Les abbés Louis-Marie Buchet et Reiser avec les enfants du village de Baposso
Avant de quitter le village de Ndambi, fin décembre dernier, les chefs nous avaient dit avec insistance :
« Aidez-nous maintenant à garder la Foi de nos anciens. Passez régulièrement comme les missionnaires d’autrefois. Ne nous abandonnez pas ».
Ces paroles qui me reviennent souvent, nous vous les avions fait partager et votre bon cœur n’est pas resté insensible à leur pauvreté.
Bien des médicaments nous ont été adressés et surtout les toitures des deux chapelles envisagées sont déjà payées grâce à votre générosité qui nous permettra également d’en construire une troisième dans un nouveau village qui s’annonce. Vous avez peut-être lu, sur la Porte Latine, le récit de notre première Messe à Ayeme Bokoue.
En tout cas sachez que la prière reconnaissante des catholiques de Ndambi monte vers Dieu pour vous chaque jour à l’occasion de leur chapelet quotidien récité par le Chef dans le corps de garde du village.
« Passez régulièrement comme les missionnaires d’autrefois. »
Les souvenirs de notre extraordinaire aventure de Noël sont trop forts pour que nous puissions oublier nos amis du fond du Gabon !
Cette fois l’aventure sera tentée par le Transgabonais, l’unique ligne ferroviaire à la voie unique qui relie Libreville à Franceville.
Sont désignés pour cette nouvelle équipée, le Père Louis-Marie Buchet [photo de gauche] qui aimerait revoir le petit singe qui avait nargué son canon de fusil à Noël et l’Abbé Reiser [photo de droite] , qui ne se le fait pas répéter deux fois ! C’est un jeune séminariste suisse-allemand qui, cette année, donne un précieux coup de main à la Mission avant de poursuivre ses études au séminaire de Zaitzkofen, et peut être de revenir au Gabon !
Le 25 mars à 19 H 00, nos deux missionnaires prennent place dans un ancien train Corail qui n’offre pas de service ‘couchette’ et malgré l’absence de climatisation, la chaleur ne sera pas trop insupportable en raison de la nuit. Le Père Louis-Marie à Lastourville, après une nuit de train.
Bon présage, le train s’ébranle à l’heure prévue. Pour des habitués du TGV, le voyage sera long car l’express gabonais s’arrête quasiment à toutes les gares !
Malgré la nuit, le Père Louis-Marie repère le mont Brazza, au pied duquel nous avions fait escale lors de notre premier périple par la piste.
A 6 H 10, nos missionnaires descendent du train à Lastourville pour atteindre Ndambi en taxi brousse.
Sur le quai, le Père, en raison de sa soutane, est salué par le responsable de l’école catholique du District, puis arrive le chef Antoine, venu de son village pour accueillir et guider les Pères.
Le Père Louis-Marie avec le Père Martin, curé de la paroisse Saint Pierre-Claver
Le Père Louis-Marie lui demande de les conduire chez le Curé du District que nous avions manqué la fois précédente. Cette fois est la bonne. Le Père Martin, jeune Père spiritain originaire du Nigéria, accueille fraternellement les voyageurs. Il est curé de la Paroisse Saint Pierre-Claver, mais également responsable de 32 villages aux alentours.
Il ne voit pas d’objection à l’apostolat que nous entreprenons à Ndambi et, après une photo souvenir, il reconduit tout le monde à la gare pour attendre le taxi brousse.
A 10 H 00, arrivée triomphale à Ndambi, tous les villageois manifestent leur joie de revoir le Père qui entreprend immédiatement le tour du village.
Il s’agit de vérifier que la préparation au baptême a été bien faite, selon les consignes données à Valérie, notre dévouée catéchiste.
L’heure du repas étant arrivée, pas de suspens en ce qui concerne le menu qui sera identique pendant les cinq jours : plat unique composé de viande de brousse accompagnée de manioc sous toutes ses formes.
L’après-midi, après une courte sieste qui s’impose, il s’agit d’établir la liste de ceux qui seront baptisés demain dimanche et surtout de faire choisir les prénoms que propose le Père.
A la fin de la journée, le Père Louis-Marie a distribué tous les prénoms de ses frères et soeurs mais également de ses cousins et cousines !
17 H 00, ultime séance de catéchisme, l’Abbé Reiser se charge des plus jeunes à l’ombre du manguier sur la ‘place’ du village [Photo ci-dessus], pendant que le Père réunit les adultes. Quelques uns des plus âgés se montrent un peu réticents : « Mais on est baptisé, communié, confirmé et le Père va nous faire le catéchisme comme aux enfants ! ». Les premières questions leur prouvent que la leçon n’est pas inutile !
Suivent les confessions avec interprète pour les plus anciens, pendant que tout le village récite le chapelet en langue kotha sous la direction du chef.
Après la Messe, un vieux Papa s’approche du Père : « Il faut que tu me baptises » dit-il avec une insistance qui ne peut pas laisser indifférent. Le chef explique qu’il habite un village voisin à 2,5 Km, mais qu’il vient souvent prier avec eux. Le chef est favorable au baptême ; le Père interroge le vieux et constate en effet qu’il est prêt. « Viens demain matin avant la messe et je te baptiserai », lui dit le Père.
Papa Antoine ne manquerait pour rien au monde le rendez-vous. Le lendemain matin, il est déjà de retour à 6 H 00 ! Le chef Jules et son épouse, Maman Léontine seront ses parrain et marraine.
