Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Permettez qu’avant de vous adresser quelques paroles à l’occasion de cette belle cérémonie du sacerdoce, j’adresse quelques mots à Son Excellence Mgr de Castro Mayer.
(applaudissements)
C’est un grand honneur et un grand encouragement d’avoir la présence de Mgr de Castro Mayer, ancien évêque de Campos, du Brésil, non loin de Rio de Janeiro, qui de l’autre côté de l’Océan a mené lui aussi le combat pour la Tradition, entouré de ses bons prêtres – dont quelques-uns sont ici, à côté de lui et l’entourent – a mené le bon combat de la foi et cela lui a valu les mêmes persécutions que celles que nous avons subies et que nous subissons toujours.
Et hier, j’avais l’occasion de lire, dans la petite brochure que ses prêtres ont éditée à l’occasion de son quarantième anniversaire d’épiscopat, une brochure dans laquelle ils ont édité quelques lettres pastorales de Mgr de Castro Mayer. Et la première lettre a pour objet précisément la Tradition. Car c’est en vertu de cette Tradition, c’est-à-dire en vertu du trésor que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a laissé dans les mains, a laissé dans les mains de ses apôtres pour qu’il soit transmis de génération en génération, que nous menons le bon combat. Car c’est cela qui nous fait chrétiens et qui nous fait catholiques, participer au trésor de la vie divine que Notre Seigneur Jésus-Christ est venu nous donner.
C’est cela la Tradition : c’est la préparation de la vie éternelle. Ce n’est pas une petite chose ! ce n’est pas un mot ! C’est une réalité profonde, une réalité qui doit nous mener à la vie éternelle. Sans la Tradition, c’est-à-dire sans le magistère de l’Église de toujours et sans ce trésor de la grâce qui est la participation à la vie même de Notre Seigneur qui est Dieu, nous ne pouvons pas atteindre la vie éternelle.
C’est donc notre vie de toujours qui est en jeu. En faisant cela, nous ne faisons pas du folklore ; nous ne sommes pas attachés à quelques vestiges du passé dont on pourrait facilement s’abstenir.
C’est pourquoi je remercie infiniment S. Exe. Mgr de Castro Mayer d’être venu parmi nous. Il a lutté au concile. Nous avons lutté ensemble pour empêcher que les erreurs du libéralisme qui sont un cancer dans la doctrine de l’Église, qu’elles ne se répandent dans les textes du concile. Ensemble nous avons lutté et nous nous sommes trouvés tous les deux à maintenir publiquement cette défense de la Tradition
Un bon nombre d’évêques pendant le concile ont lutté avec nous. Ils étaient près de 250. Mais après, les circonstances ont fait qu’ils sont rentrés dans leur diocèse, ou qu’ils ont donné leur démission, ou qu’ils sont morts. Et nous nous sommes retrouvés deux à résister à toutes ces conséquences lamentables de ce concile libéral, dont Paul VI lui-même, le pape Paul VI, disait que c’était une œuvre de démolition de l’Église et que la fumée de Satan était (entrée) dans l’Église. Il est bien juste que les évêques luttent contre la démolition de l’Église et contre la fumée de Satan
Mes chers amis, c’est à vous que j’adresse ces quelques mots, avant que vous receviez l’onction sacerdotale par l’imposition de nos mains et par les paroles du sacrement de l’ordre de la prêtrise
Vous êtes venus de vos familles, de votre milieu, de vos écoles, de vos cités, chacun ayant vécu dans une ambiance particulière, – famille très chrétienne, famille moins chrétienne, peut-être même hélas, famille ayant perdu la foi – et vous êtes venus avec le secours de la grâce, appelés par Notre Seigneur, vous êtes venus à Écône
Pourquoi Écône ? En ce temps-là, peut-être ne vous rendiez-vous pas parfaitement compte du combat qu’Écône menait. Vous êtes venus, parce que attirés par votre désir d’être formé dans la Tradition. Il vous a semblé en effet que se séparer de la Tradition, c’était se séparer de l’Église. Et donc recevoir des sacrements peut-être douteux et une formation en tout cas, qui n’est pas selon les principes du magistère de l’Église de toujours. Alors vous avez fait ce pas vers Écône, qui vous a valu sans doute des critiques, critiques peut-être de certains prêtres de votre entourage, critiques peut-être d’une partie de votre famille. Vous en avez souffert. Mais dans l’énergie de votre foi et avec la grâce de Dieu, vous êtes venus. Et vous avez trouvé la statue de saint Pie X
