Histoire du Grand Pardon ou Jubilé de Notre-​Dame du Puy

Avant d’entrer dans le vif du sujet, rap­pe­lons som­mai­re­ment quelques élé­ments rela­tifs aux jubi­lés dans la Sainte Ecriture.

L’idée pri­mi­tive du jubi­lé se trouve dans l’Ancien Testament :

- tous les sept ans reve­nait l’année sab­ba­tique pen­dant laquelle les tra­vaux agri­coles de labour, semailles et mois­sons étaient pro­hi­bés. Les fruits qui nais­saient spon­ta­né­ment du sol étaient pro­prié­té de tous, spé­cia­le­ment des indi­gents et les dettes étaient remises, sauf celles contrac­tées par les étrangers.

- le jour de la Fête de l’Expiation de la quarante-​neuvième année (sept semaines d’années), le son des trom­pettes sacrées [1] annon­çait l’année jubi­laire, plus solen­nelle encore, qui se célé­brait tous les cin­quante ans. Plus que l’année sab­ba­tique, elle était un temps de rémis­sion : toutes les dettes étaient abo­lies, les terres et les mai­sons alié­nées reve­naient gra­tui­te­ment à leurs anciens pro­prié­taires, même au cas où l’acquéreur tem­po­raire les avaient vouées au ser­vice du temple, les esclaves israé­lites recou­vraient leur liber­té.
Même si la mise en pra­tique de ces pres­crip­tions reste mal connue aujourd’hui, ces dif­fé­rentes pré­ceptes rap­pe­laient aux Israélites qu’il y avait pour eux d’autre inté­rêts que ceux d’ici-bas, qu’ils n’étaient point les vrais pro­prié­taires d’un sol que Dieu seul leur avait confié et que tous étaient ser­vi­teurs de Dieu.

Dans le Nouveau Testament, Notre-​Seigneur, au début de son minis­tère public, lit un pas­sage de la pro­phé­tie d’Isaïe qu’il s’applique à lui-​même [2] : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consa­cré par l’onction, pour por­ter la bonne nou­velle aux pauvres. Il m’a envoyé annon­cer aux cap­tifs la déli­vrance et aux aveugles le retour à la vue, ren­voyer en liber­té les oppri­més, pro­cla­mer une année de grâce du Seigneur. Il replia le livre, le ren­dit au ser­vant et s’assit. Tous, dans la Synagogue, tenaient les yeux fixés sur lui. Alors il com­men­ça à leur dire : Aujourd’hui, cette Ecriture est accom­plie pour vous qui l’entendez ».

Même si, his­to­ri­que­ment, la nais­sance du jubi­lé chré­tien s’explique par divers fac­teurs sans lien avec l’Ancien Testament, on peut tou­te­fois trou­ver des fon­de­ments doc­tri­naux et spi­ri­tuels dans les pres­crip­tions d’attente de la Sainte Ecriture.

L’appartenance à Dieu, l’homme pécheur, le retour du chré­tien à Dieu, la puri­fi­ca­tion, la conver­sion, le béné­fice de la Rédemption, la misé­ri­corde, le par­don, la rémi­si­son des péchés, la remise de la dette, la com­mu­nion des Saints sont autant d’éléments qui inter­viennent dans le Jubilé.

Les origines du Jubilé du Puy.

Aux approches de l’an mil, en une période de grand désordre que ce soit dans l’Église ou dans le monde féo­dal, bien des phé­no­mènes lais­saient pré­sa­ger la fin des temps. Bien que l’Église n’autorisât pas la croyance en la fin pro­chaine du monde, croyance entre­te­nue par maints vision­naires et illu­mi­nés, les mul­ti­tudes des fidèles par­taient en pèle­ri­nage pour se confier à la misé­ri­corde divine. De plus, une croyance était accré­di­tée selon laquelle la fin du monde arri­ve­rait lorsque l’Annonciation tom­be­rait un Vendredi Saint. Or, cette rare et mys­té­rieuse coïn­ci­dence, unis­sant dans le même jour du 25 mars les mys­tères de l’Incarnation et de la Rédemption, s’était pro­duite en 970 et 981. Elle devait se renou­ve­ler en 992. En rai­son des foules nom­breuses qui venaient habi­tuel­le­ment au Puy, fut ins­ti­tué en cette année 992 un jubi­lé solen­nel. Il fut le pre­mier d’une longue série[3]. Il se renou­vel­le­ra toutes les années où l’Annonciation se ren­con­tre­ra avec le Vendredi Saint. L’occurrence des deux évé­ne­ments le 25 mars se pré­sen­te­ra en l’an­née 2016 pour la trente-​et-​unième fois depuis 992. Le jubi­lé de Notre-​Dame du Puy est ain­si le plus ancien de tous les jubi­lés de l’u­ni­vers catho­lique[4].

Tout au long des siècles, les papes se sont plu à enri­chir le sanc­tuaire de nom­breuses faveurs et indul­gences spi­ri­tuelles. De plus, le sanc­tuaire béné­fi­cie du pri­vi­lège des sept autels ou sta­tions romaines, en sorte qu’en allant prier à sept autels de la cathé­drale du Puy, on gagne les mêmes indul­gences qu’en allant prier aux sept grandes basi­liques de Rome[5] .

Les jubilés aux XVe et XVIe siècles.

En 1407, fut célé­bré celui qu’on consi­dère ordi­nair­ment comme le dixième jubi­lé, le pre­mier à être bien connu. Il se dérou­la sous l’épiscopat d’Élie de Lestrange, évêque du Puy de 1397 à 1418 [6]. Il ne dura qu’un seul jour, le 25 mars. Les rai­sons de venir au Puy étaient nom­breuses : essayer de mettre fin au Grand Schisme d’Occident, prier pour la san­té du roi Charles VI, lui-​même venu au Puy en 1395 et implo­rer la Vierge Marie pour la paix mena­cée par la dés­union de la famille royale, Jean sans Peur, duc de Bourgogne, ras­sem­blant des troupes et mena­çant son cou­sin Louis d’Orléans [7]. Le pape Benoît XIII d’Avignon ne mani­fes­ta aucun empres­se­ment envers ce jubi­lé. Il n’avait d’ailleurs rien fait pour favo­ri­ser ou pour inter­dire l’Année Sainte 1400 et cela avait per­mis alors aux fidèles de l’obédience avi­gnon­naise de se pré­ci­pi­ter à Rome

De la même manière, dans l’espoir de gagner le « par­don géné­ral de peine et de coulpe », la foule se pres­sa en rangs ser­rés dans l’escalier qui monte à la cathé­drale. L’affluence fut telle qu’ il y « eut bien deux cens per­sonnes mortes et esteintes » [8] et que l’évêque deman­da à Martin V qu’il avait ren­con­tré au Concile de Constance, d’allonger la durée du onzième jubi­lé en 1418. Dans sa lettre au pape, l’évêque évoque l’existence du jubi­lé depuis des « temps immé­mo­riaux ». Le pape pro­lon­gea le jubi­lé jusqu’au mar­di de Pâques.

En 1418, le Grand Schisme est ache­vé et le jubi­lé est pré­sen­té comme « une indul­gence salu­taire à la louange de la Vierge, et salut des âmes des visi­teurs de l’oratoire sin­gu­lier ». Les pèle­rins sont pré­sen­tés comme des « romyaults » i.e. comme des pèle­rins qui se seraient ren­dus à Rome, des Romées.

