Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Puisque la Providence a désigné ce jour du premier samedi du mois pour être la date de cette cérémonie d’ordination au diaconat et au sous-diaconat, je ne crois pas pouvoir mieux faire que de demander à la Vierge Marie de nous aider à mieux comprendre et à vous aider en particulier vous, mes chers amis, qui allez recevoir les ordres dans quelques instants, de mieux comprendre ce que l’Église demande de vous.
Si l’on en juge d’après les magnifiques prières qui sont dans le Pontifical pour ces ordinations, les ordres du diaconat et du sous-diaconat ont quelque similitude, tous deux font approcher d’une manière plus intime et plus voisine de l’autel et de ce qui prépare au Sacrifice de la messe.
Les sous-diacres vont recevoir le calice et la patène – vides sans doute – mais déjà l’Église leur permet de toucher les vases sacrés ; l’Église leur demande de veiller avec un soin particulier sur les nappes d’autel, sur les linges qui entourent le Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et l’Église fait remarquer que l’autel, c’est le Christ et que les vêtements qui entourent l’autel et qui ornent l’autel, sont les saints, les fidèles, le Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Ainsi les sous-diacres, pensant à la charge qui leur est donnée, auront aussi soin de ce Corps mystique de Notre Seigneur et – comme le dit si bien l’Église – ils purifieront les âmes qui devront s’approcher du saint autel et du Sacrifice eucharistique ; ils purifieront les âmes, par la céleste doctrine que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a enseignée.
Et c’est pourquoi, ils recevront aussi l’autorisation, le pouvoir de lire les Épîtres pour les vivants et pour les défunts. Ils toucheront ce livre des Épîtres et recevront ainsi la grâce particulière de pouvoir convertir les âmes par la parole et par la lecture de ces Épîtres. C’est donc une grande grâce que le Bon Dieu va leur faire.
Il en est de même pour les diacres, mais eux s’approcheront encore davantage du Saint Sacrifice de l’autel. Désormais ils pourront eux, porter les vases sacrés qui renfermeront le Corps, l’Âme, le Sang, la Divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Grande grâce certes de pouvoir ainsi s’approcher de si près de Celui qui est notre Dieu, de Celui qui est notre Rédempteur. Ils pourront exceptionnellement même, toucher le Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il puis, ils auront eux, la charge particulière de proclamer l’Évangile au monde, la parole de Dieu, la parole de Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même. Car c’est bien le Verbe de Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est l’auteur de la Sainte Écriture. Par conséquent, en annonçant l’Évangile, les diacres se feront les porte-paroles du Verbe de Dieu, de Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même. Charge importante certes, s’il en est une. Car si Dieu a voulu parler aux hommes, c’est bien pour leur apporter la Vérité ; pour apporter la lumière aux intelligences et les convertir à la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et tous deux, diacres et sous-diacres, revêtiront les uns la tunique, les autres la dalmatique, comme le dit si bien l’Église dans ses prières ; signes de la joie, signes de la joie et de la sainteté qu’ils doivent revêtir et qu’ils doivent rayonner autour d’eux. Car la grâce de Notre Seigneur Jésus- Christ porte en elle la joie, la joie d’être uni à Dieu, la joie qui est celle de Dieu Lui-même ; qui est sa gloire, qui est son habitacle ; qui est toute sa respiration en quelque sorte. Dieu respire la joie. Il ne respire pas la tristesse.
Mais pour arriver à cela, il faudra avoir cette grâce particulière et la remplir selon le désir de l’Église. Alors l’Église se permet de donner des conseils très stricts – je dirai presque sévères – aux sous-diacres et aux diacres, en leur demandant de s’éloigner du monde ; de s’éloigner de tous les désirs de la chair, de toute concupiscence de la chair, de la concupiscence des yeux, orgueil de la vie. Et c’est là particulièrement que je vous convie, chers amis, à regarder la très Saint Vierge Marie ; à jeter un regard sur la Vierge Marie.
