Aux sources du Carmel : Editorial du numéro 23 d’octobre 2010

Bulletin du Tiers-​Ordre sécu­lier pour les pays de langue fran­çaise


Editorial de Monsieur l’abbé Louis-​Paul Dubroeucq,
aumônier des tertiaires de langue française 

Cher frère, Chère sœur,

Dans le dis­cours après la Cène, au ch. 17, l’évangéliste saint Jean nous livre l’émouvante prière de Jésus pour ses prêtres : la prière sacer­do­tale. Jésus vient de consa­crer ses apôtres et de leur résu­mer les ensei­gne­ments de sa divine sagesse. Dans une longue sup­plique — la plus longue que nous ayons de Lui — il adresse pour ses prêtres à son Père la prière la plus vive et la plus ardente. Retenons tout spé­cia­le­ment de celle-​ci les paroles que la messe votive pour la per­sé­vé­rance des voca­tions sacer­do­tales a reprises dans le chant de com­mu­nion et qui résument la prière du Sauveur : « Sanctifiez-​les dans la véri­té » (Jn 17,17).

« Sanctifiez-​les dans la véri­té » ! Saint Thomas d’Aquin donne trois sens à cette prière : Sanctifiez-​les, rendez-​les par­faits, faites-​les saints, faites qu’en eux res­plen­disse ma lumière divine. Et dans la véri­té, c’est-à-dire, en Moi, votre Fils même qui suis la véri­té ; c’est pour­quoi il ajoute : « votre Parole — c’est le Verbe — est véri­té ». Rendez-​les par­ti­ci­pants de ma per­fec­tion et de ma sain­te­té. La par­ti­ci­pa­tion à la per­fec­tion et à la sain­te­té de Jésus doit sanc­ti­fier le prêtre au point de rendre visibles en lui cette per­fec­tion et cette sain­te­té divines. Dans le ser­mon sur la mon­tagne, le Christ don­nait à ses dis­ciples l’idéal à pour­suivre : la per­fec­tion du Père (Mt 5,48). Ici il prie son Père d’accorder à ses prêtres cette émi­nente sain­te­té. Or le Père exauce tou­jours son Fils (Jn 11,42). La confiance dans l’efficacité de la prière de Jésus est la pre­mière condi­tion pour arri­ver à ce but sublime : « si vous pou­vez croire, tout est pos­sible à celui qui croit » (Mc 9,22). Il faut, au prêtre, une foi vive et agis­sante qui l’unisse tou­jours plus inti­me­ment à Jésus. L’union avec Lui est la condi­tion indis­pen­sable pour pro­duire des fruits de sain­te­té : « comme le sar­ment ne peut fruc­ti­fier s’il ne reste uni au cep, ain­si vous non plus si vous ne res­tez uni à Moi » (Jn 15,4) et il ajoute comme s’il nous en priait : « res­tez en Moi, res­tez dans mon amour » (Jn 15,9). Pour le prêtre, point de sain­te­té pos­sible s’il ne reste à tout moment uni à Jésus-​Christ. Aussi, pour les âmes sacer­do­tales, prions le Père, avec son Fils et par Lui : faites-​les saints dans la véri­té, en Vous qui êtes « la voie, la véri­té et la vie ».

« Sanctifiez-​les », c’est-à-dire, infu­sez en eux le Saint-​Esprit ;et alors « en véri­té » signi­fie dans la connais­sance de la véri­té de la foi et de vos com­man­de­ments. Pour saint Paul, nous sommes sanc­ti­fiés par la foi et la connais­sance de la véri­té (Rm 3,22). La des­cente du Saint-​Esprit sur les apôtres le jour de la Pentecôte est la réponse du Père à cette prière de Jésus. Dans le Discours après la Cène, la puis­sance du Saint-​Esprit est annon­cée comme une lumière divine éclai­rant tout l’enseignement de Jésus et une force céleste fai­sant exé­cu­ter tous ses pré­ceptes. C’est le prêtre sur­tout qui a besoin de cette lumière intime de l’Esprit-Saint ; elle l’éclaire dans la connais­sance de la véri­té, base de toute sain­te­té, connais­sance non seule­ment théo­rique, mais sur­tout pra­tique, expé­ri­men­tale qui ne s’obtient que par l’action mys­té­rieuse du Saint-​Esprit, lumière des cœurs qui ins­truit dans l’oraison. Sachons deman­der au divin Paraclet, pour les prêtres, cette lumière divine : « O lux bea­tis­si­ma, reple cor­dis inti­ma tuo­rum fide­lium. » (séquence messe de la Pentecôte) Sans Lui on ne peut rien don­ner qui ait une vraie valeur devant Dieu : « sine tuo numine nihil est in homine, nihil est innoxium » (ibid.). L’union avec Jésus et en Jésus, condi­tion indis­pen­sable de la sain­te­té, n’est pos­sible que par la ver­tu du Saint-​Esprit, sève mys­té­rieuse qui unit les sar­ments au cep et entre eux. « Sanctifiez-​les dans la véri­té ! » Répétons sou­vent cette prière divine. Elle est la prière sacer­do­tale par excel­lence. Par elle nous invo­quons sans cesse l’Esprit sanc­ti­fi­ca­teur pour les prêtres, nous unis­sant à la prière sacer­do­tale du Souverain Prêtre.

