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Sortie des Frères sur l’île d’Ouessant
Le portement de croix
En ce mois du rosaire, suivant le vœu des membres du chapitre Général de la Fraternité, nous offrons notre chapelet quotidien pour que le Saint-Père donne à tous les prêtres la possibilité de dire la messe de Saint-Pie V, pour que Notre-Seigneur règne de nouveau dans la Cité et que triomphe le Cœur Immaculé de Marie. Afin de réciter son chapelet avec plus de ferveur, l’un des moyens les plus efficaces est de le nourrir par la méditation des mystères. Voilà pourquoi, je vous propose cette année encore quelques réflexions sur l’un des quinze mystères. Il s’agit du portement de Croix.
« Ils prirent Jésus et après qu’ils l’eurent bafoué, ils lui ôtèrent la pourpre et le couvrirent de ses vêtements, et ils l’emmenèrent pour le crucifier. » (Marc 15, 20)
La Croix est là toute prête, et il semble, d’après le linceul, qu’elle est placée sur l’épaule gauche. Elle pèse près de 50 kilogrammes. Par quel miracle Jésus, épuisé par la nuit d’agonie, peut-il rester debout ? C’est un miracle d’énergie, un miracle d’amour ! Lorsque Notre- Seigneur est chargé de sa Croix, il a déjà enduré la tristesse affreuse de l’agonie, la trahison d’un de ses disciples, l’abandon des autres. Il a subi les soufflets, les crachats, la flagellation et le couronnement d’épines. Très affaibli, il consent cependant à la porter, sa lourde Croix, pour nous engager à le suivre sur cette voie qui répugne tant à notre nature déchue.
Il est vraiment l’homme de douleurs, comme le nomment les prophètes. Au milieu de toutes ses souffrances physiques et morales, il garde le silence.
Il ne s’agit pas d’un silence hautain, orgueilleux, méprisant. C’est le silence d’une âme recueillie, qui se possède parfaitement, et se soumet humblement à la volonté de Dieu. Par ailleurs Notre-Seigneur durant sa Passion représente l’homme pécheur. Or le pécheur n’a rien à répondre devant Dieu. Voilà un autre motif qui l’amène à garder le silence.
Le chemin du Calvaire est une succession de ruelles encombrées. Le cortège du condamné doit s’ouvrir un passage dans la foule affairée, indifférente ou hostile. Le monde d’aujourd’hui paraît lui aussi insensible ou opposé au remous provoqué dans l’histoire par le passage de Notre-Seigneur en ce monde.
La marche commence pieds nus dans les rues au sol raboteux, semé de cailloux. Il n’y a que 600 mètres à parcourir, mais le sol est très accidenté, même à l’intérieur des remparts. Jésus, péniblement, met un pied devant l’autre… La tête lui tourne, il s’effondre sur les genoux. Les soldats le brutalisent-ils ? C’est probable. Ils ont hâte d’en finir… Pauvre Jésus !
Epuisé par les supplices, Notre-Seigneur tombera au début, au milieu et à la fin du trajet. Notre-Seigneur, qui n’est jamais tombé dans le péché, a succombé sous le poids de nos péchés, plus pénibles à son cœur que ne lui fut douloureuse la Croix. Ses chutes physiques paient nos défaillances morales : ce sont nos souffrances qu’il subit, nos douleurs qui l’accablent ; sur lui pèse le châtiment qui nous sauve, c’est par ses plaies que nous sommes guéris. Ce n’est pas tant nos fautes de faiblesse qu’il redoute, mais bien plus notre tiédeur. Le juste en effet, lorsqu’il tombe, reconnaît sa misère, et son humiliation le rend plus vigilant, et plus reconnaissant vis-à-vis de Dieu.
Avec quel courage il se relève et reprend sa marche… C’est la volonté du Père ! Quel exemple pour nous !
La rencontre de la Sainte Vierge.
L’Evangile est discret sur la Sainte Vierge.
Notre piété doit comprendre sa réserve, interpréter ses silences et parfois deviner sa présence.
La Sainte Vierge s’est effacée durant la vie publique. Elle n’apparaît plus guère après le miracle de Cana suscité à sa demande.
On ne la cite ni dans l’auditoire de Notre-Seigneur, ni parmi les saintes femmes qui l’assistent.
Mais à l’heure douloureuse, quand Notre-Seigneur emprisonné par ses ennemis vient d’être condamné à mort, elle sort de l’obscurité et va au-devant de l’humiliation et de l’outrage.