Car si la Vierge Marie a été choisie pour être la Mère de Dieu, c’est bien parce que le Bon Dieu l’avait préparée d’une manière toute spéciale. Songez qu’elle a pu, par un privilège extraordinaire, être à la fois féconde et garder sa virginité. Elle est demeurée vierge, vierge avant, vierge pendant, vierge après son enfantement. Oui, c’est la grâce qu’elle a demandée elle-même, à l’Ange qui venait l’interroger. Elle a demandé comment cela pourrait se faire en gardant sa virginité. Et Dieu lui a répondu par la bouche de l’ange : C’est l’Esprit Saint qui opérera toutes ces choses.
Eh bien, si l’Esprit Saint qui a inondé la Vierge Marie, lui a donné ce privilège de rester vierge tout en enfantant l’Homme-Dieu, je pense qu’il vous demande aussi, à vous mes chers amis, puisque vous approchez de si près Notre Seigneur et qu’avec la grâce de Dieu, pour vous diacres, dans quelques semaines, si Dieu le permet par les paroles que vous prononcez à la Consécration, vous ferez aussi venir Jésus sur la saint autel, comme la Vierge Marie l’a fait venir dans son sein.
Eh bien, le Bon Dieu vous demande aussi, et l’Église vous demande, de rester vierge, de garder avec dévotion le célibat, de garder votre cœur pur de toute pensée qui n’est pas conforme à la sainteté de Dieu. Il ne s’agit pas du tout, de condamner le mariage et les personnes qui sont dans le monde ; elles sont dans le monde, elles ne sont pas du monde ; elles ne doivent pas être du monde. Dieu leur demande aussi, sinon les mêmes exigences, mais du moins la même vertu.
Et quand saint Jean nous dit que celui qui est ami du monde est ennemi de Dieu, eh bien, saint Jean veut dire par là que ceux qui sont amis de la concupiscence du monde, de ce monde de péché, de ce monde qui ne cherche qu’à désobéir à Dieu, de ce monde qui est rempli de cette concupiscence, qui l’éloigné de Dieu.
Et en effet, il n’est pas possible d’être en même temps ami de Dieu et de s’éloigner de Dieu par tous les actes de sa vie. Il faut donc choisir. Alors vous, vous avez choisi, mes chers amis, et vous le manifesterez tout à l’heure en avançant vers l’autel : Oui, nous avons choisi de nous donner à Jésus- Christ ; de ne penser qu’à Jésus ; de ne penser qu’à ses intérêts ; de ne vivre que pour son règne ; de tout faire pour que le règne de Notre Seigneur arrive, comme la Vierge Marie. Et elle aussi, parce qu’elle a été vierge, parce qu’elle a été choisie par Dieu pour être la mère de Jésus, est devenue aussi, membre du Corps mystique.
Alors ce pouvoir que Dieu lui a donné sur le Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous l’avez également en partage. C’est une ressemblance de plus que vous avez avec la Vierge Marie. Et c’est par elle que vous recevrez la grâce que vous allez recevoir dans quelques instants.
Vous serez un peu plus les fils de Marie, lorsque vous aurez reçu ces grâces. Alors demandez à la très Sainte Vierge, d’avoir aussi les vertus qui ornaient son âme et en particulier ces deux vertus que vous pouvez avoir et que vous devez avoir, que nous devons rechercher, que nous devons demander à Dieu par l’intercession de notre bonne Mère du Ciel : la sagesse et l’humilité.
La sagesse. Celui qui s’éloigne du monde, celui qui s’éloigne de tous ces soucis matériels, de tous ces soucis charnels, voit Dieu, contemple Dieu plus facilement, plus aisément. Et cela, l’exemple de toute la vie des saints l’a montré. Les saints se sont approchés de Dieu ; ils ont vu Dieu dans une certaine mesure, parce qu’ils étaient détachés du monde ; parce qu’ils étaient éloignés du monde.
Les âmes charnelles ne peuvent pas voir Dieu. Celles qui aiment le monde, ne peuvent pas voir Dieu. Alors elles ne comprennent pas Dieu ; elles ne peuvent pas Le comprendre. C’est ce que dit tout l’Évangile. C’est ce que dit Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même ; c’est ce que dit saint Jean dans sa première Épître : Non, celui qui est du monde, ne peut pas comprendre Dieu ; il n’a pas Dieu en lui. Et vous par l’Esprit Saint vous avez et vous aurez encore davantage Dieu en vous.