« Sanctifiez-​les dans la véri­té » peut enfin, d’après saint Thomas, être pris dans le sens d’une consé­cra­tion puisque dans l’Ancien Testament tout ce qui ser­vait au culte était dit sanc­ti­fié. Ainsi le mot sanc­ti­fi­ca­tion équi­vau­drait à consé­cra­tion et Jésus deman­de­rait que ses prêtres soient consa­crés et entiè­re­ment des­ti­nés au ser­vice divin. Par cette grâce de sanc­ti­fi­ca­tion les prêtres deviennent inaptes à tout usage pro­fane, ils sont exclu­si­ve­ment à Dieu. Cette consé­cra­tion enva­hit pour ain­si dire tout l’être du prêtre, toute sa vie, fai­sant de lui un être abso­lu­ment sacré. C’est la rai­son pour laquelle l’Eglise, fidèle inter­prète du Christ, a éta­bli et main­te­nu la loi du céli­bat ecclé­sias­tique, et qu’elle veut pour ses prêtres un habit qui le dis­tingue des fidèles. L’Eglise veut libé­rer le prêtre de tout lien sus­cep­tible d’entraver son dévoue­ment exclu­sif au ser­vice de Dieu. « Sanctifiez-​les dans la véri­té » ! Redisons sou­vent cette prière pour les ministres du Seigneur, afin qu’ils se rap­pellent qu’ils appar­tiennent exclu­si­ve­ment à Dieu, qu’ils lui sont consa­crés et qu’ils vivent comme des consacrés.

Cette prière sacer­do­tale de Notre-​Seigneur se pro­longe dans l’Eglise, grâce à des âmes géné­reuses : le car­mel a été spé­cia­le­ment choi­si pour cette mis­sion ; sainte Thérèse d’Avila, puis sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, la bien­heu­reuse Elisabeth de la Trinité et bien d’autres membres de cet ordre, se sont consa­crés à sou­te­nir le sacer­doce catho­lique de leurs prières et de leur vie de sacri­fices. Des textes que vous trou­ve­rez dans ce bul­le­tin illus­tre­ront cette union du car­mel à la prière de Jésus pour ses prêtres. D’autres cita­tions éma­nant d’âmes « sacer­do­tales » s’y ajou­te­ront.
Que l’exemple de ces saintes âmes vous encou­rage à les imi­ter et à pro­lon­ger, vous aus­si, cette prière si pro­fonde de Notre

Sauveur pour ceux qu’il a choi­sis afin de le faire revivre ici-​bas pour la sanc­ti­fi­ca­tion des âmes.

Daigne le Cœur imma­cu­lé de Marie nous obte­nir ce zèle ardent qui ani­mait tout spé­cia­le­ment la Réformatrice du Carmel et sa digne émule, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face ; celle-​ci décla­rait hau­te­ment son inten­tion per­son­nelle dans l’examen cano­nique qui pré­cé­da sa Profession : « Je suis venue pour sau­ver les âmes et sur­tout afin de prier pour les prêtres ».

† Je vous bénis.

Abbé L.-P. Dubroeucq †

Récollections à Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet, Paris :
– Jeudi 18 novembre 2010, de 9 H 30 à 16 H 15
– Jeudi 3 mars 201, de 9 H 30 à 16 H 15

Retraites car­mé­li­taines :
– Du 10 au 15 jan­vier 2011
au Prieuré st Louis-​Maris Grignon de Montfort – 49380 Faye d’Anjou

- Du 22 au 27 août 2011 à l’Etoile du Matin, 57230 Eguelshardt