En 1429, le dou­zième jubi­lé fut un véri­table pèle­ri­nage natio­nal où s’amorça la déli­vrance de la France. Il fut pro­lon­gé jusqu’au dimanche de Quasimodo.

A l’Annonciation de 1420, le futur Charles VII confia à Notre-​Dame du Puy la situa­tion déses­pé­rée de la France, juste avant la vente du royaume aux Anglais. Devenu roi, Charles VII revien­dra quatre fois encore à l’église angé­lique. En 1422, au début de son règne, il accou­rut au Mont Anis pour deman­der aide et pro­tec­tion. Il y revint en jan­vier 1424, et en décembre 1425. Sans être pré­sent au jubi­lé de 1429 qui fut un véri­table pèle­ri­nage natio­nal, du 25 mars au 3 avril, le roi Charles VII, en rai­son de « la grande pitié du royaume de France », ain­si que le peuple, mit toute son espé­rance en le secours de Notre-​Dame. Tant de confiance allait être récom­pen­sée. Une inter­ven­tion mira­cu­leuse se pro­dui­sit : Jeanne d’Arc appa­rut et la France fut mira­cu­leu­se­ment sauvée.

Jeanne d’Arc vou­lut elle-​même mettre son entre­prise sous la pro­tec­tion de Notre-​Dame du Puy. Elle conce­vait ce jubi­lé comme le point de départ de la rédemp­tion de la France. Dans l’esprit de l’héroïne, c’était au moment où la prière de la France entière reten­ti­rait sous les voûtes du sanc­tuaire du Mont Anis que la sainte Vierge mani­fes­te­rait son inter­ven­tion mira­cu­leuse en faveur du pays occu­pé. La convic­tion de sainte Jeanne d’Arc était si forte que, ne pou­vant se rendre au Puy, rete­nue à Poitiers, elle se fit repré­sen­ter au jubi­lé par sa mère, Isabelle Romée, par ses frères Jean et Pierre et par plu­sieurs che­va­liers de son escorte de Vaucouleurs à Chinon. Jeanne d’Arc pria donc au Puy par le tru­che­ment de sa famille et de son entou­rage. Le jubi­lé s’acheva début avril 1429. Le 29 du même mois, Jeanne entrait dans Orléans et la déli­vrait tota­le­ment le 8 mai sui­vant. Le 17 juillet de la même année, dans l’octave de la dédi­cace de Notre-​Dame du Puy, Charles VII était enfin sacré à Reims et cou­ron­né roi de France. Il n’était pas ingrat. Il vou­lut mani­fes­ter sa recon­nais­sance en venant en 1434 remer­cier solen­nel­le­ment Notre-​Dame du Puy qui avait dai­gné bénir sa cou­ronne et sau­ver la France.
Il fut sui­vi des jubi­lés de 1502, 1513 et 1524.

En 1502, l’évêque du Puy crut que le récent jubi­lé de l’Année Sainte romaine de 1500 dimi­nue­rait consi­dé­ra­ble­ment le nombre des pèle­rins du Puy. L’Année Sainte romaine ayant vu « tant de indul­gences & remis­sions », ce jubi­lé connut une rela­tive impré­pa­ra­tion. Aussi l’évêque ne recourut-​il pas au Saint-​Siège pour obte­nir une pro­lon­ga­tion du jubi­lé. Mal lui en prit, car il y eut à par­tir des Rameaux une foule tel­le­ment consi­dé­rable de pèle­rins venus de France, d’Espagne, d’Italie, d’Angleterre et même de Grèce que les trois mille confes­seurs dont l’évêque s’était pour­vu ne suf­firent pas et qu’on dut en ajou­ter encore un mil­lier. Ils étaient éche­lon­nés dans la basi­lique ; les églises, les porches, les cou­vents dans et hors de la ville, les cime­tières en étaient bon­dés. Il faut rele­ver l’émerveillement des cha­noines à la venue des Grecs, dont une femme capable de lire les textes saints rédi­gés dans cette langue que recé­lait la biblio­thèque capi­tu­laire. Un acci­dent qui pro­dui­sit cent morts fit que la cathé­drale dut en par­tie être fer­mée et la Vierge Noire et le Saint-​Sacrement furent pla­cées devant son entrée. Le par­cours emprun­té par les pèle­rins aux abords et à l’intérieur de la cathé­drale se fit sous mode de « conduite for­cée ».Un témoin du jubi­lé de 1502 raconte : « ils allèrent à l’église, pas­sèrent devant la pierre qui gué­ris­sait de la fièvre, devant le tableau célèbre des Neuf Preux, devant l’autel où un prêtre don­nait sans relâche la béné­dic­tion du Saint-​Sacrement, ils s’agenouillèrent aux pieds de la sta­tue glo­rieuse de Notre-​Dame, défi­lèrent dans la cha­pelle du Crucifix, et firent tou­cher des objets aux reli­quaires qui étin­ce­laient au milieu des cierges allu­més. Ils remirent une aumône avant de s’éloigner ; puis, en une pro­ces­sion impo­sante et recueillie, ils quit­tèrent la ville » [9].

En 1513, le jubi­lé, mieux pré­pa­ré, fut en tout édi­fiant « le tout bien rumy­né & pro­fun­de­ment consi­dé­ré, soit creu que Nostre Seigneur & la Vierge Marie condui­soient tout cest affaire ». Les pèle­rins se confes­sèrent avant ou pen­dant le par­cours. La vue du Corps du Christ fut « aux poures repen­tans chose moult lachrimable ».

En 1524, le jubi­lé donne occa­sion de défi­ni­tions plus amples : le Puy est le lieu où l’on trouve la porte du Paradis ouverte. Le jubi­lé est assi­mi­lé au grand pas­sage du Jugement der­nier, lequel à son tour est décrit comme « le Grand jubi­lé au royaume de Paradis ». Médicis [10] assigne à cette date plu­sieurs évé­ne­ments prin­ci­paux de l’Histoire sainte. En plus de l’Annonciation et du Vendredi Saint, se ren­contrent les occu­rences sui­vantes : la créa­tion d’Adam, le meurtre d’Abel, l’offrande de Melchisédech, le sacri­fice d’Isaac, la décol­la­tion de saint Jean-​Baptiste, la cap­ti­vi­té de saint Pierre, le rachat de saint Jacques sous Hérode, de nom­breuses résur­rec­tions de saints avec Notre-​Seigneur, le salut du bon lar­ron ; à quoi il faut ajou­ter l’indulgence du Puy.

Que dire de l’implication de la popu­la­tion de Puy à l’occasion de ces jubi­lés suc­ces­sifs (de 1407 à 1524) ?

Il faut noter que la ville a une longue pra­tique des pèle­ri­nages mas­sifs et des habi­tudes d’organisation dans ce domaine, même en dehors du cadre jubilaire.

Mais en 1407, les vivres ont man­qué. En 1418, la veille du jubi­lé, une pro­ces­sion a pré­pa­ré les esprits.

