N° 14 – Novembre 2007
hère Madame,
Un jour, un prêtre commença une conférence spirituelle par cette phrase : « Mes sœurs, avant d’être des religieuses, soyez des chrétiennes ». Que voulait-il dire par là ? Tout simplement : que pour vivre véritablement notre vie de consacrées à Dieu selon le cœur de Dieu et nous sanctifier, il fallait d’abord vivre en chrétiennes.
Il en est de même pour vous, Chère Madame. Il ne suffit pas d’aller régulièrement à la sainte Messe chaque dimanche – voire même en semaine – pour être une bonne chrétienne. Cela va beaucoup plus loin ! Pour transmettre à votre enfant cette vie chrétienne (à la suite de la vie naturelle) il faut que vous en viviez profondément vous-même. Actuellement, beaucoup d’erreurs dans l’éducation viennent de cette ignorance ou de cet oubli. Vous allez en comprendre progressivement les raisons par des exemples appropriés.
Etre un chrétien, nous dit le catéchisme, c’est, non seulement être baptisé et, de ce fait, fils de Dieu, mais VIVRE conformément à cet état que nous donne ce grand sacrement du baptême, faute de quoi il y aurait une sorte de malhonnêteté vis-à-vis de Dieu.
Comment vivre chrétiennement ?
Par la vertu d’humilité qui est la plus méconnue des vertus ; elle est cependant le véritable fondement de la religion chrétienne.
L’humilité confère à l’âme une beauté que les mots ne sauraient exprimer et que l’on ne connaît que par l’expérience. C’est un trésor d’une valeur inestimable, et le seul nom qui lui convienne est celui de don de Dieu.
« Apprenez, a dit Notre-Seigneur, – non pas des anges, non pas des hommes, non pas des livres – mais apprenez par ma présence, ma lumière et mon action en vous – que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ». (Saint Jean Climaque – L’Echelle du paradis, 25è degré – cf. Matthieu, XI,29).
L’humilité consiste à confesser la grâce de Dieu et donc à compter sur Dieu dans votre œuvre d’éducatrice. Si la vertu d’humilité est souvent mal comprise lorsqu’elle s’exerce directement dans nos rapports avec Dieu (nous sommes dépendants de Dieu), elle est sujette à des malentendus plus grands encore dans sa pratique vis-à-vis du prochain.
Ceci se vérifie dans le support que l’on a ou que l’on n’a pas des défauts du prochain. L’enfant apprendra de vous à supporter les autres (ses frères et sœurs, ce qui éviterait des disputes), s’il voit sa maman supporter son papa (lors d’un fait quelconque) et surtout si maman supporte son enfant. L’enfant est faible et plein de défauts. La maman doit le reconnaître avec humilité et voir son enfant comme Dieu le voit et non pas avec un certain orgueil maternel. La maman a le devoir de corriger les défauts de son enfant et de le rendre fort. Par là, vous l’aiderez à grandir.
Comment cela ? Donnons un exemple
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Jean a fait une bêtise. Que va faire sa maman ? Dans un tel cas, j’ai souvent vu la maman se fâcher, crier, punir, voire même frapper ! Pourquoi ? Parce qu’elle a agi avec passion, sans réflexion ni patience. En agissant ainsi, elle ne comprend pas ce qu’est l’éducation. Ce n’est pas par la dureté que l’on corrige un enfant, mais par l’amour (qui cependant ne cède pas aux caprices).
Comment faire ?
1 – comprendre que l’enfant est faible, impuissant et ignorant, conséquence du péché originel.
2 – se mettre à sa place, l’enfant n’est pas un petit adulte, comme on le dit trop à présent. C’est un enfant.
3 – patienter (aujourd’hui, on ne sait plus attendre et on est toujours pressé) et réfléchir un instant. Pourquoi ne pas avoir un recours rapide à la Sainte Vierge et à l’Ange gardien ?
4 – le reprendre avec douce fermeté, lui montrant où est le mal et obtenir de lui le regret sincère qui l’amène à demander pardon de tout son cœur. C’est ainsi que vous formerez sa conscience.
5 – pardonner aussi, mais en lui infligeant une punition en rapport avec la faute commise pour former en lui le sens de la justice et réparer le mal qui a été commis (c’est pour cela qu’il faut réfléchir un instant avant de réagir). Personnellement, j’ai vu trop de parents punir de façon inconsidérée pour des fautes minimes. L’enfant se sent alors frustré et vous jugera sévèrement.
Le résultat de cette méthode : l’enfant repart l’âme en paix, avec le désir de ne plus recommencer. L’essentiel est qu’il s’aperçoive que votre amour à son égard est le même, malgré sa faute. Cela est très important, car dans ce climat d’humilité et de charité, Dieu est présent et agit par sa grâce toute puissante. Ne l’avez-vous pas, vous-même, constaté lors d’une bonne confession ?
La paix et la joie sont le fruit essentiel de cette vertu d’humilité. Au contraire, la vanité et l’orgueil brisent la paix. On pense peu à cette récompense qu’obtient l’humilité dans les rapports avec le prochain. Elle ouvre le Cœur de Dieu avec toutes ses grâces, lesquelles sont tant nécessaires, surtout pour toucher le cœur de l’enfant. Au contraire, l’orgueil (qui aveugle l’esprit) empêche de comprendre l’enfant, en ne sachant pas se mettre à sa place. Cet orgueil est souvent la cause de la dureté de l’enfant et parfois aussi de son manque de respect à l’égard de l’adulte. Il faut savoir être plus docile à la grâce de Dieu.
Saint Jean Bosco a eu un rayonnement incroyable sur un nombre très grand de garçons de tous âges, abandonnés et recueillis, et parfois de petits révoltés (Michel Magon). Il a réformé, éduqué des enfants très difficiles, par sa grande bonté, son amour, sa patience, sa douceur et sa joie. De durs qu’ils étaient, beaucoup de ces enfants sont devenus doux comme des agneaux.
« La patience obtient tout » disait une grande sainte. Elle est le fruit du véritable amour qui vient de Dieu et retourne à Dieu. On n’affirme pas son autorité par une certaine violence (gestes ou paroles), mais en aimant l’enfant comme Dieu nous aime. Quelle leçon ! Croyons davantage à la grâce de Dieu toute puissante qui supplée à ce qui nous manque quand nous avons tout fait pour vivre à la ressemblance de Dieu, comme Dieu l’a voulu en nous créant.
Chère Madame, si vous suivez cette méthode vous constaterez la transformation progressive de votre enfant. Dieu nous a donné un exemple à imiter : Notre-Seigneur Jésus-Christ. Suivez-Le et la bénédiction descendra sur votre foyer. C’est cela vivre en vrai chrétien, à la suite de Jésus-Christ en pratiquant Ses vertus, et notamment l’humilité.
(à suivre)
Une Religieuse.
Adresse courriel de la Lettre aux mamans sur l’éducation
Conseils de lecture
Saint Jean Bosco (A. Auffray).
Michel Magon (St Jean Bosco).
Louis Comollo (St Jean Bosco).