Historique et développement de la CMRC dans la FSSPX

Vierge à l'Enfant couronnée par les anges, par Gérard David

Historique de la Confrérie dans la Fraternité Saint-​Pie X

Dans son Traité de la vraie dévo­tion à la Sainte Vierge, Saint Louis-​Marie Grignion de Montfort avait émis l’idée d’une Confrérie Marie Reine des Cœurs : « …cette dévo­tion… n’est point éri­gée en confré­rie, quoiqu’il le fût à sou­hai­ter… » (VD 227).La pre­mière réa­li­sa­tion de ce sou­hait fut plu­tôt tar­dive, puisque la pre­mière érec­tion eut lieu à Ottawa, au Canada, en 1899. Le 27 décembre 1908, Saint Pie X accepte de don­ner son nom à la Confrérie « Oui, très volon­tiers je m’inscris au nombre des Prêtres de Marie » répondit-​il au Père Hubert-​Marie Gebhard, Procureur Général des MontfortainsC’est le saint pape lui-​même qui, en 1913, a éle­vé la Confrérie de Rome au rang « d’Archiconfrérie, à laquelle devaient désor­mais être rat­ta­chées toutes les confré­ries exis­tantes ou à venir » ((Dictionnaire de spi­ri­tua­li­té mont­for­taine, Novalis, 1994, p.93)). En 1956, Pie XII approuve les nou­veaux sta­tuts de la Confrérie, qui, avec Vatican II, subi­ra son aggior­na­men­to conci­liaire, et sera trans­for­mée, en 1991, en Association Marie Reine des Cœurs.

En 1987, une fidèle ange­vine de la Tradition, cherche à se faire ins­crire à la Confrérie. Elle reçoit, de la part des pères mont­for­tains, un cour­rier pos­té le 25 mars 1987 qui contient des docu­ments réfor­més. Ne vou­lant pas subir l’influence conci­liaire, elle renonce à s’inscrire, et com­mence à prier pour qu’il y ait un jour une Confrérie Marie Reine des Cœurs de Tradition. Déjà, fin 1988, une ten­ta­tive de Confrérie voit le jour autour du cha­noine Decornet, dans la région lil­loise, et, début 1989, un jeune sémi­na­riste de Flavigny, ori­gi­naire du Nord, est sol­li­ci­té pour y par­ti­ci­per. A cette date, les prières sont déjà un peu exau­cées, mais le pro­jet reste sans suite.

Le 18 août 1996, votre aumô­nier, donne sa pre­mière confé­rence sur Saint Louis-​Marie Grignion de Montfort au Congrès marial de Lourdes. La dame ange­vine y est pré­sente et l’entretient quelques minutes sur le sujet. Mais il ne lui laisse que peu d’espoir… Qu’importe ! Elle prie­ra de plus belle le Père Grignion afin qu’il fasse quelque chose ! Le 11 novembre 2000, votre ser­vi­teur prêche la pre­mière Récollection mariale avec le Père de Montfort pour le Tiers Ordre de Saint Pie X à l’école de Bitch… C’est le début d’une longue série de confé­rences qui abou­ti­ront, le 22 mai 2002 (fête de Sainte Rita, Avocate des causes déses­pé­rées), à l’ouverture d’un Registre de sup­pléance de la Confrérie confor­mé­ment aux pou­voirs accor­dés par Mgr Lefebvre à ses prêtres. L’angevine de Tradition a le pri­vi­lège d’être la pre­mière inscrite.

Durant le mois de mai 2003, se déroule une neu­vaine pré­pa­ra­toire à la fête de Marie Reine (31.V.2003) en vue de la pré­pa­ra­tion du dos­sier qui sera pré­sen­té à M. le Supérieur du District de France. Le 19 juin 2003, Fête Dieu, le dos­sier est prêt. M. l’abbé de Cacqueray donne un avis favo­rable. Par lettre du 27 juin 2003 (fête de Notre Dame du Perpétuel Secours), il adresse le dos­sier à M. le Supérieur géné­ral en vue d’obtenir son Placet. Plus de 100 per­sonnes vont être sol­li­ci­tées pour par­ti­ci­per aux neu­vaines pré­pa­ra­toires aux fêtes du Cœur Immaculé de Marie (22 août 2003) et de la Médaille mira­cu­leuse (27 novembre 2003). Le 15 décembre 2003, fête de Marie Reine dans l’ordre fran­cis­cain, une nou­velle lettre est adres­sée à Mgr Fellay, et le 3 jan­vier, à Rome, votre aumô­nier l’entretient sur le sujet. Suit immé­dia­te­ment une neu­vaine au Cœur Immaculé de Marie, Refuge des pécheurs (16 jan­vier 2004). C’est à la veille de la der­nière neu­vaine pré­pa­ra­toire à la fête de l’Annonciation (25 mars 2004), que, le 16 mars 2004, Mgr Fellay donne son appro­ba­tion. Mais, c’est seule­ment le 27 mars, après la neu­vaine, que l’auteur de ces lignes reçoit, par fax, la réponse de M. le Supérieur général.

La Confrérie Marie Reine des Cœurs a désor­mais une exis­tence offi­cielle dans la Fraternité Saint Pie X.

