Pèlerinage 2016 de Pentecôte de Chartres à Paris – Editorial de M. l’abbé de Lacoste

Lire ou de relire le Traité de la vraie dévotion

Chers pèle­rins,

A la Pentecôte 2016, nous mar­che­rons de Chartres à Paris en com­pa­gnie de saint Louis-​Marie Grignion de Montfort. En effet, cet apôtre de Marie est mort en 1716, il y a exac­te­ment 300 ans. C’est donc pour fêter cet anni­ver­saire que nous l’a­vons choi­si pour thème.

Pendant notre marche de trois jours, nous contem­ple­rons ses ver­tus et nous médi­te­rons ses livres. La richesse de sa vie et de ses ouvrages est insoupçonnée !

Pour bien com­prendre com­bien la doc­trine de ce saint est d’ac­tua­li­té, rappelons-​nous l’en­tre­tien qui s’est dérou­lé le 27 décembre 1908 entre le R.P. Gebhard, Procureur Général de la Compagnie de Marie et des Filles de la Sagesse, et saint Pie X.

Le saint pape a avoué connaître le Traité de la vraie dévo­tion à la Sainte Vierge depuis long­temps et s’en être ins­pi­ré pour rédi­ger sa lettre ency­clique Ad diem illum du 2 février 1904 publiée, pour le jubi­lé de la pro­cla­ma­tion du dogme de l’Immaculée Conception par Pie IX, le 8 décembre 1854 ; ensuite, il a aus­si don­né une béné­dic­tion spé­ciale pour les lec­teurs de ce même traité.

La revue mont­for­taine a rap­por­té l’es­sen­tiel de l’en­tre­tien : « Devant son bureau, le pape se tient debout. Plein de confiance, le Père Procureur pré­sente alors un exem­plaire ita­lien de la Vraie Dévotion, relié en soie blanche, à sa Sainteté.

- Le Révérendissime Père Lepidi en a entre­te­nu Votre Sainteté qui, m’a-​t-​il dit, connaît depuis long­temps le trai­té du bien­heu­reux de Montfort.

- E vero – c’est vrai, dit le pape ; et, s’il vous a tout dit, il a dû vous apprendre que j’ai tenu à le relire avant de com­po­ser mon ency­clique sur la Sainte Vierge. »

Puis, le père mont­for­tain pré­sente au pape Pie X une sup­plique rédi­gée en ces termes : « Très Saint Père, Moi, Hubert-​Marie Gebhard, Procureur géné­ral de la Compagnie de Marie et des Filles de la Sagesse, pros­ter­né aux pieds de Votre Sainteté, lui pré­sente très hum­ble­ment la pre­mière ver­sion ita­lienne inté­grale, fidè­le­ment tra­duite d’a­près le texte ori­gi­nal, d’un petit ouvrage peu volu­mi­neux, il est vrai, mais qu’on peut dire de la plus haute impor­tance. Il s’a­git de l’o­pus­cule inti­tu­lé : Traité de la Vraie Dévotion à la Très Sainte Vierge, ayant pour auteur le bien­heu­reux Louis-​Marie Grignion de Montfort, une Somme Mariale dont la soli­di­té théo­lo­gique et la sua­vi­té mys­tique firent l’ad­mi­ra­tion de tous ceux qui en ont une fois goûté.

Le sus­dit sup­pliant ose deman­der très ins­tam­ment, que Votre Sainteté ne dédaigne pas de recom­man­der la lec­ture du trai­té en ques­tion et de bénir ceux qui se dépensent pour sa plus grande expli­ca­tion et diffusion. »

Et, sur le champ, « Avant même que le Père ait le temps de dire un mot, Pie X, ache­vant de la lire, a déjà posé la sup­plique sur son bureau et sai­si sa plume. Lentement, de sa main si ferme il écrit : Accédant à vos prières, Nous recom­man­dons for­te­ment le Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge si admi­ra­ble­ment com­po­sé par le bien­heu­reux de Montfort et Nous accor­dons avec amour à ses lec­teurs la béné­dic­tion apostolique. »

Le Père Gebhard ajoute ceci : « Ce petit livre, Très Saint Père, a déjà fait tant de bien ; recom­man­dé par votre Sainteté, il en fera plus encore. – E pro­prio tan­to bel­lo ! Il est vrai­ment si beau, répondit-​il avec convic­tion. » Ajoutons aus­si que notre triste époque est conta­mi­née par le moder­nisme, qui se répand jusque dans les plus hautes sphères de la hié­rar­chie de l’Eglise. Or, l’en­sei­gne­ment et la vie de saint Louis- Marie offrent un remède à ces erreurs doc­tri­nales. La vraie dévo­tion mariale, en effet, s’op­pose radi­ca­le­ment à l’oe­cu­mé­nisme et à l’es­prit d’Assise.

Le fait sui­vant en est la meilleure illus­tra­tion : les Bénédictins de Ramsgate (Angleterre), dans leur Dictionnaire hagio­gra­phique, à l’ar­ticle Louis-​Marie Grignion de Montfort, n’hé­sitent pas à affir­mer que ses « consi­dé­ra­tions sur la Sainte Vierge ne sont guère com­pa­tibles avec l’en­sei­gne­ment du deuxième concile du Vatican ».

En effet, Vatican II « exhorte vive­ment tous les théo­lo­giens et ceux qui portent la parole de Dieu à s’abs­te­nir avec le plus grand soin de toute exa­gé­ra­tion [sur la Mère de Dieu]… Qu’ils se gardent avec le plus grand soin de toute parole ou tout geste sus­cep­tibles d’in­duire en erreur, soit nos frères sépa­rés, soit tout autre per­sonne, sur la véri­table doc­trine [mariale] de l’Église » (Lumen gen­tium, n° 67). Ce que dit Vatican II est très vrai en soi : il ne faut pas induire en erreur.

Mais l’ap­pli­ca­tion qu’il en fait à la Vierge Marie et aux frères sépa­rés est très fausse, car les pro­tes­tants refusent de prier Notre Dame. Montfort, d’ac­cord avec toute la Tradition mariale catho­lique, enseigne qu’il faut « dire en véri­té, avec les saints : De Maria num­quam satis ! On ne prie jamais assez la sainte Vierge !

Je vous conseille donc, chers pèle­rins, de lire ou de relire le Traité de la vraie dévo­tion, et de vous pro­cu­rer au plus vite le dos­sier spi­ri­tuel du pèle­ri­nage. Les richesses de ces deux ouvrages affer­mi­ront votre foi et enflam­me­ront votre charité !

Abbé Bernard de Lacoste-​Lareymondie, Directeur de Pèlerinages de Tradition

Source : extrait de Pèlé-​Infos n° 39 d’oc­tobre 2015

FSSPX

M. l’ab­bé Bernard de Lacoste est direc­teur du Séminaire International Saint Pie X d’Écône (Suisse). Il est éga­le­ment le direc­teur du Courrier de Rome.