Chers Amis et Bienfaiteurs,
Lorsque nous vous entendons parfois émettre le regret de ne pouvoir assister à la messe en semaine ou même le dimanche, nous compatissons de tout notre cœur à la peine intérieure que vous éprouvez de ce manque. Mais en même temps, nous ne pouvons nous empêcher de nous réjouir en constatant que la messe est encore suffisamment comprise et aimée pour que sa privation provoque en des âmes cette sainte douleur. Nous entendons d’ailleurs un autre écho de cette souffrance lorsque de nombreux prêtres évoquent les bancs trop souvent dépeuplés en face desquels ils célèbrent leurs messes de semaine.
Nous avons bien conscience des nombreuses raisons qui, aujourd’hui, rendent cette pratique de l’assistance à la messe de chaque jour difficile, voire impossible pour un bon nombre d’entre vous. Les premières chapelles où la bonne messe est célébrée peuvent se trouver encore bien éloignées de votre domicile et les moyens pour vous y rendre inexistants ou trop onéreux. L’emploi du temps de certains, par exemple de vous autres, chers pères et mères de famille, est quelquefois tellement chargé qu’il serait déraisonnable de vous astreindre, en plus, à cet effort pendant la semaine. La maladie ou les infirmités en clouent également plusieurs chez eux de telle manière que cette assistance à la messe quotidienne est inenvisageable.
Par ailleurs, cette crise si terrible, qui détruit l’Eglise de fond en comble sous nos yeux atterrés, vous interdit l’entrée de la plupart des églises, alors qu’elles sont souvent toutes proches de chez vous, parce qu’elles sont désormais fermées ou que s’y trouve célébrée cette liturgie nouvelle à laquelle il est impossible de prendre part. Indépendamment des meilleures intentions que nous supposons chez celui qui la célèbre, c’est dans l’expression même de sa prière que la nouvelle liturgie demeure toujours outrageante pour le Cœur de Dieu, notamment par l’édulcoration et la transgression du caractère propitiatoire de son sacrifice. De même que l’on ne va pas acheter le pain dans une boulangerie si l’on sait qu’il y est avarié, même si le boulanger nous semble au demeurant un brave homme ; de même la piété personnelle du prêtre ne suffit pas pour rendre bon le rite corrupteur de la Foi qu’il célèbrerait.
Pour être complet sur ce sujet, il nous faut encore citer ces autres messes de saint Pie V célébrées à la faveur des indults successifs, puis finalement du motu proprio. Il est vrai que nous vous en déconseillons la fréquentation. Placés sous la dépendance et sous la surveillance des évêques, les prêtres qui la disent, en supposant même qu’ils aient conscience de la gravité des erreurs propagées dans l’Eglise depuis quarante ans, ne se hasardent pas à s’y opposer fermement. Ils expriment le plus souvent leur choix de célébrer la messe de saint Pie V au motif décevant qu’elle s’accorde mieux à leur sensibilité ou à celle de plusieurs de leurs fidèles.
Certes, nous voulons encourager ces prêtres dans leur itinéraire. Mais, même pour les y aider, nous ne voulons pas que vous vous placiez dans des circonstances dangereuses où, allant assister à ces messes, vous risqueriez, vous-mêmes ou vos enfants, cette corrosion parfois insidieuse qui provient des imprécisions dans l’expression de la Foi, des libertés persistantes que l’on s’autorise dans la liturgie et surtout de silences et de complicités en présence des racines du mal qui existe à l’intérieur de l’Eglise. Nous savons avec quelle facilité s’opèrent les glissements doctrinaux et comment s’introduisent insensiblement les doutes et les remises en cause.
C’est dans ce contexte délicat qu’à l’occasion de cette lettre de Noël, nous voulons vous parler de la grandeur et de la souveraine amabilité de la messe afin qu’elle soit toujours mieux comprise et mieux aimée pour ce qu’elle est. Nous avons conscience, si nous parvenons un tant soit peu à dévoiler quelque chose de la beauté indicible de la messe, que nous risquons d’aviver encore la souffrance de ceux d’entre vous qui en sont privés. Mais cette souffrance n’est-elle pas finalement pour le bien, et la ressentir encore le signe que les âmes sont tournées vers ce qui est essentiel ? Quelle belle existence que celle qui se déroule toute centrée sur la messe, où la messe est véritablement comprise et vécue comme le cœur spirituel de la journée ! Et puis, nous ne terminerons pas cette lettre sans avoir évoqué les bienfaits de la communion spirituelle à laquelle tous peuvent s’adonner, en particulier lorsqu’ils sont dans l’impossibilité d’assister au saint sacrifice. Elle leur permet de s’unir chaque jour aux messes qui sont célébrées.
