La Résurrection
Durant la période de désarroi qui touche le monde et l’Église, nous sommes parfois tentés de sombrer dans le découragement. Un peu comme les disciples d’Emmaüs après la mort de Notre-Seigneur, peut-être sommes-nous prêts à quitter Jérusalem, dont le nom signifie vision de paix.
Pour éviter cette tentation, il nous faut savoir que l’Église reproduit dans son histoire les différentes étapes de la vie du Christ. Or, aujourd’hui, les événements que nous vivons, spécialement depuis le concile Vatican II, nous inclinent à penser que celleci subit sa Passion. Saint Pie X, dans l’encyclique E supremi apostolatus, n’écrivait-il pas déjà de son temps : « Il est à craindre qu’une telle abdication des esprits ne soit le commencement des maux annoncés pour la fin des temps… et que le Fils de perdition dont parle l’Apôtre n’ait déjà fait son avènement parmi nous. L’homme a usurpé la place du Créateur en s’élevant au-dessus de tout ce qui porte le nom de DIEU ».
S’il est vrai que l’Église vit en cde moment sa Passion, nous croyons que cette étape entre dans les desseins mystérieux de la Providence et qu’elle fera place un jour à une glorieuse résurrection, semblable à celle de Notre- Seigneur.
En attendant, tout en faisant ce qui dépend de nous pour hâter l’heure de Dieu, puisons des forces en relisant les passages d’Évangile ayant trait à la Résurrection de Notre-Seigneur. En effet, ces textes de l’Église, pleins de charme par leur fraîcheur et leur simplicité, sont propres à entretenir en nous la belle vertu d’espérance.
L’ange de la Résurrection
Pour mieux nous rendre compte de ce que fut la Résurrection de Notre- Seigneur, reportons-nous au Vendredi saint. Après la mort de Notre-Seigneur, les Apôtres sont complètement découragés. Ils sont accablés par le remords et paralysés par la crainte d’être arrêtés à leur tour. Les saintes femmes sont profondément attristées par tout ce qu’elles ont vu et entendu. Elles attendent la fin du sabbat pour rendre à Notre-Seigneur leur dernier hommage. Les ennemis de Notre-Seigneur, quant à eux, pensent qu’ils en ont fini avec le prétendu Roi des juifs. Ils sont satisfaits et espèrent bien retrouver auprès du peuple l’influence qu’ils avaient perdue.
Mais voilà que le matin de Pâques, tandis que les soldats romains étaient au tombeau,
« il se fit un grand tremblement de terre ; car un ange du Seigneur descendit du ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus. Son visage était comme l’éclair, et son vêtement comme la neige. A cause de lui, les gardes furent atterrés d’effroi, et devinrent comme morts » (Mt 28, 2–4).
Notre-Seigneur est déjà ressuscité lorsque l’ange apparaît, et celui-ci est envoyé précisément pour montrer le sépulcre vide. La position assise de l’ange montre une attitude de conquérant qui foule aux pieds ses ennemis vaincus. Son visage rappelle celui de Notre-Seigneur lui-même, le jour de la Transfiguration. L’éclair évoque le ciel, la neige la terre. L’ange vient annoncer l’union retrouvée entre le ciel et la terre. Ainsi, le double aspect extérieur de son visage et de son vêtement exprime l’effet de la Résurrection de Notre-Seigneur sur nous, à savoir notre réconciliation avec Dieu. A la vue de l’ange, les soldats sont en proie à une panique irrésistible. Ils sont terrifiés et se retrouvent étendus à terre, sans pouvoir, ou du moins sans oser, se relever.
L’arrivée des saintes femmes
Quelques instants après, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé, qui étaient allées le soir du sabbat acheter des aromates pour embaumer Jésus (Mc 16, 1), arrivent au sépulcre. Elles sont parties de grand matin. L’amour ne traîne pas ; il n’attend pas d’être sollicité pour agir. Il devine les besoins de l’être aimé et s’empresse d’y pourvoir. C’est pourquoi elles reviennent au sépulcre les mains chargées de parfums. Ces parfums sont l’image de leurs vertus. Chemin faisant, « elles se disent entre elles : Qui nous retirera la pierre de devant l’entrée du sépulcre ? » (Mc 16, 3).