« Ma Mère… Mon Fils… » Les mots n’ont sans doute pas été prononcés… Ils se lisent sur les lèvres et dans les yeux. Enfin ! Jésus rencontre un regard de pitié !
Il y trouve à la fois une douce consolation et une nouvelle peine, car il devine ce que souffre le tendre cœur de sa Mère…
Comme l’héroïque mère des Macchabées, Notre-Dame encourage Notre-Seigneur à subir la mort cruelle en hommage filial à Dieu (II Mac 7, 22–23, 27–29).
Elle l’encourage à offrir à Dieu le Père ce sacrifice dont les fruits lui ont été appliqués par anticipation, lui permettant d’être immaculée dès sa Conception.
Simon de Cyrène et sainte Véronique.
Et toujours cette poutre sur l’épaule, qui la meurtrit de ses aspérités et qui semble vouloir y pénétrer de force… Pauvre épaule, elle est couverte de plaies qui se rouvrent, s’approfondissent et s’élargissent à chaque pas. Malgré tout son courage, le condamné parviendra-t-il jusqu’au lieu de l’exécution ? Les soldats se le demandent. Heureusement vient à passer un homme, de retour des champs, Simon de Cyrène. Son travail de chaque jour constituait sa croix, mais il ne le savait pas. Il ignorait vers quels sommets de souffrance et de gloire le conduisait l’acceptation généreuse de la fatigue et des travaux. Il marchait vers Notre-Seigneur sans l’avoir encore rencontré. Et voilà qu’il débouche à l’improviste sur le véritable chemin de Croix.
Le contact se produit de façon désagréable : sous forme de réquisition et de corvée. Mais très vite, il comprend que la Croix de Notre-Seigneur ne s’ajoute pas à la sienne, comme un poids supplémentaire, mais s’y substitue. Au lieu de porter le fardeau d’une épreuve humaine, il est lancé dans la grande entreprise de la Rédemption par sa coopération au salut du monde. Sa charité aura sa récompense. Avec ses deux fils, Alexandre et Rufus, il recevra la grâce du baptême ! La croix a toujours deux versants : un douloureux et un glorieux.
La Sainte Face de Jésus . En quel état est-elle, Seigneur ! Les crachats, le sang, la poussière de la route la rendent méconnaissable. Les yeux, les beaux yeux, les bons yeux de Jésus sont à demi aveuglés par toutes les souillures … Une femme au grand cœur en a pitié !
Bravant tout respect humain, sainte Véronique s’avance à travers la foule des soldats et des Juifs jusqu’à Notre-Seigneur et elle applique un linge blanc pour essuyer son visage. Sensible à un tel dévouement, Jésus la récompense, et il laisse ses traits divins imprimés sur le voile.
Aujourd’hui, c’est l’épouse mystique de Notre-Seigneur, c’est la Sainte Église qui est défigurée. Et aujourd’hui, encore, Notre-Seigneur recherche des Véronique pour sauver l’honneur de son Épouse lorsque celle-ci est attaquée. Dans ce combat qui se déroule entre la Sainte Église et les suppôts de Satan, avons-nous le courage de défendre les intérêts de Dieu et de son Église lorsque son honneur est en jeu ?
L’exemple de sainte Véronique montre qu’il ne suffit pas de porter la croix de Notre-Seigneur comme Simon de Cyrène. Il faut pénétrer plus profondément dans sa Passion par la consécration totale de notre vie à Dieu.
Les nouvelles chutes de Notre-Seigneur.
Le cortège, un instant arrêté, reprend sa marche sous les cris des soldats. En sortant de la porte de Jérusalem, Jésus tombe encore, et cette fois de tout son long …
Voici l’étape forcée, au milieu du chemin. Celle que n’avaient pas prévue les organisateurs du cortège, mais qu’impose la limite des forces humaines.
Déchargé de sa Croix par Simon de Cyrène, Notre-Seigneur ne s’affale plus cette fois-ci sous l’horrible fardeau, mais parce que ses forces le trahissent.
A nous aussi, la vie réserve des surprises. Elle se déroule rarement selon nos plans. En effet, les desseins de Dieu ne sont pas les nôtres. Dieu nous l’a dit à maintes reprises dans la Sainte Ecriture :
« Mes voies ne sont pas vos voies, mes desseins ne sont pas vos desseins ». Comme le dit l’adage, « l’homme propose mais Dieu dispose ».