Que signifie donc, au milieu de cette cour d’Écône, la statue de saint Pie X ? Pourquoi saint Pie X ? Parce que saint Pie X, d’abord est le Patron de notre Fraternité et qu’il est le dernier pape à avoir été canonisé
Or, il a été canonisé pour la vigueur de sa foi et l’ardeur qu’il a mis à combattre les erreurs qui détruisaient la foi. C’est ce que dit l’oraison de la fête de saint Pie X. Oui, il a été canonisé pour cela, par le vénérable (pape) Pie XII
Et vous avez trouvé donc là le modèle, modèle de la science théologique, modèle de la foi, modèle du zèle pastoral. Saint Pie X vous a sans doute conquis tout de suite, par son aspect d’équilibre, de bonté, de sainteté, de vigueur, de force
Et puis vous êtes entré dans la maison. Vous avez fait quelques pas et vous avez trouvé la Vierge Marie. La Vierge Marie ouvrant ses bras pour vous accueillir. Cette statue qui avait été reléguée dans un grenier des églises de Chambéry, abandonnée. Magnifique statue du XVIIe siècle, en bois doré, que nos amis suisses ont ramenée pour qu’elle soit placée, pour qu’elle vous accueille. Magnifique statue de la Tutela domus : la gardienne de la maison
Et vous vous êtes agenouillé ; vous avez prié la Vierge Marie de faire de vous un bon séminariste, de faire de vous un bon prêtre
Et puis sans doute, accompagné par quelque ancien, vous vous êtes rendu pour visiter la chapelle et là vous avez trouvé – oui – la chapelle traditionnelle telle que vous la souhaitiez ; telle que vous la désiriez : au centre de l’autel l’Eucharistie, Jésus-Christ, avec la petite lampe signifiant à la fois que Jésus est la Lumière, qu’il est la chaleur de nos âmes, cette présence continuelle
Présence continuelle non seulement de ceux qui sont ici-bas, mais de tous les anges du Ciel, de tous les élus du Ciel autour de Notre Seigneur. Vous avez vu au-dessus du tabernacle qui renferme la Présence réelle de Notre Seigneur, un beau Crucifix. Car l’autel qui porte Notre Seigneur est l’autel du Calvaire, qui rappelle le Calvaire, le Sacrifice de Notre Seigneur
Tout cela était déjà pour vous un magnifique enseignement. Et je suis sûr que vous avez déjà dans votre cœur, été conquis par cette atmosphère. Sans doute atmosphère un peu austère. Parce que venant du monde, de l’ambiance de ce monde, surtout le monde d’aujourd’hui, très libre, se retrouver dans une maison de silence, une maison de recueillement, une maison d’études, vous sentiez déjà un peu sur vos épaules, peser cette discipline. Discipline nécessaire, discipline indispensable si l’on veut étudier sérieusement, réfléchir, prier, il faut le silence ; il faut le recueillement. Et je pense que lorsque l’on vous a donné votre cellule, vous y avez trouvé ce recueillement, ce silence
Et voila, dans cette cellule, je vais me trouver pendant six ans : une année de spiritualité, deux années de philosophie, trois années de théologie. – Oh cela vous a paru peut-être bien long : six ans avant d’être prêtre. – Est-ce que je vais résister à cette épreuve ? Eh bien, vous voici aujourd’hui prêt à recevoir le sacerdoce. Et je suis bien sûr que vous dites tous : c’est passé très rapidement. Nous avons vu les années passer sans nous en rendre compte
Et au cours de toutes ces années, vous avez approfondi ce trésor précisément de la Tradition que saint Pie X, que la très Sainte Vierge Marie, que Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même vous a mis dans les mains. La science, la science théologique, la foi, la lumière de Dieu dans nos âmes, le Verbe de Dieu dans nos intelligences nous apprenant le Credo ; nous apprenant les articles du Credo que vous avez médités pendant toute la durée de vos études. Dans la théologie, dans la philosophie – Dieu est Créateur de toutes choses visibles et invisibles – et son Fils Notre Seigneur Jésus-Christ, notre Rédempteur