Marie-Madeleine arrive la première. Elle voit la pierre renversée et le tombeau vide. Que s’est-il passé ? Son premier réflexe est d’aller chercher saint Pierre. Elle court vers lui et vers cet autre disciple que Jésus aimait. Elle leur dit :
« Ils ont enlevé le Seigneur du sépulcre et nous ne savons pas où ils l’ont mis. » (Jn 20, 1–3).
Cependant les autres femmes arrivent à leur tour, lorsque le soleil se lève. Elles regardent et voient également le bloc de rocher, qui est énorme, roulé en arrière. Etant entrées dans le sépulcre, elles n’y trouvent pas le corps de Jésus : elles en sont consternées (Lc 24, 2–4), ou plutôt perplexes (selon le texte grec).
Mais voilà que tout à coup, debout à côté d’elles, apparaissent deux hommes, vêtus de robes resplendissantes. Tout effrayées, elles courbent le front vers la terre :
« Pour vous, leur dit l’ange qui est assis à la droite, ne craignez point ! Je sais que vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié. Pourquoi cherchez-vous au milieu des morts celui qui est vivant ? Il n’est pas ici, mais il est ressuscité comme il l’a dit. Venez et regardez l’endroit où il était déposé. Souvenez-vous de quelle manière il vous en a parlé, lorsqu’il était en Galilée : « Il faut que le fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour ». Et maintenant, allez sans retard apprendre à ses disciples et à Pierre qu’il est ressuscité. Il sera avant vous en Galilée. Là, vous le verrez, comme lui-même vous l’a dit. Voilà le message que j’avais à remplir auprès de vous. »
Remarquons le contraste entre l’effet produit par les anges sur les soldats et sur les saintes femmes. Alors que les soldats sont effrayés par les anges, les saintes femmes sont au contraire rassurées par eux : « Pour vous, ne craignez pas ». Les mêmes esprits angéliques produisent sur les âmes des effets opposés ! C’est bien ce qui se passera à la fin des temps : le jour du jugement dernier, Notre-Seigneur sera source de grande joie pour les justes mais source d’effroi pour les pécheurs.
« Ne craignez pas : je sais que vous cherchez Jésus. » Nous n’avons rien à craindre tant que nous cherchons Notre-Seigneur, d’où l’exhortation de l’Église au temps de Pâques :
« Si vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses d’en haut, où siège le Christ à la droite de Dieu, goûtez les choses d’en haut, non celles de la terre » (Col 3, 1–2).
Les anges annoncent aux femmes la Résurrection de Notre-Seigneur et en démontrent la véracité par des arguments irréfutables :
« Il est ressuscité comme il l’a dit ». Notre-Seigneur avait prédit sa Résurrection. Il vient d’accomplir cette prophétie. « Venez et regardez l’endroit où il avait été déposé. »
Le tombeau vide prouve qu’il est bien ressuscité. Les femmes se ressouviennent alors des paroles de Jésus (Lc 24, 8).
L’ange peut maintenant confier aux saintes femmes la mission de transmettre la bonne nouvelle aux Apôtres. Cependant, « tout émues et tremblantes de crainte et de joie, elles sortent en hâte du tombeau, et l’effroi les empêche de rien dire à personne » (Mc 16, 8). Elles quittent le tombeau sous l’effet de ce double sentiment de crainte et de joie. Une fois retrouvé leur calme, elles s’acquitteront de leur mission auprès des Apôtres.
Saint Pierre et saint Jean au tombeau
« Cependant, Pierre et l’autre disciple [avertis par Marie Madeleine] étaient partis aussitôt, et tous deux se mettent à courir pour aller au sépulcre. Mais l’autre disciple court plus vite que Pierre et arrive le premier au monument » (Jn 20, 3–4).
Saint Jean, plus jeune que saint Pierre et dont la conscience n’est pas alourdie par le remords, arrive le premier.
« S’étant penché, il voit les linges posés à terre ; mais il n’entre pas. Pierre qui le suit arrive bientôt et pénètre dans le sépulcre. Il s’incline et voit les linges posés à terre et aussi le suaire qui couvrait la tête de Jésus, plié et placé, non avec les linges, mais dans un lieu à part. Alors le disciple qui est arrivé le premier entre à son tour » (Jn 20, 5–8).
