Deuxième épisode du reportage : l’ascension au Paradis.
Paraiso
Ce mardi 7 mars 2023, les camions-benne ont grimpé le versant abrupt de la montagne pour nous mener au Paradis… à Paraiso : en visaya, cela signifie le Ciel. Et c’est effectivement un vrai « petit coin de paradis » ! Dans ces hauteurs, on croit toucher les nuées, et la beauté de la nature nous rapproche de Dieu.
L’accueil est toujours aussi chaleureux, peut-être plus qu’à Datal Anggas, car la population, ici, est majoritairement catholique et le Father Tim ne rencontrera pas de réticences à recevoir la médaille miraculeuse ou le scapulaire. Car il y a un pasteur protestant à demeure à Datal Anggas. A Paraiso, une soixantaine de personnes s’engageront dans la milice de l’Immaculée, un bon gage pour… l’éternel Paradis.
Les médecins ne chômeront pas malgré une coupure d’électricité de midi à 6 heures du soir qui empêchera d’effectuer la petite chirurgie et certaines analyses. Un hommage particulier doit être rendu au dévouement du Docteur June Viray, notre pédiatre philippine de la mission, qui verra 72 enfants en consultations dans la journée.
Ainsi qu’au Docteur Misperos, fidèle dentiste philippine de la mission, qui arrachera des dents à 78 patients. C’est malheureusement le seul « soin » dentaire que nous pouvons proposer. Les trois généralistes recevront 167 patients.
La fin de journée sera plus détendue que celle de la veille, avec une météo plus favorable. Le bon Dieu nous a même offert une brise du soir digne du paradis terrestre. Lorsque les « cabinets de consultations » fermeront, des dizaines d’enfants s’agglutineront autour des bénévoles pour jouer au ballon, à la ronde et chanter à tue-tête, manifestant avec leur âme d’enfant la reconnaissance de cette joyeuse communauté villageoise pourtant matériellement si défavorisée.
Comme la veille au soir, la journée des volontaires s’achèvera à Kawas avec la messe célébrée par le Father Maret qui les encouragera à ne pas fuir ou esquiver les difficultés, les épreuves ou les contradictions qui permettent, avec la grâce de Dieu, aux papillons que sont nos âmes de sortir du cocon de l’égoïsme et du repli sur soi pour prendre leur envol vers… le Paradis !
Pag-Asa
Nous voici le 8 mars à Espérance, Pag-Asa en tagalog, la langue officielle des Philippines. La beauté de cette vallée arrosée par une rivière tumultueuse et la nature luxuriante laissent en effet espérer un futur développement rapide maintenant que le NPA (mouvement de guérilla communiste) a rendu les armes et que ces lieux sont devenus plus paisibles.
Ce mercredi, un dentiste et trois médecins philippins ont débarqué de Manille pour venir renforcer les rangs des volontaires. Le docteur Victoria est une paroissienne du prieuré de la Fraternité Saint-Pie X à Manille. Elle a invité deux confrères de sa promotion à l’accompagner à la mission. Ils sont les bienvenus car la foule est au rendez-vous.
Pendant qu’ils soignent les corps, le Father Tim poursuit sa mission : le directeur de l’école publique du village l’a prié de venir bénir ses locaux. Suivi par une foule d’enfants et leurs professeurs, le Père va manier largement le goupillon, en entonnant l’Asperges me et les Ave Maria. Le directeur de l’école qui déclare fermement être « Roman catholic » et vouloir mourir « Roman catholic » est très contrarié par l’offensive des sectes protestantes dans le barangay (quartier).
Cette année, grâce au Docteur Olivier, la mission est dotée d’un échographe. Quelques femmes enceintes ont déjà pu en bénéficier. Une femme cachectique de 39 ans, pesant à peine trente kilos, est venue de son village de montagne accompagnée d’une auxiliaire de santé, espérant trouver quelque soulagement à la mission, probablement atteinte d’une maladie du sang maligne en phase terminale.
Le Docteur Olivier a pu constater le stade d’évolution de la maladie, en détectant grâce à l’échographie des anomalies très importantes de la rate, un foie surdimensionné et des ganglions. Il eut la charge délicate de lui annoncer le diagnostic et de lui proposer de rencontrer un prêtre.
Father Tim va s’atteler à la tâche : cette femme n’est pas baptisée et les membres de sa tribu sont majoritairement protestants. Il va l’ouvrir aux réalités surnaturelles pour la préparer au Ciel. Ayant obtenu l’assentiment de la patiente, le Père se rendra au village, afin de procéder au baptême en présence de son époux et de ses enfants à qui il devra aussi expliquer l’urgence de la situation.
Le départ du Père se fait à la nuit tombante, à l’arrière d’une moto alourdie de son sac de voyage, de sa valise-chapelle arrimée au réservoir de l’engin, c’est l’image d’Epinal du missionnaire entièrement adapté à la vie de ses ouailles. La moto surchargée de passagers et de bagages est, en effet, le moyen de transport habituel du Philippin et de sa famille.
Father Tim qui agit en immersion totale, a appris le visaya et le parle couramment pour pouvoir comprendre les fidèles. Il mène une vie simple qui ressemble à la leur avec un dévouement inlassable : de puissants moyens d’apostolat qui touchent les cœurs !
Il pourra finalement donner le baptême à 4 heures du matin, après avoir longuement parlé avec la catéchumène et les membres de sa famille la veille au soir et au petit matin. On imagine qu’il a dû se reposer un peu entre les deux, sur une natte à même le sol, comme ses hôtes…
La cérémonie sera suivie de la célébration de la messe dans la hutte familiale, au cours de laquelle la nouvelle baptisée pourra recevoir son Dieu qu’elle espère maintenant retrouver au Ciel. Paraiso, Pag-Asa, Paradis et Espérance… Comment peut-on croire au hasard ?
De notre envoyée spéciale aux Philippines
Photos
Source : FSSPX.News