C’est le 30 septembre dernier qu’a été annoncée publiquement la décision du pape François de canoniser deux de ses prédécesseurs : Jean XXIII et Jean-Paul II. Dans la précipitation vaticane (une fois n’est pas coutume…), le scribe s’est trompé de date, rectifiée par les mêmes services le lendemain. Annonce fut faite pour le dimanche 17 avril 2014. Non, cette date du 17 avril correspond au Jeudi saint car il n’y a pas de dimanche 17 avril en 2014. Cette erreur de date (car ces canonisations seront faites le 27 avril) est peut-être significative et nous pensons plus à l’agonie de Notre Seigneur qu’à l’institution de la sainte Eucharistie : glorifier ces deux papes est bien le signe de la Passion de notre sainte Mère l’Église, que nous aimons plus que nous-mêmes. Nous vivons un drame, une tragédie.
Des études ont été faites en leur temps pour dénoncer déjà la béatification de Jean XXIII (en 1999) puis celle de Jean-Paul II, le 1er mai 2011. Je vous laisse vous reporter, pour ce dernier, à l’excellent ouvrage de l’abbé de la Rocque (Jean-Paul II – doutes sur une béatification. Editions Clovis, 2011). Un dominicain en 1975 avait fait une étude sur l’éventuelle canonisation de Jean XXIII. Il répondit que ce serait impossible, car il faut, pour accéder aux honneurs des autels, que les vertus pratiquées le soient de façon héroïque. L’abbé Simoulin (Fideliter n° 136, juillet-août 2000) intitula un article « La bonté du pape Jean ? » et répondit par la négative, arguments à l’appui et concluait ainsi : « Sa béatification sera celle de son concile et l’autobéatification de l’Église telle qu’il a voulu la réformer et de son œuvre actuelle. »
Outre l’âge avancé de Mgr Lefebvre en 1988, la raison majeure des Sacres épiscopaux voici 25 ans fut la scandaleuse cérémonie d’Assise où toutes les religions furent présentes, avec le bouddha posé sur l’autel. Et le pape d’Assise serait canonisé un jour ? Non possumus, nous ne pouvons pas. Nous écrivons ces mots avec peine mais nous voulons suivre la trace du martyr saint Maurice qui, à la demande de tuer les chrétiens ses frères, dit à l’empereur Maximien cette phrase si courte mais si profonde : « Nous ne pouvons pas renier Dieu notre Créateur et verser le sang chrétien. » A notre tour, nous ne pouvons pas faire croire que nous acceptons, ne serait-ce que par un silence gêné, l’humiliation publique de la Sainte Église, bafouée dans sa dignité de Mère. Jean-Paul II, condamnant par ailleurs l’apostasie silencieuse des nations (cf. Ecclesia in Europa, 28 juin 2003), a été le ténor de cette même apostasie. Il ne sert à rien d’écrire de belles phrases en dénonçant une apostasie des nations lorsque, à la tête de l’Église, les actes manifestent publiquement des gestes contraires aux préceptes divins. C’est en effet le premier commandement de Dieu qui fut bafoué le 27 octobre 1986, et c’est le plus grave de tout le décalogue. Quand bien même nous voudrions excuser le geste du pape d’alors, nous ne le pouvons : Notre Seigneur fut relégué sur un plan d’égalité avec les démons. Mgr Lefebvre fit faire alors un dessin (voir infra) qui marqua les esprits, plus peut-être qu’un long discours.
Ce pape d’Assise va, après une fausse béatification, être mis sur les autels. Disons-le tout net : ces autels ne sont pas catholiques et nous ne pouvons nous reconnaître dans ce simulacre de cérémonie. C’est une singerie. Monsieur l’abbé de Cacqueray, dans l’éditorial de la revue Fideliter (n° 215, sept-oct. 2013) a bien qualifié notre siècle : celui de l’inversion. Ces nouvelles canonisations (nous reprenons le mot, mais il est vidé de son sens infaillible) sont des renversements : le dernier concile (Jean XXIII), les cérémonies attaquant de plein fouet la Majesté divine (Jean-Paul II) sont mis sur le podium, à la vue de tous. Quelle honte !
Ce n’est pas dans un esprit passionné ni mû par un rejet des autorités que nous écrivons ces lignes, soyez-en bien convaincus chers Fidèles. Nous gardons la tête froide. Mais c’est notre cœur de pasteur de vos âmes qui saigne. Le loup est dans la bergerie ! Au feu, au feu ! Nous ne serons pas des chiens muets devant le drame qui se déroule sous nos yeux ébahis. Tandis que je rédige ces lignes, j’entends résonner dans ma mémoire les sermons de notre vénéré fondateur (29 juin 1982 : la Passion de l’Église ; 30 juin 1988 : les Sacres des évêques ; 14 mai 1989 : Pentecôte, où Monseigneur parla de Notre-Dame et la définit comme la Vierge de l’horreur, entendez du péché). Ces sermons d’Ecône sont comme des phares dans la nuit. Ils nous ont donné la flamme qui jusqu’à aujourd’hui nous font rester fidèles à ce que nous avons reçu par l’imposition des mains de l’évêque qui nous fit prêtres. Avec la grâce de Dieu nous voulons demeurer fidèles.
Nous ne nous réjouirons pas de la canonisation des deux papes. Nous la pleurons dès à présent et nous prions pour des jours de conversion, celle des intelligences aveuglées par l’orgueil infernal, celle des volontés murées par le non serviam diabolique : Oportet illum regnare, il faut qu’Il règne !
Nous en appelons aux Martyrs, aux Confesseurs de la Foi. Nous en appelons à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Patronne des Missions, à saint François d’Assise qui n’hésita pas à dire la vérité au Sultan, à saint Pie V qui fit lever une armée pour la défense de la Foi contre les Turcs et dont il fut vainqueur à Lépante. Nous en appelons au sens catholique des chrétiens. Catholiques, réveillez-vous, vous ne pouvez vous laissez endormir par le relativisme religieux qui vous fera mourir si vous n’y prenez garde.
Seigneur, sauvez-nous. « Notre secours est dans le Nom du Seigneur. » Notre-Seigneur règnera par Notre-Dame immaculée, lorsqu’enfin la Russie sera consacrée par le Souverain Pontife à la Vierge Marie. C’est en Marie que nous plaçons toute notre Espérance.
Abbé Dominique Rousseau, Prieur de Gastines, Directeur des retraites
Le 3 octobre 2013, en la fête de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Patronne des Misions, Patronne secondaire de la France
Les vignettes effectuées à la demande de Mgr Lefebvre à l’annonce du premier scandale d’Assise