Don Massimo Sbicego à Albano Laziale
Le site d’Italie nous a aimablement autorisé à traduire l’entretien que Don Massimo Scibego, curé de paroisse de 38 ans qui vient de rejoindre la FSSPX, vient de donner à Marco Bongi.
- Comment avez-vous connu la FSSPX ? En aviez-vous entendu parler avant de la connaître directement ?
C’est en 1992 que j’ai trouvé intéressant un ancien numéro de la revue : « La Tradizione cattolica » : « qui sait s’ils la publient encore cette revue » ; j’ai essayé de contacter la rédaction et je me suis abonné. Entre temps j’ai fini le séminaire, j’ai été ordonné en juin 2000, et j’ai commencé mon ministère ; ce n’est qu’en mai 2007que je me suis rendu au prieuré de Rimini et que j’ai rencontré don Luigi.
- Lorsque vous étiez séminariste, vous avait-on parlé de Monseigneur Lefebvre et de la Sainte Messe ancienne ?
Non. La Tradition dans sa dimension positive est absente de l’enseignement moderne au Séminaire. Si l’on y cite la Messe « pré-conciliaire », on le fait pour souligner combien cette liturgie là et cette théologie-là étaient inadaptées. Même encore récemment, à l’occasion du « Motu Proprio », je sais que certains « liturgistes » ont utilisé le DVD de la sainte Messe publié par la Fraternité pour se moquer avec les séminaristes du rite et des gestes.
- Qu’avez-vous éprouvé la première fois que vous avez assisté à la célébration de la Sainte Messe de toujours ?
Le sentiment de me trouver en la Présence de « face à Lui » et Lui-même était là.
Dans le rite copte, les rubriques prescrivent que le prêtre doit entrer pieds nus dans le sanctuaire, du reste notre rituel Pontifical prescrit des souliers spéciaux pour l’évêque ; la première fois que j’ai célébré la Sainte Messe, j’ai soudain saisi le pourquoi : Moïse devant le buisson ardent.
Chaque fois que j’entre dans le Sanctuaire, c’est ainsi : le buisson ardent brûle de Sa présence.
- Comment est la vie dans la FSSPX ?
C’est avant tout une vie simple et fraternelle. Monseigneur l’a pensée en s’appuyant sur son expérience en terre de mission : il a compris l’importance non seulement de l’apostolat, mais aussi d’un lieu au sein duquel « se recharger » spirituellement et intellectuellement, un lieu où vivre ensemble avec d’autres prêtres, fraternellement ; il a pensé à un lieu qui protège les prêtres du monde ; ce lieu, c’est le prieuré.
Ce qui est beau, c’est qu’il y a toujours un bon mot, un trait d’esprit au lieu d’une discussion doctrinale, ou quelque chose à réparer, ou encore un invité qui arrive de loin, une prière dans la liturgie unique même dans la diversité des langues nationales de chacun.
Et puis il y a les sœurs, qui sont un exemple en toutes choses : exemple de prière, d’ardeur au travail, d’attention, de modestie, de discrétion… et les frères, des consacrés non prêtres, qui s’occupent avec générosité de nous tous : de la maison, des invités, de nous prêtres.
– Les prieurés accueillent aussi des personnes extérieures.
Je dirais que le prieuré est ouvert à l’accueil de tous ceux qui respectent les rythmes et les finalités : il y a toujours un prêtre disponible pour donner un mot, un encouragement, un moment de retraite ou de discernement. Et puis, il y a des rencontres spécifiques qui sont organisées pour les prêtres et les fidèles ; on y prêche plusieurs fois par an les Exercices Spirituels ignatiens selon la méthode du Père Francesco da Paola Vallet et diffusée par le Père Ludovico Maria Barielle.
– Comment se déroule la journée, l’apostolat … ?
Il y a essentiellement deux rythmes de vie différents : lorsque nous sommes en maison (c’est à dire au prieuré, pendant la semaine ou la férie) et dans l’apostolat (en fin de semaine ou pour les fêtes).
Au prieuré, la vigile officielle est à 6.00 du matin, mais de nombreux prêtres se lèvent avant, pour réciter les Matines et les Laudes ; à 6.30 heures, il y a la récitation commune de Prime, puis la méditation et l’Angelus ; à 7.15 heures, la Sainte Messe et l’Action de Grâces ; à 8.10 heures, le petit déjeuner. Il y a ensuite du temps pour se consacrer à l’étude, à la préparation de rencontres, de catéchèses, de réunions, aux articles ; pour différents travaux manuels et tâches diverses, ou pour un autre moment de prière, pour le Bréviaire (Tierce et None), la Sainte Écriture, etc. À 12.15 heures, c’est la récitation commune de Sexte et l’Angelus, puis le déjeuner à 12.30 heures. Dans l’après-midi il y a encore un temps pour l’étude, le travail ou la prière (récitation en privé des Vêpres) jusqu’à 18.50 heures, avec la récitation du Chapelet et de l’Angelus , le jeudi il y a la Bénédiction Eucharistique. À 19.20 heures le dîner, et à 20.45 heures les Complies, suivies par le Grand Silence jusqu’à 8.00 le lendemain.
Dans l’Apostolat, la fin de semaine, les jours de fête, à d’autres occasions, outre les obligations cléricales (Bréviaire et Sainte Messe) et celles de la Fraternité (Chapelet quotidien), les horaires sont flexibles en fonction des différentes situations et des nécessités.
Je ne suis pas encore inséré dans cette mission importante, mais je vois les confrères qui parcourent des centaines de kilomètres pour assister et rencontrer les fidèles, pour leur célébrer la Sainte Messe, résoudre d’innombrables problèmes liés à l’emplacement des chapelles, la célébration, le logement, l’hostilité des curés et des évêques, en ce sens qu’ils ne sont pas très charitables avec nous.
– Pensez-vous que d’autres prêtres suivront votre exemple ?
Je pense sincèrement que d’autres prêtres et séminaristes se posent la question. Pour chacun, comme conséquence de son propre choix de consécration au Seigneur, une remise en question s’avère pour lui nécessaire ; remise en question qui concerne les dimensions sacerdotales du « presbytérat » et les dimensions sacrificielles de la Sainte Messe.
La vague idéologique post-conciliaire est en train de s’épuiser en un système essentiellement agnostique ; chez les jeunes prêtres et chez les jeunes gens se réveille en revanche la recherche de l’authenticité de notre Foi : d’où leur rapprochement vers la Tradition Catholique.
Le prêtre moderne, première victime de la nouvelle orientation ecclésiale, vit souvent une profonde crise d’identité ; il ne peut sortir de cette crise qu’en se réappropriant les moyens que lui fournit la Tradition de l’Église : en premier lieu, la Messe de toujours, puis le Bréviaire, une vie sacerdotale Fraternelle, donc l’Apostolat.
Merci beaucoup, don Massimo.
Merci à Vous.
En Jésus et Marie.
Propos recueillis Marco Bongi