Rosa Mystica en mission dans les montagnes de Sarangani (3)

Troisième épi­sode du repor­tage. Dans les baran­gays d’Alabel : Alegria, Nop et Kawas.

Alegria

Qui peut croire au hasard ? Ce jeu­di 9 mars la mis­sion se déplace à Alegria : après le Paradis et l’Espérance, voi­ci l’Allégresse. Joie de pou­voir pour­suivre cette mis­sion, joie d’apporter un peu de sou­la­ge­ment aux malades et aux âmes.

Si tout se déroule avec faci­li­té et bonne humeur, c’est en grande par­tie grâce à la logis­tique prise en charge par la muni­ci­pa­li­té d’Alabel. Les employés muni­ci­paux démé­nagent le maté­riel à la fin de chaque jour­née de mis­sion, le trans­portent et le débarquent à la nuit tom­bée sur les lieux du len­de­main, tra­vaillant jusqu’au milieu de la nuit pour tout ins­tal­ler, afin que les volon­taires puissent se mettre au tra­vail dès leur arri­vée vers 8 heures du matin.

Ce jeu­di 9 mars le tra­jet de Kawas à Alegria est plus court, ce que ne regrettent pas for­cé­ment les béné­voles embar­qués acro­ba­ti­que­ment dans les camions-​benne ! Ambiance assu­rée, mais confort mini­mum. Ce lieu de mis­sion nous rap­pelle celui de Polomolok en 2019 : grand gym­nase fer­mé et foule plus impor­tante encore que la veille.

Les « anciens » de la mis­sion y ont retrou­vé Diana, née avec un bras unique et sans jambe, qu’ils avaient ren­con­trée à la mis­sion de 2017. Une jour­née avait été consa­crée aux soins des han­di­ca­pés, et l’ACIM lui avait pro­po­sé d’obtenir une chaise rou­lante gra­tuite qu’elle avait refu­sée, car elle se consi­dé­rait comme tout à fait auto­nome. Elle avait appris à vivre ain­si dans son vil­lage de montagne.

Le Docteur Araneta, oph­tal­mo­logue de Manille, a rejoint la mis­sion ce jeu­di pour les trois der­niers jours. Elle pour­ra dis­tri­buer les nom­breuses lunettes que les volon­taires ont appor­tées dans leurs bagages. Permettre à quelques myopes ou pres­bytes qui n’ont jamais por­té de lunettes de recou­vrer la vue, c’est un des « miracles » les plus visibles et très tou­chants de la mission.

Le Docteur Araneta rece­vra 41 patients dans la jour­née. Elle diag­nos­ti­que­ra quelques cas de pté­ry­gions, excrois­sance de tis­su qui enva­hit la cor­née, affec­tion très fré­quente aux Philippines. Elle fer­me­ra son « cabi­net » à la nuit tom­bée après tous les autres. Le bilan de la jour­née : près de 500 patients ont pu rece­voir des soins. Personne n’a chômé !

Nop

Vendredi 10 mars. La mis­sion s’installe à Nop – le Printemps en visaya – mais à 8 heures du matin, la cha­leur y est déjà plus esti­vale que prin­ta­nière… Le vil­lage en esca­lier est niché dans le creux d’une falaise, dans un écrin de ver­dure tro­pi­cale. Pour y par­ve­nir, il a fal­lu suivre une piste ser­pen­tant dans les rizières et les bana­ne­raies, tra­ver­sant quelques petits hameaux de huttes en bambou.

Le pas­sage des camions sou­lève beau­coup de pous­sière. Elle sau­poudre les rayons du soleil mati­nal qui s’infiltre à tra­vers les palmes des grands arbres, en un jeu d’ombre et de lumière douce. Mais il ne faut pas confondre la mis­sion Rosa Mystica avec un arti­fi­ciel tour ope­ra­tor !

Les expé­di­tions quo­ti­diennes qui ont conduit les volon­taires dans ces lieux per­dus, leur ont certes fait décou­vrir une nature et des pay­sages magni­fiques hors des sen­tiers bat­tus, mais sur­tout la vraie vie, la misère maté­rielle et bien sou­vent morale et spi­ri­tuelle de ces Philippins des mon­tagnes, croi­sés le long des pistes, ren­con­trés tout au long des jour­nées de mis­sion pas­sées avec eux.

Les éco­liers, en congé aujourd’hui – car les salles de classes se sont méta­mor­pho­sées en cabi­nets de consul­ta­tion, bloc opé­ra­toire, labo­ra­toire d’analyse et phar­ma­cie – nous accueillent en exé­cu­tant une danse endia­blée. Ils font vire­vol­ter leurs malongs mul­ti­co­lores, ce mor­ceau de tis­su tubu­laire à usage mul­tiple ser­vant entre autres de porte-​bébé, et entraînent avec eux les béné­voles enchantés.

Les chaises-​bureaux en bois ont été éva­cuées des salles de classes et trouvent leur uti­li­té dans la salle d’attente en plein-​air où les patients sont pro­té­gés du soleil par de vastes tentes cir­cu­laires, mon­tées et démon­tées chaque jour par les employés muni­ci­paux d’Alabel.

