Stèle commémorative des 254 prêtres martyrs massacrés en haine de la Foi
Notre reportage photos et texte
L’Ile Madame. Petit coin de terre, à ras de l’océan, relié au continent par une passe découverte seulement à marée basse. C’est en ce lieu que 254 prêtres martyrs des pontons de Rochefort seront inhumés durant l’été et l’automne 1794, en pleine Terreur révolutionnaire.
C’est aussi vers ce lieu qu’en ce 14 octobre 2016 se dirigent des fervents pèlerins. Rendez-vous est fixé dans l’église de Brouage, sorte d’Aigues-Morte charentais, où les prêtres déportés seront déplacés après leur séjour à l’Ile Madame. Sous le regard des ex-voto des marins, dans l’éclat du soleil levant, une prière place notre marche sous la protection de Notre-Dame.
Puis nous prenons la direction de Port-des-barques dans le petit matin, et par les sentiers à travers les marais salants, nous rejoignons la côte que nous longeons jusqu’à Port-des-Barques, petit village à l’embouchure de la Charente.
Les Ave Maria se succèdent, ainsi que les méditations sur le sacerdoce et le rôle du prêtre, tandis que les pénitents viennent chercher l’absolution auprès de notre prieur, M. l’abbé Graff, et de M. l’abbé de Villemagne, directeur de l’école Saint-Michel, venu pour l’occasion. On peut également voir les sœurs du Rafflay ainsi que les religieuses de la Fraternité, toujours bien présentes pour prier pour les prêtres !
Cette marche dans la nature est l’occasion de se rapprocher de Dieu, et de se rappeler aussi ce qu’eurent à endurer ces pauvres curés et religieux expédiés là de toute la France, dénués de tout, si ce n’est de leur Foi et de leur amour de l’Église.
Après Port-des-Barques et la pause déjeuner, avec ses succulentes huîtres de Marennes, cap sur l’Ile Madame par la Passe aux Boeufs. Chacun prend soin d’y ramasser un galet qui sera pieusement déposé tout à l’heure à la Croix des Galets.
Passée la stèle à l’entrée de l’île (voir 1ère photo en haut ), nous faisons halte à l’oratoire à la Vierge. Celui-ci rappelle que les pauvres prêtres, débarqués sur l’île le 18 août 1794, eurent comme premier soin de la consacrer à Notre-Dame de l’Assomption. La marche à travers l’île, au milieu des étangs et des genêts, nous permet d’imaginer le sort de ces prêtres dépouillés même de leurs vêtements, n’ayant pour se protéger du soleil d’août comme des tempêtes d’équinoxe que de frêles toiles de tente.
Notre méditation se poursuit alors à la Croix des Galets, où furent découverts au début du XXe siècle les corps de quatre prêtres disposés en forme de croix. C’est sur ce même emplacement que la piété populaire a érigé, au fil des décennies, cette grande croix que nous pouvons voir aujourd’hui, et qui s’édifie encore d’année en année.
M. l’abbé Bal-Pétré évoque l’une des neuf résolutions prises par les prêtres sur les pontons :
« Ils ne se livreront point à des inquiétudes inutiles sur leur délivrance ; mais ils s’efforceront des mettre à profit le temps de leur détention, en méditant sur leurs années passées, en formant de saintes résolutions pour l’avenir afin de trouver dans la captivité de leur corps, la liberté de leur âme. Ils regarderont aussi comme un défaut de résignation à la volonté de Dieu, les moindres murmures, les plus légères impatiences, et surtout cette ardeur excessive à rechercher les nouvelles favorables, qui ne peuvent qu’introduire dans leur âme cet esprit de dissipation si contraire au recueillement continuel dans lequel ils doivent vivre, et cette soumission sans borne à la volonté de Dieu, qui doit leur ôter toute inquiétude sur l’avenir. »
Puis nous retournons à Port-des-Barques pour la messe en plein air, célébrée par M. l’abbé Graff, assisté par les abbés de Sainte-Marie et Coulomb, et chantée par les religieuses de la Fraternité Saint-Pie X. Dans la prédication, le prieur de Bordeaux rappelle aux fidèles nombreux (plus de trois cents!) les fonctions du ministère sacerdotal qu’ils doivent attendre en premier lieu de leurs prêtres : la prière, la prédication et l’administration des sacrements.
On peut apercevoir, près de l’autel, la Vierge pèlerine de Fatima, qui passe de familles en familles parmi les fidèles du Prieuré de Bruges, et qui est venue elle-même en pèlerinage !
Après la messe, nous avons la joie de pouvoir recevoir la première bénédiction de M. l’abbé Du Crest, nouvellement ordonné au mois de juin, et venu spécialement de Vendée avec M. l’abbé de Maillard. Un verre de l’amitié termine cette belle journée dans la convivialité.
Mais avant de partir, M.l’abbé Graff nous a laissé un dernier mot d’ordre : revenez encore plus nombreux l’an prochain, et surtout, continuez de prier pour les prêtres, actuels et futurs !
Que la Vierge Marie, Mère du Souverain Prêtre et Reine du Clergé, bénisse tous les pèlerins de l’Ile Madame, et les conserve dans la fidélité à la Foi et à l’Église, à l’exemple des prêtres-martyrs !
Texte et photos du prieuré Sainte-Marie de Bruges pour La Porte Latine
Source : La Porte Latine du 20 octobre 2016