En 1524, les nota­tions se font plus psy­cho­lo­giques : le Jubilé est une béné­dic­tion pour le ville. Mais les Ponots en sont-​ils dignes, face au « tra­vail » souf­fert par les « étran­gers » ? L’interdiction du blas­phème, par la com­mune des sei­gneurs du Puy, roi et évêque, est une des mesures pré­pa­ra­toires pour une conver­sion morale pré­ju­bi­laire, des­ti­née à per­mettre le bon dérou­le­ment de la jour­née. Quinze jours avant la fête, les cha­noines ordonnent une grande pro­ces­sion de pré­pa­ra­tion, avec ser­mon sur la place du For et messe à la cathé­drale. S’ils ne souffrent pas les peines des pèle­rins loin­tains, les mar­chands, déjà en 1513, leur donnent « recrea­tions de vic­tuailles », se mon­trant « humains et cari­ta­tifs ». En 1524, les cha­noines font dis­tri­buer avant l’entrée dans la cathé­drale, à la Porte du For, aux pèle­rins fati­gués, pain et vins sto­ckés dans un local à proxi­mi­té. La cha­ri­té pri­vée s’exerce : « est aus­si à noter que les­dits habi­tants com­pas­sion­nés sur les poures pele­rins ain­si ser­rés aux rues, ungs gec­toient pain, à belles menues pieces, trem­pé en vin, de leurs fenestres, autres le gec­toient sans trem­per, autres pru­neaux et figues, autres de leurs portes don­noient à boire aux pele­rins vin, autre eau selon leur povoir, autres confic­tures & autres reti­roient dans leurs domi­ciles plu­sieurs per­son­naiges debi­li­tés pour avoir sou­te­nu & tre­vaillé leurs corps en la dure presse. » En cette même année 1524, la muni­ci­pa­li­té prend des dis­po­si­tions diverses : elle fixe le mon­tant des dépenses des pèle­rins dans les hôtel­le­ries pour un homme à che­val, pour un homme à pied, elle fait abattre les mai­sons mal pla­cées et fait ramo­ner les che­mi­nées par crainte du feu.

Il faut rele­ver, outre l’attachement de la popu­la­tion au catho­li­cisme et outre le pres­tige des moines et reli­gieux, le nombre éle­vé de prêtres du cler­gé sécu­lier. En 1540, pour une popu­la­tion éva­luée entre cinq et dix mille per­sonnes, on estime à cinq cents le nombre de prêtres sécu­liers au Puy.

Les jubilés aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Aux XVIIe et XVIIIe siècle, le Jubilé s’organise mieux : les confes­seurs sécu­liers sont logés au Séminaire et les reli­gieux dans les mai­sons de leur ordre.

En 1622, le dix-​septième jubi­lé, près d’un siècle après le pré­cé­dent de 1524, dura sept jours. A la requête de l’évêque appuyé par le roi Louis XIII, le pape Grégoire XV pro­lon­gea, à per­pé­tui­té, pen­dant l’octave entière, le pri­vi­lège accor­dé par ses pré­dé­ces­seurs pour le seul jour du Vendredi Saint, allon­ge­ment sus­ci­té par la « quan­ti­té (de pèle­rins) estouf­fez èz jubi­lés pré­cé­dens, à cause de la presse, et de la brief­ve­té du temps ».

En 1633, le dix-​huitième jubi­lé se dérou­le­ra avec un temps très serein, tout à fait inhabituel.

En 1644, mal­gré le froid et la neige, le suc­cès du dix-​neuvième jubi­lé fut com­plet. Il se dérou­la après la consé­cra­tion de Louis XIII à Notre-​Dame du Puy et après la consé­cra­tion de la France à la Vierge de l’Assomption. Pour la pre­mière fois, le jubi­lé s’organise en groupe. L’indugence est gagnée dans des groupes orga­ni­sés, chaque « île » ou quar­tier du Puy et les archi­dia­co­nés sous la conduite du cler­gé parois­sial. Paraissent éga­le­ment en corps les confré­ries de péni­tents et les militaires.

Le XVIIIe siècle : siècle des quatre jubilés.

Le XVIIIe siècle est le seul siècle, dans les deuxième et troi­sième mil­lé­naires de l’Histoire de l’Eglise, à comp­ter quatre jubilés.

Les nou­veau­tés dans la pré­pa­ra­tion des trois pre­miers jubi­lés du XVIIIe siècle sont les suivantes :

- en 1701, la ville ins­ti­tue un bureau pour orga­ni­ser les pré­pa­ra­tifs maté­riels du jubi­lé et demande à l’évêque de le présider.

- les mis­sions pré­pa­ra­toires, peut-​être déjà com­men­cées aupa­ra­vant. Les domi­ni­cains pré­chèrent la mis­sion au Puy du 1er jan­vier 1701, année jubi­laire, au mer­cre­di des Cendres. La mis­sion s’étend à la plu­part des paroisses du dio­cèse. Le rap­port deman­dé par Mgr de Béthune, évêque du Puy, pré­cise que les églises « où se fai­saient les exer­cice de la mis­sion » étaient pleines et ajoute « qu’on remarque des gens qui étaient enne­mis, se deman­der par­don en sor­tant des exer­cices ». La prise en charge des fidèles com­mence bien avant le jubi­lé et pousse à la conver­sion per­son­nelle dès le mois de jan­vier de l’année jubi­laire. Les mêmes exer­cices sont renou­ve­lés en 1712 et 1785.

- l’édition d’un petit livre de 48 pages rédi­gé dans un style acces­sible à tous qui explique le jubi­lé et les rites per­met­tant de gager l’indulgence[11].

En 1701, à l’occasion du ving­tième jubi­lé, l’affluence des pèle­rins n’eut plus de bornes. Après un bon demi-​siècle d’accomplissement tar­dif des réformes du Concile de Trente, se mani­festent un fort recueille­ment et une fer­veur géné­rale. Le temps était affreux, mais, mal­gré tout, les confes­seurs, qui sié­geaient au tri­bu­nal de la Pénitence jusqu’à qua­torze heures par jour, ne purent suf­fire à la mul­ti­tude des péni­tents. Pour évi­ter l’encombrement de la cathé­drale, il fut per­mis de com­mu­nier dans n’importe quelle église ou cha­pelle de la ville. D’après les procès-​verbaux de l’époque, on comp­ta quinze mille com­mu­nions chez les Jésuites, trois mille chez les Cordeliers, six mille chez les Carmes, dix mille chez les Capucins et sans doute autant chez les Dominicains de Saint-​Laurent. A la Cathédrale, l’autel de Notre-​Dame, la Pierre des fièvres et les issues étaient tenus par un corps de garde spé­cial, les confes­sions et les com­mu­nions ininterrompues.

En 1712, fort de ce qui s’était pas­sé en 1701, le pape Clément XI pro­lon­gea le jubi­lé jusqu’à Quasimodo. Le prieur des Carmes, qui reçut quarante-​cinq prêtres étran­gers dans son couvent où ils célé­brèrent la Messe, raconte qu’en ce jubi­lé, « il y a bien eu envi­ron 6000 per­sonnes qui ont pris dans notre église le sca­pu­laire, presque toutes étran­gères ». Mgr de Béthune, évêque du Puy, s’écria avec une sainte joie : « Béni soit Dieu, ma ville du Puy res­semble à une Ninive conver­tie. Qu’on n’entendoit de toutes parts que le chant des divins can­tiques, des psaumes de la péni­tence, et des lita­nies de la Sainte Vierge ». Il faut noter que les prières jubi­laires à réci­ter dans la cathé­drale sont simples : cinq Pater et cinq Ave aux inten­tions du Souverain Pontife [12].

