Divorcés-​remariés : le cardinal Müller condamne la séparation entre doctrine et pastorale

Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

La ten­ta­tive est celle des par­ti­sans de la com­mu­nion pour les divorces « rema­riés » qui n’auraient pas renon­cé à leur choix de vie désor­don­né, mise en avant au synode sur la famille par le car­di­nal Walter Kasper. Le pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la Foi, le car­di­nal Gerhard Müller, a condam­né cette fausse oppo­si­tion entre doc­trine et pas­to­rale lors d’une récente réunion de la Commission théo­lo­gique inter­na­tio­nale [1]. Il voit dans cette sépa­ra­tion une « hérésie ».

« Chaque divi­sion entre « théo­rie » et « pra­tique » de la foi serait le reflet d’une sub­tile héré­sie chris­to­lo­gique », a‑t-​il affir­mé. Elle ne pour­rait résul­ter que d’une « divi­sion dans le mys­tère de la Parole éter­nelle du Père, qui est deve­nue chair ».

Le car­di­nal Müller, citant le Concile Vatican I, a rap­pe­lé que l’enseignement constant de l’Eglise est que la « connais­sance de Dieu » est ordon­née à « la fin ultime de l’homme, pour la rédemp­tion de l’homme ». Il ne peut jamais y avoir d’« hia­tus ou de conflit entre la com­pré­hen­sion de la foi et la pas­to­rale ou la pra­tique de la foi vécue » ; par consé­quent, toute « théo­lo­gie authen­tique » croît à par­tir de la « théo­rie » et reste en cohé­rence avec elle.

« Vous pour­riez dure que toute la pen­sée théo­lo­gique, toutes nos inves­ti­ga­tions scien­ti­fiques ont tou­jours une dimen­sion pas­to­rale pro­fonde. Que ce soient les dis­ci­plines dog­ma­tiques, morales ou théo­lo­giques, elles ont toutes leur propre dimen­sion pas­to­rale », a‑t-​il précisé.

Rappelant que la foi chré­tienne « n’est pas irra­tion­nelle », il a ajou­té que la théo­lo­gie « exa­mine, dans un dis­cours ration­nel sur la foi, l’harmonie et la cohé­rence des diverses véri­tés de la foi, qui trouvent leur source dans le seul fon­de­ment de la révé­la­tion du Dieu Un et Trine ». La théo­lo­gie n’est pas « une pure spé­cu­la­tion ou théo­rie déta­chée de la vie des croyants ».

Le Magistère catho­lique sou­tient que le mariage est un lien indis­so­luble et donc l’Église ne recon­naît pas l’exis­tence de divorce. Ces per­sonnes, par consé­quent, en demeu­rant dans un état adul­tère impé­ni­tent, com­mettent un péché mor­tel qui les empêche de rece­voir la com­mu­nion ou les autres sacrements.

Hilary White de LifeSite rap­porte ces pro­pos publiés par L’Osservatore Romano en ita­lien il y a quelques jours. Elle observe que le car­di­nal alle­mand Müller a été l’un des prin­ci­paux oppo­sants à son com­pa­triote le car­di­nal Kasper et sa pro­po­si­tion de don­ner la com­mu­nion aux divor­cés « rema­riés » dans cer­taines cir­cons­tances. Elle commente :

« La pres­sion pour faire adop­ter ces chan­ge­ments est venue depuis l’Allemagne, où des mil­liers de per­sonnes en situa­tion d’« union irré­gu­lière » décident chaque année de quit­ter le sys­tème gou­ver­ne­men­tal de taxa­tion au pro­fit de l’Eglise duquel l’Eglise catho­lique d’Allemagne tire la plus grande part de ses reve­nus.»

Dans un récent article paru dans Il Foglio du 15 mars 2014 [2] le car­di­nal Caffara s’interrogeait :

« À ce point on pour­rait se deman­der : pour­quoi n’approuve-​t-​on pas l’union libre ? Et pour­quoi pas les rap­ports entre homosexuels ? »

Les décla­ra­tions du car­di­nal Müller sont par­ti­cu­liè­re­ment impor­tantes dans le contexte actuel dans la mesure où les tenants d’un chan­ge­ment de la pra­tique de l’Eglise à l’égard de cer­tains divor­cés « rema­riés » font mine de récla­mer un simple chan­ge­ment de la « dis­ci­pline » au nom d’un sou­ci « pas­to­ral » qui ne sau­rait chan­ger la « doc­trine » de l’Eglise.

Mais si la pas­to­rale est l’expression de la doc­trine et ne sau­rait la contre­dire – et c’est l’enseignement de l’Eglise que rap­pelle le Préfet de la Congrégation pour la doc­trine de la Foi – un chan­ge­ment de pas­to­rale signi­fie­rait une modi­fi­ca­tion de la doc­trine.

Sources : LifeSite/​Il Foglio/​BlogdeJeanneSmits/​LPL