Jour 1 : Le Mont Carmel-Nazareth
Le 15 juillet au cœur de la nuit une troupe de joyeux pèlerins se retouve à Roissy –Charles de Gaulle. Nous sommes fin prêts à nous envoler pour la Terre Sainte sous la houlette de l’abbé Vaillant, mais avant il nous faut passer un interrogatoire serré au comptoir d’embarquement, on ne plaisante pas avec la sécurité en Israël !
Arrivés à Tel Aviv nous sommes accueillis par notre guide Tony qui nous souhaite la bienvenue « chez nous ». En effet ce pays est le berceau de la chrétienté et la patrie de tous les chrétiens. Nous prenons place à bord du car qui sera notre paroisse roulante pour une semaine et partons pour le Mont Carmel où nous pouvons contempler la grotte du prophète Elie dans l’église Stella Maris. C’est en ce lieu qu’Elie affronta les adorateurs du dieu Baal lors d’un sacrifice pour lequel deux autels furent dressés. Le Ciel embrasa le bûcher d’Elie, manifestant la puissance de Yahvé, le seul vrai Dieu.
Nous rejoignons ensuite Nazareth. Sur la route notre guide érudit nous donne un cours d’étymologie nous apprenant les différents noms de Dieu : Yahvé, Jéhova, Yo, El, Yahou…C’est ainsi que nous découvrons le vrai sens du nom de la messagerie yahoo.fr : qui l’eût cru ? Dieu est partout !
Le soir nous nous promenons dans le dédale du souk, à travers des ruelles embaumées de jasmin, jusqu’aux hauteurs de Nazareth où nous pouvons embrasser des yeux les lieux qui ont vu grandir Notre Seigneur. Dans la nuit retentit le Muezzin : cette mélopée triste nous rappelle que la Terre Sainte est en territoire occupé.
Jour 2 : Nazareth, Cana, le mont Thabor
Nous commençons la journée par la visite de l’église orthodoxe de l’Annonciation. Là se trouve la fontaine où la Vierge Marie puisait l’eau lorsqu’elle entendit pour la première fois la voix de l’ange Gabriel. Effrayée elle s’en alla vite chez elle, nous marchons sur ses pas jusqu’à la basilique catholique de l’Annonciation édifiée sur le lieu de sa maison. Ici le Verbe s’est fait chair, peut-on lire sur une inscription : Verbum Caro hic factum est (1). Nous visitons aussi l’église – synagogue où le Christ venu prêcher se fit chasser par les siens. Juste à côté, encore une église, construite sur l’emplacement de l’atelier de saint Joseph.
L’après-midi nous allons à Cana, lieu du premier miracle de Notre Seigneur. Puis, en plein soleil, notre petite troupe fait l’ascension du mont Thabor, lieu de la Transfiguration. Nous avons la messe dans la grandiose basilique du sommet.
Le soir, au couvent où nous logeons, une sœur nous fait visiter les fouilles du tombeau du Juste, peut-être celui de saint Joseph.
Jour 3 : Mont des Béatitudes, Lac de Tibériade, Jéricho
A chaque jour son mont : aujourd’hui c’est celui des Béatitudes. Nous y entendons la messe en un lieu surplombant le lac de Tibériade. Puis nous descendons à Tabgha, lieu de la première multiplication des pains et des poissons. A côté, c’est l’église de la Primauté de saint Pierre, là où Notre Seigneur lui a demandé trois fois : « Pierre, m’aime-tu ? » avant de lui confier son troupeau par ces mots : « pais mes agneaux, pais mes brebis ».
A Capharnaüm nous découvrons les ruines de la demeure où Jésus guérit la belle-mère de saint Pierre et la synagogue où Il prêcha le Pain de vie. Les habitants se détournèrent alors de Jésus qui prédit alors la destruction de la ville. Cette dernière ne fut jamais reconstruite.
Nous traversons le lac sur un bateau de bois. Le vent se lève sur ces eaux qui furent un jour apaisées par Notre Seigneur.
