« Je voudrais vous raconter une histoire… » 

C’est par ces quelques mots que débute Lepanto, une pièce de théâtre que cer­tai­ne­ment, vous ne connais­sez pas. Vous n’avez jamais assis­té à une de ses repré­sen­ta­tions, igno­rant tota­le­ment son existence. 

C’est bien nor­mal. C’est tout nouveau. 

Lepanto : Lépante, en fran­çais, est plus qu’une simple pièce de théâtre. Et… nous aime­rions vous racon­ter son histoire.

Nairobi, début octobre 2023. 

Nouvelle année aca­dé­mique pour la petite école nou­vel­le­ment inter­na­tio­nale, Holy Cross, tenue par la FSSPX. Mais cette année n’est pas comme les autres. Elle marque les dix ans de l’institution. Il faut fêter cela. 

Fêter, oui, mais pas seule­ment. Il faut mar­quer le coup en met­tant en place quelque chose qui puisse, tout à la fois témoi­gner de la vita­li­té de cet endroit, affir­mer nos cou­leurs et notre foi, rendre hom­mage au pas­sé… et pour­quoi pas, faire un brin de marketing. 

Une ligne direc­trice plu­tôt vague, à laquelle il va fal­loir don­ner un souffle, un corps, une direc­tion… et concrè­te­ment un nom. 

Nous par­ti­rons sur un ‘dra­ma’. Place au théâtre ! 

Deux ques­tions vont légi­ti­me­ment se poser : pour­quoi et comment ? 

Pourquoi une pièce de théâtre pour les 10 ans de l’école Holy Cross au Kenya ? 

L’idée d’une pièce de théâtre d’envergure a tout de suite conquit le corps pro­fes­so­ral. En effet, ce for­mat a un poten­tiel que notre petite ins­ti­tu­tion va vite mettre à pro­fit : la diver­si­té des talents. 

Basée sur le Cambridge cur­ri­cu­lum, notre école pro­pose chaque après-​midi, à la suite des cours régle­men­taires, ce que l’on appelle par chez nous des Clubs. Qu’il soit aca­dé­mique, spor­tif ou artis­tique, le club n’a qu’un but : per­mettre à l’enfant d’être meilleur là où il était déjà bon. Et c’est dans ces clubs que va se construire Lepanto

Plutôt que de tra­vailler cha­cun dans son coin, la mise en com­mun de nos dif­fé­rents clubs per­mit un tra­vail d’équipe remar­quable, où, chaque enfant avec son art par­ti­cu­lier, contri­bua à l’harmonie de l’ensemble. Théâtre, cho­rale, ins­tru­ment, dance, jour­na­lisme, cas­cade, poé­sie, des­sin, cal­li­gra­phie et arti­sa­nat… il y en aura pour tous les goûts, per­met­tant à tous de pro­gres­ser dans leur dis­ci­pline particulière. 

Toujours dans ce « pour­quoi » : com­ment en est-​on venu au choix du thème ? Lépante. 

Il nous faut l’avouer en cou­lisse : au départ, c’était une simple bou­tade. Mais la bou­tade per­sis­ta, et il fal­lut bien se rendre à l’évidence : c’est une bonne idée. Audacieuse… mais bonne quand même. 

Cet épi­sode de l’Histoire, revi­si­té et roman­cé, nous atti­ra pour son énorme poten­tiel d’enseignement. Cette pièce for­me­rait non seule­ment nos enfants au point de vue de leur art, mais aus­si de leurs âmes. L’occasion de résu­mer en 52 minutes de nom­breuses valeurs et ver­tus chrétiennes. 

L’importance de la Foi et des sacre­ments, la beau­té de la chré­tien­té et des familles vrai­ment catho­liques, la néces­si­té de la vraie dévo­tion à Notre Dame, la pri­mau­té du bien com­mun, le cou­rage, la géné­ro­si­té, l’incontournable cha­ri­té… Toutes ces valeurs et bien d’autres seraient présentes. 

Mettre notre art et nos talents au ser­vice du Vrai et du Beau : tel fut bien notre objec­tif. Voilà la vraie réponse de notre « Pourquoi ». 

Comment ?

Quant au « Comment »… eh bien, en se retrous­sant les manches. 

Seulement 1 mois et demi nous fut don­né pour mener l’aventure à bien. Il n’y avait pas une minute à perdre. 