Le développement de la Confrérie dans la Fraternité Saint-​Pie X

Au début de l’année 2005, l’opération « 365 cœurs pour Marie Reine » a été orga­ni­sée pour lan­cer la confré­rie. Il s’agissait d’offrir un cœur, c’est-à-dire une ins­crip­tion, par jour à la Sainte Vierge. Cette opé­ra­tion fut un suc­cès. Fort de cette réus­site, l’opération « 1000 cœurs pour Marie Reine le 8 décembre » a été lan­cée au début de l’année 2006 pour asseoir la Confrérie. En réa­li­té, l’objectif était sen­si­ble­ment le même, car, pour y arri­ver, il fal­lait de nou­veau obte­nir une ins­crip­tion par jour, en moyenne, durant l’année.

Cependant, à la fin du mois de novembre 2006, la par­tie était loin d’être gagnée. En effet, il man­quait encore une cen­taine d’inscriptions. Pour avoir une idée de la dif­fi­cul­té, il faut savoir que le mois de décembre 2005, mois qui avait jusque-​là enre­gis­tré le plus grand nombre d’inscriptions, n’en avait appor­té qu’une soixan­taine, ce qui était, à l’époque, le double de la moyenne mensuelle.

Le 8 décembre, avant la messe de l’Immaculée Conception, le secré­ta­riat de la confré­rie avait en sa pos­ses­sion la 999e demande. Ce soir-​là, une messe « en action de grâce pour le 1000e membre de la confré­rie », pré­vue depuis un cer­tain temps, était célé­brée. A la fin de la messe, la 1000e demande était bien au rendez-​vous ! Mais, par­mi ces demandes, cer­taines n’étaient pro­gram­mées que pour le 10 décembre, du fait de l’absence de messe le 8 dans cer­taines cha­pelles. Marie n’aura donc eu son mil­lième cœur que le 10 décembre. Mais ce petit déca­lage dans le temps n’est pas sans signification.

A la date du 10 décembre, on peut lire dans le Martyrologe romain (1959) : « A Lorette, dans les Marches, la trans­la­tion de la sainte mai­son de Marie, Mère de Dieu, mai­son dans laquelle le Verbe s’est fait chair ». Le 10 décembre n’est donc qu’un pro­lon­ge­ment de la fête de l’Annonciation célé­brée le 25 mars. Or, le Traité de la vraie dévo­tion affirme que « Le prin­ci­pal mys­tère qu’on célèbre et qu’on honore dans cette dévo­tion est le mys­tère de l’Incarnation » (VD 246). C’est pour­quoi, les vrais dévots doivent avoir « une sin­gu­lière dévo­tion pour le grand mys­tère de l’Incarnation du Verbe, le 25 mars, qui est le propre mys­tère de cette dévo­tion » (VD 243).

Mais ce n’est pas tout. Dans la bio­gra­phie écrite par le Père Le Crom, on peut lire en note : « Qui avait ins­pi­ré à Montfort le vocable de Reine des Cœurs ? Sa dévo­tion par­ti­cu­lière certes, mais aus­si les sou­ve­nirs de Saint-​Sulpice. En effet, Monsieur Tronson avait déci­dé Monsieur Bourbon, un fervent de Lorette, à bâtir au milieu du parc d’Issy, une cha­pelle sur le modèle de la Sainte Maison de la Vierge. On la dédia à Marie Reine des Cœurs… En 1695, les Indiens de Montréal y envoyèrent un grand nombre de cœurs ; d’autres cœurs en or étaient sus­pen­dus » (Clovis, 2003, p.194, note 1).

La Providence a mon­tré, par ce petit contre­temps, que tous ceux qui ont tra­vaillé à gagner des cœurs à leur Reine se sont ren­dus agréables à Dieu… C’est bien grâce à leur zèle ani­mé, joint à l’approbation, et à la béné­dic­tion accor­dées le 16 mars 2004 par Mgr Fellay, que ce résul­tat aura été obtenu.

Et main­te­nant, un petit cal­cul. Si l’on compte le nombre de jours écou­lés depuis le 16 mars 2004 jusqu’au 10 décembre 2006, on obtient un total de 1000 jours. Depuis cette date, la Confrérie aura donc offert un cœur par jour, en moyenne, à Marie Reine.

Enfin, une consi­dé­ra­tion. Le Dictionnaire de spi­ri­tua­li­té mont­for­taine (pp. 95–96) signale qu’en France « le nombre des ins­crip­tions n’a ces­sé de croître jusque vers les années 1945–1950… A titre d’exemple, le centre de Saint Laurent sur Sèvre a enre­gis­tré, en 1943, 1200 nou­veaux membres… Aujourd’hui [en 1994], le registre de Saint Laurent-​sur-​Sèvre fait état de 750 ins­crits envi­ron… » Il est vrai, qu’entre-temps, il y a eu la mon­tée de la Nouvelle Théologie, dans les années 50, et la célé­bra­tion du concile Vatican II…

Un demi-​siècle plus tard, en 1000 jours, la Confrérie Marie Reine des Cœurs aura mani­fes­té, à sa manière, la vita­li­té mariale de la Tradition !