« Antoine, que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? – La Foi »
Des enfants sont déjà là qui ouvrent grands leurs yeux sur les moindres gestes du Prêtre : « c’est comme ça qu’on baptise ?… »
Voilà notre Papa baptisé. Les registres sont inaugurés : Ndambi : Baptême n° 1. Le premier d’une longue série…
Le Chef Jules, parrain de tous les enfants baptisés…
Après la Messe rythmée par les chants kotha accompagnés de petits tambourins, ce sont 24 nouveaux baptêmes qui sont administrés principalement à de jeunes enfants.
Le renseignement des registres n’est pas une mince affaire, elle demande beaucoup d’attention et plusieurs griffonnent une croix en guise de signature.
Partie chasse en compagnie de Dimitri, le jeune frère de Gustave, notre fidèle gardien à Libreville
Après tant d’émotions, le lendemain est consacré à une partie chasse en compagnie de Dimitri, le jeune frère de Gustave, notre fidèle gardien à Libreville. Un singe, le dernier d’une bande, un peu plus téméraire que les autres, se laisse apercevoir, mais prudent il reste au-delà de la portée d’un coup de feu. Une demi-heure plus tard c’est une antilope qui se montre à vingt mètres de notre séminariste, mais subjugué par tant de beauté, il n’a pas le courage de tirer sont premier coup de fusil.
Un peu plus loin, des singes font du tapage, mais l’orage qui gronde, sera leur salut, les chasseurs préfèrent rentrer. Sur le retour, belle cueillette de champignons et d’une tortue égarée qui fera la joie des enfants du village qui la font danser en lui chatouillant la carapace avant de la mettre sur le feu et de la déguster avec gourmandise.
Le lendemain mardi, il faut aller à Baposso, le deuxième village qui nous attend. La perspective des 10 Km à pieds sur la piste n’enthousiasment pas les Pères qui s’y résignent cependant. Mais la Providence veille. Au moment de partir, le livreur de boisson s’arrête à Ndambi. Après avoir livré quelques caisses de jus et de bière, il embarque nos missionnaires soulagés et Valérie, la catéchiste.
Evidemment l’arrivée est plus tôt que prévue et un quart‑d’heure plus tard nos voyageurs descendent du camion dans un village à peine réveillé.
Même travail que trois jours plus tôt. Les Pères s’installent dans la maison du chef Théophile. Le Père Louis-Marie vérifie les connaissances. Seuls 10 enfants pourront être baptisés sur les 30 qui le souhaiteraient. Les parents n’ont pas été suffisamment assidus à la prière depuis Noël.
Le Père Louis-Marie leur explique « qu’il n’est pas suffisant de venir prier uniquement lorsque le Père est là ». Leurs enfants ne seront donc pas baptisés cette fois. Ils sont très déçus et retiennent la leçon qui portera ses fruits.
L’après-midi visite des familles, le Père bénit les maisons, distribue des chapelets, impose la médaille miraculeuse à ceux qui étaient absents à Noël. Puis c’est le retour à Ndambi… avec le même livreur que le matin qui repasse providentiellement juste à l’heure du départ ! 2,5 Km avant Ndambi les Pères descendent dans le village du Papa Antoine, notre premier baptisé. Le Père visite le chef Pascal et lui demande s’il serait possible d’envoyer tous les enfants à la Messe du lendemain matin… et bien ils y seront tous !
Déjà le dernier jour de la mission se lève ; mais il réserve une mauvaise surprise : le taxi brousse annonce lors de son passage matinale qu’il ne repassera pas aujourd’hui. Les pères devraient écourter leur séjour d’une journée et rejoindre tout de suite la gare de Lastourville pour attendre le train du soir !
Les villageois ne l’entendent pas de cette oreille. Après échange de paroles très véhémentes, le Taxi brousse accepte de revenir prendre les Pères dans l’Après-midi. Tant mieux, car après la messe, le Père baptise encore cinq enfants de Likokodiba, un village voisin. Ces cinq enfants n’étaient pas encore tout à fait prêts samedi dernier.
Avec ces derniers baptêmes, le total s’élève donc à quarante en cinq jours et il ne reste pas une seule place dans les registres !
L’après-midi le Père Louis-Marie et l’Abbé réunissent tous les enfants du village pour une partie de foot qui fait la joie des anciens et qui s’achèvera dans la rivière par un bain bien mérité !
Puis ce sont les adieux toujours très expressifs. Chaque famille veut offrir quelques fruits de sa plantation aux Pères qui sont incapables de tout emporter !
Les chefs s’assurent de la promesse d’une prochaine mission… alors nos missionnaires fourbus peuvent rentrer à Libreville le cœur remplis de consolations et la tête de souvenir.
L’abbé Reiser n’est pas prêt d’oublier Ndambi, je sais même qu’il en rêvera l’année prochaine en classe de théologie !
Quelle moisson ! Merci Seigneur !
Père Nicolas Pinaud, Supérieur de la Mission Saint Pie X
Comment aider l’apostolat de la FSSPX en Afrique
Pour nous aider à les aider, vous pouvez adresser vos dons par chèque au Père Nicolas Pinaud, Supérieur de la Mission
Mission Saint-Pie X
Quartier La Peyrie – BP 3870
Libreville (Gabon)
Médailles miraculeuses, médailles de Saint Benoît et chapelets sont les bienvenus mais également des médicaments tel que le paracétamol – Doliprane, Efferalgan…
Une mère m’a embrassé parce que je lui donnais, pour son enfant en pleine crise de paludisme, les 6 comprimés de doliprane qui me restaient…
10 tôles pour une chapelle = 75 € ou 110 $ US
100 tôles pour une chapelle = 750 € ou 1100 $ US
Frais de déplacement en voiture 4 x 4 pour un tel voyage missionnaire = 1000 € ou 1450 $ US
Frais de déplacement en train = 350 € ou 500 $ US
Installation d’une pompe manuelle pour puiser l’eau potable dans un village = 2500 € ou 3600 $ US