Vous avez étudié : De Verbo Incarnato ; De Verbo Redemptore ; De Deo Redemptore. Et tous ces merveilleux chapitres de la science théologique qui ont pénétré dans votre âme et vous êtes devenu toujours plus convaincu que le centre de tout, de toutes vos études, le centre de votre piété, le centre de votre dévotion, le centre de votre cœur, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ. Il n’y a qu’un seul mot qui doive être dans votre cœur : celui de Notre Seigneur
C’est Lui auquel vous avez consacré toute votre âme et qui aujourd’hui vous donnera la grâce du sacerdoce. – Je ne suis qu’un pauvre instrument dans les mains de Dieu, pour vous conférer cette grâce du sacerdoce qui est une grâce extraordinaire, qui va vous faire vous conformer à Notre Seigneur Jésus-Christ plus que jamais. Quelle joie, mes chers amis, quelle reconnaissance vous devez avoir aujourd’hui à Notre Seigneur et à la très Sainte Vierge Marie qui nous donne toutes les grâces, d’avoir cet avantage aujourd’hui, d’avoir le privilège de devenir prêtre
Qu’est-ce qui peut caractériser – je dirai – l’ensemble de ces études, de cette ambiance du séminaire, cet entourage, c’est l’esprit d’adoration, l’esprit de dépendance . Un vrai séminaire nous met à l’image de ce qu’est le Ciel, dans l’adoration, l’adoration devant Dieu, devant Notre Seigneur JésusChrist qui est Dieu
Cette dépendance, cette obéissance de l’esprit, cette obéissance de notre volonté, cette soumission de nos cœurs, cette docilité de nos esprits à recevoir le Vérité de Notre Seigneur Jésus-Christ, quelle chose incroyable ! Et c’est cela, mes chers amis, que les fidèles qui sont ici présents et tous ceux qu’ils représentent – qui sont partout dans le monde – car il en vient du monde entier ici, des représentants du monde entier. C’est cela que les fidèles attendent de vous, que vous leur portiez les vérités de la Tradition : cette dépendance de Dieu. C’est cela la chrétienté. La chrétienté est un régime de dépendance du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est notre Roi et nous voulons qu’il soit notre Roi et nous nous soumettons à notre Roi
Par l’intermédiaire de notre bonne Mère du Ciel, qui nous montre l’exemple de la dépendance de Jésus
Et alors, on vous a appris aussi à vous mettre en garde précisément contre ce qui mine et qui réduit à néant cet esprit de dépendance. Or, vous le savez bien, vous avez suffisamment lu, étudié et écouté, pour savoir que cet esprit d’indépendance a toujours existé dans l’homme malheureusement depuis le péché originel. C’est l’esprit d’indépendance qui a poussé nos premiers parents à pécher. Et cet esprit d’indépendance est resté tout au long des siècles et le Bon Dieu l’a puni, le Bon Dieu l’a poursuivi et Il a mis sous sa dépendance un peuple spécial pour apprendre la dépendance de Dieu et garder encore la dépendance de Dieu dans le monde
Et puis, au cours des siècles, cette indépendance s’est toujours manifestée. Mais elle s’est manifestée d’une manière plus particulière encore par le protestantisme. Nous voulons être libres : liberté ! Nous voulons la liberté. Nous voulons l’indépendance. On veut être libres de l’Église. Nous ne voulons plus de l’Église romaine. Nous ne voulons plus du Saint-Siège. Nous voulons être libres, faire ce que nous voulons, interpréter l’Écriture comme nous le désirons. Nous voulons la liberté. Un sursaut d’indépendance
Et puis ce sursaut d’indépendance a produit une contagion terrible dans l’Europe. Si bien que les révolutions se sont faites partout au nom de la liberté, au nom de l’indépendance des peuples, au nom de la liberté, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
Et voilà comment les droits, droits des peuples, droits des hommes, droits des Sociétés… ce fut vraiment un cri d’horreur, un cri d’enfer qui a provoqué un véritable tremblement de terre dans toute la chrétienté jusqu’au moment de la Révolution (de 1789)
Cet esprit d’indépendance s’est encore manifesté d’une manière violente au moment de la Révolution : les droits de l’homme, la proclamation des Droits de l’homme, indépendance de l’homme vis-à-vis de Dieu. Voilà ce que l’on appelle le libéralisme : une fausse notion de la liberté. Et désir malsain de rejeter la loi de Dieu