Saint Jean s’arrête, saisi d’étonnement et de cette émotion que produit l’approche du divin. Il attend saint Pierre pour entrer dans le sépulcre, à la fois en raison de son émotion et par respect pour le chef des Apôtres. Saint Pierre, lui, n’hésite pas un instant, il entre aussitôt avec son impétuosité accoutumée et en homme résolu. La description du sépulcre par saint Pierre exclut le vol du corps de Jésus. Des voleurs brisant les sceaux, faisant effraction et pressés de s’enfuir avec le corps n’auraient pas agi avec cette délicatesse. Ils auraient d’abord dû se rendre maîtres des lieux et vaincre les soldats qui menaient la garde du tombeau. Ils n’auraient pas pris le temps de ranger le suaire et le linceul.
« Il voit et il croit. Ils ne comprenaient pas encore, en effet, l’Écriture annonçant que Jésus devait ressusciter d’entre les morts » (Ibid., 8–9).
Cette vision du sépulcre est comme un éclair révélateur. Saint Jean se souvient des prophéties de l’Ancien Testament, de celles de Notre-Seigneur, et il voit leur réalisation présente. Il a sous les yeux trois preuves irréfutables : la pierre descellée, le tombeau vide et les linges mortuaires soigneusement mis à part. Aux dires de saint Jean Chrysostome et de la plupart des commentateurs, il croit en la Résurrection de Notre-Seigneur.
« Les disciples rentrent chez eux » (Ibid., 10) et « Pierre demeure tout surpris de ce qui est arrivé » (Lc 24, 12).
La difficulté que les Apôtres ont eu à croire nous confirme dans la foi. Ce n’est pas une croyance aveugle qui les a amenés à croire, mais des faits indéniables. Saint Pierre médite pieusement ce qu’il vient de voir.
La pédagogie divine
Admirons en guise de conclusion la pédagogie divine : le bon Dieu ne se presse pas, il prend son temps, si nous pouvons nous exprimer ainsi ; il agit par étapes. En effet, les épisodes qui viennent d’être décrits sont bien une preuve de la Résurrection de Notre-Seigneur, mais par une démonstration en quelque sorte négative. Le tombeau vide, les linges pliés, les prophéties de Notre-Seigneur, tout cela annonce déjà sa Résurrection, mais le bon Dieu dans sa condescendance va faire bien plus : Notre-Seigneur va bientôt apparaître en personne à sa Mère, aux saintes femmes, aux Apôtres et à bien d’autres témoins, et non seulement une fois, mais plusieurs, en divers lieux et ce, durant quarante jours. Et il ne va pas se contenter de se montrer physiquement, il va manger devant les témoins, il va se laisser toucher : autant de preuves plus convaincantes les unes que les autres.
En ce mois du rosaire, laissons-nous attirer par Notre-Seigneur ressuscité. Fortifions notre vertu d’espérance en relisant le récit si touchant des Évangiles. En voyant le bon Dieu dominer le cours du temps et triompher de ses ennemis, croyons plus que jamais en sa Providence. Certes, nous aimerions voir Notre-Seigneur remettre bien vite de l’ordre dans son Église et dans le monde. Mais, au lieu d’attendre les bras croisés une intervention miraculeuse, nous devons plutôt préparer cette heure en travaillant fidèlement là où le bon Dieu nous a placés.
Gardons confiance ! Dieu aura son heure. Aujourd’hui comme hier, le monde entier est dans sa main. Viendra l’heure où il triomphera définitivement de ses ennemis. A nous de la préparer par notre fidélité à nos devoirs.
Les séminaristes et frères du séminaire sont un beau gage d’espérance par leur générosité et leur enthousiasme juvénile. Ils se joignent à moi et à mes confrères dans le sacerdoce pour vous exprimer notre reconnaissance pour votre soutien et vous assurer de nos prières à toutes vos intentions
Abbé Patrick TROADEC, Directeur
Le 2 octobre 2008, en la fête des Saints Anges Gardiens
Notes
(1) – Ordination sacerdotale, Écône, 20 septembre 1980.
(2) – Ils l’ont découronné, pp. 250–251.
(3) – Homélie, Flavigny, 2 février 1988.
Chronique du séminaire
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