Cahier de chantier n°3 des bénédictines de Perdechat

Le maître maçon revient à la méthode ances­trale des fon­da­tions « romaines », plus éco­no­mique que la construc­tion industrielle.

Monastère Notre-​Dame de Toute Confiance à Perdechat

Moniales Bénédictines tra­di­tion­nelles en Auvergne
Cahier de chan­tier n°3
Parution du mer­cre­di 6 juillet 2022

Les travaux, rétrospective : les préparatifs de l’année 2021

Par Mère Ain [1]

Le temps s’étant remis au beau le tra­vail s’accélère.

31 mai fin des fon­da­tions par­tie réfec­toire des sœurs et ouver­ture sous le futur réfec­toire des hôtes.

On tire les arases entre deux bou­dins de sable. Elles sont ensuite talochées.

L’arase ain­si faite rece­vra la pre­mière pierre d’assise, bra­vo, c’est du bon tra­vail les gars ! Il faut lais­ser sécher la chaux un mois pour qu’elle atteigne une bonne résis­tance, à 100 jours cette capa­ci­té double ! La chaux est un maté­riau extra­or­di­naire que maî­tri­saient si bien les anciens. Ce que le temps fait, le temps ne le défait pas.

Le béton a une espé­rance de vie de 70 ans tan­dis que les construc­tions romaines sont encore debout !

Pour appro­fon­dir la ques­tion voi­ci les expli­ca­tions de notre grand ami M. Francis Mezzone :

De l’usage d’un principe constructif ancestral appelé « fondations cyclopéennes ou romaines » pour servir de fondement au futur bâtiment, édifié en pierres massives, du monastère Notre Dame de Toute Confiance à Perdechat.

Nous pou­vons lire dans le bel ouvrage du Maçon-​Plâtrier, du Carreleur, du Couvreur et du Paveur écrit par M. Toussaint Architecte (Librairie Encyclopédique Roret, Paris 1853) une excel­lente des­crip­tion de « (sic) la manière d’asseoir un bâti­ment c’est-à-dire en d’autres termes de le pla­cer sur un bon fond et d’apporter les plus grandes pré­cau­tions aux pre­mières assises ». Nous avons réflé­chi à la confec­tion d’un béton de chaux hydrau­lique, sable de rivière et gra­viers concas­sés lavés afin de pla­cer uni­for­mé­ment, à bain souf­flant de mortier/​béton, les pierres gra­nites issues de la démo­li­tion des anciens bâti­ments paral­lèles à l’église. Nous avons appli­qué, à la lettre, le prin­cipe de mise en œuvre tiré de cet ouvrage ce qui a don­né un véri­table mur enchâs­sé dans le ter­rain et qui répond par­fai­te­ment à la des­cente de charges des futures élé­va­tions et ce à la bonne pro­fon­deur défi­nie par l’étude de sol. Une arase en béton de chaux cou­ronne ces fon­da­tions sur 70 mètres linéaires sans joints de frac­tion­ne­ment (ce qui n’est pas pos­sible avec une arase en béton armé). Elle rece­vra ulté­rieu­re­ment les pierres mas­sives de l’édifice.

Les fon­da­tions « cyclo­péennes » ou romaines com­po­sées de pierres noyées dans un béton de chaux hydrau­lique étaient très usi­tées jusqu’en 1945 et depuis rem­pla­cées par le béton armé alors qu’elles pré­sentent de nom­breux avan­tages dans le bâti tra­di­tion­nel, sain(t !) et naturel.

Nous réflé­chis­sons actuel­le­ment à la concep­tion et fabri­ca­tion d’un béton romain pour d’autres fon­da­tions à venir sans pierres gra­nites mais sim­ple­ment com­po­sé de chaux vive, de pouz­zo­lane active et gra­viers basalte concassé/​lavé.