Et puis ce libéralisme s’est répandu tout au long de ce XIXe siècle et tout au long du XXe siècle. Il s’est répandu au milieu des catholiques eux-mêmes
Et les papes – vous l’avez étudié dans ce cours que l’on vous a fait sur la doctrine des papes du XIXe siècle et du début du XXe siècle – vous montrant les condamnations continuelles des papes contre le libéralisme
Et ce libéralisme est précisément opposé foncièrement à la Tradition, foncièrement. On ne veut plus de ce qui s’est fait dans le passé de l’Église. On ne veut plus de chrétienté où Notre Seigneur est Roi, non seulement dans l’Église, mais dans les Sociétés, mais dans les familles, on n’en veut plus. C’est un temps passé, révolu
Et malheureusement ce principe du libéralisme a été adopté par le concile Vatican II. Ils s’en défendent. Ils ont fait des textes contradictoires pour essayer de se défendre contre les objections que l’on peut faire. En vérité, ils ont adopté le principe du libéralisme : liberté de l’homme
Et les conséquences s’en sont suivi immédiatement. Si l’on ne veut pas croire que ces textes sont vraiment des textes libéraux, il suffit de voir les conséquences. Les conséquences, ce sont l’œcuménisme, toutes les religions sur un pied d’égalité et la laïcisation des États. Cette abomination des États catholiques, au nom de la liberté religieuse, on a demandé à tous les chefs d’État de ne plus mettre dans leur constitution que la religion catholique était la seule véritable religion reconnue par le gouvernement. Laïcisation des États demandée au titre de la liberté religieuse
Et vous me direz que ce n’est pas le principe du libéralisme ! Mais c’est cela que le libéralisme a cherché : la laïcisation des États. Ce sont les principes de la franc-maçonnerie
Voilà où nous en sommes, mes bien chers amis
Alors, attendez-vous à combattre. Ce combat, comme je vous le disais, a commencé dès les débuts de l’humanité. Ne vous imaginez pas que ce combat est terminé et qu’à notre époque vous n’aurez plus à lutter. Et comme vous êtes les représentants de la Tradition, vous serez en butte à toutes les persécutions, à tous les ennuis que l’on pourra vous faire, parce que vous représentez la Tradition, parce que vous représentez la dépendance de Dieu
Alors que maintenant on veut l’indépendance vis-à-vis de Dieu. Ce n’est pas possible. Ces deux thèses ne peuvent pas se concilier. Combien je demande au Bon Dieu, mes chers amis, que vous soyez forts, courageux à l’exemple de notre saint Patron saint Pie X et que vous convertissiez les âmes et que vous les mainteniez dans la Tradition. Quel que soit ce que l’on peut vous dire – attachés à la Tradition – vous êtes catholiques. Et étant catholiques, vous ne pouvez pas être libéraux
Et par conséquent, si même les autorités de l’Église veulent que vous les rejoigniez pour être libéraux avec eux, non seulement vous avez le droit de ne pas obéir, mais le devoir de désobéir pour rester catholiques et faire rester catholiques tous ces fidèles qui attendent de vous la Vérité et non pas être entraînés dans un libéralisme qui est en train de détruire l’humanité
Alors soyez de bons et fervents apôtres de la Vérité ! Demandez à la Vierge Marie de vous aider et au cours de cette cérémonie… tous ceux qui vous entourent ici… – et nous vous remercions tous, mes bien chers frères, nous remercions les chères religieuses qui sont ici présentes en si grand nombre et tous les prêtres amis qui sont venus de loin, venus de partout, combien nous les remercions d’être venus donner ce témoignage d’affection, de soutien, témoignage de foi envers la Vérité, envers Notre Seigneur Jésus-Christ, de soutien au règne de Notre Seigneur Jésus-Christ
Quant à vous, mes bien chers fidèles, priez, priez de grâce, pour que le Bon Dieu multiplie les vocations, pour que dans le monde entier ces prêtres puissent se multiplier, qui vous gardent pour toujours dans la foi catholique, pour vous préparer par là à la vie éternelle vers laquelle vous désirez marcher et participer un jour avec vos parents qui sont déjà élus dans le Ciel.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.