Nous rejoignons enfin la ville de Jéricho, aux portes du désert, près de la mer morte. Là nous attendent un vent chaud et une chaleur étouffante.
Jour 4 : Marche dans le désert du Wadi Kelt, Jourdain, montagne de la Tentation.
A peine arrivés dans le désert, nous sommes assaillis par une troupe de marchands bédouins voulant absolument nous vendre leurs foulards quitte à les mettre sur nos têtes sans nous demander notre avis ! L’un d’eux nous suivra même sur son âne pendant quelques kilomètres ! Nous descendons dans cette vallée désertique à travers un décor aride et grandiose de pierres immenses, ocres et dorées. Çà et là quelques damans (marmottes du désert) gambadent. Nous faisons une halte au monastère orthodoxe Saint-Georges de Koshiba, à flanc de falaise. Dans la vallée qu’il domine, les dattiers s’épanouissent en oasis. Ici encore se trouve une grotte du prophète Elie.
Sur ce chemin entre Jérusalem et Jéricho nous méditons aussi sur la parabole du Bon Samaritain, cet étranger symbolisant le Christ, sauvant et rachetant un pauvre homme alors qu’un lévite représentant l’ancienne loi était passé indifférent.
A Jéricho nous passons devant le sycomore de Zachée. Puis monsieur l’abbé dit la messe au bord du Jourdain où nous renouvelons les promesses de notre baptême.
Après cela un nouveau sommet nous attend celui du mont de la tentation où le démon rencontra Notre Seigneur après ses quarante jours de jeûne dans le désert. Une nouvelle fois nous montons. Il fait 48°C. En haut nous attend le monastère orthodoxe de la Quarantaine.
Puis c’est parti pour Jérusalem. Le soir nous assistons à la fermeture du Saint Sépulcre sous la surveillance de la police : les chrétiens n’ont pas la clef, ils se disputaient tellement qu’il a été décidé de la donner à deux familles musulmanes.
Pour finir la soirée nous allons au mur des lamentations. Là nous voyons pleurer les hommes et les femmes de Jérusalem.
Jour 5 : Lieu de la Visitation et Bethléem
Aujourd’hui la messe est dite à Ein Karem, lieu de la Visitation de la Vierge à sa cousine Elisabeth. Se trouvent ici le puits de la Visitation puis la pierre derrière laquelle sainte Elisabeth cacha saint Jean lors du massacre des innocents. Nous descendons quelques mètres sur la colline verdoyante et arrivons au sanctuaire de la naissance du Précurseur.
Départ pour la Palestine. Nous passons l’impressionnant rideau de fer et de béton entre Israël et la Palestine. De nombreux graffitis ornent le mur dont une colombe de la paix portant un rameau d’olivier…et un gilet pare-balle !
Nous voilà dans la basilique de la Nativité, tenue encore une fois par les orthodoxes qui nous empêchent de prier le chapelet. Une fois dans la crypte nous entonnons l’hymne de cieux faisant retentir la basilique de nos cantiques au grand dam des orthodoxes qui pendant ce temps passent l’aspirateur derrière leur procession.
A côté de la basilique se trouve la grotte du lait où selon la tradition la sainte famille logea après la naissance de Jésus. Nous traversons ensuite le souk aux étals bariolés et à l’hygiène douteuse. Les marchandes sont assises par terre et des gamins courent avec des caddies vides pour faire les porteurs.
Nous déjeunons dans un restaurant aux allures de tente bédouine avant de rejoindre la campagne de Bethléem pour visiter la grotte des bergers. Là l’ange leur apparut pour leur annoncer la bonne nouvelle. Un autre concert de Noël s’improvise. Nous repartons à Jérusalem où certains passent la nuit au Saint-Sépulcre.