Il fal­lait com­men­cer quelque part. Que pensez-​vous de… d’écrire la pièce. Les grandes lignes furent donc posées en quelques heures, et le script com­po­sé en une semaine, pour per­mettre à nos acteurs (qui n’avaient pour ain­si dire jamais par­ti­ci­pé à une « vraie’ pièce de théâtre ») d’attaquer au plus vite le tra­vail de mémorisation. 

Une nou­velle semaine se passe dans l’apprentissage fébrile, alors qu’en paral­lèle, nous construi­sons l’indispensable estrade, tout en réflé­chis­sant aux décors et à leurs mécanismes. 

Les défis vont com­men­cer à s’accumuler. Comment cos­tu­mer nos acteurs dans un pays où le sweat à capuche et les crocs sont la livrée de base de l’habitant ? Comment expli­quer le jeu d’acteur et les dépla­ce­ments sur scène et en cou­lisse à des enfants qui n’ont jamais assis­té à une repré­sen­ta­tion théâ­trale ? Le temps manque. 

Il nous faut orga­ni­ser un camp Théâtre. Trois jours inten­sifs où nos acteurs passent par des ate­liers. Technique vocale, mémo­ri­sa­tion et expres­sion. Escrime scé­nique pour cer­tains, danse et chant pour d’autres. La pièce prend forme. 

Mais c’est quand les pre­miers cos­tumes rentrent dans la danse que la magie pénètre dans l’école. La plu­part de ces der­niers furent confec­tion­nés par nos soins. Les enfants s’approprient pro­gres­si­ve­ment leurs rôles et les décors s’ajoutent tan­dis que la mise en scène s’affine. 

Quelques photos

Mais alors que tout semble prêt, une semaine avant impact, une ter­rible réa­li­té nous rat­trape : les micros ne seront jamais suf­fi­sants. Il faut faire vite. Prendre une déci­sion : play­back. La pièce ne sera qu’une vaste bande son sur laquelle évo­lue­ront nos acteurs. Il faut donc pas­ser par la case enre­gis­tre­ment et édi­tion. Travail long et stres­sant, car encore une fois, le temps manque, et nos élèves n’ont jamais joué ainsi. 

Mais le Bon Dieu semble vou­loir cette pièce, et la répé­ti­tion géné­rale est un succès. 

Pour cou­ron­ner le tout, un de nos fidèles, ciné­ma­to­graphe, se démène pour nous pro­cu­rer un jeu com­plet de lumières, ajou­tant à la pièce ses ambiances prenantes. 

Il n’y a plus qu’à se jeter à l’eau. 

Nous sommes le 18 novembre. Devant un vaste public, Lepanto est joué. 

Et le spec­tacle est un succès. 

L’aventure aurait pu s’arrêter là. Les quelques 300 per­sonnes pré­sentes, pour cette com­mé­mo­ra­tion, auraient dû être les seules à connaitre cette pièce de théâtre. Il n’en fut pas ainsi. 

Nous sou­hai­tions qu’un maxi­mum de per­sonnes puisse pro­fi­ter de cette pres­ta­tion. Une équipe de camé­ra­mans vint donc fil­mer la pièce, et deux semaines d’édition inten­sives per­mirent de trans­for­mer le théâtre en ciné­ma, fai­sant de chaque acte un épisode. 

Un bien­fai­teur fran­çais nous ayant lar­ge­ment aidé finan­ciè­re­ment à cette fin, quelques nou­velles heures de tra­vail de tra­duc­tion et d’édition : voi­ci le film sous-​titré en français. 

Il ne vous reste plus qu’à le vision­ner, et à vous faire votre propre opi­nion des­sus. Notre sou­hait est que cette pièce soit lar­ge­ment dif­fu­sée, et que les valeurs, qu’elle prône, soient lar­ge­ment adoptées. 

La vidéo de Lepanto

Oui, il se passe des choses en Afrique. 

Oui, il pour­rait s’en pas­ser encore plus. 

Lepanto fut pos­sible grâce aux bonnes grâces du bon Dieu ain­si qu’à votre générosité. 

Si nos enfants vous ont fait vibrer, peut être pourriez-​vous consi­dé­rer de nous aider. Agrandir notre école, don­ner des aides sco­laires, per­mettre à tous ces enfants de gran­dirent dans une atmo­sphère vrai­ment catho­lique… Tout cela, vous pou­vez le faire. 

Et qui sait si l’an pro­chain, nos petits gars ne vous pro­po­se­ront pas un nou­veau film ? 

Un thème ?… Sainte Jehanne d’Arc… 

Tentant. 

Source : Ecole Holy Cross, Kenya