En 1785, lors du vingt-​deuxième jubi­lé, on pres­sen­tait vague­ment que le calme com­plet dont jouis­sait la France était celui qui pré­cé­dait la tem­pête. Aussi les popu­la­tions coururent-​elles en foule se jeter aux pieds de Celle que l’Église invoque du titre d’Étoile de la Mer et, mal­gré les ravages de l’impiété vol­tai­rienne, on ne comp­ta pas moins de quatre-​vingt mille pèle­rins à ce jubilé.

1796, ou l’année des trois jubilés.

En 1796, le jubi­lé [13] se pré­sen­ta sous des aus­pices tra­giques, dans des cir­cons­tances extra­or­di­naires. L’évêque non-​jureur, Monseigneur de Galard, est réfu­gié en Suisse. L’évêque jureur, Etienne Delcher, sor­ti des pri­sons de la grande Terreur, est réfu­gié à Brioude. Il ne se risque pas au Puy, il se contente de rou­vrir Saint-​Julien de Brioude dont il se nomme curé (14). La cathé­drale est pro­fa­née et la Vierge brû­lée. Une créa­ture péche­resse avait osé s’asseoir à la place de la Vierge imma­cu­lée et y avait reçu un culte ido­lâtre. Le sanc­tuaire était aux mains des schis­ma­tiques. Dans cette triste conjec­ture, l’évêque du Puy exi­lé en Suisse agit avec prudence :

- le 7 octobre 1795, l’évêque, Monseigneur de Galard, rompt le silence qu’il s’était impo­sé : il écrit à son cler­gé, mais rien n’évoque dans sa lettre le jubi­lé à venir.

- le 1er jan­vier 1796, il écrit au pape pour deman­der la tenue du jubilé.

- le 29 jan­vier 1796, l’évêque obtient de Pie VI une bulle par laquelle le pape, sus­pen­dant la faveur octroyée à la cathé­drale par ses pré­dé­ces­seurs, accor­dait un nou­veau par­don que l’on pour­rait gagner dans les condi­tions habi­tuelles (confes­sion et com­mu­nion, même dans les mai­sons, réci­ta­tion des cinq Pater et cinq Ave ; pas de pro­lon­ga­tion au-​delà de l’octave), en évi­tant tout contact avec les asser­men­tés. Mais il faut ache­mi­ner la bulle en Suisse, la tra­duire, rédi­ger le man­de­ment épis­co­pal que l’on date du 23 février, en faire des copies pour les ache­mi­ner par diverses voies dans le dio­cèse où elles par­viennent le 11 mars.

Le jubi­lé s’ouvre alors que la poli­tique répres­sive s’accentue à nou­veau. La chasse aux réfrac­taires rede­vient à l’ordre du jour[14]. A Paris, le 10 mars 1796, les Directeurs ins­ti­tuent un nou­veau « ser­ment de haine à la royau­té » que doivent prê­ter les fonc­tion­naires et les prêtres. Mais, pour le jubi­lé, il est trop tard pour chan­ger d’avis. Le 24 mars, les admi­nis­tra­teurs du dépar­te­ment ras­semblent au Puy dix bri­gades de gen­dar­me­rie et 150 gardes natio­naux tirés de tout le dépar­te­ment. Cette inti­mi­da­tion mili­taire vise à l’évidence à pré­ve­nir tout désordre dans le ville du Puy où se trouvent à la fois l’évêque consti­tu­tion­nel et de nom­breux prêtres réfrac­taires dans leurs ora­toires habi­tuels, tout autour de la cathé­drale interdite.

Le jubi­lé connut un beau suc­cès spi­ri­tuel car la per­sé­cu­tion, bien loin d’éteindre la foi, la ravi­va dans bien des âmes.

Du côté de l’évêque, nous avons le rap­port sui­vant : « Dès le mar­di 15 mars et jours sui­vants, cette grande grâce fut annon­cée. Le dimanche des Rameaux, tous les ora­toires publics et cachés en reten­tirent de tous côtés. Ce jubi­lé a pro­duit des effets merveilleux…Il y a eu en géné­ral assez de tran­quilli­té ; la ville du Puy a été un peu agi­tée ain­si que deux ou trois autres endroits. Néanmoins, le concours a été immense. Il y a eu des pro­diges de conver­sion ». A Beauzac, la garde natio­nale de Monistrol dis­perse un ras­sem­ble­ment d’un mil­lier de fidèles, pro­té­gés par une cen­taine de déser­teurs. A Monistrol, 3000 hommes étaient pré­sents aux offices du Samedi Saint, chaque pay­san rem­por­tant sa cruche d’eau bénite. Le dimanche, sept à huit mille per­sonnes débor­daient de la cour du châ­teau sur l’esplanade. Partout, des ras­sem­ble­ments, c’est-à-dire des messes publiques, des messes de fête, de jubi­lé. La pari du jubi­lé a mani­fes­te­ment été gagné. De fait, com­mence la désa­po­sta­sie.

Il faut noter que l’évêque avait sou­hai­té la pro­lon­ga­tion du jubi­lé jusqu’à la Trinité. Il écrit le 28 mars à Rome pour obte­nir cette « exten­sion », mais Rome, consciente des délais de poste et de route, plu­tôt que d’accéder à la demande de l’évêque, pré­fère ouvrir un second temps jubi­laire que l’évêque fixe du 29 juin au 6 juillet 1796.

Quant au jubi­lé de Delcher, nous avons à son sujet les quelques lignes que tient l’abbé Glaize, prêtre jureur qui vivote du côté de Massiac (Cantal) : « Il y a un jubi­lé au Puy-en-Velay…Delcher [15] (…) a pris une garde de cent hommes à Brioude après y avoir levé une somme de 150 000 francs assi­gnats, et ain­si escor­té et payé, il s’est trans­por­té au Puy où il a fait gagner l’indulgence à tous ceux qui y ont eu dévo­tion ». L’ironie de l’abbé Glaize en dit long sur la démo­ra­li­sa­tion du cler­gé asser­men­té et sur le peu de cré­dit qu’il accorde à son chef. En somme, son jubi­lé aura per­mis à Delcher de prendre pos­ses­sion sym­bo­lique de sa cathé­drale – et il rejoint bien­tôt son Brioude !

Les jubilés aux XIXe et XXe siècles.

Après la tour­mente révo­lu­tion­naire, des catho­liques s’étaient inter­ro­gés sur le bien fon­dé de la reprise du jubi­lé romain en 1825. Les libé­raux y étaient fran­che­ment hos­tiles. Malgré cela, le pape Léon XII avait tenu à mettre en place l’Année Sainte romaine de 1825 et la pié­té des fidèles lui avait don­né raison.

Il en fut de même au Puy. La gloire du sanc­tuaire et du jubi­lé allait vigou­reu­se­ment se rani­mer au XIXème siècle et jeter au loin une nou­velle splendeur.