Alors si vous voulez vraiment avoir la sagesse de Dieu et vivre selon cette sagesse, dans toute votre vie, alors éloignez-vous du monde. Et cette sagesse, si vraiment vous la pratiquez, si vous la mettez en pratique, vous donnera l’humilité.
Comme le dit si bien saint Thomas d’Aquin : Plus on s’approche de Dieu, plus on connaît Dieu et plus on est certain de moins Le connaître. C’est là une vérité – je dirai presque fondamentale – dans la connaissance de Dieu. Plus l’on s’approche de Dieu, c’est saint Thomas qui le dit, plus on connaît Dieu, et plus on est convaincu qu’on Le connaît moins.
Et c’est précisément ce qui a fait la couronne de l’humilité des saints. Plus ils s’approchaient de Dieu, et plus ils se rendaient compte qu’ils étaient incapables de Le connaître, parce que Dieu est infini ; parce qu’il est infiniment plus grand que nous ; parce que nous ne sommes rien devant Dieu.
À mesure que nous comprenons la grandeur de Dieu, nous comprenons beaucoup mieux notre rien, notre néant. Nous sommes des serviteurs inutiles ; c’est l’Évangile qui nous le dit. Alors à mesure que vous aurez la sagesse qu’avait la très Sainte Vierge Marie ; à mesure aussi vous aurez son humilité. Et elle l’a manifesté dans toute sa vie cette humilité, ce néant ; elle s’est effacées devant son Fils ; elle disparaissait devant son Fils et cependant elle était présente, pour s’unir à sa vie, pour s’unir à ses souffrances.
Et il me semble que de même que la Vierge Marie a reçu tous ces dons et toutes ces vertus, vertu de sagesse, vertu d’humilité, il me semble que l’on ne peut pas séparer Joseph de Marie à cette occasion. Car il nous donne aussi une grande leçon de sagesse, une grande leçon d’humilité.
Si quelqu’un a eu une fonction sublime au cours de sa vie, c’est bien saint Joseph : la garde de Marie et la garde de Jésus. Nécessairement il a eu toutes les vertus qui lui étaient nécessaires pour remplir cette fonction extraordinaire, unique dans l’histoire de l’humanité.
Aussi saint Joseph a dû être rempli d’une sagesse extraordinaire. Il était par le fait même, rempli d’une humilité singulière. Quelqu’un a‑t-il été plus humble que saint Joseph ? Et pourtant quelqu’un a‑t-il eu une fonction plus sublime, plus grande, que celle qu’il a eue ?
Alors demandons aussi à saint Joseph, qui lui aussi a été vierge, qui lui aussi, par la grâce de Dieu a gardé sa virginité et son célibat, demandons à saint Joseph de nous donner cette grâce de la dévotion à la chasteté. Et en même temps demandons-lui aussi de participer à sa sagesse et de participer à son humilité. Alors nous serons prêts à recevoir ces grâces que le Saint-Esprit va vous donner dans quelques instants, mes bien chers amis.
Vous entendez plusieurs fois l’Église vous parler de l’Esprit Saint, de l’Esprit que vous allez recevoir. Pour les sous-diacres, vous entendez toute la liste des dons que le Saint-Esprit veut vous donner et vous donnera en abondance plus grande encore que celle que vous avez reçue jusqu’à présent.
Et pour vous diacres, vous l’entendrez par la forme même du sacrement que vous allez recevoir : Accipe Spiritum Sanctum, ad robur : Recevez le Saint-Esprit pour recevoir en particulier ce don de force qui vous fait lutter contre le démon et contre toutes les tentations de ce monde.
Voilà ce qui est la forme même du sacrement du diaconat. Par conséquent, l’œuvre qui va s’accomplir en vous dans quelques instants sera aussi comme pour la très Sainte Vierge Marie et pour saint Joseph, l’œuvre du Saint-Esprit.
Et nous le demanderons à saint Étienne, saint Étienne qui est particulièrement mentionné à l’occasion des diacres, qui fut aussi, lui, d’une grande sagesse puisqu’il a vu Dieu dès ici-bas et d’une grande humilité.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.