Jour 6 : Nous continuons vers le carmel du Pater où Jésus enseigna le Notre Père aux disciples
Nous commençons la journée par le mont des oliviers. Cette colline couverte d’arbres se trouve en face de la vieille ville. Nous passons à Betphagé où nous évoquons l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem lors des rameaux. Sur le chemin nous nous arrêtons au lieu de l’Ascension : dans une église croisée qui fut aussi une mosquée nous pouvons voir la pierre où Jésus se trouvait avant de monter au ciel. Le groupe assiste ensuite à la messe à l’église du Dominus Flevit, là où Jésus pleura sur Jérusalem. L’architecte a d’ailleurs dessiné l’église en forme de larme. Du parvis on domine Jérusalem et ses innombrables dômes de basiliques et de mosquées.
Nous continuons vers le carmel du Pater où Jésus enseigna le Notre Père aux disciples. Sur les murs du cloître la prière est écrite en de nombreuses langues différentes : le Breton et le Basque sont même à l’honneur !
Après cela nous prions à Gethsémani dans la basilique du jardin des oliviers, puis dans l’église orthodoxe du tombeau de la Vierge, là où elle reposa brièvement d’après la tradition avant son assomption. Nous passons aussi à l’église Sainte-Anne, lieu de la naissance de la Vierge Marie. Cette église a la particularité, comme quelques autres lieux saints, d’être en territoire français. L’acoustique y est merveilleuse et nous y improvisons un concert. C’est également là qu’a été découverte la piscine probatique dont parle saint Jean dans son Evangile.
Nous passons encore à l’Ecce Homo et au lithostrotos, lieux de la Passion, avant de terminer nos visites par un chemin de croix dans les rues de Jérusalem sur la Via Dolorosa. Nous terminons au Saint Sépulcre où se trouvent le Golgotha et le tombeau du Christ. Là nous assistons à la procession des Latins.
Jour 7 : Jérusalem
Le matin de ce septième jour nous commençons par la messe au Golgotha. Nous visiterons aujourd’hui le mont Sion, lieu de la tombe de David, mais aussi le Cénacle où Notre Seigneur institua l’Eucharistie et où eut lieu la Pentecôte. Près de là est le lieu de la Dormition de la Vierge. Plus loin, c’est l’église Saint-Pierre in gallicante, construite sur le palais de Caïphe. Le site permet d’évoquer la nuit durant laquelle Notre-Seigneur resta enfermé dans un cachot. C’est aussi le lieu du reniement de saint Pierre.
Nous achevons la journée par un passage au Saint-Sépulcre : c’est une nuit de cérémonie car on y célèbre l’office de la Résurrection. Tout est fleuri et l’encens s’élève dans les chapelles. Pour d’autres, c’est aussi le shabbat, et les gens ont revêtu leurs grands atours.
Jour 8 : L’heure des adieux a sonné
Le pèlerinage touche à sa fin. Le matin nous allons sur l’esplanade du Temple désormais occupé par les mosquées. Le lieu domine le mur des lamentations. L’ambiance est électrique, en effet c’est l’anniversaire de la destruction du Temple par Titus, qui est commémoré par un jour de jeûne et certains aimeraient reconquérir cette esplanade.
de partir nous visitons un dernier lieu saint : le monastère d’Abu Gosh construit sur le lieu où Jésus ressuscité apparut aux pèlerins d’Emmaüs.
L’heure des adieux a sonné, mais une chose est sûre : nous repartons tous l’âme riche d’avoir vu de près la terre où notre salut a commencé, et si Dieu veut, nous reviendrons ici, « chez nous ! » Montjoie ! Saint Denis !
S. A. et A. B, deux pèlerines d’Odeia.
Source : La Porte Latine du 30 juillet 2018
Tous les renseignements en ligne sur le site d’ODEIA
(1) L” annonce selon laquelle l’Annonciation aurait eu lieu en 2 fois, d’abord près de la source, puis dans la maison de Nazareth, est très ancienne, puisque c’est l’évangile apocryphe de Jacques, donc non « retenable », qui en fait mention. L’église du schisme grec de l’Annonciation étant sur le lieu de la source à Nazareth peut aider à faire comprendre pourquoi les « orthodoxes » retiennent la version du proto-évangile.