Brève Apologie pour l’Eglise de toujours

« A cer­taines périodes par­ti­cu­liè­re­ment ter­ribles – et nous sommes dans une de ces périodes – Jésus est en ago­nie parce que son Église est entra­vée, bafouée, contre­car­rée, com­bat­tue de l’intérieur dans son office pri­mor­dial de dis­pen­sa­trice de la Rédemption. » 

« Bien loin de dire que nous souf­frons par l’Église nous dirons plu­tôt que nous souf­frons avec l’Église, en union avec elle et cela grâce au divin secours que l’Église du fond de sa détresse conti­nue à nous prodiguer. » 

« A l’insuffisance ou à la défec­tion du chef n’ajoutons pas notre négli­gence par­ti­cu­lière. Que la tra­di­tion apos­to­lique soit au moins vivante au cœur des fidèles même si, pour le moment elle est lan­guis­sante dans le cœur et les déci­sions de celui qui est res­pon­sable au niveau de l’Église. Alors cer­tai­ne­ment le Seigneur nous fera miséricorde. » 

Ce grand livre, clas­sique de la lutte anti­con­ci­liaire n’a pas vieilli ; il garde toute son actua­li­té, té­moin les actes ré­cents du pape François, té­moin aus­si les diverses réac­tions de catho­liques dé­rou­tés qui cherchent une solu­tion à un suc­ces­seur de Pierre infi­dèle à sa mission.

Cet écrit de com­bat nous place devant des prin­cipes et struc­ture notre pen­sée faci­le­ment dé­rou­tée, puisque nous nous retrou­vons sans vrai pasteur.

Ces pages nous exhortent à pro­fi­ter des richesses que l’Église offre encore et tou­jours : la sanc­ti­fi­ca­tion des chré­tiens par les sacre­ments, la litur­gie et la prière, la grâce. C’est ce sens sur­na­tu­rel qui nous encou­rage à aimer l’Église de tou­jours, à aimer le pape vrai vicaire du Christ.

Nous voi­là éle­vés au des­sus des évé­ne­ments qui passent, tout en gagnant la fier­té de notre foi intacte. Notre espé­rance reste ferme : le Christ trou­ve­ra par­mi ses amis fidèles la semence d’une Église renou­ve­lée, le Christ-​Roi conti­nue­ra d’établir son royaume sur les cœurs sincères.

Aucun point de la doc­trine de l’Église ne doit être remis en cause parce que cette der­nière est en crise. Un à un, les points de doc­trine atta­qués sont expo­sés et dé­fen­dus : le rôle de sanc­ti­fi­ca­tion de l’Église (ch. 1), la pro­fes­sion de la foi qu’elle doit gar­der intacte (ch. 2), vivre l’évangile prê­ché par Jésus (ch. 3), main­te­nir l’autorité de la hié­rar­chie mal­gré ses dé­faillances (ch. 4) et son enne­mi, le col­lé­gia­lisme (ch. 5) et enfin la pré­di­ca­tion du salut, le royaume des cieux, non de cette terre (ch. 6).

Le nœud de la crise actuelle consiste en ce que la foi de l’Évangile a été dé­tour­née par une chi­mère ter­restre pour laquelle s’épuisent les moder­nistes de notre temps (comme exemple actuel, nous avons le thème éco­lo­gique du pro­chain synode sur l’Amazonie). Il faut, dit-​on, se mettre au dia­pa­son du monde, mais ceci entraîne la mise à l’écart des dogmes intem­po­rels du Credo. Voilà le grand men­songe, le vice prin­ci­pal du moder­nisme, qui joue dans l’équivoque et l’ambiguïté.

Les chré­tiens vivent avec Jésus sa Passion lorsque des enne­mis exté­rieurs l’attaquent, lorsqu’ils souffrent et s’offrent, mais aus­si lorsqu’elle est bafouée de l’intérieur même : messe équi­voque et pro­fa­née par le sacri­lège, pré­di­ca­tion incer­taine, sain­te­té tra­ves­tie et cari­ca­tu­rée par des contrefaçons.

N’en res­tons pas à des consi­dé­ra­tions uni­que­ment intel­lec­tuelles : vivant cette Passion avec l’Église, nous avons la grâce de pos­sé­der dans nos bas­tions la vraie messe, la vraie pré­di­ca­tion et les vrais moyens de sanc­ti­fi­ca­tion : nous devons être atta­chés à ces tré­sors, aider les prêtres qui cé­lèbrent la messe de tou­jours, ré­cla­mer res­pec­tueu­se­ment mais inlas­sa­ble­ment auprès des auto­ri­tés et cher­cher dans l’Église le pri­mat de la prière et de la contemplation.

Abbé du Crest

Père Calmel, Brève Apologie pour l’Eglise de tou­jours, Difralivree, 154 pages.

Sources : L’Aigle de Lyon n°347 /​ La Porte Latine du 18 juillet 2019