Du Golgotha à Copacabana lors des JMJ 2013 : Très Saint Père, rendez-​nous la Messe !

La média­ti­sa­tion de la papau­té a du bon. Elle per­met de faire connaître et aimer le Siège apos­to­lique jusqu’aux extré­mi­tés de la terre. Elle confère au catho­li­cisme une visi­bi­li­té qui touche les âmes et en même temps donne un exemple aux prêtres du monde entier. Imaginons l’impact qu’aurait une messe tra­di­tion­nelle célé­brée par le suc­ces­seur de Pierre ! Le pape Benoît XVI était conscient de cette force de frappe média­tique et il l’a uti­li­sée dans une cer­taine mesure ces der­nières années, pour frei­ner les abus litur­giques, en revê­tant des orne­ments dignes, en res­tau­rant le cru­ci­fix et les six can­dé­labres sur l’autel, en mul­ti­pliant les ado­ra­tions eucha­ris­tiques, en dis­tri­buant exclu­si­ve­ment la sainte com­mu­nion sur les lèvres.

Notre mis­sion n’est pas celle du Saint-​Office. Elle ne consiste pas à juger ni les papes, ni les évêques, ni les orga­ni­sa­teurs des Journées mon­diales de la Jeunesse. Mais, à la vue de la manière dont étaient trai­tées les saintes espèces à l’occasion de l’édition de Rio de Janeiro le 28 juillet der­nier, nous n’avons pas pu ne pas nous émou­voir devant les faits et, à la suite de notre véné­ré fon­da­teur, nous ne pou­vions que redire ces mots à la fois simples et désem­pa­rés : « Notre cœur a trem­blé, nos intel­li­gences aus­si, et notre foi s’est émue. »

Si le Saint-​Père a dépo­sé sur les lèvres des fidèles des hos­ties recueillies dans un ciboire pré­cieux, la négli­gence ou la perte de toute révé­rence envers Notre Seigneur a fait que, aux extré­mi­tés de la foule de trois mil­lions de per­sonnes, la Sainte Eucharistie a été dis­tri­buée avec irré­vé­rence par des orga­ni­sa­teurs laïques – hommes et femmes – les­quels avaient négli­gem­ment ver­sé les saintes espèces dans des bols de céra­mique, voire même des gobe­lets de plastique.

Photo prise lors des JMJ 2013 par un lec­teur de fratresinunum

Cette pra­tique a été lar­ge­ment remar­quée et elle a pro­fon­dé­ment scan­da­li­sé des fidèles pré­sents, légi­ti­me­ment débous­so­lés.

Devrions-​nous nous effa­cer devant cette réa­li­té ? Si Jésus Christ n’était qu’un simple homme, ne serions-​nous pas comme ce prêtre et ce lévite qui, pré­cé­dant le Bon Samaritain, igno­rèrent de manière pha­ri­saïque ce mal­heu­reux qui fut aban­don­né sur la route qui mène de Jérusalem à Jéricho ?

Pourtant le Saint Sacrement est bien plus, il contient réel­le­ment et sub­stan­tiel­le­ment Jésus Christ, fils de Dieu, deuxième per­sonne de la Sainte Trinité, notre Sauveur et notre Rédempteur, qui a don­né sa vie pour nous rache­ter. Comment ne pas expri­mer notre pro­fonde dou­leur devant le spec­tacle d’une plage géante qui célèbre dans la désin­vol­ture ce qui est en réa­li­té le renou­vel­le­ment du Sacrifice du Calvaire ? Mais le nou­veau rite, fabri­qué en 1969, exprime-​t-​il encore l’es­sence de la Messe catholique ?

A moins de subir à nou­veau la négli­gence des sol­dats hie­ro­so­lo­my­tains, Notre Seigneur ne devrait-​il pas, au moins, être trai­té comme son vicaire sur terre, qui a droit à un trône, à des assis­tants, aux ova­tions et aux égards d’une foule unanime ?

Cette pra­tique eucha­ris­tique reflète mal­heu­reu­se­ment, de manière symp­to­ma­tique, le sort réser­vé aux saintes espèces depuis quelques décen­nies. La créa­ti­vi­té consé­cu­tive à la réforme litur­gique les a livrées aux mains des laïcs, au risque de mul­tiples profanations.

L’autorité pro­gres­si­ve­ment effri­tée a concé­dé de manière excep­tion­nelle une com­mu­nion dans la main qui s’est géné­ra­li­sée, abou­tis­sant aux constats conster­nants que révèlent les son­dages. Une très grande majo­ri­té des catho­liques ne croit plus en la pré­sence réelle. Et désor­mais ce sont des prêtres qui pensent qu’ils n’ont plus entre les mains que du pain. En célé­brant les saints mys­tères selon les normes héri­tées de la Tradition, le prêtre, par les nom­breuses génu­flexions, par les mul­tiples égards réser­vés aux par­celles de la Sainte Hostie, ne peut dou­ter qu’il a entre les mains le plus pré­cieux des tré­sors : Jésus-​Christ, vrai Dieu et vrai homme.

Aussi, nous sup­plions le Saint Père de mettre un terme à ces pra­tiques sou­vent igno­rantes et de prendre en consi­dé­ra­tion notre appel. Cet appel, nous le lan­çons au pro­fit de la cause la plus noble : celle de notre Sauveur ! Nous le défen­dons car nous crai­gnons que si nul ne brise le silence, il ne trou­ve­ra aucun avo­cat, lui qui s’est fait pri­son­nier de son amour dans le sacre­ment du tabernacle :

Très Saint Père, nous vous prions de res­ti­tuer les hon­neurs dus au Saint-​Sacrement, de réap­prendre à tous nos frères à s’agenouiller devant leur Seigneur, de recen­trer les taber­nacles, de redres­ser les tables de com­mu­nion, de faire en sorte que, chaque fois que la Sainte Eucharistie sera dépo­sée sur des lèvres, c’est cet acte de foi qui réson­ne­ra en chaque âme : Mon Seigneur et mon Dieu !

Et, sans nul doute, nous ver­rons alors les fidèles retrou­ver la fer­veur et gagner à nou­veau le che­min des églises. Bien au-​delà des des­seins d’a­dap­ta­tion ou d’in­cul­tu­ra­tion, l’Évangélisation, qu’elle soit dite ancienne ou nou­velle, ne pour­ra emprun­ter que ce che­min, celui de l’amour de Jésus Christ au Très Saint Sacrement de l’autel. C’est celui que Dieu nous a don­né pour tous les temps.

Très Saint Père, rendez-​nous la Messe !

La Porte Latine, le 8 sep­tembre 2013 en la fête de la Nativité de la Très Sainte Vierge Marie