La conséquence est qu’il nous faut une grande souplesse pour épouser les mouvements de la grâce. Puissions-nous faire preuve de docilité lorsque Dieu nous conduit par des chemins inattendus ! Conservons alors une attitude d’ouverture, de disponibilité, d’adhésion à l’action de la grâce, sans raidissement, sans tension, sans crispation.
Tout endolori, souffrant atrocement dans tout son corps, Notre-Seigneur va-t-il pouvoir se relever ? Oui, car il faut qu’il meure sur la Croix, comme lui-même l’a décidé et annoncé ; et, dans un effort héroïque, Jésus péniblement se relève. Quel courage magnifique !
En voyant « l’homme des douleurs », des femmes se mettent à pleurer, à se lamenter, à se frapper la poitrine en signe de douleur.
Mais Notre-Seigneur détourne les larmes répandues pour les reporter sur Jérusalem et ses habitants. Il veut montrer aux femmes de Jérusalem qu’un simple sentiment superficiel ne suffit pas à le contenter. Il faut y joindre une véritable générosité dans l’amour.
Il est sans doute légitime de pleurer sur les souffrances de Jésus. Comment, lorsqu’on a un peu de cœur, ne pas être ému devant un si poignant spectacle ? Mais Notre-Seigneur nous demande surtout de pleurer sur ce qui fut la cause de ses souffrances, c’est-à-dire sur nos péchés. Non pas qu’il soit nécessaire que nos yeux versent des larmes ; c’est très bien, certes, mais cela ne dépend pas toujours de nous. Ce qu’il faut, c’est détester vraiment nos péchés… être décidés à faire tout le possible pour ne plus les commettre…
Enfin on arrive au Golgotha ou Calvaire. A bout de forces, accablé de peine, de lassitude et de douleur, Jésus s’affaisse lourdement sur le sol, comme pour se reposer un peu, pendant qu’on fait autour de lui les préparatifs de sa mort. Mais ses blessures ne lui laissent pas de repos, et il continue de souffrir en silence, avec une générosité qui ne se dément pas. Il souffre et il prie. En cet instant, il prie pour tous les pécheurs. Il prie pour nous, il demande et mérite pour nous la grâce de la persévérance.
Un des grands pièges de la vie, c’est le découragement, découragement qui parfois conduit au désespoir. Le Vendredi Saint, Judas en est un triste exemple. Croyant son péché impardonnable, il ne se supporte plus lui-même au point qu’il va se pendre.
Pour éviter d’entrer dans cette spirale infernale, le remède est la confiance, le remède est l’espérance. Ne séparons jamais notre misère de la Miséricorde de Dieu et pour cela méditons les beaux exemples que l’Église nous remet sous les yeux chaque année durant le Carême. Que ce soit vis-à-vis de la femme adultère, de la Samaritaine ou de sainte Marie-Madeleine, que ce soit vis-à-vis du bon larron, de saint Pierre, ou encore de l’enfant prodigue, on voit toujours la même attitude d’ouverture de la part de Notre-Seigneur pour recevoir le cœur repentant.
C’est pourquoi, quelles que soient nos faiblesses, quelles que soient nos chutes, quelles que soient nos misères, ne croyons pas nos péchés plus grands que la Miséricorde divine. Croyons en la valeur des mérites de Notre-Seigneur, croyons en la valeur du Sang divin pour éponger les souillures de nos âmes et celles du monde entier. Comme l’a annoncé le prophète Isaïe,
« si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige, et s’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront blancs comme la laine » (Is 1, 18).
Les séminaristes se préparent à être les instruments de la Miséricorde divine par leur prière et par les sacrements qu’ils dispenseront bientôt à vos âmes et à celles de vos enfants.
Je vous invite à prier pour qu’ils soient fidèles à la grâce tout au long de leur séminaire et durant leur ministère, afin que les mérites acquis par Notre-Seigneur durant sa montée au Calvaire soient appliqués au plus grand nombre d’âmes possible.
Soyez bien assurés en retour de nos prières à toutes vos intentions.
Abbé Patrick Troadec †, Directeur, le 2 octobre 2006, en la fête des Saints Anges Gardiens
Chronique du séminaire
Juin 2006
1er – Les derniers échafaudages restant dans le cloître sont enlevés. Il n’y a plus qu’à ranger le matériel qui encombre encore les couloirs.