Encore une fois ce n’est pas un hasard si la Sainte Vierge est venue inves­tir ce lieu par deux pro­ces­sions d’ouverture et de clô­ture, et par l’apostolat des membres de la Milice de l’Immaculée. La majo­ri­té de la popu­la­tion y est pro­tes­tante ou musul­mane, et nous consta­tons que l’école a fait l’objet de la sol­li­ci­tude d’un autre orga­nisme « huma­ni­taire » : les petits bureaux en bois sont « signés », ils ont été offerts par la loge maçon­nique locale…

Maximilien Kolbe, dans les sta­tuts de sa Milice de l’Immaculée fon­dée en 1917, a clai­re­ment expri­mé sa fina­li­té : cher­cher la conver­sion des pécheurs, des héré­tiques, des schis­ma­tiques, et spé­cia­le­ment des francs-maçons…

A la fin de cette cin­quième jour­née de mis­sion, sté­tho­scopes, oto­scopes, oxy­mètres et ther­mo­mètres étaient déjà remi­sés lorsqu’un vieil homme extrê­me­ment faible et déchar­né, accom­pa­gné de sa fille, est arri­vé, por­té sur le dos d’un volon­taire afin d’être vu par un méde­cin. Cet homme ne peut plus rien ava­ler et se meurt de faim.

Le Docteur Olivier se remet au tra­vail et diag­nos­tique un can­cer avan­cé. Il doit une nou­velle fois l’annoncer au patient et à sa famille. Il l’invite aus­si à par­ler avec le Father Tim. Cet homme est de reli­gion bap­tiste, mais non pra­ti­quant. Il accepte de suivre le caté­chisme et de rece­voir le bap­tême qui lui sera don­né lun­di. L’homme retour­ne­ra chez lui sur un bran­card por­té par les soldats.

Sa fille, à qui j’avais un peu par­lé, m’a prise en affec­tion. Elle m’a entraî­née par le bras jusqu’à sa mai­son, pauvre masure de bam­bou dans ce bidon­ville de mon­tage. Nous y avons accé­dé par des ruelles étroites et sales au milieu des­quelles coulent des eaux usées pes­ti­len­tielles, et où s’accumulent toutes sortes de déchets.

L’homme fut dépo­sé dans sa « chambre », une petite pièce dans la fra­gile struc­ture de feuilles de bana­nier tres­sées, au sol béton­né sur lequel s’étale une vieille cou­ver­ture en guise de mate­las et de som­mier. Nous avons atten­du le Father Tim, assis sur les bancs du « salon ter­rasse » à claire-​voie autour duquel les habi­tants du quar­tier sont venus palabrer.

Une jeune femme par­lait un peu l’anglais et m’a expli­qué que cette famille était extrê­me­ment pauvre, et n’avait jamais pu envoyer son parent à l’hôpital, alors qu’il est malade depuis de longues années.

Après ces six jours de mis­sion Rosa Mystica, l’équipe per­ma­nente d’Acim-Asia pour­suit son tra­vail auprès des patients ren­con­trés. Elle tâche­ra d’apporter un peu de récon­fort à ce vieil homme pour sou­la­ger ses grandes souf­frances de fin de vie. Yolly ne l’abandonnera pas. Le Father Tim non plus. Avant de rendre visite à la famille, il veut d’abord pla­cer ce vil­lage majo­ri­tai­re­ment bap­tiste et musul­man sous le man­teau pro­tec­teur de Notre Dame de Compassion.

En pro­ces­sion, sui­vi par les enfants du vil­lage, il est des­cen­du de l’école jusqu’à la place du bourg où un petit autel a été dres­sé. Là, obser­vé par quelques curieux, il offre le vil­lage à la Sainte Vierge, afin qu’Elle soit pour ces pauvres par­mi les pauvres, le Salut des infirmes, la Consolatrice des affli­gés, la Mère de la divine grâce…

Kawas

Dernier jour de mis­sion. Il se dérou­le­ra dans l’école de Kawas, à quelques cen­taines de mètres du Pinobre park où les jeunes béné­voles ont été logés durant la semaine. Cette fois-​ci, c’est le grand préau muni­ci­pal qui sert de salle d’attente et de consul­ta­tion… et de pharmacie.

A la fin de la jour­née, lors du dîner de gala offert par la muni­ci­pa­li­té, l’heure du bilan sonne : ce sont presque 2500 patients qui ont pu être accueillis et soi­gnés par la mis­sion Rosa Mystica au cours de ces six jours pas­sés dans les mon­tagnes de Sarangani. Le maire d’Alabel, qui nous a hono­ré de sa pré­sence, nous a expri­mé sa pro­fonde gra­ti­tude après la tra­di­tion­nelle remise des Certificates of appre­cia­tion.

Il nous a invi­té à reve­nir l’an pro­chain, car de nom­breux autres vil­lages de sa cir­cons­crip­tion n’ont pu béné­fi­cier de notre visite. Trop courte aus­si au goût de tous les volon­taires, mais ce n’est que par­tie remise ! Merci à tous les bien­fai­teurs de la mis­sion Rosa Mystica, sans les­quels elle n’existerait pas !

De notre envoyée spé­ciale aux Philippines.

Toute l’équipe de la mis­sion Rosa Mystica 2023

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Source : FSSPX​.News

ACIM-Asia / Rosa Mystica

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