Notre désir ne tend donc, par ces lignes, qu’à favoriser l’amour et la connaissance du trésor de la messe pour encourager tous ceux qui le peuvent à faire l’effort d’y venir très souvent ou tous les jours, et ceux qui ne le peuvent pas à se joindre en esprit aux messes qui sont célébrées, de quelque endroit où ils se trouvent, par la communion spirituelle quotidienne. Que vous ayez la grâce de recevoir la communion eucharistique ou que vous deviez seulement faire une communion spirituelle, il s’agit, dans l’un et l’autre cas, du véritable cœur de chacune de vos journées !
Puissiez-vous donc, mes chers amis, vous accorder quelques instants de calme et de recueillement pour prendre le temps de réfléchir posément sur ce qu’est la sainte messe. Si l’ouverture de votre âme donne réellement à Dieu le loisir de vous faire pénétrer un peu plus avant dans ce mystère, vous vous retrouverez tout saisis et tout émus d’admiration devant sa grandeur. Faites appel à votre Foi, à tous les souvenirs de votre instruction religieuse et de votre piété.
Ressuscitez également en vous, si elles se sont un peu assoupies, les pensées et la ferveur qui furent les vôtres à l’occasion des terribles choix que vous dûtes faire de ne jamais assister ou de ne plus vouloir assister à la nouvelle messe, en dépit de toutes les difficultés et des croix que cette résolution allait vous coûter. Tous les combats que vous avez menés, depuis que les nouveautés liturgiques se sont répandues dans l’Eglise, ou tous ceux que vous avez rejoints, lorsque une grâce insigne vous en a manifesté l’existence et la nécessité, l’ont été à cause de la messe et pour l’amour de la messe. Mais en réalité, qu’est donc cette messe objet de tant de guerres, de haines et d’amours si violentes ? Que faut-il donc qu’elle soit pour mériter des combats si acharnés ? Vous le savez déjà. La messe vous place devant une réalité d’une telle importance et d’une telle gravité qu’elle légitime amplement toutes les guerres qu’elle a suscitées et la place unique que notre religion lui a octroyée dans le culte qu’elle rend à Dieu.
La messe est le renouvellement non sanglant du Sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de notre Dieu descendu du Ciel sur l’autel du Calvaire. Ce sont les mérites de ce Sacrifice qui, à jamais, ont surabondamment lavé l’outrage infini causé à Dieu par nos péchés. C’est par la vertu divine de ce Sacrifice que nous avons été délivrés de l’asservissement où nous retenaient les démons. C’est par le prix du Sang de Dieu que nous avons été définitivement rachetés et que nous disposons désormais, tout au long des siècles, de ce trésor inépuisable de grâces pour demeurer dans l’amitié divine, nous maintenir et croître dans la conformité à la Loi de l’Evangile. C’est encore par ce Sacrifice que les portes du Ciel, fermées depuis le péché originel, ont été de nouveau ouvertes.
Que nous le sachions et que nous y pensions ou non, c’est tout l’ensemble de notre vie et chacun de nos instants en particulier qui se trouvent liés en permanence et de la façon la plus intime au Sacrifice de la Croix ! Chaque seconde du temps de notre vie qui passe est en dépendance du Sacrifice du Calvaire et est donnée à notre âme pour qu’elle se lave dans ce sang adorable du Fils de Dieu inlassablement placé à la disposition de son rafraîchissement.
Que les hommes et les démons continuent à s’acharner à vouloir détruire et piétiner jusqu’à tous les calvaires et tous les crucifix de la terre, leur rage restera toujours impuissante contre la grandeur et le rayonnement salvifiques de cet acte infini de justice et d’amour : il demeure en effet pour l’éternité et sa puissance se manifeste infailliblement, soit par la place privilégiée que lui reconnaissent les âmes et les sociétés qui s’en trouvent purifiées et illuminées, soit par le dédain où elles le relèguent et qui les claustre alors dans leurs vices et dans leur décadence.