En 1842, le vingt-​quatrième jubi­lé dura douze jours et fut digne de ceux qui avaient pré­cé­dé la tour­mente révo­lu­tion­naire. Cent quarante-​deux mille pèle­rins, dont vrai­sem­bla­ble­ment la reine Marie-​Amélie, y assis­tèrent [16]. Mais la rigueur du temps ne per­mit pas de don­ner toute la pompe néces­saire à la céré­mo­nie de clô­ture [17].

En 1844, l’actuelle sta­tue de la Vierge du Puy pre­nait place au-​dessus du maître-​autel de la cathé­drale en rem­pla­ce­ment de l’ancienne.

En 1853 et 1864, l’affluence des pèle­rins jubi­laires fut consi­dé­rable. Les dénom­bre­ments qui furent faits en portent le nombre à trois cent mille envi­ron à chaque fois. La Vierge Noire fut solen­nel­le­ment por­tée en pro­ces­sion dans les rues de la ville.

C’est entre ces deux jubi­lés de 1853 et 1864 que le pape Pie IX, comme nous l’avons vu, éri­gea la cathé­drale du Puy en basi­lique mineure, le 11 février 1856. Le 8 juin sui­vant, la sta­tue de la Vierge trô­nant au-​dessus du maître-​autel était cou­ron­née solen­nel­le­ment au nom du pape et par déci­sion du Chapitre de Saint-​Pierre de Rome.

En cette année 1856, Monseigneur de Morlhon, évêque du Puy, adres­sa un man­de­ment à ses fidèles dans lequel il écri­vait : « De tous les sanc­tuaires bâtis en l’honneur de Marie sur le sol sacré de la France, il n’en est pas dont la fon­da­tion remonte à une époque plus recu­lée ! Aucun n’a atti­ré un plus grand nombre de pèle­rins de tout rang, de tout sexe et de toute condi­tion. Enfin, dans aucun, la Reine du Ciel ne s’est plu davan­tage à répandre ses grâces et ses faveurs sur ceux qui l’invoquent. Encore moins en est-​il un autre que les Souverains Pontifes aient doté de plus de pri­vi­lèges et enri­chi de plus d’indulgences. N’y eut-​il que son célèbre jubi­lé, l’église angé­lique pour­rait se glo­ri­fier d’être dans un rang sur­émi­nent par­mi toutes les autres églises consa­crées à Marie, non seule­ment en France, mais dans le monde tout entier ».

Les jubi­lés du XXe siècle eurent lieu en 1910, 1921 et 1932.

Le jubilé de 1910.

En 1910, saint Pie X éten­dit la durée du Grand Pardon du 24 mars au 10 avril. Dans sa lettre pas­to­rale pour le jubi­lé de 1910, l’évêque du Puy, Monseigneur Boutry, évoque avec élo­quence la doc­trine du tré­sor des mérites :

« Le sen­ti­ment d’un tel len­de­main serait de nature à péné­trer l’âme d’une pro­fonde tris­tesse, si elle n’avait pour se rédi­mer (rache­ter) que ses res­sources per­son­nelles. Mais le Dieu des jus­tices est aus­si le Dieu des par­dons. L’Eglise a reçu de lui un tré­sor, pour me ser­vir de l’expression du pape Clément VI, où elle invite ses enfants à pui­ser de quoi satis­faire à toutes leurs obli­ga­tions. Ce tré­sor est com­po­sé des mérites sur­abon­dants de Jésus, de Marie et des Saints. Elle se dis­pose à l’ouvrir à qui vou­dra s’y enri­chir. Qui non habe­tis argen­tum, pro­pe­rate, emite. Vous qui êtes dans la détresse, dit-​elle, venez, hâtez-​vous : ache­tez sans payer ; on ne vous réclame ni or ni argent. Achetez pour vous-​mêmes, ou si la cha­ri­té filiale ou fra­ter­nelle vous presse plus encore que votre inté­rêt per­son­nel, ache­tez pour un père, une mère, un frère, une sœur, un ami ».

Par contraste avec les jubi­lés pré­cé­dents, le jubi­lé de 1910 se dérou­la sans le concours des auto­ri­tés civiles. Le maire du Puy refu­sa toutes déro­ga­tions aux arrê­tés muni­ci­paux qui inter­di­saient les pro­ces­sions depuis 1881 et, ain­si, les solen­ni­tés exté­rieures furent donc confi­nées dans le quar­tier de la cathé­drale. Mais les pèle­rins, arri­vant au Puy par le train – qui des­ser­vait déjà le Puy en 1864, mais uni­que­ment à par­tir de Saint-​Etienne et qui désor­mais couvre tout le dépar­te­ment, sauf en direc­tion de Langogne – ou à pied, s’organisent en défi­lés à tra­vers les rues de la ville jusqu’à la cathé­drale, défi­lés qui prirent tous l’allure de véri­tables pro­ces­sions par les chants qui les accom­pa­gnaient. Il faut tou­te­fois sou­li­gner que les pèle­rins du dio­cèse, à l’occasion des trois jubi­lés du XXe siècle, par dévo­tion et esprit de sacri­fice, conti­nuent à pri­vi­lé­gier le pèle­ri­nage à pied.

Il faut éga­le­ment noter que, si les auto­ri­tés de l’Etat et de la ville s’abstiennent de toutes mani­fes­ta­tions, les élus can­ton­naux et locaux ne se privent pas d’accompagner leurs élec­teurs et d’exhiber leurs cein­tures d’élus : les comptes-​rendus font état, avec fier­té, de ces pré­sences récon­for­tantes à un jubi­lé qui se tient dans une ville déco­rée et qui béné­fi­cie de l’électricité depuis 1906. Le Rocher Corneille et la cathé­drale sont illuminés.

Les paroles pro­non­cées dans la cathé­drale à l’occasion des dif­fé­rents pèle­ri­nages don­nèrent l’occasion aux pré­di­ca­teurs de mani­fes­ter leurs dis­po­si­tions reli­gieuses et politiques.

Le 5 avril, l’archiprêtre de Monistrol-​sur-​Loire rap­pelle « les pèle­rins qui vinrent en 1873 prier pour le relè­ve­ment de la patrie, en 1894, faire amende hono­rable à la Vierge Noire, dont la sta­tue antique et véné­rable avait été brû­lée en 1794 par les brutes révo­lu­tion­naires, en 1909, pro­tes­ter contre les blas­phèmes de la Libre Pensée. Voilà des sou­ve­nirs qui rem­plissent l’âme d’une sainte fierté ».

Dans son ser­mon du 9 avril, l’évêque de Mende, ton­nant contre les héré­sies modernes, stig­ma­ti­sa les catho­liques qui res­pectent et estiment l’Eglise mais ne la regardent que comme une socié­té humaine, les catho­liques libé­raux qui se contentent d’une Eglise amoin­drie et sur­tout les ado­ra­teurs de l’Etat qui visent à « l’assujettissement de l’Eglise par une légis­la­tion qui viole ses droits et ses libertés ».

Le jubilé de 1921.