Notre réflexion s’appuie sur le com­po­sé extrê­me­ment stable ‑calcium-​aluminium-​silicate hydraté-(CASH) qui liait le maté­riau uti­li­sé pour construire cer­taines des struc­tures les plus durables de la civi­li­sa­tion occi­den­tale. C’est grâce aux tra­vaux d’une équipe de cher­cheurs de l’université de Californie, Berkeley, qui a exa­mi­né la struc­ture à fine échelle du béton romain, avec la source lumi­neuse ALS (adven­ced Light Source) que l’on peut lire dans un article publié en mai 2013 dans la revue de l’American Ceramic Society que ce « béton romain décou­vert dans la baie de Pouzzoles (au Nord-​Ouest de la baie de Naples, immer­gé dans l’eau depuis 2000 ans !) res­té cohé­rent et bien conso­li­dé dans des envi­ron­ne­ments mari­times très agres­sifs, est un des maté­riaux de construc­tion les plus durables de la pla­nète ». Alors pour­quoi ne pas rem­pla­cer le béton armé, dont la dura­bi­li­té dans les zones enter­rées et humides a une durée de vie infé­rieure à cent ans mal­gré les adju­vants, par un béton romain qui a lar­ge­ment fait ses preuves depuis 2000 ans ?!

Le spectre des normes « fran­çaises » en matière de garan­tie décen­nale plane sur nos réflexions et nos déci­sions… ! Notre culture et notre savoir-​faire dans le domaine du bâti tra­di­tion­nel a beau­coup per­du après les deux grandes guerres ain­si qu’avec la révo­lu­tion indus­trielle issue de la révo­lu­tion dite fran­çaise et manque tota­le­ment de phi­lo­so­phie réa­liste. La recette du béton romain décrit par Vitruve (30 ans avant Notre Seigneur Jésus Christ) prouve lar­ge­ment son effi­ca­ci­té dans les fon­da­tions des bâti­ments de grande envergure.

Cela n’est pas une garan­tie décen­nale mais plu­tôt bimillénaire !

Nous confions tous ces tra­vaux à saint Joseph, aux prières de nos chères béné­dic­tines sou­te­nues par celles de leurs amis et bienfaiteurs !

Je tiens, par­ti­cu­liè­re­ment, à expri­mer ma pro­fonde gra­ti­tude à toute l’équipe qui a par­ti­ci­pé à cette grande pre­mière étape et ce mal­gré des condi­tions cli­ma­tiques éprou­vantes (froid hiver­nal, pluies autom­nales, cani­cule esti­vale…) conju­guées à sou­hait par la Divine Providence ce qui n’a pas man­qué de nous faire gagner les grâces néces­saires, avec l’appui des béné­dic­tines, au bon dérou­le­ment de ces travaux.

Tout est grâce, Deo gratias !

Francis Mezzone

Règle de Saint Benoît

par Mère Idiènne

« Tu n’as pu veiller une heure ! Veillez et priez pour ne point entrer en ten­ta­tion. » Marc 14, 37–38

« Avant tout, qu’il ait l’humilité, et quand il n’aura point en son pou­voir ce qu’on lui demande, qu’il donne du moins une bonne réponse, ain­si qu’il est écrit : Une bonne parole est encore au-​dessus du don le meilleur (Eccli. XVIII, 17). » Chap. 31, Ce que doit être le cel­lé­rier du monas­tère. Texte lu le 9 juillet.

Récréation

de la Mère Icaine

Le saint pré­fé­ré de Mère Cerie est saint Thétique car il est inusable ! Mais elle aime beau­coup saint Lin aussi !

Perdechat veut dire : (réponse la pro­chaine fois)

  • Paradis pour chats
  • Paire de chats
  • Père Dechat
  • Pierre de chape
  • Sieur de Chapt

Et pour finir

Petit mot de Mère Ci

Chaque mois une messe est dite à toutes vos inten­tions. Merci !

En pas­sant au monas­tère vous pour­rez décou­vrir notre petite pro­cure et nos fabri­ca­tions monastiques…

Vous pou­vez aus­si nous aider par votre prière et par vos dons :
(reçu fis­cal sur demande)

Virement : IBAN : FR76 3000 4006 3900 0100 2246 752
BIC : BNPAFRPPCLF

Chèques à l’ordre de : NDTC (Notre Dame de Toute Confiance) à nous envoyer à : Monastère Notre Dame de Toute Confiance – PERDECHAT – 63330 VIRLET

Notes de bas de page
  1. Le mer­rain est une planche de chêne fen­due dans le sens de ses rayons médul­laires.[]