Voici donc que notre Foi nous a conduits au pied d’un autel où un prêtre commence à célébrer la sainte messe. Nous n’allons pas, il est vrai, au cours de ce temps que durera la messe, voir des yeux de notre chair le renouvellement du Sacrifice du Calvaire s’opérer devant nous. En effet, nous nous trouvons, tant que nous sommes encore sur cette terre, sous le régime de la Foi et non sous celui de la claire vision. Mais nous croyons fermement à ce qui nous a été enseigné par Dieu et par l’Eglise. Nous ne voyons pas mais nous croyons.
Nous croyons qu’à la messe, d’une façon invisible mais pas moins réelle, c’est bien le Sacrifice de Jésus-Christ, tel qu’il nous est raconté par les Evangiles, qui est rendu présent grâce aux rites célébrés par les prêtres. Les gestes, les paroles, la liturgie de la messe ne sont pas seulement les profonds symboles d’une sublime réalité qui s’est déroulée il y a deux mille ans. La messe n’est pas la simple commémoraison solennelle du Sacrifice que le Fils de Dieu a fait de sa vie. Ces signes sont divins. Ils sont parfaitement efficaces : ils accomplissent ce qu’ils signifient et rendent réellement présent sur nos autels ce sacrifice, exactement comme il eut lieu sur le gibet de la croix, en l’an trente-trois.
La seule différence entre ce jour où Notre-Seigneur Jésus-Christ, suspendu au bois de la croix, a versé tout le sang de son corps supplicié, et les messes qui n’ont cessé de se succéder depuis lors, c’est que tous ces renouvellements de l’unique Sacrifice ne sont plus sanglants. Notre-Seigneur ne souffre pas de nouveau, lorsque son immolation mystique est ainsi présentée à son Père, pour le Salut des hommes. Notre-Seigneur ne souffre plus parce que son corps, qui se trouve dans l’éternité bienheureuse, ne peut plus souffrir. Mais la messe est bien identiquement une seule et même chose que le Sacrifice de la Croix. Ceux qui y assistent sont placés devant la même réalité vivante que les personnes qui se trouvaient au pied du gibet de Jésus, lors de ses souffrances et de son expiation sur le mont du Golgotha.
Mais pourquoi Dieu a‑t-Il voulu que les messes puissent ainsi, tout au long de l’histoire des hommes, opérer partout et toujours le renouvellement du Sacrifice de son Fils ? Pourquoi avoir laissé de tels trésors dans les mains des hommes alors que Dieu savait bien à quel point les esprits des hommes sont charnels et le peu d’intelligence qu’ils auraient de cette ineffable cérémonie, l’ennui et l’indifférence qu’elle susciterait souvent ainsi que les outrages dont elle serait la cible ? Quelles mystérieuses raisons peuvent expliquer une telle décision divine ? Il ne s’agit pas de scruter la sagesse de Dieu, si relevée qu’elle aveugle les âmes assez présomptueuses pour croire en leur pouvoir de la pénétrer parfaitement.
Cependant, notre crainte de fixer nos yeux sur le soleil est justement tempérée par les voiles eucharistiques dont notre Dieu s’est recouvert. Tous les jours, à la messe, lumière infiniment plus vive que mille soleils, Dieu veut se laisser contempler par nos pauvres yeux de chair qui n’ont pas besoin de ciller pour Le regarder réellement présent sur l’autel. C’est donc à Lui, toujours condescendant pour venir parmi nous lorsque sont prononcées les paroles consécratoires, que nous nous adressons amoureusement pour qu’Il nous confie les raisons divines du choix du renouvellement de son Sacrifice.
Nous allons dire des réalités qui nous dépassent de toutes parts. Lorsque nous prononcerons ces mots, nous exprimerons d’incroyables choses sans bien savoir ce dont nous parlons. Mais si nous les comprenions, même d’une façon infinitésimale, nous cesserions aussitôt de parler, suffoqués par la prise de conscience de ce que nous disons et par l’incapacité radicale de nos mots pour exprimer de telles merveilles. Les plus sublimes paysages de cette terre, qui laissent les hommes bouche bée d’admiration lorsqu’ils les découvrent, donnent une pauvre idée de ce monde spirituel aux beautés suffisantes pour nous faire oublier tous les plus ravissants spectacles terrestres.
