyen très efficace de faire passer cette Lumière que vous, chers Acolytes, vous allez recevoir d’une manière particulière dans quelques instants – car enfin, c’est surtout l’idée de lumière qui est l’idée principale de cette ordination qui vous est donnée – Lumière, lumière matérielle ? Certes non. Mais lumière spirituelle. Par conséquent, lumière de la doctrine, lumière de la foi. C’est cela dont vous allez être revêtus d’une manière particulière . Cette lumière de la foi, vous la donnerez par le catéchisme plus tard.
Et vous la donnerez aussi par les retraites. Comment enseigner en effet la foi ou faire revivre la foi dans les âmes qui se sont éloignées de l’Église ou qui ne vivent plus vraiment la vie de l’Église, la vie de la foi ? Le juste vit de la foi. Si ces âmes ne sont pas imprégnées de cette foi, elles mourront.
Alors, par ces exercices spirituels, vous pouvez, hélas pendant seulement trois jours, cinq jours, dix jours, permettre à ces âmes de ressusciter en elles la grâce de la foi. De ressusciter en elles, cette vie divine, qui doit les illuminer et qui doit les faire vivre ; les remettre pendant quelque temps, au contact des réalités divines, alors qu’elles sont plongées dans les réalités terrestres, qui ne sont qu’éphémères ; qui sont souvent mortelles pour nos âmes. Il faut les remettre dans les réalités éternelles, dans les réalités véritables, dans celles qui sont pour toujours.
Ces personnes ont une âme, c’est cette âme qu’il faut sauver ; ce sont donc ces âmes qu’il faut entretenir dans la foi ; qu’il faut entretenir dans la vertu, dans la charité.
Alors préparez-vous aussi à donner des retraites. Soyez heureux de pouvoir participer à donner des exercices spirituels. Ce sont des grâces incomparables. Que d’âmes ont retrouvé le chemin de la Vérité et le chemin de la vertu par l’intermédiaire de ces retraites et l’ont conservé. Que de vocations !
Vous-mêmes pendant votre propre expérience, pour la plupart d’entre vous, c’est à l’occasion d’une retraite que vous avez reçu la grâce de la vocation, ou du moins vous l’avez découverte cette grâce de la vocation. Alors préparez-vous aussi à donner ces exercices spirituels, à donner ces retraites.
Et dès à présent, au cours de votre vie de séminaire, essayez vous-même de vivre cette foi, de vivre cette foi par l’application des principes de la foi à votre vie quotidienne.
Comment cela se fait ? Comment cela peut-il se faire ? Eh bien, par la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, par la charité, la charité envers Dieu, la charité envers le prochain.
La charité envers Dieu, eh bien vous l’accomplissez ici dans cette chapelle, dans la chapelle de Notre-Dame des champs, à l’occasion des messes auxquelles vous participez. Vous adorez Dieu, vous Le révérez ; vous Lui manifestez votre amour, votre union, votre révérence, votre dévotion. Voilà la charité envers Dieu.
Et cette charité envers Dieu, alors se répandra sur le prochain. Et vous devez ici, être des modèles de charité les uns pour les autres, répandre cette charité autour de vous.
Répandant cette charité autour de vous, ce sera déjà une magnifique préparation pour cette charité que les âmes attendent de vous aussi. Car elles n’attendent pas seulement la doctrine ; elles attendent aussi l’exemple. Car si donnant la doctrine vous ne donnez pas l’exemple, quelle conviction, les âmes pourront-elles avoir ? À quoi bon la doctrine, si cette doctrine ne sert à rien ? Il faut que cette doctrine soir pratiquée. Et c’est ce que disent toutes les oraisons que dans quelques instants l’évêque va réciter pour conférer les ordinations tant de l’exorcistat que de l’acolytat.
Alors, tous ensemble, nous allons demander à Notre Seigneur, demander à la très Sainte Vierge Marie, que ceux qui seront ordonnés dans quelques instants, reçoivent en abondance les grâces dont ils auront besoin pour s’édifier eux-mêmes et pour édifier le Corps mystique.
Dans la chapelle de Zaitzkofen en Allemagne, il y a un magnifique tableau qui représente la très Sainte Vierge ouvrant les Écritures – on peut du moins supposer qu’il s’agit du livre des Écritures – sur les genoux de sainte Anne, sa mère. Et elle pointe du doigt un passage. On peut penser que ce passage la concerne. Et l’on voit sainte Anne épanouie de voir que sa fille recherche l’explication des Écritures. Est-ce qu’à ce moment-là le Bon Dieu a permis à sainte Anne d’avoir déjà des lumières sur ce que serait plus tard sa fille ? Est-ce que la très Sainte Vierge lisant les Écritures, a‑t-elle déjà découvert un peu la grande vocation que le Bon Dieu lui donnait ? Nous ne savons pas. Mais en tout cas ce tableau est admirable et montre combien, dans la famille de la Vierge Marie, l’enseignement de la parole divine était déjà en usage et en pratique. C’était du moins la foi et nous devons penser, la croyance de tous les chrétiens.
Alors demandons à la très Sainte Vierge Marie de nous donner l’intelligence de l’Écriture, l’intelligence de notre foi, afin de pouvoir la communiquer aux autres.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.