En 1921, le jubi­lé se signale sur­tout par le chan­ge­ment d’attitude des auto­ri­tés civiles. La mai­rie du Puy est rede­ve­nue « laïque » depuis 1919, après l’intermède qui durait depuis 1911, mais l’esprit d’« Union sacrée » qui s’est for­mé au début de la Grande Guerre a ren­du le conflit reli­gieux moins aigu. Les pro­ces­sions res­tent inter­dites mais le maire prend un arrê­té qui auto­rise une pro­ces­sion reli­gieuse le dimanche 10 avril de 15 heures à 16 heures, en fixant un iti­né­raire qui sera allon­gé sur l’intervention de l’évêque. Les membres de la Libre Pensée, après avoir par­lé d’organiser des contre-​manifestations, se contentent de quit­ter la ville.

Le jubilé de 1932.

Dans un bref du 31 jan­vier 1932, le pape Pie XI « confir­mait, éten­dait et ren­dait per­pé­tuelles les insignes faveurs du jubi­lé de Notre-​Dame du Puy ».

Monseigneur Rousseau, l’évêque du Puy d’alors, annon­ça le Grand Pardon par une lettre pas­to­rale du 11 février 1932 : « Le jubi­lé du Puy, écrivit-​il, est l’exaltation de l’Incarnation et de la Nativité du Verbe, de la Maternité divine de Marie, et, par suite, l’annonce de la rédemp­tion de beau­coup d’âmes… Il a lieu toutes les fois que le 25 mars, jour béni de l’Annonciation, coïn­cide avec le Vendredi Saint : c’est la ren­contre de l’Incarnation du Verbe avec la mort du Christ. Notre cathé­drale, notre cité, notre dio­cèse ont pour fête patro­nale Notre-​Dame de l’Annonciation : le jubi­lé est donc comme la consé­cra­tion des liens qui unissent nos âmes au mys­tère de l’Incarnation, le plus doux, le plus conso­lant des mys­tères chrétiens ».

Le jubi­lé de 1932 fut le plus impor­tant du XXe siècle : 400.000 pèle­rins se ren­dirent au Puy dont 10.000 enfants de la Croisade Eucharistique. Le maire du Puy ne refu­sa pas d’appartenir au comi­té de patro­nage du jubi­lé. Il auto­ri­sa, ain­si que le pré­fet, deux grandes pro­ces­sions à tra­vers toute la ville.

La jour­née de clô­ture, pré­si­dée par le Cardinal Verdier, arche­vêque de Paris, repré­sen­tant du Pape, entou­ré de vingt arche­vêques et évêques, fut une apo­théose, avec plus de 100.000 pèle­rins pré­sents. Monseigneur Rousseau s’exprima en der­nier, adres­sant à Notre-​Dame du Puy l’hommage et consé­cra­tion solen­nelle suivante :

« O Vierge du Mont Anis… Reine de France, Mère pleine de misé­ri­corde et de tendresse…Bénissez, ô Reine de la Sainte Église, le père très aimé de nos âmes, Sa Sainteté Pie XI, dont le cœur pater­nel a éten­du, consa­cré magni­fi­que­ment les faveurs spi­ri­tuelles de notre Grand Pardon…Bénissez l’éminent Cardinal de Paris, le repré­sen­tant du pape par­mi nous. Le pres­tige de son auto­ri­té, l’éclat de sa pourpre apportent à ces fêtes une splen­deur incom­pa­rable. Supérieur de l’illustre Compagnie de Saint-​Sulpice fon­dée au pied de votre sta­tue d’Anis, arche­vêque de la capi­tale de votre Royaume, il est donc le pre­mier de vos fils. Bénissez ces augustes pré­lats, accou­rus de tous les points de la France pour dépo­ser à vos pieds l’hommage de l’épiscopat fran­çais, le tri­but de l’amour fidèle de la Fille aînée de l’Église. Bénissez la France. Si, à juste titre, on a pro­cla­mé votre basi­lique angé­lique « le plus natio­nal par­mi les sanc­tuaires de la Très Sainte Vierge », de ce sanc­tuaire doit écla­ter le cri de la prière confiante… Soyez remer­ciée, ô Mère de la divine grâce… O clé­mente, ô tendre, ô douce Vierge d’Anis ! ».

Le jubilé de 2005.

Le jubi­lé de 2005, tren­tième jubi­lé fut le der­nier. Il a pré­cé­dé ceux de 2016, 2157 et 2168.

Il a été fixé par Rome du Jeudi Saint 24 mars au lun­di 15 août 2005. Il était autre­fois annon­cé, comme dans l’Ancien Testament, au son de la trom­pette, par un diacre, avant la messe du 15 août pré­cé­dant l’Année Jubilaire. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Toutefois, les son­ne­ries de cuivre se sont fait entendre le Jeudi Saint 24 mars à midi place du For, à proxi­mi­té du sanc­tuaire, pour annon­cer l’ouverture du Jubilé. Voici en quels termes s’exprime le Décret romain de la Sacrée Pénitencerie du 25 mars 2003 concé­dant les indul­gences jubilaires :

« L’église cathé­drale du Puy, émi­nente par le patro­nage de la Très Bienheureuse Vierge Marie… a été construite à l’époque du Synode d’Éphèse (431)… La dévo­tion des fidèles, non seule­ment du Puy, mais encore de toute la Gaule et de presque toute l’Europe, s’est très tôt por­tée avec un inté­rêt par­ti­cu­lier vers cette église cathé­drale, au point que celle-​ci est deve­nue un sanc­tuaire marial très célèbre… Assurément, cette pieuse célé­bra­tion du jubi­lé du Puy est inti­me­ment liée au dogme défi­ni au Concile œcu­mé­nique d’Éphèse, de l’unique per­sonne et de la double nature dans le Christ Notre-​Seigneur et, consé­quem­ment, de la mater­ni­té divine de Marie ».

Monseigneur Brincard, évêque du Puy, avait de son côté offi­ciel­le­ment annon­cé le jubi­lé dans une Lettre pas­to­rale du 25 mars 2003 :

« … En l’année 2005, où le Vendredi Saint coïn­cide avec l’Annonciation, nous aurons donc la grâce excep­tion­nelle d’un nou­veau jubi­lé. Recevons cette grâce comme un don pré­cieux du Seigneur. Nous nous atta­che­rons à vivre ce Grand Pardon dans la joie et l’action de grâce, pour la sanc­ti­fi­ca­tion de nos per­sonnes et de nos vies.

« Femme, voi­ci ton Fils… voi­ci ta Mère ». Prononcées par Jésus du haut de la croix, ces paroles reten­ti­ront pro­fon­dé­ment dans nos cœurs. Avec Marie, Mère de Dieu, nous ferons mémoire des mys­tères de notre salut, prin­ci­pa­le­ment des mys­tères de l’Incarnation et de la Rédemption pour contem­pler, admi­rer et appro­fon­dir le conte­nu de notre foi et les mer­veilles de grâces dont le Dieu d’infinie bon­té nous a favo­ri­sés… Un temps de célé­bra­tion du Grand Pardon : du Jeudi Saint 24 mars 2005, à la fête de l’Assomption, le 15 août 2005… »

La Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X fixa son pèle­ri­nage natio­nal les same­di 23 et dimanche 24 avril 2005.

Furent alors rap­pe­lées les condi­tions pour l’obtention des indul­gences jubi­laires, second bap­tême du chrétien :

Conditions géné­rales :

  • Confession dans les huit jours pré­cé­dents ou suivants.
  • Communion le jour même de l’accomplissement de l’œuvre.
  • Exclusion de toute affec­tion à tout péché, même véniel. (Si cette condi­tion était impar­fai­te­ment rem­plie, l’indulgence serait alors partielle).