Nous disons donc, sans savoir les réalités que nous disons, qu’à la messe le Fils de Dieu, la deuxième Personne de la Sainte Trinité, présente de nouveau à Son Père le Sacrifice qu’Il est venu accomplir sur la terre. Car il est un saint ange, dont l’opération est attestée à chaque messe, et qui a pour mission de porter cette offrande sur l’autel de Dieu, en présence de sa divine Majesté. Et cet ange si saint, c’est Jésus-Christ Lui-même qui passe toute son éternité à offrir à son Père toutes les oblations de Lui-même renouvelées sur la terre, car rien n’est plus agréable à son Père que cette parfaite immolation et ces flots infinis de l’amour de son Fils montant vers Lui. Le renouvellement de la messe donne ainsi aux Trois Personnes de la Sainte Trinité la jubilation de cette éternelle scène, qui leur est toujours présente : l’amour infini du Fils devenu chair afin de réparer, de la façon la plus exquise et la plus divine qui se puisse concevoir, les outrages que nos péchés avaient commis contre le Dieu trois fois saint : la messe chaque jour pour réparer le mal de nos péchés quotidiens !
Quant à nous, nous nous trouvons donc à vivre dans la proximité de ce mystère qui se déroule à côté de chez nous et auquel nous assistons. Nous n’imaginons pas ce qui se passe en réalité à la messe et l’excellence de cette cérémonie. Notre Foi est si faible ! Lorsque nous croyons, que notre Foi demeure en réalité minuscule ! Comment pouvons-nous côtoyer des réalités si divines, les manier de nos mains, les manger et les boire de nos bouches et conserver nos esprits et nos cœurs si distants et si froids devant de tels mystères ? Pourquoi n’employons-nous pas tous nos instants, comme les vagues incessantes de la mer, à toujours et encore nous élancer, sans jamais nous lasser et du plus profond de nous-mêmes, vers le céleste rivage de l’Eucharistie ? Pourquoi, d’une messe à l’autre, ne sommes-nous pas affamés et altérés de cette nourriture et de ce breuvage qui sont tellement au-dessus de tous les autres ?
Quelle misère, Seigneur, de demeurer si loin de Vous lorsque Vous êtes venu vivre parmi nous ! Votre divin Sacrifice, c’est pour nous que vous avez voulu, de génération en génération, son renouvellement, afin qu’Il nous soit toujours présent et que nous lui soyons toujours présents, tout au long de l’histoire des hommes et de chacun d’entre eux. Vous avez voulu, en votre infinie condescendance, qu’il nous accompagne tout le long de notre pèlerinage terrestre, pour nous procurer notre nourriture quotidienne qui est Vous-même, nouvelle manne divine descendue du Ciel. Vous avez incroyablement favorisé l’émergence et la croissance de notre amour pour Vous par ces délicatesses infinies dont vous avez usé, vous qui avez décidé de rester avec nous sur terre jusqu’à la consommation des siècles. Ainsi, les âmes peuvent inlassablement vous retrouver tous les jours, au moment le plus sublime de votre existence, quand vous vous offrez en victime d’expiation sur la croix !
Cependant, en cet instant où je viens vers Vous, Vous qui êtes mon amour infini et la source de la miséricorde qui ne tarit pas, j’ai péché contre Vous, Seigneur, et j’ai tellement méconnu votre messe. Quelle misère que cet endurcissement de mon âme et mon obstination dans mes péchés ! Vous seul en savez la mesure ! Comment cela se peut-il ? Comment le prêtre lui-même peut-il être en même temps et le ministre quotidien du renouvellement de votre adorable sacrifice et l’auteur d’un autre malheureux renouvellement, celui de ses péchés plus nombreux que ses messes ?