5 – La plus grande partie du Séminaire participe au Pèlerinage le lundi de Pentecôte. Arrivés vers onze heures à la halte de Longchamp, nous marchons les derniers kilomètres qui nous séparent du Sacré-Cœur en chantant à pleine voix, groupés à l’avant de la colonne, relayant les chants des pèlerins. Tant de soutanes et surplis impressionnent les passants ! Nous avons la chance d’assister aux premières loges à la Messe de clôture et au beau sermon de M. l’abbé DUVERGER.
4 – Retour à la réalité. M. le Directeur nous annonce la très grave maladie de Mme SERGENT, épouse de notre cuisinier, et mère du Frère DAMIEN.
6 au 12 – Réfection du goudron de la cour, durement mis à mal par les travaux. Le revêtement a une belle couleur rougeâtre qui se marie très bien avec le nouveau crépi.
19 au 23 – Les épreuves du bac à peine finies, les séminaristes plongés dans leurs examens ont la joie de voir passer plusieurs jeunes venus examiner leur vocation. Le prochain recrutement s’annonce vaste.
24 – Grand nettoyage de fin d’année. Chacun s’applique à astiquer, récurer, dépoussiérer, aspirer, cirer, frotter, ranger en rêvant aux ordinations proches.
26 – Départ pour Ecône des séminaristes. Ils seront suivis de la quasitotalité de la communauté.
Juillet 2006
3 au 8 – Une trentaine d’oblates de la Fraternité sont réunies pour une retraite prêchée par M. l’abbé LAGNEAU.
22 au 28 – Retraite pour dames et jeunes filles.
24 au 28 – Le frère PAUL participe à Mérigny à une session de chant grégorien, tandis que le frère BENOIT approfondit sa maîtrise de l’orgue.
Août 2006
14 au 23 – M. le Directeur emmène les postulants et novices, accompagnés de deux profès, en pèlerinage en Bretagne. Nos Frères ont la joie de découvrir, sous un ciel clément, une bonne partie des innombrables sanctuaires de cette région fortement empreinte de catholicisme. Après la procession de l’Assomption au prieuré de Lanvallay, visite de Pontmain et sa basilique, Dol-de- Bretagne, Dinan, Pontchâteau, Sainte-Anne d’Auray, le Trévoux, Quimper, Locronan, Rumengol, Brest, le Conquet, Ouessant, le Folgoët… Retour tardif mais heureux des Frères le 23.
Septembre 2006
1er au 3 – Réunion générale du Mouvement Catholique des Familles. Cette année les conférenciers abordent le thème de paternité et autorité. Le samedi soir, la communauté du Séminaire propose des grillades fraternelles aux quelque 240 congressistes, dont 140 enfants. Le dimanche, un Salut du Saint-Sacrement clôture les assises générales, les bilans et les projets.
4 au 9 – 17 élèves de terminale provenant des écoles Saint-Bernard (Courbevoie) et l’Etoile-du-Matin (Bitche) viennent suivre une retraite prêchée par M. l’abbé Boubée.
17 au 23 – Les Fréres vont à Ecône suivre avec les séminaristes la retraite de rentrée prêchée par S. Exc. Mgr Fellay.
28 et 29 – S. Exc. Mgr de Galarreta célèbre une messe pontificale deux jours de suite à l’occasion de la prise d’habit et de l’oblation de 4 frères, puis lors des premiers vœux ou du renouvellemnt des vœux de leurs aînés.
Renseignements pratiques
Messes à Flavigny :
- semaine : 7 H 15 (ou 6 H 50)
– dimanche : 7 H 20 – 10 H 15 (messe chantée), 17 H 00 (vêpres et salut).
Pension d’un séminariste
– 12 € par jour, soit environ 3 000 € par an + 460 € de couverture sociale.
Pour aider le Séminaire :
– Les chèques sont à libeller à l’ordre de : Séminaire Saint-Curé‑d’Ars
- Pour aider régulièrement le Séminaire, vous pouvez utiliser le virement automatique en faveur de notre compte au Crédit Mutuel de Venarey-les-Laumes (21) : 10278 02511 n° 00051861345 24.
Nous vous en remercions. Un reçu fiscal vous sera adressé sauf mention contraire.
Adresse :
Séminaire International Saint-Curé‑d’Ars
Maison Lacordaire
F 21150 FLAVIGNY-SUR-OZERAIN
03 80 96 20 74
03 80 96 25 32