De plus, les œuvres pres­crites furent les suivantes :

  • Effectuer un pèle­ri­nage à la cathé­drale Notre-​Dame du Puy en priant aux inten­tions du pape [18] et de l’Église.
  • Accomplir un acte signi­fi­ca­tif de cha­ri­té envers le prochain.

Abbé Claude Boivin – Décembre 2015

Notes de bas de page
  1. Le mot jubi­lé a été inven­té par saint Jérôme pour trans­crire le mot hébreu yôbel. Il le défi­nit comme une année de rémis­sion. L’étymologie du mot reste pro­blé­ma­tique : pour les uns, il dérive de jôbel, la corne de bélier uti­li­sée pour inau­gu­rer l’année jubi­laire ; pour d’autres, il vien­drait de yobil (rap­pel) ou de yobal (rémis­sion).[]
  2. Lc 4, 17–21[]
  3. Certains auteurs font remon­ter le pre­mier jubi­lé à l’année 970. Une cer­taine impré­ci­sion per­dure jusqu’au jubi­lé de 1407.[]
  4. Le pre­mier Jubilé romain remonte à l’an 1300 : c’est lorsque fut presque ache­vé le cycle des croi­sades, que le pape Boniface VIII (1294–1303) éta­blit le pre­mier jubi­lé romain en 1300, par la bulle Antiquorum habet digna fida rela­tio du 22 février 1300. Les pre­miers mots de la bulle font allu­sion aux pra­tiques pas­sées de l’Église de Rome : « Une rela­tion digne de foi des Anciens rap­porte qu’à ceux qui se ren­daient à la véné­rable basi­lique du Prince des Apôtres étaient accor­dées de grandes rémis­sions et indul­gences des péchés. » Le pape accor­dait dans cette bulle une ple­nis­si­ma omnium venia pec­ca­to­rum : « Confiant en la misé­ri­corde de Dieu tout-​puissant et dans les mérites et l’autorité de ces mêmes apôtres, sur le conseil de nos frères et en ver­tu de la plé­ni­tude du pou­voir apos­to­lique, à tous ceux qui se rendent avec res­pect dans ces basi­liques, qui ont vrai­ment fait péni­tence et se sont confes­sés dans la pré­sente année et dans chaque cen­tième année qui sui­vra, nous concé­de­rons et nous concé­dons un par­don non seule­ment large et plé­nier, mais le plus plé­nier de tous leurs péchés. » Il fal­lait pour cela être repen­tant de ses fautes, s’en confes­ser et visi­ter les basi­liques romaines de Saint-​Pierre au Vatican et de Saint-​Paul-​hors-​les-​Murs au moins une fois par jour, pen­dant trente jours si l’on était romain, pen­dant quinze jours seule­ment si on ne l’était pas. 200 000 pèle­rins accou­rurent à Rome, répon­dant lar­ge­ment aux vœux du Pape. Parmi les pèle­rins du pre­mier jubi­lé, il faut citer Dante, Cimabue, Giotto et Charles de Valois, frère du roi de France. Le sou­ve­nir de ce pre­mier jubi­lé per­dure à Rome : la basi­lique du Latran conserve la fresque de Giotto qui repré­sente le pape Boniface VIII annon­çant le 22 février 1300 le jubi­lé, de la log­gia de l’ancien palais du Latran.[]
  5. Déjà le pape Alexandre II semble avoir annon­cé vers 1063 une indul­gence plé­nière aux sol­dats chré­tiens com­bat­tant les Sarrasins.
    Le Concile de Clermont, convo­qué en 1095 par le bien­heu­reux Urbain II, déter­mine une sem­blable indul­gence plé­nière et édicte que pour cha­cun de ceux qui « par seule dévo­tion, non pour acqué­rir hon­neur ou argent, se seront mis en route vers Jérusalem pour libé­rer l’Eglise de Dieu, ce che­min leur serait comp­té comme péni­tence com­plète ». Plus tard, saint Bernard invite les princes chré­tiens à prendre part à la deuxième Croisade qui sera « une année agréable au Seigneur, une année de rémis­sion, et sur­tout une année de Jubilé » (Saint Bernard : Lettres 363 et 458). Le pape Clément VI, dans la bulle jubi­laire Unigenitus Dei Filius, du 27 jan­vier 1343, pré­sente pour la pre­mière fois la doc­trine du tré­sor des grâces éla­bo­rée par les théo­lo­giens à par­tir du XIIIe siècle comme fon­de­ment des indul­gences.
    « Le Fils unique de Dieu…qui est deve­nu pour nous sagesse, jus­tice, sanc­ti­fi­ca­tion et rédemp­tion, non avec le sang des boucs ou des veaux, mais avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans le sanc­tuaire et nous a acquis une rédemp­tion éter­nelle. Car ce n’est par rien de cor­rup­tible, or ou argent, mais par son sang pré­cieux, le sang de l’Agneau pur et sans tache, qu’il nous a rache­tés ; et ce sang, nous le savons, il l’a répan­du, inno­cent immo­lé sur l’autel de la Croix, non pas en une infime goutte, qui pour­tant aurait suf­fi en rai­son de son union avec le Verbe à la rédemp­tion de tout le genre humain , mais en abon­dance, comme un fleuve, tel­le­ment que de la plante des pieds au som­met de la tête plus rien d’intact ne se trou­vait en lui. Il a donc acquis un tré­sor si grand à l’Eglise mili­tante, pour que la misé­ri­corde d’une telle effu­sion ne soit pas inutile, vaine ou super­flue ; en bon Père il a vou­lu amas­ser des tré­sors pour ses fils, afin que par là les hommes eussent un inépui­sable tré­sor, où ceux qui y puisent aient part à l’amitié de Dieu. Ce tré­sor, il a vou­lu qu’il soit dis­pen­sé aux fidèles pour leur salut par le bien­heu­reux Pierre, por­teur des clés au ciel, et ses suc­ces­seurs, ses vicaires sur terre, et que, pour des motifs justes et rai­son­nables, afin de remettre tan­tôt par­tiel­le­ment, tan­tôt com­plè­te­ment la peine tem­po­relle due au péché, il soit appli­qué misé­ri­cor­dieu­se­ment, en géné­ral comme en par­ti­cu­lier (comme ils esti­me­raient devant Dieu qu’il serait utile) à ceux qui, vrai­ment péni­tents, se seraient confes­sés. A l’abondance de ce tré­sor contri­buent, nous le savons, les mérites de la bien­heu­reuse Mère de Dieu et de tous les élus, du pre­mier juste jusqu’au der­nier, et il ne faut pas craindre qu’il s’épuise ou il dimi­nue, aus­si bien en rai­son des mérites infi­nis du Christ (comme il a été dit) que parce que plus il y a d’hommes ame­nés à la jus­tice lorsqu’on applique ce tré­sor, plus s’accroît l’abondance des mérites »[]