Mais, Seigneur, le prêtre comme le fidèle lève quand même les yeux vers votre autel. Comment désespérer lorsque vous supportez encore que le premier monte à cet autel et que tous deux se trouvent en votre présence ? C’est parce que Vous, vous avez encore la force et l’amour de me maintenir dans l’existence que je dois me supporter encore, moi-même, pauvre pécheur. Mon âme, tu as coûté à Dieu le sang qui inonde cet autel et déborde de cette coupe. Toi qui as causé la mort d’un Dieu par tes péchés, auras-tu le front de mépriser par ton désespoir ce Sang versé pour toi et de lui ravir ton âme par le délaissement d’un tel Amour ?
Pourquoi donc avoir tant retenu mon cœur et le retenir encore ? Qu’attends-je donc ? Pourquoi mes atermoiements, pourquoi mon balancement et mes hésitations qui n’en finissent pas ? Comprenons-le enfin si nous ne l’avons jamais compris : notre vie n’a pas d’autre référence que la messe. Nous ne vivons que de la messe et nous ne mourons que dans son éloignement. Puissions-nous donc laisser nos cœurs un peu libres d’exister vraiment, libres d’aller là où Dieu les veut, libres de vivre de la seule véritable existence, toute de soif et de désaltération de la messe, libres enfin d’aimer cette messe si digne d’être aimée. Il est tellement juste qu’il en soit ainsi et tellement décevant qu’il en soit autrement ! Nous ne devons tout qu’à ce Sacrifice. C’est de lui que nous avons reçu tout ce que nous avons reçu et nous n’avons rien reçu qui vienne d’autre part que de lui. Tout ce que nous pouvons attendre et espérer, c’est de lui que nous l’attendons et que nous l’espérons. Comment donc le bouder encore ? J’irai vers l’autel, vers l’autel de mon Dieu qui a fait la joie de ma jeunesse, de ce Dieu incroyable qui toujours continue à s’acheminer vers moi, lorsque, toujours, je le fuis. Comme l’enfant prodigue, je reviendrai et j’irai me baigner dans ce bain quotidien de la messe. Mon âme s’en trouvera encore et toujours refaite et jamais mon Dieu ne me manquera. Telles sont les sentiments que l’âme chrétienne doit chercher à entretenir dans son âme à la pensée de l’auguste Sacrifice.
Mais si la rudesse des circonstances ne vous donne pas, bien chers fidèles, la grâce incomparable de pouvoir assister à la messe quotidienne, il reste que, là où vous vous trouvez, dans votre cuisine, dans votre bureau ou sur ce lit d’hôpital, il vous suffit de quelques secondes ou de quelques minutes pour unir votre âme à toutes les vraies messes qui sont célébrées et pour recevoir en votre âme, dans le plus saint des embrassements spirituels, le Dieu qui s’est fait hostie pour nous.
La puissance et la pratique de la communion spirituelle sont malheureusement souvent méconnues des catholiques privés de la messe. Parce que Dieu est Esprit et qu’Il nous a également dotés d’un esprit, la grâce nous permet de nous tourner intérieurement vers Lui pour y adhérer par la connaissance et par la charité. Nous pouvons alors, de toute notre âme, nous unir à Lui dans ce que l’on nomme justement une communion spirituelle et en recevoir d’immenses grâces d’affermissement intérieur, de soutien et de consolation pour toute notre journée. C’est grâce à la communion spirituelle que vous éloignerez les démons et les tentations et que vous vous placerez quotidiennement sous le grand rayonnement de la messe qui donne aux âmes la véritable vie, c’est-à-dire rien de moins que la vie de Dieu Lui-même !
La force des catholiques réside d’abord dans la divine union des âmes à Notre-Seigneur Jésus-Christ dont la vie se continue sur la terre par sa Sainte Eglise, et dans l’union spirituelle qui en résulte, les uns vis-à-vis des autres, union accentuée par la commune réfection à cette même nourriture spirituelle qu’est la sainte Eucharistie.
Nous vous souhaitons, chers fidèles, une bonne et sainte nouvelle année que nous confions à la très Sainte Vierge Marie qui, chaque jour jusqu’à son Assomption, reçut sans doute des mains de saint Jean la nourriture céleste qu’Elle-même avait donnée au monde. Elle vécut de communion en communion, de messe en messe, chaque jour plus intérieurement embrasée de cet échange infini d’amour qui la rend toute divine. Que notre propre existence apprenne à se situer dans ce seul sillage qui vaille !
Abbé Régis de Cacqueray, Supérieur du District de France