  6. A noter l’affirmation récente selon laquelle le Jubilé de 1407 serait le pre­mier Jubilé du Puy. « L’an 2000 a été l’occasion de reve­nir lon­gue­ment sur l’histoire de cette forme très par­ti­cu­lière de pèle­ri­nage que consti­tue le jubi­lé : mais l’attention était alors concen­trée sur Rome, ville où s’est dérou­lé le pre­mier d’entre eux en 1300, et qui accueillait de nou­veau celui de la fin du deuxième mil­lé­naire. Or, ces « par­dons », comme les appe­laient les textes anciens, ont eu un tel suc­cès que, rapi­de­ment après le pre­mier qui eut pour cadre exclu­sif Rome et ses basi­liques, d’autres furent octroyés à divers sanc­tuaires dis­per­sés dans l’Occident chré­tien : ils étaient dépen­dants d’années excep­tion­nelles où le calen­drier entre­mê­lait l’histoire chré­tienne locale et uni­ver­selle. Ainsi, l’intense culte marial pré­sent au Puy-​en-​Velay depuis des siècles a été cou­ron­né, à par­tir de 1407, sa pre­mière attes­ta­tion est cer­taine, par un jubi­lé : celui s’est trou­vé pla­cé les années où la fête mariale de l’Annonciation tombe le même jour que le Vendredi-​Saint, réunis­sant dans une célé­bra­tion com­mune l’Incarnation et la Rédemption », dans Jubilé et Culte marial (Moyen Age – Epoque contem­po­raine) : Actes du col­loque inter­na­tio­nal orga­ni­sé au Puy-​en-​Velay par le Centre cultu­rel dépar­te­men­tal de la Haute-​Loire avec le concours du groupe « Inventaire des sanc­tuaires et lieux de pèle­ri­nage fran­çais » du GDR 2516 du CNRS SALVE (Sources, Acteurs et Lieux de Vie reli­gieuse à l’Epoque médié­vale), Mercredi 8 juin – Vendredi 10 juin 2005, Publications de l’Université de Saint-​Etienne, 2009, page 9[]
  7. Un mis­sel du Puy de la pre­mière moi­tié du XVe siècle com­porte une prière qui reprend ces trois inten­tions : « Prières et orai­sons à faire dans le chœur pour la paix et l’union ain­si que la conser­va­tion de l’Eglise, et du roi, et du royaume et du peuple du royaume de France ».[]
  8. Juvénal des Ursins : Histoire de Charles VI, Paris, Guyot, éd. 1854, n. 61, p. 442.[]
  9. Maulde La Clavière, ouvrage de 1889.[]
  10. Le Livre de Podio ou Chroniques de Estienne Médicis, bour­geois du Puy, 1ère moi­tié du XVIe siècle, éd. Le Puy, 1869–1874 et réim­pr. Roanne, 1975–1976.[]
  11. Mgr Armand de Béthune, évêque du Puy, Instructions et prières pour le jubi­lé accor­dé à tous les fidèles dans l’église angé­lique et cathé­drale de Notre-​Dame du Puy, lorsque le Vendredy saint et l’Annonciation se ren­contrent dans le même jour comme en cette année 1701.[]
  12. Mgr Armand de Béthune, évêque du Puy, Instructions et prières…[]
  13. Le 25 mars 1796, ou 5 ger­mi­nal de l’an IV, banal quin­ti­di, est le jour de la poule selon l’Annuaire du culti­va­teur de Romme, décré­té par la Convention et dif­fu­sé dans tous les dépar­te­ments[]
  14. La per­sé­cu­tion : la loi du 3 bru­maire an III (24 octobre 1795) for­ti­fiant la loi du 20 fruc­ti­dor an III (6 sep­tembre 1795) est remise en vigueur. Les cir­cu­laires en ce sens de novembre 1795 à avril 1796 sou­vent mal accueillies loca­le­ment. De nom­breuses résis­tances locales empêchent l’arrestation des prêtres ; de plus, il faut rele­ver l’apathie des admi­nis­tra­tions et la len­teur des juges. Les ordres de Paris sont mal réper­cu­tés. L’efficacité est moindre. Toutefois, les per­sé­cu­tions sont encore bien pré­sentes :
    - 3 mars 1796 : le bien­heu­reux Pierre-​René Rogue, prêtre (Vannes 1758 – Vannes 1796), est guillo­ti­né ; béa­ti­fié par Pie XI le 10 mai 1934.
    - de plus, 25 février 1796 : Stofflet est fusillé à Angers ; 29 mars 1796 : Charette est fusillé à Nantes.[]
  15. Delcher avait déjà été curé de Brioude en 1785. Sous la Convention ther­mi­do­rienne (28 juillet 1794 au 26 octobre 1795) et sous le Directoire (26 octobre 1795 au 10 novembre 1799), ou du 10 ther­mi­dor an II (28 juillet 1794) au 19 bru­maire an VIII (10 novembre 1799), c’est-à-dire de la mort de Robespierre à la chute du Directoire et à l’avènement de Bonaparte, on assiste à une oscil­la­tion entre répres­sion et liber­té, à une alter­nance d’hostilité et de détente. Toutefois, l’hostilité fon­cière au catho­li­cisme per­dure. Malgré cette hos­ti­li­té, on assiste au début du réveil du catho­li­cisme.[]
  16. L’affirmation de la venue au Puy de la reine Marie-​Amélie en 1842 est tirée de la pla­quette de Raymond Faux : Le Puy-​en-​Velay, cité de la Vierge : his­to­rique du pèle­ri­nage , p. 19, Le Puy, 2002.[]
  17. Les risques de prin­temps incer­tains : En 1853, le pèle­ri­nage des Estables eut lieu le 27 mars. Les parois­siens par­tirent à 11 heures du soir au son des cloches. Portant des flam­beaux, hommes, femmes, enfants « atte­lèrent des bœufs à de gros arbres et les pous­sèrent pour se frayer un che­min dans la neige…Ils mar­chèrent toute la nuit et arri­vèrent à 6 heures du matin dans la petite ville du Monastier, haras­sés de fatigue et à demi gelés. Après s’être repo­sés dans les granges et les écu­ries pen­dant trois heures, ils se remirent en route. Cette seconde étape fut pour eux moins pénible car la trace avait été faite par les pèle­rins du Monastier. A deux heures, les pèle­rins entrèrent enfin dans notre ville par la bar­rière de Saint-​Jean : ils parais­saient anéan­tis. Leurs bas s’étaient gelés sur leurs jambes ». Le récit se ter­mine en indi­quant que les bou­lan­gers leur offrirent d’entrer chez eux pour se réchauf­fer. En 1910, les femmes de La Chapelle d’Aurec « che­mi­nèrent pen­dant deux heures à pied dans une neige épaisse ». Le 31 mars 1910, les pèle­rins, par­tis le matin par un vent gla­cial, eurent par­ti­cu­liè­re­ment à souf­frir le soir au milieu des bourr­rasques et des tem­pêtes de neige. Ces récits mettent en relief la résis­tance phy­sique des habi­tants mais, aus­si et sur­tout, leur pié­té qui leur fait sup­por­ter peines et pri­va­tions[]
  18. Les inten­tions du Souverain Pontife sont les suivantes :
  19. Exaltation de la Sainte Église.
  20. Extirpation des hérésies.
  21. Propagation de la foi.
  22. Conversion des pécheurs.
  23. Paix entre les Princes chré­tiens[]